Jean-Auguste-Dominique Ingres
Jean-Auguste-Dominique Ingres (1780-1867) est un peintre français.
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Après un premier apprentissage à Montauban, sa ville natale, il devient à Paris élève de Jacques-Louis David. Prix de Rome en 1801, il ne se rend en Italie qu'en 1806, et y reste jusqu'en 1824. De retour à Paris, il connaît la reconnaissance officielle, apparaissant comme le champion de la doctrine du beau et de la primauté du dessin sur la couleur, en opposition successive aux courants romantiques et réalistes. Nommé directeur de l'Académie de France à Rome, il y retourne de 1835 à 1842.
Ingres a d'abord et à plusieurs étapes de sa carrière vécu de ses portraits, peints ou dessinés. Réputé peu sociable, il fut souvent mal traité par la critique. Les tenants d'un style plus libre et d'une exécution plus rapide condamnaient sa manière tout comme les académiques, qui lui reprochaient notamment les déformations expressives qu'il faisait subir aux corps dans ses nus.
BiographieModifier
Enfance et formationModifier
Jean-Auguste-Dominique Ingres est né à Montauban le [2]. Son père, le peintre et sculpteur Jean-Marie-Joseph Ingres, a favorisé ses penchants artistiques. Il entre en 1791 à l’Académie de Toulouse où il est formé par Jean Suau, puis se rend à Paris, en 1796, pour étudier sous la direction de Jacques-Louis David. Il s’éloigne de son néo-classicisme par son dévouement à un idéal de beauté fondé sur de difficiles harmonies de lignes et de couleurs. Il peint le portrait d'amis ainsi que de Pierre-François Bernier, qu'il connaît de Montauban. Il remporte le prix de Rome à sa deuxième tentative en 1801 avec Les Ambassadeurs d'Agamemnon, mais il ne peut s'y rendre immédiatement. Il s'installe avec d'autres élèves de David à l'ancien couvent des Capucines où il peint principalement des portraits, entre autres celui de son père, aujourd'hui au Musée Ingres[3].
Premier séjour à RomeModifier
En , il se fiance avec Marie-Anne-Julie Forestier, mais sa relation ne résiste pas à son absence après son départ pour Rome en septembre.
En 1806, Ingres découvre à Rome, Raphaël et le Quattrocento, qui marquent définitivement son style. Ces années de travail sont les plus fécondes avec les nus, parmi lesquels La Baigneuse, les paysages, les dessins, les portraits et les compositions historiques. Il est en pleine possession de son art et son séjour à Rome est aussi l'occasion de tisser des liens amicaux avec les grands commis de l'administration impériale : le comte de Tournon et sa mère, Edme Bochet et sa sœur Cécile Bochet madame Henry Panckoucke, Hippolyte-François Devillers, le baron de Montbreton de Norvins. En France, cependant, ses toiles peintes en Italie ne plaisent pas. L’artiste décide alors de rester à Rome. Il se marie en 1813 avec Madeleine Chapelle (1782-1849), une jeune modiste habitant Guéret[4]. Ingres réalisa dix portraits de sa femme. Mais le plus célèbre tableau sur lequel elle apparait est Le Bain turc. Madeleine pose pour l'odalisque aux bras levés qui s'étire au premier plan. Le tableau a été réalisé en 1862, après la mort de Madeleine. Elle fut peinte d'après un croquis qu'Ingres avait réalisé en 1818. En 1850, il va à Châlons chez sa belle-mère pour connaître les lieux où sa femme a vécu, et y rencontre le notaire Louois Changy. Il semble y être retourné l'année suivante[5].
