Jacques Morel (sculpteur)

sculpteur français du XVe siècle
Jacques Morel
Naissance
Décès
Avant le 9 septembre 1459
Angers,(Maine-et-Loire)
Période d'activité
Nom dans la langue maternelle
Jacques MorelVoir et modifier les données sur Wikidata
Activité
Maître
Pierre Morel (sculpteur)
Élève
Lieux de travail
Œuvres principales

Jacques Morel, né à Lyon vers 1390, et mort à Angers avant le , est un sculpteur français.

Tombeau de Charles Ier de Bourbon, prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny.

Il est l'oncle du sculpteur Antoine Le Moiturier.

Biographie modifier

Jacques Morel est le fils de Pierre Morel (mort en 1402), sculpteur ayant exercé à Lyon[1].

Il est maître d'œuvre sur la primatiale Saint-Jean entre le et 1425. Il réalise alors le tombeau du cardinal de Saluces (détruit). Le marché a été passé le . Il quitte Lyon en 1425, séjourne à Toulouse où il épouse Jeanne Bonnebroche, puis quitte la ville alors qu'il est veuf, en 1429.

Il est à Avignon de 1429 jusqu'en 1433, où il travaille sur le grand retable de la cathédrale.

Il passe ensuite à Béziers, et on le retrouve en 1433 à Montpellier où on le met en prison pour ne pas avoir exécuté une commande. Vers 1435, il épouse en deuxièmes noces Francesia, veuve de l'argentier Bertomieu de Lafon.

Par comparaison stylistique, on lui attribue la sculpture du Jardin des Oliviers dans la cathédrale de Rodez.

Il est présent à Avignon entre 1441 et 1445, où il a un atelier rue Peyrolerie, près de la collégiale Saint-Pierre. Il a dû sculpter, vers 1441, la Mise au tombeau pour la chapelle de la famille Galléan. Pendant cette période commence l'apprentissage de son neveu, Antoine Le Moiturier. Dans un acte passé à Avignon, le , il fait une donation aux Frères prêcheurs de Toulouse en mémoire de sa femme, Jeanne Bonnebroche, et leur donnait une certaine quantité d'albâtre qui s'y trouvait. Jacques Baudoin lui attribue la statue Nostre Dame de Grasse de la chapelle des Jacobins de Toulouse, actuellement au musée des Augustins de Toulouse[2].

Entre 1445 et 1448, il est de nouveau à Montpellier où il s'est engagé à surveiller pendant quatre mois par an les travaux dans la cathédrale de Rodez.

Le , il signe à Lyon le contrat pour l'exécution des tombeaux de Charles Ier de Bourbon et de son épouse Agnès de Bourgogne, fille de Jean Sans Peur, se trouvant dans la chapelle Neuve[3] de l'église prieurale du prieuré Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Souvigny. Pour leur réalisation, il a séjourné à Souvigny jusqu'en 1453.

Le , Jacques Morel signe un contrat pour sculpter le portail sud de la cathédrale de Rodez, suivant des patrons nouveaux, voire modernes. Il est alors maître d'œuvre comme à Lyon. Le programme initial prévoyait cent huit images. Ce contrat étant subordonné à celui de Souvigny, Jacques Morel n'est obligé que de résider temporairement à Rodez. Il a engagé Pierre Viguier pour travailler avec lui à ce programme. Quand Jacques Morel quitte le chantier en 1456 sans l'avoir terminé, il est repris par le maître-maçon Thibaut Saunier qui va modifier le projet avec Pierre Viguier comme adjoint pour la sculpture à partir de 1459. Jacques Baudoin lui attribue la Vierge acheté par le musée de Hambourg en 1954, qui pourrait être un élément du tympan du portail sud.

En 1449, de nouveau veuf, il épouse en troisièmes noces Françoise del Bechse à Figeac. En 1450, les consuls de Cordes lui demandent de vérifier la stabilité des églises Saint-Michel et Notre-Dame.

On lui a attribué, sans preuve, le tombeau d'Agnès Sorel se trouvant dans la collégiale Saint-Ours de Loches. Un argument en faveur de cette attribution vient d'une lettre qu'il écrit en 1453 à un commanditaire avignonnais quand il est à Souvigny et qu'il ne peut se rendre à Avignon car il est en train de travailler pour le roi de France.

Le roi René l'invite à Angers en 1456, où il doit exécuter son tombeau (détruit). Il y meurt avant de l'avoir complètement terminé, comme l'indique un courrier des officiers du roi René daté du  : « Sire, maistre Jacques Moreau est allé de vie à trespassement en debte envers plusieurs personnes et n'a esté trouvé riche en or et en argent que de V sols ».

