Jean-François Boursault-Malherbe

acteur, auteur, directeur de théâtre, homme d'affaires et révolutionnaire français

Jean-François Boursault-Malherbe
Fonctions
Député de Seine

(3 ans, 1 mois et 6 jours)
Député de Vaucluse

(1 an)
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Paris
Date de décès (à 92 ans)
Lieu de décès Ancien 2e arrondissement de Paris
Parti politique Modéré
Profession Acteur, Auteur

Jean-François Boursault, également appelé Boursault-Malherbe, né le 19 janvier 1750 à Paris paroisse Saint-Paul[1], mort dans le même ville dans l'ancien 2e arrondissement[2], est un acteur, un dramaturge, un directeur de théâtre, un homme d'affaires et homme politique de la Révolution française.

Biographie modifier

Arrière-petit-fils du poète dramatique Edme Boursault, Jean-François Boursault-Malherbe est le fils de Jean-Claude Boursault (né en 1725), un riche drapier du quartier des Innocents qui le destine au barreau, et de Marguerite-Françoise Cols. Préférant le théâtre, il quitte sa famille pour suivre une troupe ambulante où il occupe bientôt le premier rang, sous le nom de « Malherbe », emprunté au poète François de Malherbe. À Bourg-en-Bresse, il enlève la fille d'un tailleur, Jeanne Perrier, qu'il épouse en premières noces.

Le , il débute avec succès à Paris dans Le Philosophe marié et dans La Gageure imprévue. Puis il prend la direction du Grand-Théâtre de Marseille, avant de prendre la tête de celui de Palerme, sous la protection du vice-roi de Sicile, le marquis de Caraccioli. Endetté, il s'attire la bienveillance de Ferdinand Ier, qui lui vient en aide.

Rentré en France en 1789, il s'enthousiasme pour les idées nouvelles et se lie avec le comédien Collot d'Herbois, dont il avait été le condisciple au collège. Il fait construire en moins de deux mois à Paris, passage des Nourrices, entre les rues Saint-Martin et Quincampoix, le théâtre Molière, inauguré le . Dans cette salle, il fait jouer les pièces révolutionnaires de Ronsin, notamment La Ligue des fanatiques et des tyrans. Mais le théâtre est fermé après le 10 août 1792.

Mandat à la Convention modifier

Boursault prend part à la journée du 20 juin 1792 au terme de laquelle les parisiens investissent le palais des Tuileries, font coiffer à Louis XVI le bonnet phrygien mais échouent à lui faire retirer son veto. La monarchie prend fin à l'issue de la journée du 10 août 1792. Les bataillons de fédérés bretons et marseillais et les insurgés parisiens prennent le palais des Tuileries. Louis XVI est destitué et incarcéré avec sa famille à la tour du Temple.

En septembre de la même année, Jean-François Boursault est élu député suppléant de Paris, le deuxième sur huit, à la Convention nationale[3]. Il est exclu du club des Jacobins à la fin du mois de décembre, accusé « d'avoir voulu faire égorger des patriotes par le bataillon de Marseillais qui résident à Paris »[4]. Il est admis à siéger à la Convention le 19 mars 1793, à la faveur de la démission de Pierre-Louis Manuel et du refus de Louis-Marie Lullier, premier suppléant de Paris, de siéger[5]. En avril, il vote contre la mise en accusation de Jean-Paul Marat au titre qu'il ne se trouve « pas assez éclairé »[6]. En mai, il ne participe pas au scrutin sur le rétablissement de la Commission des Douze[7].

Sa déconfiture incite Roland à lui confier la garde du mobilier des Tuileries, afin qu'il ait un logement et un salaire, tandis que le Club des jacobins l'exclut pour cause de banqueroute, le . Boursault-Malherbe est admis à siéger à la Convention le en remplacement de Pierre-Louis Manuel, démissionnaire. Il reste dans l'ombre et échappe ainsi à la proscription des girondins. Dénoncé à Robespierre pour avoir sauvé Buzot, Savary, Delahaye et Lesage après le 31 mai en les déguisant en charretiers et en les faisant conduire à Caen, il est sauvé par Collot d'Herbois, qui le fait nommer représentant en mission en Bretagne en , pour acheter des chevaux pour l'armée à Rennes. Toutefois, à Nantes, il se heurte à Jean-Baptiste Carrier et est accusé d'avoir profité de ses fonctions pour s'enrichir. Par son activité brouillonne et indépendante, il contrarie plusieurs fois les plans du général Hoche, dénonce le général Rossignol le et passe à l'armée du Nord pour y rétablir l'ordre, sans y réussir.

