Hildevert Hersent

ingénieur autodidacte français

Hildevert Hersent est né le à La Vacherie, dans l'Eure. Il est mort à Paris le . Il a été un entrepreneur des travaux publics connu pour avoir été un promoteur de l'emploi de caisson à air comprimé pour la réalisation des fondations sous l'eau.

Hildevert Hersent
Fonction
Président
Société des ingénieurs civils de France
à partir de
Achille Brüll (d)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Pierre Hildevert HersentVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Autodidacte (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Enfant
Autres informations
Distinction

Biographie modifier

Débuts modifier

Sans instruction autre que celle acquise à l'école primaire, il entre dans la vie active à 14 ans dans l'entreprise de M. Jeanne, modeste entrepreneur d'Évreux où il apprend sur le tas les premières notions sur l'exécution de travaux publics[1].

À 20 ans, il participe à la construction de l'écluse Notre-Dame-de-la-Garenne. En 1853, il dirige son premier chantier, âgé de 26 ans, au tunnel de Martainville, sur la ligne Paris Rouen.

En 1856, il entre dans la maison Castor et Jacquelot. Il en devient un des associés[1] en 1860.

Les fondations du pont de Kehl modifier

C'est en 1858, sur le chantier des fondations des piles du pont de Kehl, sur le Rhin, qui va établir la notoriété d'Hildevert Hersent[1]. Dans la convention internationale pour la construction de ce pont, les fondations devaient être réalisées par la Compagnie des chemins de fer de l'Est, et le Grand-duché de Bade avait en charge les superstructures. L'ingénieur chargé des travaux, Édouard Fleur, dit Fleur Saint-Denis, a eu l'idée de remplacer les colonnes de fondation par un caisson unique. Il reprend une technique utilisée par Isambard Kingdom Brunel sur le pont de Saltash consistant à fonder une pile sur une seule colonne au lieu de deux ou trois. Les fondations des piles devaient être réalisées à 20 m sous les eaux les plus basses. Ce travail a été l'application la plus importante jamais faite à l'époque de l'emploi de l'air comprimé pour l'exécution des fondations sous l'eau. Il est demeuré une référence.

Comme l'écrit L'Illustration dans un article du , on a remplacé la cloche à plongeur par des grandes chambres en tôle qui ont ensemble la superficie d'une des piles, c'est-à-dire 25 m de long sur 7 m de large, et descendu cet immense appareil qui ne pèse pas moins de 200 000 kg, sur le fond de la rivière dans l'emplacement réservé à cet effet. L'utilisation de l'air comprimé pour la construction de fondations profondes n'était pas nouvelle, mais elle présentait des risques pour la santé des hommes travaillant dans les chambres lorsque la profondeur dépassait dix à quinze mètres. Pour la construction des fondations du pont de Saint-Louis, sur le Mississippi, qui atteignaient 35 m de profondeur, il y a avait eu quatorze morts. Pour limiter les risques, l'entreprise Castor avait prévu d'effectuer le dragage des graviers avec une chaîne à godets et de placer le béton de la fondation sans épuiser l'eau. Cette méthode limitait les risques pour les hommes.

Schneider et Cie s'est intéressé dès la fin du pont de Kehl à la réalisation des caissons métalliques pour les fondations d'ouvrages. Cette activité entre dans les activités des ateliers de constructions mécaniques. En 1864, pour la construction des fondations du pont d'Arles, sur le Rhône, obtenu par l'entreprise Castor, Les ateliers de construction de Schneider et Cie dirigés par Ferdinand Mathieu ont fourni leurs premiers caissons métalliques en 1865[2],[3].

Développement de la société modifier

À la suite de cette réussite, Hersent participe à la réalisation sous air comprimé des fondations d'un grand nombre de ponts, à des travaux de terrassements pour différentes lignes de chemins de fer et à l'édification d'ouvrages maritimes très variés, soit seul, soit associé à Castor, Abel Couvreux père, Couvreux fils, Lesueur[4]

À la mort de M. Castor, en 1874, il en devient le seul dirigeant. L'entreprise prend alors son nom et va se développer. Il va lui intégrer un bureau d'études pour répondre aux consultations des maîtres d'ouvrages du monde entier.

On peut citer :

  • le dérasement de la roche appelée « la Rose » qui obstruait l'entrée du port militaire de Brest, en 1866 ;
  • les travaux de régularisation du Danube, à Vienne, entre 1869 et 1875 ;
  • les fondations du viaduc du Val Saint-Léger, en 1878-1879 ;
  • la régularisation du Tage et la création du port moderne de Lisbonne ;
  • la construction des bassins de radoub de Toulon[4] et de Saïgon, exécutés au moyen de caissons ayant une surface de 5 600 m2, descendus à 19 m de profondeur ;
  • la construction des quais d'Anvers, de Bordeaux…
  • la création du port de Bizerte ;
  • en 1881-1883, il avait participé avec Couvreux à la préparation des travaux du canal de Panama ;
  • en , John Fowler et Benjamin Baker font appel aux entreprises d'Hersent et de Couvreux pour réaliser les fondations des piles du pont du Forth. Les travaux ont duré six mois pour descendre les 4 caissons servant à creuser les fondations de chacune des 3 piles. Il n'y a pas eu d'accident mortel à déplorer ;
  • en 1889, Hersent étudie avec Schneider et Cie un projet de pont sur la Manche (études de la superstructure métallique pour Schneider, fondations pour Hersent), projet qui fut présenté à l'Exposition universelle de 1889[5].

