Hesse rhénane
La Hesse rhénane (en allemand : Rheinhessen) est une région historique en Allemagne qui s'étend sur la rive gauche du Rhin Supérieur autour des villes de Mayence et Worms. Appartenant à la Franconie rhénane au haut Moyen Age, c'était l'une de trois provinces du grand-duché de Hesse à partir de 1816, puis de l'État populaire de Hesse qui lui succéda après la Première Guerre mondiale. Elle appartient maintenant à l'État fédéré de Rhénanie-Palatinat.
Géographie
modifierAu nord et à l’est, la Hesse rhénane est bornée par le cours du Rhin entre les villes de Worms et Bingen am Rhein. À l’ouest, l'affluent Nahe forme la limite du territoire avec la Rhénanie. Au sud, l'embouchure de l'Isenach marque la frontière avec le Palatinat rhénan. Outre le Rhin les trois rivières plus importantes sont le Selz, la Wiesbach et l'Appelbach. Les plus petits sont, par exemple, des ruisseaux la Pfrimm ou la Seebach. Les collines de la Hesse rhénane s'étendent sur toute la région jusqu'au graben du Rhin.
Cette province qui exista de 1816 jusqu'à 1937 embrassait les régions situées sur la rive gauche du Rhin, ainsi que certains endroits, qui appartenaient traditionnellement à la capitale de province de Mayence, au-dessous des villes de Cassel et de Kostheim. Les autres villes importantes sont Worms, Alzey, Bingen et Ingelheim.
Histoire
modifierAu Moyen Age, à partir du partage de Verdun en 843, les Gaue rhénanes de Mayence et Worms faisaient partie de la Francie orientale. L'importance particulière de la région se manifeste dans les cathédrales impériales dans les deux villes. Le Heiliger Sand à Worms est considéré comme le plus ancien cimetière juif d'Europe. Après la dissolution du duché de Franconie, la plus grande partie de la région revint au Palatinat du Rhin et à l'électorat de Mayence.
Après la guerre de la Première Coalition, le , la République cisrhénane, une « république sœur » de la République française sur la rive gauche du Rhin, est proclamée à Rheinbach. Mais, le , le Directoire décide qu'elle sera divisée en départements et en cantons et y envoie François Joseph Rudler à cet effet. La division est faite en . La République cisrhénane est divisée en quatre départements ; l'un d'eux est le Mont-Tonnerre (Donnersberg) couvrant la Hesse rhénane et le Palatinat au sud. Le , ces départements sont divisés en arrondissements et soumis au régime français. Le , ces départements sont assimilés aux autres départements français. Après la signature du traité de Lunéville, le Mont-Tonnerre et le reste de la République cisrhénane sont déclarés partie intégrante du territoire français le [1]. Les et , il est décidé que la Constitution française y sera mise en activité le premier jour de l'an IX. Le , ses limites et celles de ses subdivisions sont arrêtées[2].
La province de Hesse rhénane est formée par l'acte final du congrès de Vienne : le , a décerné le département du Mont-Tonnerre à l'Autriche[3] mais réserve au grand-duché de Hesse un territoire d'une population de cent-quarante mille habitants[4].
Le , par le traité de Munich, l'Autriche cède la majeure partie du département du Mont-Tonnerre à la Bavière. Le , par le traité signé à Francfort entre l'Autriche, la Prusse et le Grand-duché de Hesse, celui-ci acquiert :
- Le cercle d'Alzey, à l'exception du canton de Kirchheim-Bolanden ;
- Les cantons de Pfeddersheim et de Worms, du cercle de Spire ;
- La ville et le territoire de Mayence, avec Cassel et Kostheim[5].
Le , le grand-duc Louis Ier en prend possession. Le , la province devient un district : le district de Mayence (Regierungsbezirk Mainz). De 1850 au , elle est partage en deux districts : celui de Mayence et celui de Worms (Regierungsbezirk Worms). Le , la province est rétablie.
À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, la province fait partie de la zone d'occupation française en Allemagne, à l'exception de Mainz-Amöneburg, Mainz-Kastel, Mainz-Kostheim, Mainz-Bischofsheim, Mainz-Ginsheim et Mainz-Gustavsburg qui, situés sur la rive droite du Rhin, font partie de la zone d'occupation américaine et, le , de la Grande-Hesse. L'ordonnance n° 57 en date du signée du général Koenig l'intègre, avec le Palatinat rhénan et la partie méridionale de la Rhénanie prussienne, au nouveau Land de Rhénanie-Palatinat.