À la chute de Napoléon Ier, des difficultés économiques et familiales l’entraînent dans une période financièrement difficile pendant laquelle il peint, avec acharnement, tout ce qu’on lui commande. Il sollicite ses amitiés romaines et ses bonnes relations avec les Panckoucke et les Bochet lui présentent Charles Marcotte d'Argenteuil, ami de Jacques-Édouard Gatteaux, ami proche d'Ingres. Très vite, Charles Marcotte d'Argenteuil devient un proche du peintre, jusqu'à devenir un de ses principaux mécènes jusqu'à son décès en 1864. Après la mort de Madeleine, ce dernier ira même jusqu'à lui présenter sa nièce, Delphine Ramel, qu'Ingres épousera le . De ce mariage, viendra la décision d'acheter la maison de Meung-sur-Loire avec son nouveau beau-frère, Jean-François Guille, notaire et conseiller général du Loiret, où il se retirera tous les étés pour bénéficier de la douceur et de la lumière de la Loire.
Nombre de membres de la famille Marcotte seront de fidèles acheteurs, comme Philippe Marcotte de Quivières et ses frères Marcotte de Sainte-Marie et Marcotte de Genlis, le baron Charles Athanase Walckenaer, Alexandre Legentil et le baron Hubert Rohault de Fleury (tous deux initiateurs du projet de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre), Cécile Bochet, devenue madame Henry Panckoucke et baronne Morande-Forgeot, et le clan Ramel.
En 1820, il quitte Rome pour Florence où il réside jusqu'en 1824[6].
Reconnaissance officielleModifier
Il trouve finalement le succès en France avec son Vœu de Louis XIII exposé au Salon de 1824, destiné à la cathédrale de Montauban. Il devient directeur de l’Académie de France à Rome de 1835 à 1840. Appelé, le , à faire partie du Sénat impérial, il y vota jusqu'à sa mort conformément aux vœux du pouvoir[7]. Il avait été élevé au grade de grand officier de la Légion d'honneur le [8].
Ingres attache au dessin une grande importance et déclarait à ce sujet : « Une chose bien dessinée est toujours assez bien peinte[9]. » La galerie de portraits réalistes qu’il laisse, constitue un miroir de la société bourgeoise de son temps, de l’esprit et des mœurs d’une classe à laquelle il appartient et dont il trace les vertus et les limites. Ingres s’intéresse beaucoup à la texture des vêtements et des étoffes (velours, soie, satin, cachemire…) qu’il intègre dans ses œuvres afin de noter la classe sociale du personnage. Il s’inspire, à ses débuts, de l'esthétique de l’art grec, avant de se tourner vers une approche plus souple des courbes et des drapés. Ingres n'hésitait pas à accentuer l'anatomie de ses modèles pour atteindre son idéal de beauté ; ainsi, il rajouta trois vertèbres à sa Grande Odalisque (DP).
Ingres reçoit à partir de 1824 honneurs et commandes officielles. Il n'abandonne cependant pas le portrait dont celui de Monsieur Bertin, de 1832, est un sommet.
Retour à RomeModifier
Le rejet par la critique et par le public, de sa dernière peinture d'histoire Le Martyre de Saint Symphorien exposée au Salon de 1834, le détermine à accepter la direction de l'Académie de France à Rome, où il reste jusqu'en 1845. De retour à Paris, il peint à nouveau des portraits et reçoit à nouveau des commandes de grandes œuvres décoratives (DP).
Il se détache du néo-classicisme par la subordination de la forme à l'expression, simplifiant ou déformant l'anatomie pour se rapprocher de l'expression du caractère individuel (DP). Il s'oppose aussi à l'enseignement officiel sur la nature du beau idéal. Pour l'Académie, celui-ci se traduit par un jeu de proportions canoniques, et la profondeur du savoir du peintre s'obtient par la connaissance de l'anatomie artistique, tandis qu'Ingres réprouve l'étude de l'intérieur du corps humain au profit de l'observation fine de la morphologie[10], qui aboutit à représenter non pas un idéal générique, mais celui correspondant à l'individualité du modèle, et pratique la simplification des formes, condamnant la représentation du détail à l'intérieur du modelé (DP).
Dominique Ingres est aussi violoniste et devient, durant un temps, deuxième violon à l’Orchestre du Capitole de Toulouse. De ce loisir est née l’expression « violon d’Ingres ».
