Jacquy Haddouche

tueur en série français

Jacquy Haddouche
Tueur en série
Image illustrative de l’article Jacquy Haddouche
Information
Nom de naissance Jacquy Haddouche
Naissance
à Beauvais dans l'Oise
Décès (à 46 ans)
à la prison de Fresnes
Nationalité Française
Condamnation le confirmée en appel en
Sentence réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans
Actions criminelles Meurtres
Victimes 3
Période -
Pays Drapeau de la France France
Régions Picardie, Nord-Pas-de-Calais, Rhône-Alpes
Ville Beauvais, Boulogne-sur-Mer, Saint-Étienne
Arrestation

Jacquy Haddouche, né le  à Beauvais et mort le  à la prison de Fresnes[1],[2], est un tueur en série français. Il a été reconnu coupable de trois meurtres commis entre et . Il a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.

Biographie modifier

Les parents de Jacquy Haddouche sont algériens. Sa mère est Djouber Azzouz, épouse d'Ahmed Haddouche. Son père était soldat dans l'armée française pendant la guerre d'Algérie. En , comme beaucoup de harkis Ahmed est évacué avec sa famille vers la France. À Beauvais dans l'Oise, il trouve un emploi d'ouvrier spécialisé à l'usine Lockheed. Devenu alcoolique et très violent, il est renvoyé de son emploi. Jacquy Haddouche naît le . Il est le troisième des douze enfants de la fratrie. Il est scolarisé au collège George Sand. Il est considéré intelligent et sensible, mais instable, agressif, impulsif, intolérant, manipulateur, ne supportant pas la frustration[3].

En , le juge des enfants le place dans un centre d'éducation surveillé à Méru. Il s'en échappe régulièrement pour rejoindre le logement familial. C'est là qu'à seize ans, il vit une scène traumatisante. Ne supportant pas que son épouse ait engagé une procédure de divorce et le quitte, Ahmed Haddouche se suicide en se tirant une balle de fusil dans la tête devant Jacquy, tout près de lui[4]. Il est éclaboussé par le sang et le corps de son père bascule sur lui. Traumatisé, il se déscolarise et sombre dans la délinquance et la toxicomanie[3].

Condamné à plusieurs reprises et incarcéré, Jacquy Haddouche se marie en , à Liancourt, à l'instigation de sa mère, ce qui lui permet d'obtenir un aménagement de peine. Son ex-épouse regrette les huit mois qu'a duré ce mariage[3].

Parcours judiciaire modifier

En , il commet un viol collectif avec un légionnaire plus âgé que lui. Il est condamné à cinq ans de prison par la cour d'assises des mineurs.

En , il est condamné à huit ans de prison pour violences à mains nues ou à main armée et pour vol avec violence.

En , il est condamné à six mois de prison pour vol avec effraction.

En , il est condamné à trois mois, quatre mois et six mois de prison pour vol, vol aggravé et contrefaçon.

En , il est condamné à deux ans de prison pour escroquerie et vol aggravé.

En , il est condamné à six ans de prison pour vol avec violence, sa victime survit à l'empoisonnement avec des médicaments.

