L'inertie climatique est le phénomène par lequel les systèmes climatiques montrent une résistance ou une lenteur aux changements de facteurs importants, tels que les niveaux de gaz à effet de serre (GES).

Dans le contexte du changement climatique, l'inertie du réchauffement est très faible : atteindre des émissions nettes nulles de dioxyde de carbone (CO2), c'est-à-dire la neutralité carbone, permet de stopper totalement le réchauffement moyen de la surface de la Terre. En revanche, certaines conséquences du réchauffement climatique ont une forte inertie : l'élévation du niveau de la mer, par exemple, se poursuivra pendant des siècles, même si la neutralité carbone est atteinte (le rythme de l'élévation dépend néanmoins de l'ampleur des émissions de GES), en raison notamment de l'effusivité thermique des océans.

Inertie thermique modifier

L'inertie thermique de l'océan retarde un certain réchauffement climatique pendant des décennies ou des siècles. Il est pris en compte dans les modèles climatiques mondiaux et a été confirmé par des mesures du bilan énergétique de la Terre[1]. Le pergélisol met plus de temps à réagir au réchauffement de la planète en raison de l'inertie thermique, due aux matériaux riches en glace et à l'épaisseur du pergélisol[2].

La sensibilité climatique transitoire observée et la sensibilité climatique d'équilibre sont proportionnelles à l'échelle de temps de l'inertie thermique. Ainsi, la sensibilité climatique d'équilibre de la Terre s'ajuste au fil du temps jusqu'à ce qu'un nouvel équilibre d'état stationnaire soit atteint[3].

Le sixième rapport d'évaluation du GIEC confirme — c'est envisagé depuis au moins 2008 — que lorsque les émissions nettes de CO2 deviennent nulles (neutralité carbone), l'inertie thermique est très faible et le réchauffement de la surface terrestre cesse très rapidement[4],[5],[6],[7].

Inertie de la calotte glaciaire modifier

Même après que les émissions de CO2 soient réduites, la fonte des calottes glaciaires se poursuivrait et augmenterait encore l'élévation du niveau de la mer pendant des siècles. Le lent transport de chaleur dans les océans et le temps de réponse lent des calottes glaciaires se poursuivront jusqu'à ce que le nouvel équilibre du système soit atteint[8].

Inertie écologique modifier

Selon l'écosystème, les effets du changement climatique pourraient se manifester rapidement, tandis que d'autres mettront plus de temps à réagir. Par exemple, le blanchissement des coraux peut se produire au cours d'une seule saison chaude, tandis que les arbres peuvent persister pendant des décennies dans un climat changeant, mais être incapables de se régénérer. Les changements dans la fréquence des événements météorologiques extrêmes pourraient perturber les écosystèmes en conséquence, en fonction des temps de réponse individuels des espèces[8].

Implications politiques de l'inertie modifier

Le GIEC a conclu que l'inertie et l'incertitude du système climatique, des écosystèmes et des systèmes socio-économiques impliquent que des marges de sécurité doivent être prises en compte. Ainsi, il est nécessaire de définir des stratégies, des objectifs et des calendriers pour éviter les interférences dangereuses dues au changement climatique. En outre, le GIEC a conclu dans son rapport de 2001 que la stabilisation de la concentration de CO2, la température ou le niveau de la mer est affecté par[8] :

  • L'inertie du système climatique, qui entraînera la poursuite du changement climatique pendant une période après la mise en œuvre des mesures d'atténuation ;
  • L'incertitude quant à la localisation d'éventuels seuils de changement irréversible et au comportement du système dans leur voisinage ;
  • Le fait que le temps s'écoule entre l'adoption des objectifs d'atténuation et leur réalisation.

Références modifier

  1. Hansen, Kharecha, Sato et Masson-Delmotte, « Assessing "Dangerous Climate Change": Required Reduction of Carbon Emissions to Protect Young People, Future Generations and Nature », PLOS ONE, vol. 8, no 12,‎ , e81648 (PMID 24312568, PMCID 3849278, DOI 10.1371/journal.pone.0081648, Bibcode 2013PLoSO...881648H).
  2. (en) Smith M. W., « The significance of climatic change for the permafrost environment », Odd Gregersen,‎ , p. 19.
  3. (en) Auteur inconnu, « The Earth's Equilibrium Climate Sensitivity and Thermal Inertia », .
  4. (en) Zeke Hausfather, « Explainer: Will global warming ‘stop’ as soon as net-zero emissions are reached? », sur Carbon Brief, (consulté le ).
  5. (en) « In-depth Q&A: The IPCC’s sixth assessment report on climate science », Carbon Brief, .
  6. (en) Mark Fischetti, « There’s Still Time to Fix Climate—About 11 Years », Scientific American,‎ (lire en ligne).
  7. (en) Michael E. Mann, « The Best Climate Science You’ve Never Heard Of », sur michaelmann.net, (consulté le ).
  8. a b et c « Climate Change 2001: Synthesis Report », IPCC, (consulté le ).