Jean-Baptiste et Georges Hersent modifier

En 1897, Hildevert Hersent associe ses deux fils, Jean-Baptiste et Georges, ingénieurs de l'école Centrale des Arts et Manufactures, à son entreprise.

Ils entreprennent les travaux suivants :

  • quai sud d'Anvers,
  • agrandissement du port de Bizerte,
  • construction de l'arsenal de Sidi-Abdallah,
  • port de Dakar

En 1902, l'entreprise Hersent obtient avec la société Schneider et Cie la concession par le gouvernement argentin la construction et l'exploitation pendant 40 ans d'un port maritime de Rosario de Santa Fe, située sur le rio Parana. Les deux associés ont alors créé la Société du port de Rosario. En 1906, ce port, accessible aux bateaux de haute mer, devient le principal port de commerce d'Argentine. La concession se termine en 1942. Les résultats ont été meilleurs que ceux estimés à l'origine.

En 1904, les deux fils fondent la société en nom collectif Hersent Jean et Georges qui devient, en 1922, la « Société anonyme Hersent - Entreprises de travaux publics et maritimes ».

Distinctions modifier

Notes et références modifier

  1. a b et c anonyme, « M . Hildevert Hersent », Le Génie Civil, no 112,‎ , p. 157 (lire en ligne)
  2. Agnès d'Angio, Schneider et Cie et la naissance de l'ingénierie. Des pratiques internes à l'aventure internationale 1836-1949, p. 36-42, CNRS éditions, Paris, 2000 (ISBN 2-271-05826-0)
  3. Persée : Agnès D'Angio, La branche travaux publics de Schneider et Cie : Naissance et développement (1895-1949), p. 332-333, Histoire, économie et société, année 1995, no 14-2
  4. a et b Dominique Barjot, « Innovation et travaux publics en France (1840-1939) », Histoire, économie et société, 8ᵉ année no 3 (L'industrialisation),‎ , p. 403-414 (DOI 10.3406/hes.1989.1534)
  5. « Quand Le Creusot lançait un pont sur la Manche », article d'Alain Dessertenne paru dans la revue « Images de Saône-et-Loire » n° 98 de juin 1994 (pages 17 à 19).