Le , le district de Hesse-Rhénane est uni à celui du Palatinat pour former le district de Hesse rhénane-Palatinat (Regierungsbezirk Rheinhessen-Pfalz). Le , le district de Hesse rhénane-Palatinat est supprimé. Depuis, le nom de Hesse rhénane désigne aujourd'hui la région située autour de Mayence.
Administration
modifierLa Hesse rhénane recouvre :
- En Rhénanie-Palatinat :
- La ville de Mayence ;
- Les actuels cercles ou arrondissements d'Alzey-Worms (Landkreis Alzey-Worms) et de Mainz-Bingen (Landkreis Mainz-Bingen), à l'exception de l'association communale Rhin-Nahe (Verbandsgemeinde Rhein-Nahe), située sur la rive gauche de la Nahe ;
Personnalités
modifier- Fastrade de Franconie (* circa 765 ; † Frankfurt (Main)) ⚭ 783 à Worms Charlemagne.
- Hildegarde de Bingen (* circa 1098 Bermersheim vor der Höhe ; † à l'abbaye de Rupertsberg, près de Bingen, Reliques à sainte Hildegarde (Eibingen), bénédictine (à partir de 1136 abbesse), maîtresse d'église
- Friedrich von Hausen (* 1150–1160 ; † troisième croisade avec Frédéric Barberousse), Minnesänger[6]
- Friedrich II. (Leiningen), zu Leiningen-Hardenburg († 1237)[7],[8],[9], Minnesänger, Leininger avaient des propriétés à Ibersheim
- Heinrich II. von Saarbrücken, Leininger, archevêque de Worms 1217–1234
- Heinrich von Meißen, dit Heinrich Frauenlob (* 1250–1260 Meißen; † Mainz), Minnesänger
- Konrad von Kreuznach (* Kreuznach ; † ou 13 oct. 1368 Mainz), Fiedler
- Benigna von Algesheim, 1373–1417 Abbesse de l'abbaye Sainte-Hildegarde d'Eibingen
- Johannes Gutenberg (* vers 1400 ; † Mayence), inventeur de la typographie et de la typographie mécanique.
- Conrad Meit (* 1470/1485 Worms ; † 1550/1551 Anvers), sculpteur de la Renaissance
- Sebastian Münster (* Ingelheim; † Basel), Cosmographe, humaniste et hébreu, a orné la face avant du billet de 100 DM de 1962 à 1991.
- Johann Nikolaus Götz (* Worms ; † Winterburg près de Bad Kreuznach), représentant de la poésie anacréontique
- Jacob Best, Sr. (* Mettenheim ; † Milwaukee) brasseur de Mettenheim fondait une brasserie à Milwaukee, qui sera plus tard l'une des plus grandes des États-Unis.
- Friedrich Ludwig Koch (* à Messel ; † à Oppenheim) Vers 1850, il produisait les 3/4 de la demande mondiale de quinine contre la malaria.
- Franz Bopp (* Mainz ; † Berlin), érudit sanskrit, fondateur des langues indo-européennes comparatives historiques.
- Eberhard Anheuser (* à Bad Kreuznach; † ) entrepreneur et brasseur aux États-Unis
- Joseph Schlitz (* Mainz ; † accident de navigation au large des côtes anglaises), propriétaire de Joseph Schlitz Brewing Company, Milwaukee
- Simon Friedrich Schill (* ; † Osthofen), agriculteur, vigneron, entrepreneur, 1883-1892 maire d'Osthofen
- Wendelin Weißheimer (* Osthofen ; † Nuremberg) compositeur, élève de Franz Liszt et ami et promoteur de Richard Wagner
- Adolphus Busch (* Mainz-Kastel ; † Lindscheid), entrepreneur germano-américain, cofondateur des Anheuser-Busch Companies.
