Jean-Claude Mougin
Portrait de Jean-Claude Mougin devant le Musée Dali en 2015.
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Jean-Claude Mougin, né le à Delle (Territoire de Belfort), est un professeur de philosophie et photographe français.

Il est considéré comme le spécialiste français du tirage platine-palladium.

Biographie modifier

Jean-Claude Mougin est un professeur de philosophie et photographe français, qui a enseigné la philosophie à Sfax en Tunisie de 1970 à 1980, puis de retour en France à Charolles, jusqu’à sa retraite. Selon Mike Ware, chimiste et photographe britannique, il est considéré comme le spécialiste français du tirage platine-palladium, technique du XIXème siècle, peu utilisée en France, et qu’il a réactualisée à partir des textes anciens et diffusée par des stages en France et à l’étranger, en Chine particulièrement[1].

Son œuvre tunisienne a été marquée par l’œuvre de Claude Levi-Strauss, celle d’Ibn Khaldun. Comme l’a écrit Jean-Claude Gautrand, à propos de l’accessit au Prix Niépce obtenu en 1979 : « Jean-Claude Mougin participe déjà à l’éducation du regard par la photographie qui constitue ce qu’il définit en référence à Claude Levi-Strauss, la « pensée sauvage » de notre temps »[2].

En 1980, il rencontre Paul Jay, conservateur du musée Niépce de Chalon-sur-Saône. Il lui confie l’enseignement de l’histoire de la photographie et de la philosophie de l’image.

La même année, à l’occasion d’une exposition Paul Strand à la galerie Zabriskie à Paris, il voit pour la première fois de sa vie des tirages platine. C’est pour lui une révélation, l’occasion d’une véritable conversion a la « straight photography ». À partir de cette date et grâce au recours à la bibliothèque du musée Niépce, il a réinventé pour la France cette technique[3]. Tout en étant très actif quant à la diffusion de ce procédé, il a travaillé à une œuvre personnelle et originale utilisant les propriétés esthétiques particulière à ce procédé, grande étendue des valeurs, intensité des noirs, présence physique de l’image[4].

Dans une optique de transmission et de sauvegarde de son travail, il réalise en 2019 une donation de 242 tirages originaux à la section photographie contemporaine de la B.N.F[5]. Certains seront exposés au Grand Palais lors de l’exposition « Noir et Blanc, une esthétique de la photographie »[6] organisée par la BNF et l’agence Rmn[7].

En 2021 s'ouvre une discussion entre érotisme et pornographie. Au vu de plus de 2 700 contenus — photos et vidéos —, Jean-Claude Mougin se défend de tout caractère pédopornographique en expliquant qu'il s'agit juste « d’esthétique, d’érotisme[8]… ». La justice le condamne pour détention d'images pédopornographiques. Certaines expositions sont alors annulées[8],[9].

L’aventure du palladium modifier

Voir aussi l'article détaillé tirage platine-palladium.

Pour remédier au problème de conservation des photographies argentiques, William Willis en 1873 a eu l’idée d’utiliser l'oxalate ferrique et le palladium comme substance photosensible.

Ce procédé protégé par une patente n’a pas été rendu public. En 1880, Willis crée la « Platinotype Company » qui commercialise ce papier au Royaume-Uni et aux États-Unis. Le brevet sera exploité par d’autres compagnies comme Ilford, Gevaert, Ansco, Kodak, qui le distribueront dans divers pays du monde, mais pas en France.

En 1883, deux officiers autrichiens, Pizzeghelli et Hübl, ont mis au point une méthode manuelle pour les photographes désireux de préparer leur propre papier. Cet ouvrage dès sa parution a été traduit en français. Un exemplaire se trouvait dans la bibliothèque du Musée Nicéphore-Niépce, et c’est donc à partir de cet exemplaire que Jean-Claude Mougin a travaillé à remettre en pratique ce procédé qui avait été utilisé par de grands photographes américains Stieglitz, Steichen, Strand, Weston, mais aussi Tina Modetti et Alvarez Bravo.

En 1992, il a rencontré Mickaël Gray, conservateur du Musée Fox Talbot de Lacock Abbey. Enthousiasmé par ses images, il lui propose de faire une exposition de tirages palladium, dans ce lieu qui a vu naître la photographie moderne, « Imaginary Museum ».

En 1993, sa rencontre avec Paul Jay débouche sur l'organisation de workshops réguliers et l‘édition de l’ouvrage « Palladium [10]» dédié à la transmission de sa méthode.

L’aventure chinoise modifier

Son livre « Palladium », est le seul texte en français sur cette technique. Il est traduit en chinois ce qui contribua à fortement démocratiser la méthode, notamment auprès de ce public.

En 2008, 2012 et 2016, il était invité par la Luxun Academy of Fine Arts à Shenyang, il expose à la Galerie Wuye Image Space, See+[11] à Pékin, plus de 100 tirages Palladium à la seconde International Photography Week de Shenzhen[12], également à Paris Photo, à l’Aipad de New York, ou encore au Centre d’Art Contemporain « Three Shadows » de Pékin en 2019[13],[14],[15],[16].