Mort et hommagesModifier
Il meurt le au 11, quai Voltaire dans le 7e arrondissement de Paris[11], où une plaque lui rend hommage. Il est enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise (23e division)[12].
Conformément à la volonté de l'artiste de léguer à sa ville natale une grande partie de ses dessins (4 500) ainsi que certains objets personnels, le musée Ingres ouvre ses portes au milieu du XIXe siècle dans l'enceinte de l'ancien palais épiscopal de Montauban ; Armand Cambon, Montalbanais élève d'Ingres, fut son exécuteur testamentaire et le premier conservateur du musée.
Henry Lapauze (1867-1925), historien d'art spécialiste d'Ingres, conservateur du Petit Palais à Paris, mais surtout président du comité Ingres, organise en [13] avec la municipalité de Montauban les festivités en hommage à Ingres et de l'inauguration du musée Ingres : de nombreuses célébrités littéraires et artistiques entouraient Alfred Roll, président de la Société nationale des beaux-arts, et Léon Bérard, sous-secrétaire d'État aux beaux-arts. Un poème de Daniel Lesueur intitulé Ingres de Montauban sera dit par Louis Brémont.
Principales œuvresModifier
Son œuvre recouvre essentiellement trois genres, la peinture d’histoire, principalement exécutées lors de son séjour italien, les portraits[note 1] et les nus féminins.
- Autoportrait à vingt-quatre ans (1804), Chantilly, musée Condé[1].
- Bonaparte, Premier Consul (1804), Liège, La Boverie[14].
- Napoléon Ier sur le trône impérial, ou Sa Majesté l'Empereur des Français sur son trône (1806), Paris, musée de l'Armée[15].
- Portrait de Madame Devaucey (1807), Chantilly, musée Condé[16].
- Œdipe explique l'énigme du sphinx (étude de 1808, reprise en tableau en 1827), huile sur toile, 189 × 144 cm, Paris, musée du Louvre[17].
- Vénus Anadyomène (1808-1848), Chantilly, musée Condé[18].
- La Grande Baigneuse, dite Baigneuse Valpinçon (1808), huile sur toile, 146 × 97 cm, Paris, musée du Louvre[19].
- Portrait de Madame Panckoucke ou Madame Henry Panckoucke (1811), huile sur toile, Paris, musée du Louvre[20].
- La Grande Odalisque (1814), huile sur toile, 91 × 162 cm, Paris, musée du Louvre[21].
- Portrait de Madame de Senonnes (1814), Nantes, musée des Beaux-Arts[22].
- Françoise de Rimini (1814), Chantilly, musée Condé[23].
- François Ier reçoit les derniers soupirs de Léonard de Vinci (1818), 40 × 50,5 cm, Paris, Petit Palais[24].
- Paolo et Francesca (1819), 48 × 39 cm, musée des Beaux-Arts d'Angers[25].
- Entrée à Paris du dauphin, futur Charles V (1821), Hartford, Wadsworth Atheneum[26].
- L'Apothéose d'Homère (1827), huile sur toile, 386 × 512 cm, Paris, musée du Louvre[27].
- Don Pedro de Tolède baisant l'épée d'Henri IV, 36 × 28 cm, Paris, musée du Louvre[28].
- Portrait de monsieur Bertin (1832), Paris, musée du Louvre[29].
- Edme Bochet (1811), huile sur toile, 94 × 69 cm, Paris, musée du Louvre[30].
- Le Vœu de Louis XIII (1824), Montauban, cathédrale Notre-Dame-de-l'Assomption[31].
- Portrait du comte Louis-Mathieu Molé (1834), huile sur toile, 147 × 114 cm, Paris, musée du Louvre[32].
- Le Martyre de saint Symphorien (1834), huile sur toile, 407 × 339 cm, Autun, cathédrale Saint-Lazare.
- La Maladie d'Antiochius, ou Antiochius et Stratonyce (1840), Chantilly, musée Condé[33].