Envoyé en aux armées des côtes de Brest et de Cherbourg, il destitue les maires sans-culotte de Caen et de Saint-Malo et beaucoup de partisans de la Terreur, fait libérer de nombreux suspects à Brest et à Nantes, notamment la sœur de Charette.

Il est chargé de différentes missions politiques dans l'ouest et notamment dans la Mayenne, où il tient une conduite relativement modérée. Il fait arrêter un certain nombre de terroristes à Laval, supprime la Commission militaire révolutionnaire du département de la Mayenne et réorganise le tribunal criminel, qui reprend ses fonctions le . Il est un de ceux qui contribuèrent le plus à la mise en accusation de François Joachim Esnue-Lavallée et de ses complices. Il pacifie le département de la Mayenne jusqu'à la fin de 1794. Au commencement de 1795, il pacifie également le district de Domfront[a].

Puis, peu avant l'insurrection royaliste du 13 vendémiaire an IV, il est envoyé en mission dans le Vaucluse afin d'apaiser les esprits excités pendant la mission d'Étienne Christophe Maignet.

Sous le Directoire modifier

Le 23 vendémiaire an IV, il est élu député du Vaucluse au Conseil des Cinq-Cents. Sorti de cette assemblée au premier renouvellement par cinquième, il revient à la vie privée et rachète le théâtre Molière, relevé par l'acteur Lachapelle[b] sous le nom de « théâtre des Variétés nationales et étrangères », où il ne joue que des traductions de William Shakespeare, Calderón, Lope de Vega, Kotzebue ou Schiller.

 
Portrait d"Alberte-Alexandrine par Delacroix

Le 21 germinal an X, Jeanne Perrier, avec laquelle il a eu deux filles, fait prononcer leur divorce à la mairie d'Yerres. Le 13 vendémiaire an XI, il épouse en secondes noces Rose-Marie-Alberthe Bocquillon[c], avec laquelle il a une fille, Alberte-Alexandrine, rue des Fossés-Montmartre, à Paris le 11 ventôse an XII[8]. Une seconde fille, Léonie-Amable-Albertine, naît en 1820, l'épouse de Jean-Georges Kastner.

En 1806, il est propriétaire d'une maison de campagne à Yerres, près de Villeneuve-Saint-Georges, dont le jardin est renommé pour ses plantes exotiques.

Après le décret de 1807, il abandonne le théâtre et obtient une concession des boues[9] et vidanges de Paris, ainsi que d'une maison de jeux, qui lui assurent une grosse fortune, grâce à laquelle il réunit une importante collection de tableaux et cultive, dans de magnifiques serres chaudes construites dans ses jardins, à Pigalle, dans le triangle formé par les rues Blanche, Pigalle et La Bruyère, les plantes les plus rares. Il introduit ainsi en France la Rosa multiflora en 1808 ou le « rosier de lady Banks » (Rosa Banksiae « alba plena ») en 1817. Il est également à l'origine de la « rose Boursault » en 1818-1820.

À l'automne 1811, Chateaubriand et Savary se rencontrent dans ces jardins[10].

Le , à 17 ans, Alberte-Alexandrine se marie à Notre-Dame de Lorette avec Marie-Émile-Amédée Cozette de Rubempré, propriétaire, né à Amiens le . Une fille, Alberte-Isidore, naît le . Malheureuse en couple, elle devient au printemps 1829 la maîtresse de Stendhal, à qui elle inspire, partiellement, le personnage de Mathilde de la Mole dans Le Rouge et le Noir, puis de Delacroix et de Mérimée, avant de mourir à Nice le .