Les faits et l'enquête modifier

Le en début de soirée, à Beauvais, Jacquy Haddouche rencontre dans l'ascenseur Gilles Canette, 45 ans, professeur de français, divorcé dépressif. Ils discutent, Gilles Canette invite Haddouche dans son appartement. Vers 19 h deux garçons, élèves de Gilles, viennent discuter avec lui. Les adolescents remarquent que Haddouche a un comportement bizarre, il semble inspecter les pièces de l'appartement. Ils partent vers 20 h. Haddouche passe la soirée chez Gilles. Il empoisonne Gilles Canette avec un antidépresseur, le Tercian et l'asphyxie. À minuit la carte bancaire de Gilles Canette est utilisée au distributeur automatique. Quand Gilles voulait de l'argent de son compte, il allait toujours le retirer au guichet de la banque, jamais il n'utilisait sa carte au distributeur. Tôt le matin du , Haddouche va voir les deux adolescents chez eux et les menace pour qu'ils déclarent qu'il n'était pas chez Gilles Canette la veille au soir. Le Gilles est découvert nu sur son lit par sa femme de ménage. Les policiers trouvent une empreinte digitale d'Haddouche sur une bouteille de sirop de fraise. Il est soupçonné du meurtre. Il reconnait être déjà allé chez Gilles Canette, mais pas à la date du meurtre. Le , Haddouche est placé en garde à vue. Il nie les faits et déclare qu'il était en région parisienne chez sa compagne : Cloé. Cloé arrive opportunément au commissariat et confirme l'alibi. Quand les policiers lui demandent des précisions, elle refuse de répondre aux questions et quitte le commissariat. Dans sa cellule de garde à vue, Haddouche fait une tentative de suicide en s'ouvrant les veines avec son briquet et est hospitalisé. Le délai de garde à vue étant écoulé, les policiers n'ayant pas assez d'éléments démontrant la culpabilité d'Haddouche, la justice abandonne les poursuites contre lui, l'affaire est classée. Le dossier abouti à un non-lieu.

Fin , au bar « le Charlie Brown » rue Guy Patin à Beauvais, Francine C., directrice pédagogique dans un institut médico-éducatif, est avec un groupe d'amis. Haddouche se joint au groupe et fait connaissance avec eux. Début , Haddouche se présente chez Francine rue Nicolas Pastour. Elle refuse de le laisser entrer. Il frappe la porte d'entrée tellement fort qu'elle finit par décider de lui ouvrir et le laisser entrer. Il lui dit qu'il est épuisé car il vient de finir une garde à l'hôpital de Méru. Compatissante, elle lui offre le café qu'il demande. Quand il a fini, elle lui dit de partir. Il refuse, et lui dit que Collette, son ancienne compagne est maintenant, avec Frédéric, son ancien compagnon. Il l'emmène dans la chambre, la viole et s'en va. Elle jette les draps et lave à l'eau de Javel les endroits où Haddouche a été chez elle. Pendant les semaines suivantes, Haddouche la harcèle au téléphone et fait le guet devant sa porte. Elle n'ose pas porter plainte et sombre dans la dépression[5].

En à Beauvais, Haddouche renoue avec Isabelle, qu'il a rencontrée en . Ils entament une brève relation. Un soir, Haddouche alcoolisé, frappe Isabelle au visage en présence de sa fille. Il lui téléphone le lendemain et lui demande de lui rapporter ses médicaments pour le cœur, prétendant qu'il est mourant. Quand Isabelle est chez lui, il lui impose un rapport sexuel[6].

Le vers 19 h, Haddouche entre dans le foyer SONACOTRA rue d'Anjou dans le quartier Argentine à Beauvais. Vers 20 h, il force la porte du studio de Léo Capon, retraitée âgée de 73 ans. Haddouche frappe et égorge Léo Capon. Il fouille l'appartement et vole des objets ayant peu de valeur. Inquiète, Danièle la fille de Léo, se rend chez sa mère[4]. Elle est étonnée que la porte d'entrée ne soit pas verrouillée. Tout a été fouillé, les objets sont sens dessus dessous. Il y a de nombreuses traces de sang sur le sol, et des sacs-poubelle remplis de divers objets près de la porte d'entrée. Le cadavre de Léo Capon est allongé sur le dos, dans la salle de bain, le visage recouvert de morceaux de carton. Sur les bandes de vidéosurveillance de l’immeuble, un homme au crâne dégarni entre tête nue et ressort portant des sacs pleins dans chaque main et une casquette cachant son visage. Les images de mauvaise qualité, ne permettent pas de l’identifier. Un ADN masculin est découvert sur différents objets chez Léo. Cet ADN n'est pas répertorié au FNAEG. Léo Capon est défigurée par les coups qu'elle a reçus. Les médecins légistes établissent qu'elle est morte étouffée par son sang.