- L'Odalisque à l'esclave (1842), huile sur toile, 72 × 100 cm, Cambridge, Fogg Art Museum[34].
- La Comtesse d'Haussonville (1845), huile sur toile, 132 × 92 cm, New York, The Frick Collection[35].
- Betty de Rothschild, baronne James de Rothschild (1848), huile sur toile, 141,9 × 101 cm, collection privée.
- L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint (1848), huile sur toile, 41,5 × 32,5 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts[36].
- L'Odyssée, huile sur toile, 61 × 65 cm, Lyon, musée des Beaux-Arts.
- Madame Moitessier assise (1856), huile sur toile, 120 × 92 cm, Londres, National Gallery[37].
- Le Bain turc (1859-1862), huile sur bois, 108 × 110 cm, Paris, musée du Louvre[38].
GalerieModifier
- Œuvres de Jean-Auguste-Dominique Ingres
L'Étude académique d'un torse masculin (1801), huile sur toile, 97,5 × 80,6 cm, Varsovie, musée national.
Bonaparte, Premier Consul (1803-1804), huile sur toile, 226 × 144 cm, Liège, La Boverie.
Portrait de Madame Duvaucey (1807), huile sur toile, 76 × 59 cm, Chantilly, musée Condé.
Portrait de Charles-Joseph-Laurent Cordier (1811), huile sur toile, 90 × 69,5 cm, Paris, musée du Louvre.
Portrait de Madame de Senonnes (1814), huile sur toile, 106 × 84 cm, Nantes, musée des Beaux-Arts.
La Grande Odalisque (1814), huile sur toile, 91 × 162 cm, Paris, musée du Louvre.
Roger délivrant Angélique (1819), huile sur toile, 147 × 190 cm, Paris, musée du Louvre.
La Source (1820-1856), huile sur toile, 163 × 80 cm, Paris, musée d'Orsay.
Mademoiselle Jeanne Gonin (1821), Cincinnati, Taft Museum of Art.
Portrait de monsieur Bertin (1832), huile sur toile, 116 × 95 cm, Paris, musée du Louvre.
L'Odalisque à l'esclave (1842), huile sur toile, 72 × 100 cm, Cambridge, Fogg Art Museum.
L'Arétin et l'envoyé de Charles Quint (1848), huile sur toile, 41,5 × 32,5 cm, musée des Beaux-Arts de Lyon.
Portrait de Madame Gonse (1852), huile sur toile, 73 × 62 cm, Musée Ingres-Bourdelle Montauban
Portrait de la princesse Albert de Broglie (1853), huile sur toile, 121,3 × 90,8 cm, New York, Metropolitan Museum of Art.
Jeanne d’Arc au sacre du roi Charles VII, dans la cathédrale de Reims (1854), huile sur toile, 240 × 178 cm, Paris, musée du Louvre.
Madame Moitessier (1856), huile sur toile, 120 × 92,1 cm, Londres, National Gallery of Art.
ÉlèvesModifier
Ingres a formé de nombreux élèves, parmi lesquels :
- Amaury-Duval ;
- Louis Adolphe Besnard, peintre ;
- Victor Bodinier (né en 1798), en 1828 ;
- Clément Boulanger ;
- Jérôme Cartellier (1813-1892), en 1832
- Romain Cazes ;
- Auguste Charpentier (1813-1880) ;
- Théodore Chassériau ;
- Alphonse Louis Dulong (1811-1857) ;
- Michel Dumas (1812-1885), en 1834[39] ;
- Antoine Étex (1808-1888)[40] ;
- Hippolyte Flandrin (1829-1864), à Rome ;
- Anton Hansmann (né en 1821), de 1841 à 1850 ;
- Émile Hirsch ;
- Ange-Louis Janet (1811-1872), dès 1833, peintre ;
- Louis Janmot ;
- François Henri Alexandre Lafond (1815-1901), de 1830 à 1838 ;
- Claudius Lavergne (1815-1887), à Rome à partir de 1834 ;
- Alexandre Mauvernay ;
- Charles Nègre, peintre puis photographe ;
- Frédéric Peyson[41] ;
- Charles Porion ;
- Clément Pruche, caricaturiste ;
- Louis Adolphe Salmon (1806-1895)[42] ;
- Marcel Verdier (1817-1856) ;
- Charles Vernier (1813-1892) ;
- Jules-Claude Ziegler (1804-1856), peintre, céramiste et photographe, de 1826 à 1836[43].
