Jean-François Capot de Feuillide

Jean-François Capot de Feuillide
Biographie
Naissance
Décès
Conjoint
Eliza de Feuillide (jusqu'en )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Parentèle
Jean-Gabriel Capot de Feuillide (neveu par le frère)Voir et modifier les données sur Wikidata

Jean-François Capot de Feuillide (1750-1794), est un gentilhomme de la province d'Armagnac. Il est le premier époux d'Eliza Hancock, cousine germaine de la femme de lettres anglaise Jane Austen.

À la Révolution, il s'embarque pour l'Angleterre avec sa famille, mais alors que sa femme et son fils y demeurent, il retourne en France pour éviter d'être dépossédé de ses biens comme émigré. Impliqué dans la conspiration de Marbeuf, il meurt guillotiné sous la Terreur.

Jean-François Capot de Feuillide est par ailleurs l'oncle de l'avocat et journaliste Jean-Gabriel Capot de Feuillide.

Biographie modifier

 
Portrait d'Eliza de Feuillide (1761-1813).

Fils de François de Capot-Feuillide, seigneur de Grézeau, maître particulier des Eaux-et-Forêts du duché d'Albret, avocat du Roi au présidial de Nérac, et d’Anne Bartouilh[1], Jean-François Capot de Feuillide[2], né en 1750[3], a la réputation d'avoir été « l'un des plus beaux hommes de son temps »[4]. Il devient capitaine au régiment des dragons de la Reine et à l'image de nombreux gentilshommes de la cour, utilise le titre de comte qu'il ne possédait cependant pas.

Jean-François Capot de Feuillide épouse Eliza Hancock en 1781.

Il se fait concéder par le Roi, par deux arrêts du Conseil des et , les grands Marais de Barbotan et de Gabarret[5], immense territoire de cinq mille arpents à cheval sur les communes de Cazaubon (dans l'actuel département du Gers), Gabarret, Herré et Créon-d'Armagnac (dans l'actuel département des Landes), avec à sa charge l'assèchement et la mise en valeur des terrains concédés. Une partie de la dot d'Eliza[6] pourrait avoir été utilisée pour financer les travaux d'amélioration et construire des métairies, car à sa mort Jean-François avait dépensé plus de quatre cent mille livres, une somme impossible à réunir pour un simple capitaine[7].

La Révolution modifier

Au début de la Révolution, son épouse regagne l'Angleterre avec leur fils, Hastings. Jean-François, resté seul en France, se lance dans les affaires. On sait par un rapport de Ferrières-Sauvebeuf qu'il avait des parts dans la maison de santé de La Chapelle. Mais Feuillide se trouve impliqué dans la conspiration contre la République dite de Marbeuf[8] et se voit accusé d'avoir tenté de suborner un témoin afin de porter aide à Nicolas Mangin[9] et à son fils Clément[10], eux-mêmes accusés d'avoir aidé la marquise de Marbeuf à cacher des vivres destinés à l'armée Austro-Prussienne. Feuillide est condamné à mort le 4 ventôse an II (), par le tribunal révolutionnaire de Paris, comme conspirateur et complice des Mangin condamnés le même jour[11].

Après l'exécution de son mari, Eliza Hancock se remarie en 1797 avec son cousin, le frère de Jane Austen, Henry.

Succession modifier

 
Détail d'un portrait de Mme Fortunée Hamelin, femme d'esprit du Directoire, dont la fille et son époux, le marquis de Varambon, finirent par devenir propriétaires du domaine des Marais de Gabarret de Jean-François de Feuillide. Musée Carnavalet, Paris.

Après son exécution, les biens de Jean-François sont mis sous séquestre notamment son domaine des Marais de Gabarret qui se dégrade rapidement et retourne à son état originel. Il faudra attendre trente ans pour qu'une procédure soit mise en œuvre au bénéfice de ses héritiers. Henry Austen espérait faire valoir les droits de sa femme Eliza et de son beau-fils Hastings, tous deux décédés à cette époque, pour récupérer le domaine. Mais par arrêt de la cour d'Agen du , il est débouté au profit des frères et sœurs de Jean-François. L'État ne restitue alors à ces derniers que 17/21 d'un domaine dont il estime être le propriétaire légitime après sa confiscation. Un autre arrêt de la Cour d'Agen, du , ne reconnait à l'État que les 4/21 restants, à titre de déshérence. En effet, cette partie des marais n'avait pas été asséchée comme il convenait dans la concession faite par le Roi. Les frères et sœurs Capot de Feuillide vendent ensuite leurs droits sur 1 270 hectares, comportant un château en mauvais état et des bâtiments ruraux plus ou moins en ruines, à un certain monsieur de la Tour Saint-Igest et à son associé Romain Hamelin, l'époux de Fortunée Hamelin[12]. La totalité du domaine finit par entrer en possession du gendre de Fortunée Hamelin, le marquis Emmanuel de Varambon, en 1837[13].

