Infestation de criquets dans l'Empire ottoman en 1915

L'infestation de criquets pèlerins dans l'Empire ottoman en 1915 est une invasion de criquets pèlerins survenue de mars à dans plusieurs régions du proche-Orient.

Infestation de criquets dans l'Empire ottoman en 1915
Criquet pèlerin de l'infestation de 1915
Criquet pèlerin de l'infestation de 1915

Type Essaim de criquets
Localisation Palestine, Mont Liban, Syrie ottomane, Empire ottoman
Date mars 1915 à octobre 1915

Des essaims de criquets ont dévasté les cultures et la végétation naturelle en Égypte, en Palestine, au Mont Liban, en Syrie et dans les régions méridionales et occidentales de l'Anatolie.

Mesures gouvernementales modifier

 
Un lance-flammes portable en préparation pour détruire les criquets en Palestine, 1915

Djemal Pacha, qui était le commandant suprême de la Syrie et de l'Arabie au moment de l'infestation acridienne, a lancé une campagne pour limiter les ravages causés par les insectes.

Midhat Bey, le fonctionnaire désigné pour lutter contre l'infestation, a ainsi incité à promulguer une loi qui obligeait chaque homme âgé de 15 à 60 ans dans les villes à collecter 20 kilogrammes d’œufs de criquets ou à payer une amende équivalant à 5 . Le New York Times a rapporté que cette loi était strictement appliquée. Ils ont déclaré que les personnes qui ne respectaient pas la loi risquaient de voir leur entreprise fermée. 800 personnes avaient payé l'amende au .

Conséquences modifier

Au Liban modifier

Les essaims de criquets dans la région en 1915 ont, pendant trois mois consécutifs, dévoré les cultures.

L'infestation a ainsi aggravé la grande famine du Mont-Liban qui a causé la mort de près de la moitié des habitants du Moutassarifat du Mont-Liban (une subdivision semi-autonome de l'Empire ottoman et le précurseur du Liban), de faim et de maladie entre 1915 et 1918.

Les principales causes de la famine étaient le blocus des Alliés ainsi que les réquisitions des denrées par Djemal Pacha, le commandant de la quatrième armée de l'Empire ottoman en Syrie ; l'approvisionnement était ainsi impossible par voie maritime du fait du blocus, et par voie terrestre du fait de l'interdiction de faire entrer de la nourriture de l'arrière-pays syrien voisin dans le Mont Liban. La famine a été provoquée par une convergence des facteurs politiques et environnementaux moderne.

En Syrie modifier

L'historien Zachary J. Foster soutient que l'ampleur de l'attaque était bien pire que tout ce que la Syrie avait vu depuis de nombreuses décennies. Il a en outre suggéré qu'un pourcentage énorme des principales denrées alimentaires et sources de revenus de la région, y compris les fruits, les légumes, les légumineuses, le fourrage et une petite mais non négligeable quantité de céréales, étaient dévorés par les criquets. « L'attaque a réduit la récolte d'hiver de 1915 (blé et orge) de 10 à 15 % », a-t-il noté, « et a complètement détruit les récoltes d'été et d'automne de 1915 (fruits et légumes), dans des fourchettes variant de 60 à 100 %, selon la culture ». La destruction des récoltes a entraîné plusieurs augmentations du prix des aliments. Le 25 avril 1915, le New York Times décrit les augmentations de prix : « La farine coûte 15 $ le sac. Les pommes de terre sont six fois plus chères que le prix ordinaire. Le sucre et le pétrole ne sont pas recyclables et l'argent a cessé de circuler ».

En Palestine modifier

Cette infestation a gravement compromis l'approvisionnement alimentaire déjà épuisé de la région et a accentué la misère de tous les Jérusalemites.

Réactions modifier

Dans les communautés juives, beaucoup de gens croyaient que la prière et la pétition étaient nécessaires pour mettre fin à l'invasion, car ils considéraient l'essaim de criquets comme une punition divine pour leurs péchés. Le rabbin A.M. Luntz, qui a observé le développement de l'infestation, a déclaré que le « Badatz a décrété que le lendemain il devrait y avoir un Taanit Tzibbur et que toute la journée devrait être une de seli'hot, de prière et de pétition. Après quelques jours, les criquets ont quitté la Terre », ce qu'on en fait ces insectes après avoir fini de se nourrir. Cependant, pendant la durée de leur nidification, les populations de criquets se sont reconstituées avec de nouvelles larves.

Notes et références modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Ümmügülsüm Candeğer, « Locust problem in the Ottoman State in World War One », Journal of Human Sciences, vol. 13, no 1,‎ , p. 2125–2134 (ISSN 2458-9489, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Zachary J. Foster, « The 1915 Locust Attack in Syria and Palestine and its Role in the Famine During the First World War », Middle Eastern Studies, vol. 51, no 3,‎ , p. 370–394 (ISSN 0026-3206, DOI 10.1080/00263206.2014.976624, lire en ligne, consulté le )
  • (en) Simon Jackson, « Transformative Relief: Imperial Humanitarianism and Mandatory Development in Syria-Lebanon, 1915–1925 », Humanity: An International Journal of Human Rights, Humanitarianism, and Development, vol. 8, no 2,‎ , p. 247–268 (ISSN 2151-4372, DOI 10.1353/hum.2017.0018, lire en ligne, consulté le )
  • Stefanie Wichhart, «The 1915 Locust Plague in Palestine», Jerusalem Quarterly 56 & 57, lire en ligne
  • (en) Najwa Al-Qattan, Syria’s Wartime Famine at 100: “Martyrs of the Grass”, Columbia University Press, (ISBN 978-0-231-54871-7, DOI 10.7312/marc19008-013/html, lire en ligne)
  • Salim Tamari, Year of the Locust: A Soldier’s Diary and the Erasure of Palestine’s Ottoman Past (Berkeley: University of California Press, 2011), 93-94.

Liens externes modifier