Hong Xiuquan

chef de la révolte des Taiping

Hong Xiuquan (en chinois : 洪秀全 ; pinyin : Hóng Xiùquán) ()[1] est un Hakka. C'est un personnage clé de la révolte des Taiping. Il se proclame « Empereur du Ciel » et conteste le pouvoir de l'empereur Xianfeng.

Hong Xiuquan
Portrait de Hong Xiuquan vers 1860.
Fonction
Empereur de Chine
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Hong Renkun
Prénom social
仁坤Voir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activités
Fratrie
Hong Xuanjiao (en)
Hong Renfa
Hong RendaVoir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Hong Tianguifu
Hong Tiangming
Hong Tianguang
Hong Tianyou
Parentèle
Blason

Biographie modifier

Enfance modifier

Hong Xiuquan est le cadet d'une famille de quatre enfants. Il est remarqué pour son intelligence dès son plus jeune âge, et toute sa famille et son village le poussent à passer les examens impériaux afin de devenir fonctionnaire[2].

Visionnaire et « frère cadet de Jésus » modifier

Les examens impériaux sont difficiles et les candidats très nombreux. Hong Xiuquan échoue une première fois en 1827, puis à deux autres reprises[2]. Il a des visions, au cours d'une maladie qui le frappe en 1837 (sans doute une dépression nerveuse), après son troisième échec aux examens pour entrer dans la fonction publique, et au cours de laquelle il est pris de délire. Lors de ses visions, il voit un homme doté d'une longue barbe dorée, qui l'appelle son fils, et lui demande de combattre les démons en lui présentant une épée et un sceau, aidé par un homme plus jeune qui se présente comme son frère aîné.

Les examens ont lieu à Guangzhou (aussi appelé Canton), une ville ouverte au commerce avec l'Occident. Il y reçoit en 1837, lors de son troisième examen, un livre expliquant les bases de la foi chrétienne, écrit par Liang Fa (en). Il interprète ses visions sous ce prisme, et en conclut qu'il avait vu Dieu le Père, accompagné de Jésus, et que lui, Hong Xiuquan, était le frère cadet de Jésus. Il conclut également que les démons à chasser étaient les Mandchous de la dynastie Qing, qui n'étaient pas Chinois[3]. En 1843, après son quatrième échec aux examens impériaux, il décide de se baptiser, se considère dès lors comme chrétien et commence à prêcher sa nouvelle doctrine. Un de ses premiers disciples est Feng Yunshan[2].

En 1847, il rencontre le missionnaire américain Issachar Jacox Roberts (en) pendant deux mois. S'il ne se rapproche pas des doctrines chrétiennes, Hong Xinquan prend conscience de la présence d'autres pays, et rejette l'ethnocentrisme chinois au profit de l'égalité de toutes les nations au regard de Dieu[2].

Déclenchement de la révolte des Taiping modifier

Hong Xiuquan commence à prêcher en et accompagne son message spirituel de promesses aux paysans pauvres concernant l'égalité et la propriété partagée des terres. Ses propos trouvent un écho dans un contexte où les paysans sont souvent soumis à la famine et au chômage, et n'ont pas de terres. Lui et ses disciples marchent sur les routes, en vendant de l'encre et des pinceaux, et s'organisant en communautés où tout est mis en commun. Il rencontre un grand succès dans le sud-est de la Chine[3]. Le mouvement se mue en révolte contre la Chine des Qing. Le , il proclame le « Royaume céleste de la Grande Paix » (chinois simplifié : 太平天国 ; chinois traditionnel : 太平天國 ; pinyin : Tàipíng Tiān Guó)[2].

Rapidement, les insurgés remportèrent de grands succès le long du cours du Yangzi Jiang. Des villes et villages entiers se joignent à eux[2].

Les Taiping prirent Nankin, l'ancienne capitale de la dynastie Ming, dont ils firent la capitale du « Royaume Céleste de la Grande Paix ».

Peu à peu cependant, ils perdirent du terrain, avec en particulier deux grands tournants dans la guerre :

  • Le massacre de Tianjing, où les principaux chefs Taiping s'entretuèrent eux et leurs partisans, entraînant la perte de l'unité du mouvement, et celle de nombreux soldats (morts, ou partis) ;
  • La perte de la neutralité des Occidentaux, à la suite d'un certain nombre « d'erreurs » stratégiques des Taiping : ils attaquèrent Shanghai (un port-clé pour l'Occident) à plusieurs reprises, en 1860 et en 1862, ils répétèrent leur volonté d'interdire le commerce de l'opium (pour le commerce duquel la Grande-Bretagne venait de faire la guerre), ils montrèrent un grand dogmatisme pour affirmer une « doctrine chrétienne » très personnelle, bien éloignée de celle que l'on connaît en Occident, et débouchant sur une théocratie bureaucratique et dystopique[4],[5].

Il s'entoure d'un important harem, alors qu'il interdit les relations sexuelles, et qu'hommes et femmes sont séparés parmi ses disciples. Il fait tuer certains de ses généraux et s'entoure de ses proches, moins compétents[2].

Mort modifier

Hong Xiuquan meurt le , « après avoir mangé de la manne », dira son cousin Hong Rengan, ou, plus exactement, en s'alimentant d'herbes sauvages (qu'il appelait la « douce rosée ») pour résister à la famine qui sévissait dans la ville assiégée. Il fut alors victime d'une intoxication alimentaire qui mit vingt jours à le tuer[6], peu avant la chute de Nankin aux mains de l'armée impériale, le .

Postérité modifier

 
Une statue de Hong Xiuquan à Nankin.

Sun Yat-sen venait de la même région que Hong Xiuquan, et on dit[Qui ?] qu'il s'identifiait depuis son enfance avec Hong Xiuquan.

Les communistes chinois considèrent qu'il a ouvert la voie à leur propre révolution[7].

Notes et références modifier

  1. Eric J. Hobsbawm, L'Ère du capital 1848-1875, Paris, Fayard, coll. « Histoire », , 468 p. (ISBN 2-8185-0106-7, EAN 978-2213593647), p. 183.
  2. a b c d e f et g (en) Lee Nathan Feigon, « Hong Xiuquan », sur Encyclopedia Britannica, (consulté le ).
  3. a et b (en) Carrie Gracie, « Hong Xiuquan: The rebel who thought he was Jesus's brother », sur BBC, (consulté le ).
  4. (en) Alar Laats, Christian Apocalyptic Extremism : A Study of Two Cases (étude universitaire) (lire en ligne [PDF]), p. 163 (note 1), 166-167.
  5. (en) Teng S.Y., The Taiping Rebellion and the Western Powers, Oxford at the Clarendon Press, , p. 312.
  6. (en) Teng S.Y., The Taiping Rebellion and the Western Powers, Oxford at the Clarendon Press, , p. 323.
  7. Jacques Tiberi, « Hong Xiuquan, le Jésus chinois qui inspira la révolution », sur Le Zéphyr, (consulté le ).

Voir aussi modifier

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Bibliographie modifier

  • (en) Jonathan D. Spence, God's Chinese Son : The Taiping Heavenly Kingdom of Hong Xiuquan, Londres, W.W. Norton & C°. New-York, (ISBN 0-393-03844-0).

Liens externes modifier