Le , à Boulogne-sur-Mer, Haddouche entre dans l'appartement de Liliane D, propriétaire d'un bar. Il la frappe, tente de la violer et vole la recette de l'établissement[4].

Le , au bar « L'endroit » à Saint-Étienne, Sylvain Rome, cameraman, 32 ans, sympathise au comptoir avec Jacquy Haddouche. Vers 16 h, ils quittent le bar ensemble. Sylvain va acheter des boissons au magasin de proximité à côté de chez lui. Vers 17 h, David Sabido un ami de Sylvain sonne à son appartement, mais Sylvain lui fait comprendre qu'il le dérange et refuse de le faire entrer. Haddouche empoisonne Sylvain Rome au Bromazépam et le poignarde. Il nettoie l'appartement, vole le chéquier, le téléphone portable, les papiers d'identité de Sylvain Rome et les clés de l'appartement. Le , le père de Sylvain Rome le découvre couché sur le ventre sur son lit.

Les enquêteurs établissent que Sylvain Rome a une alcoolémie élevée, n'est pas dépressif et ne consomme pas d'antidépresseurs. Un portrait robot est réalisé grâce aux descriptions du barman et de Lucien Florent, un électronicien client du bar, avec qui Haddouche a discuté un peu avant de faire connaissance avec Sylvain Rome.

Fin , Haddouche séduit Nathalie, jeune bénéficiaire du RMI, à qui il se présente comme médecin du centre hospitalier de Beauvais. Elle l'héberge. Au bout d'une semaine, alors qu'ils boivent l'apéritif, Haddouche drogue Nathalie à son insu dans son deuxième verre de kir. Elle fait un malaise et est hospitalisée. Il vole la carte bancaire et le montant du RMI de Nathalie[6].

En , Haddouche tente de reprendre contact avec Francine, cela la décide à porter plainte contre lui pour le viol de [5].

Le , dans le quartier Argentine à Beauvais, Liliane Michaud, 82 ans, rentre du supermarché Intermarché avec son déambulateur. Arrivée devant son pavillon, Jacquy Haddouche l'agresse, la frappe sauvagement et lui vole son portefeuille[4]. Quand les enquêteurs décrivent l'agresseur aux agents de sécurité du supermarché, ils identifient Jacquy Haddouche.

Le , les policiers déposent une convocation chez lui, un petit meublé. Haddouche ne se rend pas à la convocation.

Arrestation modifier

Le un peu après 23 h, à Nîmes dans le Gard, Jacquy Haddouche tente de s'introduire dans la gare en cassant une vitre. Un vigile le met en fuite et alerte les policiers effectuant une patrouille. Les policiers le repèrent dans la rue. Il est ivre et résiste. Il déclare être kinésithérapeute et s'appeler Saïd Haddouche. En passant ses empreintes digitales au fichier automatisé des empreintes digitales, les policiers découvrent que son prénom est Jacky, et non Saïd. En passant son nom au fichier des personnes recherchées, les policiers apprennent qu'il est recherché pour meurtre à Beauvais.

Liliane Michaud reconnait formellement Jacquy Haddouche.

Le , Jacquy Haddouche est mis en examen pour le meurtre de Léo Capon. Il nie les faits. Des objets qu'il a volés chez elle sont retrouvés par les policiers quand ils perquisitionnent son logement. Haddouche accuse son colocataire d'être l'auteur des faits.

En , Cloé avoue à la juge d’instruction qu'elle a menti, car en , elle ne connaissait pas encore Haddouche. Elle n'a fait sa connaissance que quand elle a été scolarisée à Beauvais.

Les relevés téléphoniques montrent que le téléphone portable d'Haddouche est détecté par l'antenne-relais qui couvre le quartier où est l'appartement de Sylvain Rome à la date du meurtre. En garde à vue à Saint-Étienne, Haddouche reconnait qu'il était mi venu rendre visite à des membres de sa famille. En , lors du tapissage derrière le miroir sans tain, Lucien Florent identifie formellement Haddouche. Il finit par reconnaitre qu'il a bien rencontré Sylvain Rome au bar, mais affirme ne jamais être allé chez lui.

