Insurrection des Frères musulmans en Syrie

soulèvements et mouvements de contestation liés aux Frères musulmans en Syrie, entre 1976 et 1982
Insurrection islamique en Syrie
Description de cette image, également commentée ci-après
Ruines à Hama après le massacre de 1982.
Informations générales
Date 1976-1982
Lieu Damas, Hama, Alep, Palmyre et Jisr al-Choghour (Syrie)
Issue Victoire du gouvernement syrien
Belligérants
Muslim Brotherhood Emblem.jpg Frères musulmans de SyrieDrapeau de la Syrie Syrie
Soutenue par :
Drapeau de l'Iran Iran
Commandants
Issam al-Attar (en)
Adnan Said al Din
Said Hawi (en)
Ali Sadreddine al-Bayanouni
Adnan Uqla (en)
Drapeau de la Syrie Hafez el-Assad
Drapeau de la Syrie Rifaat al-Assad
Forces en présence
10 000 combattants
30 000 sympathisants
100 000 soldats
Pertes
20 000 tués1 500 à 2 000 tués

Notes

20 000 à 80 000 civils tués

L'insurrection islamique en Syrie était une série de révoltes et d'insurrections armées par des islamistes sunnites, membres pour la plupart des Frères musulmans de 1976 à 1982.

Brutalement réprimée par le régime, elle prend fin avec le massacre de Hama perpétré par l'armée syrienne en 1982.

Historique de l'insurrectionModifier

Les Frères musulmans s'établissent en Syrie probablement à Alep en 1935. Une partie de ses membres participent aux violentes émeutes dirigées contre le parti Baas en 1964 au sein de la ville de Hama.

Dans les années 1970, Hafez el-Assad conforte son pouvoir en donnant carte blanche aux religieux et en verrouillant et écartant les démocrates[1].

Les Frères musulmans gagnent alors en puissance et en légitimité au point d’apparaître, lors de nouvelles émeutes en 1973 contre le président Hafez, comme la seule formation politique capable de s'opposer à l'hégémonie du parti Baas. Parallèlement, les Frères musulmans commencent à s'infiltrer au sein de l'armée et de la police.

Les Frères musulmans, qui comptent près de 10 000 militants en 1979, commencent à commettre des attentats contre l'État.

Menée contre l'autorité du Parti Baas, elle est surnommée la « longue campagne de terreur »[2]. Durant le conflit, les islamistes ont à la fois attaqué des civils (Alaouites, baassistes, laïques, nationalistes et communistes) et des militaires. « Les bombes placées dans les gares, les attentats contre les membres du parti Baas et leurs familles ou encore le massacre des cadets alaouites à l'école militaire d'Alep en 1979 demeurent solidement ancrés dans la mémoire collective syrienne.

Le , alors qu’il reçoit le Président du Mali en visite officielle, le président Hafez al-Assad échappe à un attentat provoqué par un membre de la garde présidentielle, vengé le lendemain par le massacre de la prison de Palmyre commis en représailles de la tentative d'assassinat.

Réaction du régime syrienModifier

En 1970, le ministre de la défense Hafez el-Assad s'empare du pouvoir par la force, démettant de ces fonctions le président Noureddine al-Atassi et le secrétaire général du parti Baas, Salah Jedid. Lui et ses partisans s'emparent de tous les leviers de l'appareil étatique. Le nouveau président accroît la dimension répressive de l’État syrien, et renforce le contrôle de chaque secteur de la société à travers un vaste appareil policier et de renseignement.

L'armée syrienne est considérablement renforcée par le régime et devient le pilier de l’État. Au fur et à mesure de l'accroissement de la puissance des Frères Musulmans, le gouvernement accroît les moyens répressifs de l'armée de la police.

Le , le Parlement adopte la loi no 49 punissant de mort toute personne appartenant ou sympathisant avec l’organisation des Frères musulmans (« est considéré comme criminel et sera puni de la peine capitale quiconque est affilié à l'organisation de la communauté des Frères musulmans »).

En parallèle, la crise économique que connaît le pays accroît le mécontentement de la population et par conséquent la force et la popularité des Frères. De nouvelles manifestations éclatent au nord du pays et un attentat le fait 175 morts à Damas. Le président Hafez el-Assad lance fin 1981 une importante purge des éléments fréristes de l'appareil de sécurité de l’État, notamment l'armée, pour garantir la sécurité du régime syrien. 400 officiers sont démis de leur fonction et 300 membres du parti Baas sont exécutés.

Ainsi purgée, l'armée se prépare à affronter et à défaire définitivement le mouvement des Frères musulmans.

Des civils ont également été tués par les forces syriennes lors des raids de représailles. Le soulèvement islamiste atteint son point culminant en 1982 avec le massacre de Hama perpétré par les forces du président syrien Hafez el-Assad, lorsque plusieurs milliers de personnes sont tuées dans le siège de la ville par les troupes de l'armée régulière syrienne et exécutées par les Brigades de Défense de Rifaat al-Assad[3].

Suites et conséquencesModifier

Dans les années 1990, après avoir supprimé toute opposition, al-Assad relâche certains prisonniers politiques et après sa mort en 2000, son fils Bachar el-Assad se montre initialement ouvert au dialogue politique (printemps de Damas). En , les Frères musulmans publient une déclaration à Londres dans laquelle ils rejettent la violence politique et appellent à un État démocratique moderne.

En 2006, Ali Sadreddine al-Bayanouni, dirigeant des FM, contraint à l'exil, déclare qu'il souhaite « un changement pacifique de gouvernement à Damas et la mise en place d'un État démocratique civil » et non pas une république islamique.

En 2011, dans le contexte de la guerre civile syrienne, les Frères musulmans indiquent toutefois que « le régime actuel a perdu tous ses droits après que les troupes ont ouvert le feu sur leurs propres compatriotes ».

Notes et référencesModifier

  1. Samar Yazbek, 19 femmes, Les Syriennes racontent, Stock, , 426 p. (ISBN 978-2-234-08604-3), p. 358
  2. (en) Patrick Seale, Asad, the Struggle for the Middle East, University of California Press, 1989, p. 336-7
  3. Serge Michel, « L’ombre du massacre de Hama », Le Temps, .

AnnexesModifier

BibliographieModifier

Articles connexesModifier