Réception critique par quelques contemporainsModifier
« M. Ingres soulève contre lui les intelligence médiocres ; il en est de sa nature comme du caractère des hommes supérieurs qu'un défaut de concession aux usages de la société travestit en orgueilleux ou en sauvage », écrit Charles Lenormant[44].
Eugène Delacroix a d'abord applaudi Ingres ; il s'est montré, dans ses écrits, respectueux, voire admirateur de son ainé. Son Journal, publié après sa mort, le montre parfois satisfait de lui[45], mais après quarante ans de concurrence dans les Salons et les commandes publiques[46], plus polémique, lui reprochant son « goût mêlé d’antique et de raphaëlisme bâtard », auquel il dit préférer encore celui de l'École de David entendant sans doute par là que Ingres commet l’erreur de « se [croire] semblable à Raphaël en singeant certains gestes, certaines tournures qui lui sont habituelles[47] ».
Charles Baudelaire , grand admirateur de Delacroix, a plusieurs fois formulé le reproche que : « Le grand défaut de M. Ingres […] est de vouloir imposer à chaque type qui pose sous son œil un perfectionnement plus ou moins complet […] emprunté au répertoire des idées classiques. » Lorsque Ingres entreprend de peindre « un modèle grand, pittoresque, séduisant », il tombe « victime d’une obsession qui le contraint sans cesse à […] altérer le beau », à « [ajouter] quelque chose à son modèle […] par impuissance de le faire à la fois grand et vrai [48]. »
Vincent van Gogh écrivait à son frère Théo : « Un Ingres, un David, des peintres dont vraiment la peinture n’est pas toujours belle, combien ils deviennent intéressants, quand mettant de côté leur pédantisme, ils s’oublient à être vrais, à rendre un caractère[49]. »
Edmond de Goncourt, volontiers cinglant, dénigrera le tableau Bain antique vu à l’exposition Khalil-Bey de 1867 en évoquant : « une mêlée de corps mannequinés, avec des disproportions presque caricaturales, une assemblée de sauvagesses de la Terre de Feu, découpées dans du pain d’épice, des corps qui retournent à la primitivité embryonnaire des premières académies de l’art. » Quelque vingt ans plus tard, son avis n’a pas changé : « Et les pauvres petites misérables mines de plomb de M. Ingres, est-ce de l’art assez gringalet à côté des préparations de La Tour, de la préparation de Chardin […][50]! »
En revanche, Édouard Manet affirmait que « dans notre siècle, M. Ingres avait été le maître des Maîtres » et vouait une grande admiration à La Source, tableau de 1856[51].
Paul Gauguin écrit à propos de Ingres que « cette froideur apparente qu’on lui reproche cache une chaleur intense, une passion violente. » Il admire chez le maître « un amour des lignes […] grandiose, et une recherche de la beauté dans sa véritable essence, la forme[52]. »
PostéritéModifier
Des courants hostiles aux principes qu'Ingres défendait marquent la génération qui le suit. Peu de ses peintures sont exposées. Celles qui sont au musée du Louvre y sont entrées après sa mort. Son influence croît à la fin du XIXe siècle alors que les jeunes peintres tentent de se dégager de l'influence de leurs prédécesseurs impressionnistes[53].
Son influence se ressent cependant dans la peinture académique[réf. souhaitée] et jusque chez les impressionnistes comme Auguste Renoir, lequel qualifie de « période ingresque » la manière de ses œuvres de 1881 à 1889[54].
Edgar Degas, élève de Louis Lamothe[55], élève d'Hippolyte Flandrin, disciple d'Ingres, ne cache pas son admiration pour le maître[56]. Il a possédé près de vingt tableaux du peintre.