Haddouche reconnait avoir rencontré Francine C. au bar « le Charlie Brown », mais nie s'être rendu chez elle. Il déclare que la plainte pour viol contre lui est une vengeance de la part de celle-ci, car il ne lui a pas livré les stupéfiants dont elle lui avait passé commande pour un montant de 30 000 francs[5].

Liste des victimes connues modifier

Date Lieu Identité[N 1] Âge Profession / Activité
Les faits Découverte
Beauvais Gilles Canette 45 Professeur de français
Beauvais Francine C. ? Directrice pédagogique d'un IME
Beauvais Léo Capon 73 Retraitée
Boulogne-sur-Mer Liliane D. ? Propriétaire d'un bar
Saint-Étienne Sylvain Rome 32 Cameraman
Beauvais Liliane Michaud 82 Retraitée

Procès et condamnations modifier

Jacquy Haddouche est condamné par le tribunal correctionnel de Beauvais à 8 ans de prison, pour l’agression de Liliane Michaud.

La défense de Jacquy Haddouche est assurée par les avocats Karim Beylouni[4] et Julien Vernet.

En , le procès de Jacquy Haddouche débute à la cour d'assises de la Loire à Saint-Etienne.

André Buffard est l'avocat de la famille de Sylvain Rome.

En , Jacquy Haddouche est condamné à 30 ans de prison, avec une période de sûreté de 20 ans pour le meurtre de Sylvain Rome. Il fait appel de cette décision. Le premier jour du nouveau procès, Haddouche renonce à son appel.

Le , le procès de Jacquy Haddouche débute à la cour d'assises de l'Oise à Beauvais.

Antoine Vaast est l'avocat de la famille de Gilles Canette. Philippe Tabart[7] est l'avocat de la famille de Léo Capon. Virginie Bella-Gamba[5] est l'avocate de Francine C.

Le , Jacquy Haddouche est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans, assortie de vingt ans de suivi sociojudiciaire avec obligation de soins, pour les meurtres de Gilles Canette et Léo Capon et le viol de 1995[8]. Il fait appel de cette décision.

Le , le procès en appel de Jacquy Haddouche débute à la cour d'assises de la Somme à Amiens[9].

Jacquy Haddouche reconnait le meurtre de Léo Capon et la tentative de viol à Boulogne-sur-Mer, mais continue de nier le meurtre de Gilles Canette et le viol de 1995[7].

Il est à nouveau condamné à la réclusion criminelle à perpétuité avec une période de sûreté de 22 ans.

Jacquy Haddouche se pourvoit en cassation. Le pourvoi est rejeté.

Mort modifier

Le , Jacquy Haddouche meurt d'une hémorragie cérébrale à la prison de Fresnes dans le Val-de-Marne[1],[2].

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. Si la case du nom de la victime est sur fond saumon, cela signifie que Jacquy Haddouche a tué cette victime.

Références modifier

  1. a et b « Le tueur en série meurt en prison », sur Le Parisien, .
  2. a et b « Beauvais : mort de Jacquy Haddouche en prison », sur L'Observateur de Beauvais, .
  3. a b et c David Livois, « L'itinéraire cauchemardesque de Jacquy Haddouche », sur Le Parisien, .
  4. a b c d et e « Un procès-fleuve pour Jacquy Haddouche », sur Le Parisien, .
  5. a b c et d « Procès Haddouche : Le viol commis à Beauvais en 1995 », sur L'Observateur de Beauvais, .
  6. a et b David Livois, « Jacquy Haddouche, un homme séducteur... et violent », sur Le Parisien, .
  7. a et b « Haddouche reconnaît le meurtre de Léo Capon », sur Le Parisien, .
  8. « Perpétuité pour Jacquy Haddouche », sur Le Parisien, .
  9. « Jacquy Haddouche devant la cour d'appel », sur Le Parisien, .

Articles de presse modifier

Documentaire télévisé modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Émission radiophonique modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier