Hippolyte Tampucci

poète français
Hippolyte Tampucci
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Nom de naissance Hippolyte Nicolas Tampucci
Naissance
Ancien 9e arrondissement de Paris
Décès (à 86 ans)
Paris 5e
Activité principale
Auteur
Langue d’écriture français
Mouvement socialisme

Hippolyte Nicolas Tampucci (1802-1889) est un poète français d'origine italienne. Son père, Dominique Tampucci, d'une famille d'immigrés napolitains, était garçon de classe et préparateur des cours de chimie au collège Charlemagne à Paris, collège où il est né.

Biographie modifier

Hippolyte Tampucci est né le à Paris (Seine). Il exerce d'abord, pour vivre, le métier de cordonnier, tout en achevant ses études en autodidacte au collège Charlemagne. Le soir, il enseigne à de petits groupes d'ouvriers républicains ce qu'il a appris dans la journée. À 17 ans, il entre à la Préfecture de la Marne où il deviendra chef de bureau, jusqu'en 1850, date à laquelle il sera limogé pour des raisons politiques, essentiellement en raison de son engagement, celui du socialisme républicain. Il frôle l'exécution le .

À partir de 1833, il est rédacteur dans un journal révolutionnaire, Le Grapilleur. Ses écrits, comme ses poèmes, lui valent dès lors les foudres du pouvoir.

Il se marie à Reims en 1838 avec Jeanne Rondet[1] : son unique fils, Stanislas Michel Tampucci, né à Châlons-sur-Marne en 1841[2], s'installera dans le Dauphiné, à Vienne ; il donnera le jour à une fille qui mettra au monde un autre futur écrivain : Lucien Rebatet. On trouve Tampucci installé à Rennes ainsi que son fils dans les années 1870[3].

Au cours de sa vie, Tampucci a noué des amitiés durables avec d'autres poètes de son époque, comme Gérard de Nerval, et avec le chansonnier Pierre-Jean de Béranger ; il eut aussi des relations avec Victor Hugo, Victor-Émile Michelet, Alphonse de Lamartine et Théophile Gautier.

Tampucci meurt dans le 5e arrondissement de Paris le [4].

Bibliographie sélective modifier

  • Épitre à M. Gérard, auteur des Élégies nationales, Paris, Les libraires du Palais-Royal, (lire en ligne)
  • Ou la mort, ou la liberté ! Chant national. Le Cuirassier mourant, ballade, Paris, les marchands de nouveautés, 1830
  • Poésies d'Hippolyte Tampucci, garçon de classe au collège Charlemagne, Paris, Impr. de Casimir, (lire en ligne)
  • Poésies d'Hippolyte Tampucci, nouvelle édition augmentée de poésies nouvelles, Paris, Paulin, 1833
  • Réveil du poète - Reims : Cordier, 1838
  • Un mot sur l'Industriel, lettre à M. Bonvalot – Constantine, poème, par Hippolyte Tampucci, Reims, Cordier, (lire en ligne)
  • Le Dévouement, dithyrambe. Les Deux mères, Châlons : impr. de Boniez, 1840
  • Poésies, 1843, Impr. de Boniez-Lambert, 1843
  • La Mort de M. Houzeau-Muiron, député de la Marne (S.l.) : Impr. de T.-J. Martin, (s. d.) rédigé
  • Lettres champenoises, Sainte-Menehould : Poignée-Darnauld, 1845
  • Aux Habitants... de la Marne, - Châlons : Impr. de Boniez-Lambert, (s. d., mais vers 1849)
  • Quelques fleurs pour une couronne : poésies anciennes et nouvelles, Paris, Garnier frères, (lire en ligne)
  • De l'Organisation de la charité sociale, Paris : P. Dupont, 1853
  • Les Chercheurs d'or au XIXe siècle, dithyrambe, Paris : les principaux libraires, 1856
  • À M. Villemain, lettre sur les concours de l'Académie française. La Guerre d'Orient. Souvenir de Béranger, Paris, Les principaux libraires, (lire en ligne)
  • Italie et France, ou la Pâques de 185, Paris : impr. de Michels-Carré, 1859
  • A, e, i, o, u, ou les Rimes françaises classées d'après leur ordre naturel de sons ou voyelles et divisées en masculines et féminines, précédées d'un traité nouveau de versification - édition Charlemagne (à compte d'auteur), 1864
  • A, E, I, O, U, manuel-dictionnaire des rimes françaises classées d'après leur ordre naturel de sons ou voyelles, et divisées en masculines & féminines; précédées d'un traité nouveau de versification, Paris, E. Thorin, 1866
  • À un laboureur - [S.l. : s.n., s.d.], écrit à Rennes,
  • État des services civiques et littéraires [de Hippolyte Tampucci, établi par celui-ci dans le but de trouver un éditeur]. - (S.l., 1877.)
  • L'Encouragement au bien, Paris : impr. de Duval, (s. d.) rédigé le
  • Le . Laissez passer la République... à F.-V. Raspail, Paris : impr. de Duval, 1879

Bibliographie modifier

  • Georges Boussinesq et Gustave Laurent, Histoire de Reims depuis les origines jusqu'à nos jours, t. II, 2e partie
  • Alphonse Viollet, Les poètes du peuple au XIXe siècle, 1846, p. 160 sqq [lire en ligne]

Sur Hippolyte Tampucci modifier

  • Le ,procès de presse : « Hippolyte Tampucci comparait en tant que rédacteur en chef du Grapilleur devant la Cour d'Assise de la Seine, après trois mois de prison préventive, comme prévenu du délit d'offense envers la personne du roi des français, délit résultant d'une brochure « les Chants Populaires » contenant plusieurs pièces de vers... La Cour a ordonné la destruction de l'écrit »[5].
  • Publié le , Tampucci avait écrit dans le numéro spécial de lancement : « Les cœurs généreux n’ont qu'’un moyen de répondre à l'appel des masses. Ce moyen, c'est la publicité. Sans elle, au point où est parvenue la civilisation, il n'existe aucune garantie, tant pour les particuliers que pour les gouvernements. Car le temps est passé du bon plaisir et des coups d’État ; la force de l'administration réside tout entière dans la confiance et le concours des administrâes. Trop de voiles s'interposent entre ces derniers et leurs représentants ; il faut que des moyens prompts et sûrs de communication les mettent en rapport les uns avec les autres ».
  • Publié le , Tampucci, pour améliorer la condition prolétarienne, préconisait trois moyens : le développement de l'instruction, l'augmentation des salaires, l'association. Il se déclarait également partisan de l'égalité complète des droits entre l'homme et la femme. Le , il se réjouissait du succès remporté à Reims par les écoles mutuelles, mais il réclamait que les femmes en puissent suivre les cours comme il en était de « l'association pour l'éducation du peuple qui existe à Paris ». Il souhaitait également que l'on ouvre davantage de cours d'adultes. Au moment des élections législatives de 1834, il réclama pour Reims « un député ferme et consciencieux qui plaide à la tribune la cause des travailleurs [...] qui indique les moyens à employer pour faire cesser la lutte du maître et de l'ouvrier [...] qui demande pour ce dernier non des supplices et des cachots, mais du pain et de l'instruction... ».
  • Publié le , Tampucci, qui avait combattu avec virulence l'action du gouvernement de Louis-Philippe dans son ensemble, avait reproduit, le , un article du Populaire de Cabet qui s'en prenait « aux hommes du  » qui détruisaient la liberté de la tribune, celle de la presse, désarmaient et licenciaient les gardes nationales et adoptaient la même politique étrangère que Louis XVIII et Villèle, « préférant la guerre contre l'Espagne à la guerre sur le Rhin ». Le , il écrivait : « Voici le jour des réjouissances publiques, voici l'instant de déployer le drapeau qui a protégé si puissamment la Pologne, l'Italie... et surtout les États du Pape ».
  • Ernest Levisse parle ainsi de lui dans ses souvenirs de 1848 : « ...un ouvrier relieur et poète qui habitait un des toits de la Place Royale. Il s'appelait Hippolyte Tampucci ; sa longue barbe était blanche, et sa moustache jaunissait au bord de la lèvre par l'usage de la cigarette. Il récitait très bien ses médiocres vers, parmi lesquels un poème adressé par lui à Victor Hugo, et il chantait des chants révolutionnaires... Il disait de grands mots, faisait des gestes vastes, et ses yeux s'attendrissaient ; sa femme le regardait orgueilleusement. J'aimais ce relieur poète, en blouse blanche sous béret rouge, qui personnifiat pour moi l'idéaliste ouvrier de 1848... »[6].
  • Le , Tampucci, qui est alors chef de bureau à la préfecture de la Marne, à Châlons, écrivait dans Le Journal de la Marne, journal démocrate-socialiste : « Faites tous vos efforts pour effacer les tristes souvenirs de 1793. ». Le , il démissionne du « Comité républicain » qui regroupait surtout des bourgeois démocrates, et après avoir rédigé le programme d'un nouveau parti (suffrage universel, garantie des différentes libertés, institution du jury, substitution de l’association au salariat), il se prépare aux élections du à la Constituante, appuyé par le « club des Amis du Peuple » de Châlons-sur-Marne et par le « Comité électoral de la Démocratie rémoise ». Il n'obtient qu'un nombre infime de voix.
  • Le  : « Nous apprenons avec peine que le Grappilleur, journal de Reims et de la Marne, a cessé de paraître. Son rédacteur en chef et gérant, M. Hyppolite Tampucci, avait fait prendre à cette feuille un essor digne de plus de succès. La cause du prolétariat, vient de perdre un organe dévoué, un défenseur dont le talent, pour briller d'un plus grand éclat ne demandait qu'un théâtre plus élevé. Nous avons remarqué dans ce journal, des articles du plus grand mérite, sur les dissensions qui ont eu lieu dernièrement entre les maîtres et ouvriers fileurs de Reims, et sur l'émancipation du prolétaire et de la femme. Nous reproduirons ces derniers pour mettre les lecteurs à même d’en juger. Voici un extrait du discours en forme d'adieu que M. Tampucci adresse à ses abonnés, dans son numéro du , qu'il annonce devoir être le dernier... »[7].
  • Le , Tampucci dépose une demande de naturalisation française[8].
  • Le , Tampucci est limogé de ses fonctions à la Préfecture de la Marne à cause de ses opinions républicaines. Il revient à Paris[9].
  • Le , Tampucci effectue plusieurs recours, mais finalement, on lui oppose toujours un refus de pension[10].
  • Le , fin de non recevoir pour son ultime recours en versement de pension. Pierre-Jean de Béranger écrit à Pierre-Antoine Lebrun : « ... Hippolyte Tampucci, que vous avez reçu avec beaucoup de bienveillance, est digne de tout l'intérêt des gens de cœur. Il a les certificats les plus honorables, sans compter celui que je pourrais lui délivrer, moi qui le connais depuis vingt ans. Destitué d'une place qu'il occupait dans l'Aube, malgré l'appui du Préfet, il végète à Paris pour nourrir une femme et deux enfants. Savez-vous jusqu'où ce digne homme est descendu ? Il s'est rappelé son métier d'enfance et s'est remis à coudre des bottes. Tout travail lui est bon ; aucune peine ne lui répugne pour rapporte du pain au logis... »[extrait de la revue Le Correspondant (Paris) - 1929]n[11].
  • Le , lettre de Pierre-Jean de Béranger à Tampucci dans Correspondance de Béranger (par Paul Boiteau, Perrotin éditeur, Paris 1860 - libre disponible en ligne, page 15) : « ...Adieu, mon cher Tampucci ; de la persévérance, et vos généreuses intentions triompheront des obstacles ». Béranger devait décéder quelques semaines plus tard[12]...
  • Le , H. Tampucci comparait devant la 6e Chambre sous la prévention d'excitation à la haine et au mépris du gouvernement. Deux de ses amis avaient placardé sur les murs parisiens l'un de ses poèmes « Nommons Raspail ! » qui parlait des expéditions de Rome, du Mexique, de Chine ! Il est condamné à deux mois d'emprisonnement[13].
  • Le , Tampucci écrit son dernier texte : « Laissez passer la République »[14].