Au XXe siècle, Pablo Picasso fait plusieurs fois référence à son œuvre avec, en particulier, une Grande odalisque d’après Ingres peinte en 1907 et déclare : « Il est notre maître à tous »[réf. nécessaire]. Il trouve dans Ingres « la simplification des formes et la pureté du trait[55] ».
Henri Matisse se réfère à sa « couleur presque compartimentée et entière », notant qu'il fut le premier à « utiliser des couleurs franches, sans les dénaturer[57] ».
Dans un autre genre, Man Ray lui rend hommage sur le thème des nus féminins de dos dans son célèbre Violon d’Ingres (vers 1920), photographie d’une modèle dénudée sur laquelle il a dessiné les ouïes de l’instrument de musique. D’autres artistes contemporains, dont Martial Raysse, font référence à ses peintures les plus célèbres. On peut aussi citer Gérard Collin-Thiébaut et son œuvre Ingres, La Grande Odalisque, Transcription, un puzzle en carton de 69 × 84 cm, de 1 500 pièces, réalisé en 2008.
Collections publiquesModifier
- En Algérie
- En Belgique
- Aux États-Unis
- En France
- Aix-en-Provence (Bouches-du-Rhône) : musée Granet.
- Chantilly (Oise) : musée Condé.
- Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) : musée Bonnat-Helleu.
- Grenoble (Isère) : musée de Grenoble.
- Montauban (Tarn-et-Garonne) : musée Ingres.
- Montpellier (Hérault) : musée Fabre.
- Lyon (Rhône) : musée des Beaux-Arts.
- Paris :
ExpositionsModifier
- Le musée du Louvre à Paris a proposé une rétrospective de l'œuvre du peintre dans le cadre de l'exposition « Ingres », présentée dans le hall Napoléon du au [58]. Une exposition « Ingres et l’Antique » a été présentée du au au musée de l'Arles et de la Provence antiques à Arles.
- Du au , le musée Ingres de Montauban a présenté l'exposition Ingres, Ombres permanentes. Belles feuilles du musée Ingres de Montauban, en automne au musée de la vie romantique à Paris.
- « L'invention du passé. Histoires de cœur et d'épée en Europe, 1802-1850 », du au , musée des Beaux-Arts de Lyon.
Notes et référencesModifier
NotesModifier
- Il considérait ce genre comme mineur.
RéférencesModifier
- « Portrait d'Ingres par lui-même, à l'âge de vingt-quatre ans », notice no 00000076458, base Joconde, ministère français de la Culture.
- Dossier Légion d'honneur.
- Michel Laclotte (dir.), Jean-Pierre Cuzin (dir.) et Arnauld Pierre, Dictionnaire de la peinture, Paris, Larousse, (lire en ligne), p. 396-398.
- « Fille de Mathieu Lambert Chapelle, menuisier, et de Jeanne Nicaise, elle a été baptisée en l'église Saint-Alpin de Châlons le . » Cité par François Lefèvre in « Le peintre Ingres et Châlons-en-Champagne », Bulletin de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, n°49, printemps 2017.
- François Lefèvre, op. cit., p.11.
- (DP).
- « Ingres (Jean-Auguste-Dominique) », dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
- « Cote LH/1335/27 », base Léonore, ministère français de la Culture.
- [PDF] Ingres par le CNDP.
- Amaury-Duval, L'atelier d'Ingres — Souvenirs, (lire en ligne), p. 65.
- Paul Le Vayer, Recueil des inscriptions parisiennes : 1881-1891 (lire en ligne).
- Paul Bauer, Deux siècles d'histoire au Père Lachaise, Mémoire et Documents, , 867 p. (ISBN 978-2-914611-48-0), p. 427-428
- Le Temps | 1913-10-06 | Gallica.
- « Napoléon Bonaparte, Premier Consul », sur www.numeriques.be (consulté le 16 janvier 2019).