En 1827, Boursault est l'un des fondateurs de la Société royale d'horticulture de Paris.

En 1830, s'occupant à nouveau de théâtre, il rachète pour trois millions de francs le privilège de l'Opéra-Comique et la salle Ventadour où il est installé, mais c'est un gouffre financier et il doit renoncer deux ans plus tard, ayant accumulé un passif de 600 000 francs. Il doit vendre ses collections, ainsi que sa maison et ses jardins de la rue Blanche. Sur l'emplacement de ses jardins sont construites des maisons de rapport dont la rue centrale a conservé le nom de rue Boursault.

Il se retire près de Versailles, dans une maison plus modeste où il poursuit ses cultures jusqu'à sa mort, à l'âge de 92 ans.

Œuvres modifier

  • Les Réjouissances flamandes, divertissement en proses mêlé de vaudevilles, Douai, 1779.
  • Le Prix d'honneur, pièce en prose ornée de chants et de vaudevilles, Caen, 1780.
  • La Cour du Palermitain, divertissement en prose, accompagné de vaudevilles, Palerme, 1782.
  • Boursault à ses concitoyens, en réponse au libelle des citoyens Godfert, Reverdy, Lenoble, L'Huillier, sculpteur, Ponson, Génisson, Guérard, Josse, Dominé Sauvat, Paris, Imprimerie nationale exécutive du Louvre, 1793, 11 p.
  • Sur le Système d'avilissement et de calomnie dont les ennemis de tout gouvernement ne cessent d'abreuver les députés qui ont été et sont encore au Corps législatif. Boursault à Robin-Marat, Paris, Imprimerie de C.-F. Cramer, 1796, 4 p.
  • La Fille de quinze ans, comédie en 2 actes, imitée de l'anglois de Garrick (Paris, théâtre des Variétés-Étrangères, ), Paris, A.-A. Renouard, 1807, 44 p.
  • Le Schall ou le Cachemire, comédie en 2 actes, imitée de l'anglais de Garrick (Paris, théâtre des Variétés-Étrangères, ), Paris, A.-A. Renouard, 1807, 44 p.
  • Les Deux Klingsberg, comédie en 5 actes, imitée de l'allemand de Kotzebue (Paris, théâtre des Variétés-Étrangères, ), Paris, A.-A. Renouard, 1807, 86 p.
  • Célestine, ou Amour et Innocence, comédie en 4 actes, imitée de l'allemand de Soden (Paris, théâtre des Variétés-Étrangères, ), Paris, A.-A. Renouard, 1807, 78 p.
  • Aurore ou la Fille de l'enfer, comédie en 3 actes, imitée de l'allemand du comte de Saaüden, (Paris, théâtre des Variétés-Étrangères, ) Paris, A.-A. Renouard, 1807, 63 p.
  • Le Spectre du château, drame héroïque en 3 actes, imité de l'anglais de Lewis (Paris, théâtre des Variétés-Étrangères, ), Paris, A.-A. Renouard, 1807, 68 p.
  • C'était moi, comédie en 1 acte, imitée de l'allemand de Kotzebue (Paris, Théâtre des Variétés-Étrangères, ), Paris, A.-A. Renouard, 1807, 44 p.
  • Notice sur la vie publique et privée de J-F Boursault-Malherbe, en réponse à quelques pamphlets, Paris, Imprimerie de Lebègue, 1819, 40 p.
  • Observations pour servir de supplément à la Notice de M. Boursault par suite de l'appel interjeté par le sieur Bouvard, sur sa condamnation en police correctionnelle, Paris, Imprimerie de Lebègue, 1819, 80 p.
  • Factum de M. Boursault contre ses calomniateurs, Paris, Imprimerie de Lebègue, 1819, 16 p.
  • Affaire Boursault contre de Chalabre ; Conclusions de M. Boursault ; Aperçu de la situation de M. de chalabre avec la caisse des jeux ; Plainte du sieur Boursault sur la soustraction de 339 189 fr., Paris, 1820, 24 p.
  • Indication de quelques pièces qui feront juger sur la véracité de l'auteur d'une pétition adressée à MM. les pairs de France et à MM. les députés des départements contre le fermier des jeux de Paris, Paris, Imprimerie de Vve J.-L. Scherff, 1821, 26 p.
  • Considérations sur l'établissement des jeux publics, précédées d'Observations sur les jeux de hasard, Paris, Delaunay, 1824, 66 pages (signé « M. B***, ex-officier du génie »).
  • Théâtre de l'Opéra-comique. Observations de l'un des propriétaires de la salle Ventadour, en réponse au discours prononcé par Monsieur le ministre du Commerce dans la séance de la Chambre des Députés du , Paris, Éverat, 1832, 7 p.
  • Le Drame tel qu'il est, satire, Paris, tous les marchands de nouveautés, 1833, 15 p.
  • L'Athée, sophisme, Paris, Imprimerie de Dezauche, 1833, 11 p.
  • Épître à mon ami, qui se croyait athée, Paris, Imprimerie de Dezauche, 1839, 12 p.