Notes et références modifier

  1. Archives départementales de la Marne, acte de mariage n°19 à Reims, du 17/01/1838, vues 19 et 20 / 358
  2. Archives départementales de la Marne, acte de naissance n°54 dressé le 16/02/1841, vue 16 / 113
  3. Archives départementales des Deux-Sèvres, voir l'acte de remariage de son fils Stanislas Michel avec Marie Fanny Poinot, acte n°24 dressé à Parthenay le 31/08/1876, vue 80 / 203
  4. Archives de Paris, acte de décès n°55 dressé le 06/01/1889, vue 9 / 31
  5. H. Fleury (dir.) et Louis Paris (dir.), La Chronique de Champagne, t. 1, Reims et Paris, (lire en ligne), p. 212
  6. "http://www.geneanet.org/archives/ouvrages/index.php?action=detail&livre_id=384493&page=260&book_type=livre&search_type=livre&name=tampucci&start=4&tk=ad24ccf569fbcf98"
  7. "http://echo-fabrique.ens-lyon.fr/sommaire.php?id=5320&format=tp"
  8. "http://chan.archivesnationales.culture.gouv.fr/sdx-222-chan-nat/nat/document.xsp?id=38894&base=&qid=sdx_q6&n=1"
  9. Conseil général de la Marne, Procès-verbal des Rapports et délibérations du Conseil général du Département de la Marne (session de 1854), Châlons-sur-Marne, Imprimeries de T. Martin, Dortu et Laurent, (lire en ligne), p. 300
  10. "https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5804823x.image.r=tampucci.f298.hl"
  11. "https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5804823x.image.r=tampucci.f306.hl"
  12. "http://booksnow1.scholarsportal.info/ebooks/oca7/27/correspondancede03br/correspondancede03br.pdf"
  13. "https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k4572691/f2.zoom.r=tampucci.hl"
  14. "https://maitron.fr/spip.php?article38069&id_mot=23"

Liens externes modifier