Janusz Korwin-Mikke

homme politique polonais

Janusz Korwin-Mikke
Illustration.
Janusz Korwin-Mikke en 2016.
Fonctions
Député européen

(3 ans, 7 mois et 27 jours)
Élection 25 mai 2014
Législature 8e
Groupe politique NI
Successeur Dobromir Sośnierz
Biographie
Date de naissance (81 ans)
Lieu de naissance Varsovie (Gouvernement général de Pologne)
Nationalité Polonaise
Parti politique UPR (1987-?)
WiP (pl) (2009-2011)
KNP (2011-2015)
KORWiN (depuis 2015)

Janusz Ryszard Korwin-Mikke, né le , est un homme politique et essayiste libéral-conservateur et eurosceptique polonais. Ses prises de position font de lui l'une des figures les plus controversées de la politique polonaise.

Origines familiales et enfance modifier

Janusz Ryszard Korwin-Mikke naît le à Varsovie[1], lors de l'occupation de la Pologne par l'Allemagne nazie. Il est le fils unique de Ryszard Mikke, qui était à la tête du département d'ingénierie de la Państwowe Zakłady Lotnicze, et de Maria Rosochacka, qui meurt durant l'insurrection de Varsovie. Janusz Korwin-Mikke est donc élevé par sa grand-mère puis par sa belle-mère.

Parcours politique modifier

Études, carrière et opposition au communisme modifier

Il suit des études simultanément à la faculté de mathématiques et à la faculté de philosophie de l'université de Varsovie. Membre à partir de ses 20 ans du Parti démocratique, une formation libérale, il est incarcéré une première fois en 1965 mais continue d'étudier en prison la philosophie, la psychologie, le droit et la sociologie. Durant la crise de , il est à nouveau arrêté et exclu de l'université en raison de sa participation aux manifestations étudiantes. Il est finalement réintégré et obtient en 1969 sa maîtrise après avoir soutenu une thèse sur les Aspects méthodologiques des vues de Stephen Toulmin.

Au début des années 1970, il occupe un poste de chercheur, d'abord à l'institut des transports, puis à l'université de Varsovie. En 1978, il fonde la maison d'édition clandestine Officyna Liberalów et rejoint le syndicat Solidarność. Il participe deux ans plus tard à la grève du chantier naval de Szczecin, ce qui lui vaut d'être à nouveau emprisonné après l'entrée en vigueur de la loi martiale.

Depuis la transition démocratique modifier

En 1987, il est l'un des membres fondateurs du Mouvement de la politique réelle, devenu en 1989 l'Union de la politique réelle. En 1990, il crée l'hebdomadaire Najwyższy Czas! (« Il est grand temps ! »).

Après avoir occupé un siège de député de 1991 à 1993, Janusz Korwin-Mikke se présente cinq fois à une élection présidentielle (en 1995, 2000, 2005, 2010 et 2015). Candidat également à l'élection sénatoriale de 2004, il obtient 18 % des voix.

En 2009, il rejoint le parti Liberté et règne du droit (pl), créé par certains de ses partisans en 2005. Ce groupement prend en 2011 le nom de Congrès de la Nouvelle droite.

 
Janusz Korwin-Mikke lors de la campagne pour les élections européennes de 2014.

Lors des élections au Parlement européen de 2014, il est élu député européen, les listes qu'il conduit ayant obtenu au niveau national 7,2 % des suffrages exprimés et lui-même 67 928 voix dans la circonscription de Silésie[2]. Il siège parmi les non-inscrits.

En , il est démis de ses fonctions de président du Congrès de la Nouvelle Droite, officiellement après des révélations sur sa vie privée et l'existence d'enfants nés hors mariage[3]. En réaction, il annonce la création d'une nouvelle formation politique destinée à porter sa candidature à l'élection présidentielle de 2015, la Coalition pour la restauration de la liberté et de l'espoir de la République (Koalicja Odnowy Rzeczypospolitej Wolność i Nadzieja, KORWiN)[4].

Il arrive en quatrième position du premier tour de l'élection présidentielle de 2015 avec près de 500 000 voix et 3,26 %, réalisant ainsi son meilleur score. Lors des élections parlementaires d'octobre suivant, son parti obtient 4,8 %, échouant de justesse à obtenir des élus à la Diète.

Le , il démissionne de son mandat européen. Il motive ce choix en déclarant vouloir retourner en Pologne pour « combattre la dictature du PiS » et se présenter aux élections municipales de Varsovie[5]. Il obtient 1,3 % au premier tour de l'élection du maire[6].

Aux élections parlementaires de 2019, il se présente à la tête de la Confédération, une coalition informelle aux positions ultralibérales et eurosceptiques réunissant plusieurs partis nationalistes (Mouvement national, Confédération de la couronne polonaise, Union des familles chrétiennes). Cette coalition obtient 6,8 %, ce qui permet à Janusz Korwin-Mikke de faire son retour au Parlement[7].

Il finit par être écarté de la Confédération en raison de ses positions jugées trop extrémistes et pro-russes. En octobre 2022, il est remplacé par Sławomir Mentzen à la tête de son propre parti, KORWiN, subséquemment renommé Nowa nadzieja (Nouvel espoir)[8].

Prises de position modifier

En 2013, Janusz Korwin-Mikke déclare qu'Adolf Hitler n'était pas au courant de l'extermination des Juifs car celle-ci avait été organisée par Heinrich Himmler[9].