- Paul Wallot (* Oppenheim ; † Bad Schwalbach), architecte, professeur d’université, entre autres constructeur du Reichtagsgebäude à Berlin (1884-1894)
- Stefan George (* Büdesheim, Bingen ; † Minusio près de Locarno), poète allemand du symbolisme et plus tard du néoromantisme
- Wilhelm Holzamer (* Nieder-Olm ; † Berlin), enseignant, écrivain
- Matthias Pier (* Nackenheim ; † Heidelberg)
- Ludwig Schwamb (* Undenheim ; † assassiné à Berlin-Plötzensee, juriste, homme politique social-démocrate, collaborateur de Wilhelm Leuschner
- Wilhelm Weiler (* Worms ; † Worms), directeur du Musée d'histoire naturelle de Mayence, Honorarprofessor
- Carl Zuckmayer (* à Nackenheim, en Hesse rhénane ; † Visp, Schweiz), dramaturge de la République de Weimar
- Elisabeth Langgässer (* Alzey ; † Rheinzabern/Karlsruhe), écrivaine
- Anna Seghers (* Mainz ; † Berlin), écrivaine
- Karl Holzamer (* Frankfurt am Main ; † Mainz), directeur général de la ZDF (1963-1977)
- Georg K. Glaser (* comme Georg Glaser à Guntersblum ; † Paris), écrivain
- Alfred Blaufuß (* Seeba ; † Frei-Laubersheim), botaniste, Ordre du Mérite de Rheinland-Pfalz 1982
- Margit Sponheimer (* Frankfurt am Main), chanteuse d'air à la mode et de carnaval
- Mary Roos (* Bingen), chanteuse d'air à la mode
Notes et références
modifier- Loi du 18 ventôse an IX (9 mars 1801), portant que les départemens de la Roer, de la Sarre, de Rhin-et-Moselle et du Mont-Tonnerre sont partie intégrante du territoire français.
- Arrêté n° 1813 du 16 messidor an X (5 juillet 1802), contenant fixation définitive des limites des quatre départemens de la rive gauche du Rhin.
- Article 51 : « Tous les territoires et possessions tant sur la rive gauche du Rhin, dans les ci-devant départements de la Sarre et du Mont-Tonnerre, que dans les ci-devant départements de Fulde et de Francfort, ou enclavés dans les pays adjacents mis à la disposition des Puissances Alliées par le Traité de Paris du , dont il n'a pas été disposé par les articles du présent Traité, passent en toute souveraineté et propriété sous la domination de S. M. l'Empereur d'Autriche ».
- Article 47 : « S. A. R. le Grand-Duc de Hesse obtient, en échange du Duché de Westphalie, qui est cédé à S. M. le Roi de Prusse, un territoire sur la rive gauche du Rhin, dans le ci-devant département du Mont-Tonnerre, comprenant une population de cent-quarante mille habitants. S. A. R. possédera ce territoire en toute souveraineté et propriété : elle obtiendra de même la propriété de la partie des salines de Kreutznach située sur la rive gauche de la Nahe ; la souveraineté en restera à la Prusse ».
- Article 8 : « Le grand-duc de Hesse, et après lui ses descendants et successeurs, posséderont en toute propriété et souveraineté : 1° Le cercle d’Alzey, à l'exception du canton de Kirchheim-Polanden, et les cantons de Pfeddersheim et de Worms dans le cercle de Spire, tels que ces pays se trouvaient à l'époque du 3 novembre 1815, sous l'administration établie à Worms, et de façon que les limites des États prussiens, où ils confinent au cercle d'Alzey, restent telles qu'elles sont fixées par l'article XXV de l'acte du Congrès de Vienne du 9 juin 1815. 2° La ville et le territoire de Mayence, y compris Cassel et Kortsheim, à l'exception de tout ce qui constitue sa forteresse, laquelle est déclarée forteresse de la Confédération germanique ».
- (de) Stammsitz von Hausen: heutiges Mannheim, Rheinhäuser Hof, Burgstrasse; Hansjörg Probst in: Mannheim vor der Stadtgründung, Teil II, Bd. 1, 2006, p. 104–105
- (de) Manfred Günter Scholz, « Leiningen, Friedrich II. zu », dans Neue Deutsche Biographie (NDB), vol. 14, Berlin, Duncker & Humblot, , p. 145 (original numérisé).
- Leiningen, Friedrich II.ergänzt, auf deutsche-biographie.de
- de.wikisource.org