- « Napoléon Ier sur le trône impérial », sur Musée de l'Armée Invalides, (consulté le 16 janvier 2019).
- « Les incontournables », sur Domaine de Chantilly (consulté le 16 janvier 2019).
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- « Joconde - catalogue - dictionnaires », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le 16 janvier 2019).
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- (en) Harvard, « From the Harvard Art Museums’ collections Odalisque with a Slave », sur www.harvardartmuseums.org (consulté le 16 janvier 2019).
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- « Joconde - catalogue - dictionnaires », sur www2.culture.gouv.fr (consulté le 16 janvier 2019).
- Georges Vigne et M-H Lavallée, Les élèves d'Ingres, [catalogue de l'exposition du musée Ingres de 1999].
- Prix de Rome en sculpture en 1832, devient son élève à la demande d'Ingres.
- Openbibart.
- Second grand prix de Rome de gravure en 1834.
- [PDF] beaux-rts.dijon.fr.
- Cité en exergue dans Louis de Loménie, Galerie des contemporains : illustrés par un homme de rien. 19e livraison, M. Ingres, Paris, (lire en ligne).
- « Ingres et Delacroix », Revue des Deux Mondes, (lire en ligne).
- « Ingres », sur correspondance-delacroix (consulté le 16 mars 2018).
- Eugène Delacroix, Journal, Plon, 1980, p. 721 et 791 (ISBN 2-259-00646-9).
- Charles Baudelaire, Œuvres complètes, Éditions du Seuil, 1968, p. 554 (ASIN B0000DOL59).
- Vincent van Gogh, Lettres de Vincent Van Gogh à son frère Théo, Grasset, 1972, 304 p. (ISBN 978-2246002222).
- Edmond de Goncourt, Journal, Tome II, Robert Laffont, 1989, pp. 124 et 1051 (ISBN 978-2221059449).
- Édouard Manet, Souvenirs, L'Échoppe, 1988, p. 93 (ISBN 978-2905657398).
- Paul Gaugin, Oviri - Ecrits d'un sauvage, choisis et présentés par D. Guérin, Paris, Gallimard - Folio essais, , 350 p. (ISBN 978-2-07-032533-7), p. 66.
- Henri Matisse, Écrits et propos sur l'art, Paris, Hermann, , p. 198.
- « La peinture de Renoir », notice sur grandpalais.fr.
- Avigdor Arikha, « Jean-Auguste-Dominique Ingres : écrits sur l'art », dans Peinture et regard, Paris, Hermann, , p. 39-60, p. 59.
- Paul Valéry, Degas, danse, dessin, Gallimard, coll. « Folio », (1re éd. 1938), tout au long de l'ouvrage.
- Matisse 1972, p. 198 et 199.
- Critique de l'exposition par Didier Rykner, sur le site de La Tribune de l'Art, 30 avril 2006.
AnnexesModifier
BibliographieModifier
- Amaury-Duval, L'atelier d'Ingres — Souvenirs, (lire en ligne), p. 65.
- Eugène Montrosier, Peintres modernes : Ingres, Flandrin, Robert-Fleury, Ludovic Baschet, 1882.
- Jacques Fouquet, La Vie d'Ingres, Paris, Gallimard, , 2e éd. (lire en ligne).
- Jean-Auguste-Dominique Ingres, Écrits sur l'art, Grasset, .
- Henry Lapauze, Les dessins de J-A-D. Ingres du Musée de Montauban, préface de Henry Roujon, édit. JE. Bulloz, 1901, 308 p. Ouvrage couronné par l'Académie française, prix Charles Blanc 1902.
- Henry Lapauze, Le roman d'amour de M. Ingres, Éd. P. Laffitte, 1910, 226 p.
- Henry Lapauze, Ingres, sa vie et son œuvre (1780-1867) : D'après des documents inédits, Paris, Imprimerie Georges Petit, (notice BnF no FRBNF30738139, lire en ligne), chap. II.