Notes et références modifier

  1. Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, vol. 79, 1978
  2. Son nom se retrouve parfois orthographié François-Gabriel Capotte de Feuillide dans A Memoir of Jane Austen, de James Edward Austen-Leigh, neveu de Jane Austen, (mais il confond avec son neveu, Jean-Gabriel Capot de Feuillide, (1800 1863)), ou Jean Feuillide dit Capotte dans son dossier de condamnation par le tribunal révolutionnaire de Paris. Le nom de Feuillide provient d'un fief de l'Agenais situé à Layrac dans le Lot-et-Garonne.
  3. A Jane Austen encyclopedia, Paul Poplawski, Literary Criticism, 1998
  4. Revue d'Aquitaine et du Languedoc, 1857
  5. Surséance pour le sieur de Feuillide, ancien capitaine de dragons, ayant obtenu, en 1782, la concession des marais de Gabarret, Barbottan, Créon et Herré, d'une contenant de cinq mille arpents, et, au moyen de canaux et travaux d'art, desséché une partie considérable, à l'avantage de la santé publique, de l'agriculture et de tout le pays environnant, mais ruiné par ces entreprises. Archives départementales de la Gironde, C 3572.
  6. Eliza Hancock disposait d'une fortune personnelle de 10 000 livres sterling, une somme importante à l'époque, que Warren Hastings avait placé en son nom.
  7. Revue de Gascogne: Bulletin Bimestriel de la Société historique de Gascogne, Tome XXIX, AUCH 1888, IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE Q. FOIX, RUE BALGUERIE.
  8. Du nom de la marquise Henriette-Françoise de Marbeuf, née Michel. Cette native de Nantes, fille du Directeur de la Compagnie des Indes, était veuve depuis 1763 du marquis Jacques-Ange de Marbeuf, lui-même colonel de dragons depuis 1757 et neveu du gouverneur de Corse. La marquise de Marbeuf, propriétaire du château de Champs-sur-Marne et alors âgée de 55 ans est condamnée à mort le 17 pluviôse an 2 (5 février 1794), par le tribunal révolutionnaire de Paris, pour avoir « désiré l'arrivée des Prussiens et des Autrichiens », pour lesquels elle conservait des provisions. La rue Marbeuf à Paris, proche des Champs-Élysées, lui doit son nom car elle y possédait un hôtel, (cf. Biographies Bretonnes de Prosper Jean Levot (1857)).
  9. Nicolas Mangin, âgé de 50 ans, né à Mézières, loueur de carrosses, domicilié à Paris, département de la Seine, condamné à mort le 4 ventôse an 2, par le tribunal révolutionnaire de Paris, pour avoir « fait des ventes et achats en numéraire », (A.N., W 328, affaires jugées. 3-5 ventôse an II, Dossiers 540).
  10. Clément Mangin, âgé de 28 ans, né à Mézières, département de la Haute Marne, vivandier de l'armée de la Moselle, domicilié à Paris, département de la Seine, condamné à mort le 4 ventôse an 2, par le tribunal révolutionnaire de Paris, pour « avoir fait des ventes et achats en numéraire »,(A.N., W 328, affaires jugées. 3-5 ventôse an II, Dossiers 540).
  11. (A.N., W 328, affaires jugées. 3-5 ventôse an II, Dossiers 541).
  12. L’acte mentionne que Romain Hamelin n’avait pas les fonds pour participer à l’achat. Il espérait que sa mère avance l’argent, mais celle-ci refusa. Malgré une avance de 68 000 Fr faite à Hamelin par maître Thibert, il fut dans l’impossibilité de réunir la totalité de la somme, et c'est au profit de sa fille Léonie et de son époux Emmanuel de Rye de Palud, marquis de Varambon, aidés par Fortunée Hamelin que la transaction finit par se conclure. Madame Hamelin : merveilleuse et turbulente Fortunée (1776-1851), Maurice Lescure, L’Harmattan, 1995, (ISBN 2-7384-3825-3).
  13. Monsieur de la Tour Saint-Igest revendit l'ensemble de ses parts par acte notarié du 5 octobre 1828, à Emmanuel marquis de Varambon. Ce dernier, par procès-verbal administratif du 18 juillet 1837, acquit de l'État les 4/21 qui lui avaient été attribués, et devint ainsi possesseur légitime de la totalité de la concession originale. Revue de Gascogne: Bulletin Bimestriel de la Société historique de Gascogne, Tome XXIX, AUCH 1888, IMPRIMERIE ET LITHOGRAPHIE Q. FOIX, RUE BALGUERIE.

Articles connexes modifier