Œuvres répertoriées modifier

 
Pietà de l'église Notre-Dame à Montluçon
  • Buste-reliquaire de saint Jean-Baptiste pour l'abbatiale Sainte-Marie à Quarante en 1441, buste-reliquaire en argent, seul témoignage de son activité d'orfèvre[4];   Classé MH en tant qu'objet monument historique[5],
  • Vierge de Pitié de l'église Notre-Dame à Montluçon[6];   Classé MH en tant qu'objet monument historique[7],
  • Tombeau du cardinal de Saluces, à Lyon (détruit),
  • Retable destiné au maître-autel de la cathédrale d'Avignon (détruit),
  • Tombeau de Charles Ier de Bourbon et d'Agnès de Bourgogne, c'est la seule œuvre subsistante, quoique mutilée, qu'on puisse lui attribuer avec certitude,
  • Tombeau d'Agnès Sorel à Loches (attribution),
  • Tombeau du roi René à Angers (détruit).

Dans l'analyse de son œuvre, il a été classé dans l'école de sculpture bourguignonne. Il a été influencé par les sculpteurs flamands qui ont travaillé à Dijon pour le duc de Bourgogne. Il a pu en rencontrer à Lyon, car on a au moins la trace d'un Villequin « li Flamens » qui se trouve à Lyon en 1398, probablement Villequin Smont, un aide de Claus Sluter, qui a travaillé à Dijon en 1393-1394. Il a été en contact avec Jean de la Huerta car ce dernier devait surveiller l'extraction de l'albâtre de Salins servant à l'exécution du tombeau de Souvigny. Cependant, si on doit lui attribuer le tombeau d'Agnès Sorel, son style n'est plus bourguignon. Certains auteurs, comme Natalis Rondot, l'ont qualifé de lyonnais, de rhodanien, de provençal, en faisant de lui un artiste méridional, et plus précisément avignonnais[8].

Élèves modifier

Notes et références modifier

  1. Pour H. Stein, Pierre Morel est le même que le Petrus Morelli, lapicida qui passe contrat à Avignon, en 1396, avec le prieur des Célestins. Pierre Morel aurait quitté Lyon vers 1390 (H. Stein, Une dynastie d'architectes : les Morel, 1910).
  2. [PDF] Musée des Augustins : Polychromies secrètes : Nostre Dame de Grasse
  3. Nota : La chapelle Neuve est édifiée par Jean Poncelet qui a édifié pour le duc de Bourgogne la tour de Brancion ou de la Terrasse.
  4. Les grands imagiers d'Occident, volume 1, par Jacques Baudoin, page 201
  5. Notice no PM34001252, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  6. Les grands imagiers d'Occident, volume 1, par Jacques Baudoin, page 206
  7. Notice no PM03000257, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Palissy, ministère français de la Culture
  8. H. Stein, op. cit.

Voir aussi modifier

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Bibliographie et sources modifier

  • Émile Bonnet, « Le sculpteur Jacques Maurel à Montpellier », Monspeliensia, t. 2, no 2,‎ , p. 127-136 (lire en ligne)
  • Louis Courajod, Jacques Morel, sculpteur bourguigon du XVe siècle, p. 236-255, (en ligne)
  • Henri Drouot, Jacques Morel et l'école de Dijon, Annales de Bourgogne, 1930 ([PDF] en ligne)
  • Natalis Rondot, « Jacques Morel, sculpteur lyonnais (1417-1459) », dans Réunion des sociétés des Beaux-Arts des départements, 13e session, du 11 au 15 juin 1889, Paris, Typographie de E. Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne), p. 622-652
  • Abbé Pierre Henri Requin, « Le sculpteur Jacques Morel, notes complémentaires sur sa vie et ses œuvres », dans Réunion des sociétés savantes des départements, 14e session, du 27 au 31 mai 1890, Paris, Typographie de E. Plon, Nourrit et Cie, (lire en ligne), p. 87-96
  • Henri Stein, « Une dynastie d'architectes : les Morel », Le Moyen Âge, 2e série, t. XIV,‎ , p. 235-244 (lire en ligne)
  • André Leguai, « Jacques Morel et Antoine le Moiturier, disciples de Claux Sluter ? », in Actes des journées internationales Claus Sluter (), Dijon, 1992, p. 137-149
  • Jean-Marie Guillouët, « La sculpture du Val de Loire au XVe siècle : une école introuvable ? », in 303, 2003, p. 250-259 ([PDF] en ligne)
  • Jacques Baudoin, La sculpture flamboyante en Rouergue, Languedoc, Éditions Créer, Nonette, 2003, p. 171-175, (ISBN 2-909797-85-6) (en ligne)
  • Jacques Baudoin, Les grands imagiers d'Occident, Volume 1, Éditions Créer, Nonette, 1983, p. 195-208, (ISBN 978-2-902894154) (extraits en ligne)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier