Hypothèses de construction des pyramides égyptiennes à base de pierres moulées

L'hypothèse selon laquelle des pierres moulées ont été utilisées pour certaines parties de la construction des pyramides égyptiennes est soutenue notamment, depuis 1720 par l'explorateur Paul Lucas, en 1777 par le chimiste Pierre Julien de la Faye et en 1978 par l'ingénieur chimiste Joseph Davidovits. Elle suggère que les blocs de pierre des pyramides d'Égypte auraient été non pas taillés mais moulés, à la manière du béton.

Cette hypothèse n'est pas validée par les égyptologues, qui font remarquer que la provenance des pierres constituant les pyramides et les techniques de taille sont parfaitement renseignées.

Par ailleurs, les quantités nécessaires en matériaux (chaux...) dépassent largement les capacités historiques de production du pays (essentiellement par manque absolu de bois).

Présentation de la théorie modifier

Selon Joseph Davidovits, le calcaire argileux, naturellement présent sur les lieux de la construction, a été désagrégé dans l'eau, puis mélangé à un liant essentiellement constitué de natron et de chaux. Ce mélange, versé sur place dans des moules, se serait alors solidifié pour former une pierre réagglomérée, aussi solide qu'une pierre naturelle. Joseph Davidovits et son équipe ont procédé à des expériences de moulage de pierres en grandeur nature qui ont montré la faisabilité de la méthode[1].

Théorie rejetée par la communauté scientifique modifier

Le monde scientifique ne valide pas ces théories : selon l'égyptologue Rosemarie Klemm et le géologue Dietrich Klemm, auteurs d'une étude publiée en 2010 sur la provenance des pierres des pyramides, ces théories sont des absurdités[2].

Jean-Claude Golvin (CNRS) déclare :

« La provenance de toutes les sortes de pierre constituant la pyramide est parfaitement connue, les pierres des assises sont en calcaire siliceux et proviennent de Gizeh même (les carrières sont encore visibles), le parement de calcaire fin vient de Tourah et le granite des chambres funéraire est issu des carrières d'Assouan (certes lointaines). Je ne vois pas pourquoi les Égyptiens se seraient compliqué la tâche en fabriquant de la pierre alors qu'ils en avaient à revendre[3][source insuffisante]. »

Bibliographie modifier

Ouvrages critiques modifier

  • Jean-Pierre Adam, Le Passé recomposé : chroniques d'archéologie fantasque, Paris, Seuil, coll. « Science ouverte », , 251 p., 24 cm (ISBN 2-02-010363-X et 978-2-02-010363-3, OCLC 300909680, BNF 36629359, LCCN 89104078)
  • (en) Dietrich D. Klemm et Rosemarie Klemm, The Stones of the Pyramids : Provenance of the Building Stones of the Old Kingdom Pyramids of Egypt, Berlin et New York, De Gruyter,

Études modifier

  • (en) Igor Túnyi et Ibrahim A. El‐hemaly, « Paleomagnetic investigation of the great Egyptian pyramids », Europhysics News, vol. 43, no 6,‎ , p. 28-33 (ISSN 0531-7479 et 1432-1092, DOI 10.1051/epn/2012604, lire en ligne, consulté le ) :

    « The paleodirections of three sampling locations (2 from Khafre and 1 from Khufu pyramid) exhibit the common north-south orientation, suggesting that they may have been produced in situ by a concrete technique. (...) Finally, we conclude that even if the concrete technique was used, the pyramids were constructed from a mixture of natural and artificial limestone blocks. »

  • Materials Letters 65 (2011) 350–352[4]
  • Nuclear Instruments And Methods In Physics Research B,B 226,98-109 (2004) PIXE,PIGE and NMR study oof the masonry of the pyramid of Cheops at Giza, Guy Demortier
  • Cement and Concrete Research, Vol 18 pp81-90,1988 Microstructure de mortiers provenant de trois pyramides égyptiennes par M. Regourd, J. Kerisel, P. Delitie, B. Haguenauer
  • (en) I. Liritzisa, C. Siderisb, A. Vafiadoua et J. Mitsisb, « Mineralogical, petrological and radioactivity aspects of some building material from Egyptian Old Kingdom monuments », Journal of Cultural Heritage, vol. 9, no 1,‎ , p. 1-13 (DOI 10.1016/j.culher.2007.03.009)
  • (en) S. W. Agaiby, M. K. El-Ghamrawy et S. M. Ahmed, « Learning from the Past: The Ancient Egyptians and Geotechnical Engineering », 4th International Seminar on Forensic Geotechnical Engineering, Bangalore,‎ (DOI 10.13140/RG.2.1.2398.4164)
  • Journal of the American Ceramic Society , les résultats d’une recherche[5].

Articles de presse modifier

Ouvrages soutenant l'hypothèse modifier

Ouvrage abordant l'hypothèse modifier

  • Les pyramides : l'enquête par Eric Guerrier, 2006, éditions Cheminements, 463 p. Voir aussi son livre ultérieur Pyramides ou le principe de l'escalier, 2012, éditions L'Harmattan, où le même auteur propose une autre théorie.

Autres mentions modifier

En 1720, Paul Lucas, un diplomate de Louis XIV écrit que le revêtement des pyramides serait en ciment et non en pierres[12]

Article connexe modifier

Notes modifier

  1. a et b Comment sont construites les pyramides d'Égypte ?, entretien, la-croix.com, 23 mai 2017
  2. (en) Dietrich D. Klemm, Rosemarie Klemm, The Stones of the Pyramids: Provenance of the Building Stones of the Old Kingdom Pyramids of Egypt, De Gruyter, Berlin et New York, 2010, p. 81 : « it must be emphasized that such theories are nonsense ».
  3. l'hypothèse des fausses pierres
  4. Science Direct, « The NMR results suggest that the casing stones consist of limestone grains from the Tura quarry, cemented with an amorphous calcium-silicate gel formed by human intervention, by the addition of extra silica, possibly diatomaceous earth, from the Fayium area. »
  5. M. W. Barsoum, A. Ganguly & G. Hug, Microstructural Evidence of Reconstituted Limestone Blocks in the Great Pyramids of Egypt, Journal of the American Ceramic Society 89 (12), 2006, p. 3788- 3796
  6. Extrait de l'article Science et Vie 2006
  7. New York Times 01/12/2006 Study Says That Egypt's Pyramids May Include Early Use Of Concrete
  8. Le Parisien 31/12/2006 Percez le mystère des pyramides
  9. Historia n°674 février 2003 Comment a-t-on construit les pyramides ?. « Comment, par Osiris, les Égyptiens, ont-ils construit leurs pyramides ? Depuis l'Antiquité, les historiens n'ont cessé d'échafauder des théories. Dernière en date, celle du professeur Davidovits plaidant pour une édification des monuments avec des blocs de pierre reconstitués, l'ancêtre du béton moderne. Historia ouvre le débat »
  10. La Libre Belgique, « Un professeur émérite des Facultés Notre-Dame de la Paix (FUNDP) de Namur, Guy Demortier, est capable de démontrer scientifiquement une nouvelle théorie sur la construction des pyramides d'Égypte. Les pyramides auraient été construites en béton reconstitué, et non pas à partir de blocs acheminés de l'autre rive du Nil »
  11. Cité par Science et Vie décembre 2006 page 97 dans l'article de 10 pages intitulé « Pyramides en fausses pierres, la science persiste et signe », on peut lire cet extrait page 60 de ce livre « La superficie de cette voûte est couverte d'une grosse toile sur laquelle on a répandu le mortier de pierre qui forme cette pyramide, ainsi qu'on le voit lorsqu'on détache de sa base des éclats de pierres avec des leviers & des coins de fer. On trouve dans ces éclats détachés des mamelons aux endroits qui répondoient à ces trous, & dont l'épaisseur est en proportion de l'affaissement de la toile par le poids de la matière. Cette pierre contient des grains d'une chaux grisâtre et semblable à celle qu'on fait avec les pierres et carrières voisines. Lorsqu'on met à l'épreuve du feu des éclats de cette pyramide, on ne peut en faire de la chaux, ils se rompent et se divisent, parce qu'il est entré du sable fin dans la composition de cette pierre, ainsi qu'on l'a remarqué en la décomposant par ce procédé. J'ai fait en 1774, un premier obélisque qui a souffert dans sa base parce que n'ayant point été construit sur voûte & avec les précautions que prenoient les Égyptiens pour opérer la dessiccation de la matière, la chaux qui a pompé l'humidité de la terre n'a pu prendre à la base la même consistance que dans le reste de l'obélisque. (Il a vingt huit pieds de hauteur). »
  12. Source encadré Science et Vie Décembre 2006 page 97 dans l'article de 10 pages intitulé « Pyramides en fausses pierres, la science persiste et signe »