Expositions modifier

  • 1976 « Les signes et les visages » avec une préface de Michel Tournier[17], Bibliothèque Charles de Gaulle, Tunis, Maison de la Culture Ibn Rachiq, Tunis
  • 1978 « Des signes à la dérive », Odéon-Photo, Paris
  • 1979 « Des clefs et des serrures » de Michel Tournier, Canon Photo-Gallery, Genève
  • 1981 « Gens de Copenhague », Institut Français de Copenhague
  • 1986 « La Bresse, voyage photographique », Musée Niépce, Chalon-sur-Saône, catalogue[18]
  • 1992 « Imaginary museum », Fox Talbot Museum Lacock Abbey
  • 1993 « Les Conserves de Nicéphore », Galerie du Château d’eau, Toulouse
  • 1998 « Exposition du Champ freudien », Galerie Maeght, Barcelone
  • 1998 « Gaia, la Terre », XIème mois de la photographie, Talant, catalogue
  • 2000 « L’exil d’Hélène », rétrospective 1970/2000, L’ARC, Le Creusot
  • 2003 « L’art à 20 balles », Galerie des grands bains douches de la plaine, Marseille
  • 2011 « Carrés de Pierres », hommage à Laurence,Tour Saint Nicolas, Paray-le-Monial
  • 2013 « Le noir », Tilt Gallery Phoenix, Arizona[19]
  • 2014 « Après le jour vient la nuit », Wuyue Image Space, Pékin, Chine[20]
  • 2014 Museum of Art Modern Phoenix, Arizona
  • 2014 Eternal Platinum - contemporary platinum-palladium collections prints Art Intersection, Gilbert, Arizona[21]
  • 2015 « Jean-Claude Mougin », Gallery Modern & Modern, Iksan, Corée
  • 2016 « Black and Blue », Art Gallery, Luxun Academy of Fine Arts, Shenyang, Chine
  • 2016 « 2nd Shenzhen International Photography Week », Shenzhen
  • 2017 Five-Country International Exhibition, Gallery M&M, Iksan, Corée[22]
  • 2019 « Three Shadows », Pékin
  • 2019 « See + »

Prix modifier

  • 1977 prix Niépce, premier accessit
  • 1997 Prix Henri Vincenot 1997
  • 1998 Concours International Hasselblad, 2e prix France 1

Collections modifier

Références modifier

  1. (en) Mike Ware - Honorary Fellow in Chemistry, University of Manchester, UKScientific Advisor to the National Gallery of Art, Washington DC, Platinomicon, Uk, , 396 p. (lire en ligne), page 103
  2. Jean-Claude Gautrand, Point de Vue, Images du monde, 25 mai 1979.
  3. (en-US) « The palladium and platinum salts - Part 1: The Object », sur AlternativePhotography.com, (consulté le ).
  4. Jacques Revon, « La Région Bourgogne-Franche-Comté, berceau de la photographie et de son évolution », sur 9lives-magazine.com, .
  5. a et b « Jean-Claude Mougin », sur data.bnf.fr (consulté le ).
  6. Le Grand Palais, « Noir & Blanc : une esthétique de la photographie Collection de la Bibliothèque nationale de France », sur grandpalais.fr, .
  7. (en) « Photography Agency of the Réunion des Musées nationaux of Grand Palais », sur wikidata.org (consulté le ).
  8. a et b Ericka Weidmann, « La Galerie NörKa annule son exposition de rentrée, une décision courageuse », sur 9lives-magazine.com, Créteil, Association 9 Lives Magazine, (consulté le ).
  9. M.S. (CLP) (photogr. JSL / Ketty Beyondas), « Des milliers d’images pédopornographiques chez lui : un an de prison ferme pour un papy »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?)  , sur lejsl.com, Le Journal de Saône-et-Loire, Dijon, Est Bourgogne media, (e-ISSN 1620-8943, consulté le ).
  10. Jean-Claude Mougin, PalladiumL'image aux sels de palladium et de platine, , 49 p. (lire en ligne)
  11. « 现场〡牧溪的柿子 ——让·克劳德·穆金(Jean-Claude Mougin)作品展 », sur wemp.app (consulté le ).
  12. « 2016 / 2nd SHENZHEN INTERNATIONAL PHOTOGRAPHY WEEK | Dickson Dee », sur dicksondee.com (consulté le ).
  13. Richard Plaa, « Le journal de Saône et Loire - Un Parodien expose à Pékin », Quotidien,‎ (lire en ligne)
  14. (zh-CN) « 公开讲座|铂鈀,历史与哲学_豆瓣 », sur douban.com (consulté le ).
  15. (zh-CN) « 工作坊|尚-可路德 . 默山:画意 • 铂鈀印相_豆瓣 », sur douban.com (consulté le ).
  16. « 老头Jean-Claude Mougin和铂鈀印相的故事_观点评论_雅昌新闻 », sur news.artron.net (consulté le ).
  17. Mariana Tutescu, Essai « Images d’univers » dans l’image (photographique) chez Michel Tournier, page 2
  18. « Jean-Claude Mougin | Centre Pompidou »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur centrepompidou.fr (consulté le ).
  19. (en) « Jean-Claude Mougin », sur tiltgallery.com.
  20. (en) Dr Marcus Schütz, « Jean-Claude Mougin's Palladium Photography », .
  21. (en-US) « Eternal Platinum Opening | Art Intersection » (consulté le ).
  22. (ko) Gallery Modern & Modern, Jean-Claude Mougin : [exposition, Iksan, Gallery modern & modern], 26.1.-28-2. 2015, Iksan, Mirae design co .ltd, , 50 p. (ISBN 978-89-94718-52-1)
  23. (en) Fox Talbot Museum © National Trust / Rachel Nordstrom, « L'Arbresle le cirbinier 88 - Jean-Claude Mougin », sur nationaltrustcollections.org.uk, .
  24. « Le Bien Public - Carrés de pierres : exposition de Jean-Claude Mougin au Grenier », Quotidien,‎ (lire en ligne)
  25. « eMuseum », sur ccp-emuseum.catnet.arizona.edu (consulté le ).

Annexes modifier

Documentation modifier

  • (en) Jill Enfield, Jill Enfield’s Guide to Photographic Alternative Processes : Popular Historical and Contemporary Techniques, New-York, Focal Press, , 278 p. (ISBN 978-0415810241)

Liens externes modifier