Notes et références modifier

Notes
  1. Soulevé par les mesures de rigueur des représentants du peuple, Guesno et Guermeur. À Domfront il fait ouvrir lui-même les prisons à plusieurs chouans qui y étaient détenus.
  2. Il a été condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et exécuté le 24 mars 1794. Son théâtre avait été imprimé en 1780, au profit de sa belle-mère en un volume in-12 à Paris, chez Cailleau. Barbier, dans son Dictionnaire des Anonymes, lui attribue encore la traduction de la Chute de Rufin, 1780, in-8° (Le Monde dramatique, t. 6, Paris, Grégoire, 1838).
  3. Née à Paris le 13 mars 1778, Rose-Marie-Alberthe Bocquillon, cousine d'Eugène Delacroix, avait épousé le 10 vendémiaire an VII (1er octobre 1798) Pierre-Joseph Renoult, peintre et marchand de tableaux à Paris avec lequel elle avait eu deux filles dont Laïs, née le 12 prairial an VI qui deviendra musicienne et auteur de romans et de poèmes avant de mourir le 17 juin 1849, après avoir épousé Isidore Molinos. Rose-Marie-Alberthe Bocquillon divorce pour épouser six mois après Boursault. Elle meurt des suites d'un accident de voiture le 21 août 1852.
Références
  1. Archives de Paris, registre paroissial reconstitué, registre des baptêmes, V3E/N 300.
  2. Archives de Paris, état-civil reconstitué, registre des décès, V3E/D 181.
  3. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 52, p. 54.
  4. Alphonse Aulard, « La Société des Jacobins : recueil de documents pour l'histoire du club des Jacobins de Paris. Tome 4 »  , sur www.gallica.bnf.fr, 1889-1897 (consulté le )
  5. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 60, séance du 19 mars 1793, p. 301.
  6. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 62, séance du 13 avril 1793, p. 38.
  7. Archives parlementaires de 1787 à 1860, Première série, tome 65, séance du 28 mai 1793, p. 537.
  8. Henri Martineau, Petit dictionnaire stendhalien, Le Divan, 1948, 501 p., p. 422.
  9. Louis Véron, « Montrond avait appelé Boursault le prince Merdiflore », Mémoires d'un bourgeois de Paris, p. 291.
  10. Maurice Lescure, Madame Hamelin : Merveilleuse et turbulente fortunée, coll. Chemins de la mémoire, Paris, L'Harmattan, 1995, p. 163-164 (ISBN 2738438253).

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • Ernest Lebègue, Boursault-Malherbe, comédien, conventionnel, spéculateur, (1752-1842), F. Alcan, 1935, 277 pages
  • « Boursault (rue) » dans Félix Lazare, Dictionnaire historique des rues et monuments de Paris, 1855 (rééd. Maisonneuve & Larose, 2003, 796 pages, p. 235)
  • Adolphe Robert, Gaston Cougny (dir.), Dictionnaire des parlementaires français de 1789 à 1889, Paris, Bourloton, 1889, t. 1, p. 450 et p. 451  
  • François Joyaux, La Rose, une passion française (1778-1914), éditions Complexe, 2001, p. 86-88 (ISBN 2870278713)  

Liens externes modifier