- Henry Lapauze, Jean Briant, paysagiste (1760-1799), maître de Ingres et le paysage dans l'œuvre de Ingres, Imp. G. Petit, 1911, 54 p.
- Marie-Louis Desazars de Montgailhard, « Ingres (1780-1867) », dans Les artistes toulousains et l'art à Toulouse au XIXe siècle, Toulouse, Librairie-Marqueste/E.-H. Guitard, , 477+XVII p. (lire en ligne), p. 41-95
- D. Ternois et P. Nesplé, Ingres et ses maîtres, [catalogue d'exposition], Montauban-Toulouse, 1955.
- N. Schlenoff, Ingres, ses sources littéraires, Paris, 1956.
- N. Schlenoff, Les Cahiers littéraires inédits de J.A.D. Ingres, Paris, 1957.
- D. Ternois et J. Lacambre, Ingres et son temps, [catalogue d'exposition], musée Ingres, 1967.
- Gaëtan Picon, Ingres, Genève/Paris, Skira, , 151 p. (ISBN 2-605-00003-6).
- Ingres et sa postérité jusqu'à Matisse et Picasso, [catalogue d'exposition], Montauban, musée Ingres, 1980.
- Daniel Ternois, Ingres, Paris, Fernand Nathan, (ISBN 2-09-284557-8).
- Daniel Ternois et Ettore Camesasca (trad. de l'italien), Tout l'œuvre peint de Ingres, Paris, Flammarion, , 130 p. (ISBN 2-08-010240-0).
- Robert Rosenblum, Ingres, Paris, Cercle d'Art, coll. « La Bibliothèque des Grands Peintres », (ISBN 2-7022-0192-X).
- Georges Vigne, Les dessins secrets de Monsieur Ingres, Toulouse, Le Pérégrinateur Éditeur, 1997.
- Valérie Bajou, Monsieur Ingres, Paris, Adam Biro, , 383 p. (ISBN 2-87660-268-7).
- Bohumir Mraz, Ingres, dessins, Éditions du Cercle d'Art, 2003 (ISBN 9782702201725).
- Manuel Jover, Ingres, Pierre Terrail, coll. « PEINTURE/SCULPT », (ISBN 978-2-87939-287-5).
- Vincent Pomarède, Stéphane Guégan, Louis-Antoine Prat, Eric Bertin (dir.), Ingres (1780-1867), coédition Gallimard / musée du Louvre Éditions, 408 pages, 325 illustrations en couleurs, Paris, 2006 (ISBN 2-35031-051-5). Catalogue de l’exposition du musée du Louvre.
- Sébastien Allard et Marie-Claude Chaudonneret, Ingres : la réforme des principes : 1806-1834, Lyon, Fage, , 168 p. (ISBN 2-84975-073-5).
- Jean-Pierre Cuzin et Dimitri Salmon, Ingres, regards croisés (Catalogue exposition), Mengès - RMN, , 287 p. (ISBN 978-2-84459-129-6).
- Uwe Fleckner (trad. de l'allemand par Catherine Vacherat), Jean-Auguste-Dominique Ingres, Paris, H. F. Ullmann, coll. « Maîtres de l'art français », , 140 p. (ISBN 978-3-8331-3733-4).
- Catherine Lépront, Ingres, ombres permanentes. Belles feuilles du musée Ingres de Montauban, Éditions Le Passage, , 157 p. (ISBN 978-2-84742-114-9). Catalogue de l'exposition du musée Ingres à Montauban.
- Jérôme Prieur, Ingres en miroir, Éditions Le Passage, Musée de Montauban, 2011.
IconographieModifier
- Henri Lehmann, Portrait d'Ingres, 1880, Paris, École nationale supérieure des beaux-arts.
Liens externesModifier
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- (en) Union List of Artist Names
- Site de l'exposition Ingres au musée du Louvre.
- (en) « Dominique Ingres » sur 'Artcyclopedia.
- Les archives des dons aux musées royaux et des secours aux artistes prodigués par le roi Louis-Philippe sont conservées aux Archives nationales (France).