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • Hildevert Hersent, Travaux de dragage, améliorations réalisées dans les travaux exécutés pour la régularisation du Danube à Vienne… Débarquement par dragage dans les bateaux, dispositions et installations étudiées et appliquées, imprimerie de E. Donnaud, 1874; p. 15
  • Hildevert Hersent, Régularisation du Danube à Vienne, MM. A. Castor, A. Couvreux et H. Hersent, entrepreneurs. Mémoire descriptif des travaux exécutés et des moyens d'exécution employés, imprimerie A. Broise et Courtier; p. 63
  • Hildevert Hersent, A. Couvreux, Nouvelles installations maritimes du port d'Anvers: bassin de batelage et nouveaux quais à l'Escaut ; notice explicative des travaux projetés et des moyens d'exécution proposés. Description des moyens mis en œuvre pour la construction avec dessins à l'appui ; situation des travaux au , Leys, 1880; p. 44
  • Hildevert Hersent, Notice sur les principaux travaux de fondations d'ouvrages d'art à l'Exposition universelle de 1878, imprimerie E. Capiomont et V. Renault, 1880; p. 23
  • Hildevert Hersent, Note sur la cloche à dérochement construite pour le dérasement de la roche « La Rose », dans le port de Brest, imprimerie de E. Capiomont et V. Renault, 1881; p. 14
  • Hildevert Hersent, Mémoire sur les ports d'Anvers et de Toulon, imprimerie de E. Capiomont et V. Renault, 1881; p. 39
  • Hildevert Hersent, Communication sur le canal de Panama, imprimerie E. Capiomont et V. Renault, 1882; p. 20
  • Hildevert Hersent, Et́ude pour les nouvelles installations maritime et l'achèvement des digues de la Seine, 1884; p. 52
  • Hildevert Hersent, Port de Bordeaux, note sur l'examen des améliorations à exécuter, Imprimerie de Chaix, 1884; p. 20
  • Hildevert Hersent, Port du Havre. Étude pour les nouvelles installations maritimes et l'achèvement des digues de la Seine - Note complémentaire sur l'étude des nouvelles installations maritimes du port du Havre, imprimerie de Chaix, 1884
  • Hildevert Hersent, A. Couvreux, Nouvelles installations maritimes du port d'Anvers, notice sur les travaux exécutés et les moyens mis en œuvre - 1877-1884, Imprimerie de Chaix, 1885; p. 66
  • Hildevert Hersent, Projet des installations maritimes du port de Lisbonne. Mémoire descriptif et justicatif des dispositions adoptées pour les travaux projetés, Imprimerie de Chaix, 1885; p. 79
  • Hildevert Hersent, Estuaire de la Seine et port du Havre. Observations présentées par M. Hersent à la suite de la discussion de MM. les ingénieurs en chef du port du Havre et de la navigation de la Seine, sur les projets soumis à la Société par M. Le Brun et soutenus par M. de Coëne, Imprimerie de Chaix, 1888; p. 13
  • Hildevert Hersent, Travaux du port de Lisbonne, entrepris par M. Hersent. Mémoire descriptif et justificatif des dispositions proposées et acceptées pour la construction des murs de quai, imprimerie de Chaix, 1888; p. 12
  • Hildevert Hersent, Note sur les travaux du Port de Lisbonne, 1889; p. 20
  • Hildevert Hersent, Construction d'un bassin de radoub dans l'arsenal de Saïgon, au moyen de caissons métalliques et d'air comprimé, Imprimerie de Chaix, 1889; p. 31
  • Hildevert Hersent, Travaux publics, ouvrages exécutés au moyen de l'air comprimé : dragages, dérochements, terrassements, outillage, description des moyens d'exécution, machines, engins et installations diverses, imprimerie de Chaix, 1889; p. 222
  • Schneider et Cie (usines du Creusot) et Hildevert Hersent, Sir John Fowler et Benjamin Baker, ingénieurs conseils, Pont sur la Manche: avant-projets, Imprimerie de Chaix, 1889
  • Hildevert Hersent, Pont sur la Manche. Avant-projet démonstratif de M. H. Hersent. Accompagné de : considérations générales ; raccordement avec les lignes françaises et anglaises ; partie financière, The Channel bridge and railway company limited. Société d'étude et de construction d'un pont sur la Manche; p. 40
  • Hildevert Hersent, Pont sur la Manche, mémoire descriptif et estimatif à l'appui du projet de fondation des piles, The Channel bridge and railway company limited, 1894; p. 144
  • Hildevert Hersent, Note sur l'emploi de l'air comprimé pour l'exécution des ouvrages hydrauliques et spécialement des fondations : expériences faites à Bordeaux pour démontrer qu'il est possible de travailler à de plus grandes profondeurs que celles usitées, Imprimerie de Chaix, 1895; p. 35
  • Jean Hersent, Georges Hersent, Hildevert Hersent Exposition de Bordeaux, 1895. Hersent expose : 1° la description des ouvrages des quais verticaux de Bordeaux, avec plans, vues photographiques et note explicative ; 2° un ouvrage imprimé, comprenant un résumé des travaux les plus importants auxquels M. Hersent a collaboré et la description des procédés de construction employés, des machines et engins utilisés (1856-1889) ; 3° une note sur l'emploi de l'air comprimé à haute pression ; 4° le modèle d'un caisson de Bordeaux et de son batardeau, imprimerie de Chaix, 1895; p. 20
  • Jean Hersent, Georges Hersent, Hildevert Hersent, Exposition internationale de Bruxelles, 1897. M. Hersent… expose : 1° la description des ouvrages des quais verticaux de Bordeaux… 2° un ouvrage imprimé, comprenant un résumé des travaux les plus importants auxquels M. Hersent a collaboré et la description des procédés de construction employés, des machines et engins utilisés (1856-1889) ; 3° une note sur l'emploi de l'air comprimé à haute pression ; 4° le modèle d'un caisson de Bordeaux et de son batardeau, imprimerie de Chaix, 1897; p. 22
  • Jean Hersent, Georges Hersent, Hildevert Hersent, Port d'Anvers : construction des nouveaux quais en amont d'Anvers (2 000 mètres de longueur), 1898; p. 20
  • Hildevert Hersent et ses fils, Jean et Georges Hersent, Entreprises de travaux publics et maritimes. Fondations à l'air comprimé, dragages, dérochements, bassins de radoub, etc. Travaux exécutés, Imprimerie de Chaix, 1910; p. 110
  • Bernard Marrey, Les ponts modernes. 18e-19e siècle, p. 308, Picard éditeur, Paris, 1990 (ISBN 2-7084-0401-6)
  • Marcel Prade, Ponts et Viaducs au XIXe siècle, p. 97, Librairie Brissaud, Poitiers, 1988 (ISBN 2-902170-59-9); p. 407

Liens externes modifier