Janusz Korwin-Mikke remet en question le droit de vote des femmes étant donné que d'après lui les femmes sont moins investies en politique et sont en faveur de dépenses sociales plus élevées[10]. Lorsqu'on lui demande si les femmes devraient avoir le droit de voter il répond qu'« en tant que monarchiste [il] défend la fin du droit de vote pour tous »[11].

Le , lors de débats au Parlement européen portant sur la création d'un billet de train valable dans toute l'Union européenne, Janusz Korwin-Mikke fait un salut nazi dans l'hémicycle et prononce les mots « Ein Reich, ein Volk, ein Ticket »[12]. Fin , Korwin-Mikke est sanctionné par le Bureau du Parlement. Il lui est interdit de participer aux activités officielles du Parlement pendant dix jours consécutifs et il est contraint de payer une amende de 3 060  pour ses allusions au régime nazi[13].

Le , il déclare lors d'une séance du Parlement européen que les femmes sont « plus faibles », « plus petites » et « moins intelligentes » que les hommes et que, de ce fait, elles doivent être moins payées[14]. Le , il est en conséquence suspendu pendant 10 jours, il est privé de 30 jours d'indemnité et ne peut représenter le parlement pendant un an[15].

En décembre 2021, il participe à une manifestation anti-vaccin, lors de laquelle il pose, avec d'autres membres de la Confédération, devant une bannière « La vaccination rend libre », reprenant l'aphorisme Arbeit macht frei des camps d'extermination nazis ainsi que le style graphique de la grille d'entrée d'Auschwitz, ce qui occasionne une polémique[16].

Œuvre modifier

  • Bez impasu (Sans impasse)
  • Ratujmy państwo (Sauvons l'État) 1990
  • (pl) Janusz Korwin-Mikke (dir.) et Antoni Zambrowski, Nie tylko o Żydach : artykuły o sprawach narodowych [« Pas seulement sur les Juifs »], Oficyna Liberałów, , 197 p.
  • Prowokacja? (Provocation ?) 1991
  • (pl) Janusz Korwin-Mikke (dir.) et Zdzisław Kościelak, Rząd rżnie głupa!, czyli, Mowy sejmowe [« Le gouvernement nous baise – Les discours à la diète »], Gdańsk, , 170 p. (OCLC 30026811)
  • Wizja parlamentu w nowej konstytucji Rzeczypospolitej Polskiej (Le rôle du parlement dans la nouvelle constitution polonaise) 1994
  • Vademecum ojca (Vademecum de mon père) 1997
  • Niebezpieczne ubezpieczenia (Des assurances peu sûres) 2000
  • Ekonomikka (Économikke) 2001
  • Rok 2007 (L'année 2007) 2001
  • Dekadencja (Décadence) 2002
  • Naprawić Polskę? No problem! (Réparer la Pologne ? No problem !) 2004
  • (pl) Janusz Korwin-Mikke, Podatki – Czyli rzecz o grabieży [« Les impôts – c'est-à-dire le vol »], , 211 p. (ISBN 9788391176054 et 8391176053, OCLC 749253514)
  • Kto tu dymi? (Qui enfume ici ?) 2007
  • Rusofoby w odwrocie (Les Russophobes vus de derrière) 2009

Notes et références modifier

  1. « Biuletyn Informacji Publicznej Instytutu Pamięci Narodowej », sur katalog.bip.ipn.gov.pl (consulté le ).
  2. (pl) « Wybory do Parlamentu Europejskiego 2014 - Wyniki głosowania », sur pe2014.pkw.gov.pl, (consulté le ).
  3. (en) « Korwin-Mikke ousted as leader of New Right », sur Thenews.pl, .
  4. (en) « Maverick MEP Korwin-Mikke launches new party », sur Thenews.pl, .
  5. (pl) « Korwin-Mikke: Wracam walczyć z nadciągającą dyktaturą PiS-u », sur RP, (consulté le ).
  6. (en) « Local government elections 2018 – Warszawa: the results of voting and elections for the President », sur wybory2018.pkw.gov.pl, (consulté le ).
  7. « Élections en Pologne : une alliance ultralibérale europhobe fait son entrée au parlement », sur ouest-france.fr, (consulté le ).
  8. (en-US) Aleks Szczerbiak, « Will the radical right Confederation emerge as kingmaker after this year’s Polish election? »  , sur Notes From Poland, (consulté le )
  9. (en) « Polish politician says Hitler unaware of extermination of Jews in Shoah », sur Jewish Telegraphic Agency, (consulté le ).
  10. (en) « The Congress of the New Right is the latest anti-establishment party to have success in Poland, but it may struggle to secure long-term support », sur blogs.lse.ac.uk, .
  11. (en) Matthew Day, « EU elections 2014: the Polish party that wants to turn EC building in Brussels into brothel », The Telegraph,‎ (lire en ligne).
  12. « Parlement européen: un député d’extrême droite fait un salut nazi », sur bfmtv.com, (consulté le ).
  13. (en) « MEPs suspended for making Nazi gestures », sur POLITICO, (consulté le ).
  14. Léa Stassinet, «  Pour ce député européen, les femmes sont "plus faibles" et "moins intelligentes"  », sur rtl.fr, .
  15. « L'eurodéputé polonais Korwin-Mikke sanctionné pour ses propos sexistes », sur RTBF, .
  16. (en-US) Daniel Tilles, « Polish far-right MPs appear under Auschwitz-style sign at anti-vaccine protest »  , sur Notes From Poland, (consulté le )

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :