Hernani

pièce de théâtre de Victor Hugo
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Hernani
La bataille d'Hernani.
La bataille d'Hernani.

Auteur Victor Hugo
Genre Drame romantique
Nb. d'actes 5
Éditeur Mame, Delaunay et Furne
Date de parution 1830
Date de création en français
Lieu de création en français Comédie-Française

Hernani est une pièce de théâtre en vers de Victor Hugo, représentée pour la première fois à la Comédie-Française le , et publiée la même année.

Cette pièce, parmi les plus célèbres de Victor Hugo, consacra le genre du drame romantique. Elle suscita une grande controverse lors de sa première représentation, connue sous le nom de la Bataille d’Hernani.

Personnages et présentations modifier

  • Hernani, personnage éponyme de la pièce, est un noble banni, amant de Doña Sol. Il appartient à la génération des héros romantiques, nécessairement enfiévrés et maudits. À vingt ans, sa vie est marquée par la mort de son père. Autrement appelé Jean d'Aragon, comte d'Albatera grand maître d'Avis, Duc de Segorbe et Cardona ou encore Marquis de Monroy.
  • Don Carlos est roi d’Espagne (Roi des Castilles). C’est un personnage type de la Renaissance, capable du meilleur et du pire, traversé par tous les contrastes. Il feint la soumission au pape et exerce un chantage sur Don Ruy. Il sera élu Empereur du Saint Empire Romain Germanique (Charles Quint). Le portrait qui en est dépeint dans la pièce est celui d'un roi en cours d'évolution.
  • Don Ruy Gomez de Silva « duc de Pastrana » est un vieillard amoureux. C’est un duc riche, puissant, et c’est un partisan de l’ordre. Il est l’oncle de Doña Sol, et souhaite l'épouser.
  • Doña Sol de Silva est l’amante de Hernani mais doit cependant épouser le duc de Pastrana. Elle n’évite ce mariage dont elle ne veut pas que par l’intervention d’Hernani qui, se faisant passer pour un pèlerin, arrive à temps pour dévoiler sa véritable identité. Désirée également un temps par Don Carlos, elle représente la figure même de l’héroïne romantique, à qui l’on promet tous les palais mais qui, par fidélité, refusera tout ce qu’on lui propose pour suivre son cœur, même si cela doit la conduire à sa perte. Elle est indissociablement et fatalement liée à Hernani et l’amour qui les enchaîne est également ce qui les conduira à leur perte.
  • Le roi de Bohème
  • Le duc de Bavière
  • Le duc de Gotha
  • Le baron de Hohenbourg
  • Le duc de Lutzelbourg
  • Iaquez
  • Don Sancho
  • Don Matias
  • Don Ricardo
  • Don Garci Suarez
  • Don Francisco
  • Don Juan de Haro
  • Don Pedro Guzman de Lara
  • Don Gil Tellez Giron
  • Doña Josefa Duarte
  • Un montagnard
  • Une dame
  • Premier conjuré
  • Deuxième conjuré
  • Troisième conjuré
  • Conjurés de la ligue Sacro-Sainte - Allemands et Espagnols (Ligue hostile à Charles Quint constituée en 1521, un léger anachronisme)
  • Montagnards, seigneurs, soldats, pages peuple, etc.

Résumé modifier

 
Six personnages de Victor Hugo par Louis Boulanger,
Musée des beaux-arts de Dijon.
Don Ruy Gomez - Don César de Bazan - Don Salluste
Hernani - Esméralda - Saverny

Le roi d’Espagne Don Carlos est amoureux de Doña Sol, femme promise à Don Ruy Gomez. Doña Sol, elle, aime Hernani, un homme dont le père a été tué par le père de Don Carlos. Hernani veut se venger mais les deux hommes amoureux de Doña Sol se rencontrent, et se provoquent en duel. Celui-ci est gagné par Hernani, mais le roi lance ses gardes à sa poursuite ; Hernani disparaît. Le roi assiste aux préparatifs du mariage de Don Ruy Gomez et Doña Sol. Hernani surgit sur ces entrefaites mais Don Ruy Gomez, contraint par la loi de l’hospitalité, décide de le protéger. Gomez découvre que Doña Sol et Hernani s’aiment, mais continue de protéger Hernani.

Le roi pose un ultimatum à Don Ruy Gomez : soit il lui livre Hernani, soit il le tue. Le vieux Don Ruy Gomez refuse et Don Carlos décide d'enlever Doña Sol. Don Ruy Gomez et Hernani se mettent d’accord pour tuer le roi, en échange de quoi Hernani lui offre sa vie s'il entend le cor sonner. Don Carlos est élu empereur, il pardonne aux deux alliés et annonce le mariage de Doña Sol avec Hernani. Ce dernier révèle sa véritable identité, Jean d’Aragon, et devient Don Juan d’Aragon. Il abandonne toute idée de vengeance. Lors des noces des deux amants, le cor sonne et Hernani comprend qu'il doit quitter son amour. Doña Sol décide de mourir avec son amour et s’empoisonne avec Hernani. Don Ruy Gomez, vidé de toute envie de vivre, se poignarde sur leurs corps.

Préface modifier

Hugo réaffirme sa position exposée dans la Préface de Cromwell : il faut briser les règles du théâtre classique et réaffirmer l’ambition esthétique de la nouvelle génération, le romantisme. Il demande aussi, et surtout, la prise en compte du public, le public vrai, le peuple, car c’est par lui que les œuvres sont rendues immortelles, afin que « la poésie ait la même devise que la politique : TOLÉRANCE ET LIBERTÉ ».

L’action principale se situe en Espagne de février à .

Acte I : le Roi (Saragosse, une chambre à coucher au palais du duc Don Ruy Gomez de Silva, la nuit) modifier

Le roi d'Espagne Don Carlos s’introduit la nuit dans la chambre de Doña Sol dont il est secrètement amoureux. Caché dans une armoire, il assiste à la rencontre entre Doña Sol et Hernani, un banni. Hernani, fils d’un homme décapité sur ordre du père de Don Carlos, s’est promis de venger son père. Doña Sol aime Hernani mais on l’a fiancée à son oncle, Don Ruy Gomez de Silva.

Don Carlos sort de sa cachette et les deux rivaux s’apprêtent à croiser le fer. Mais le vieux duc frappe à la porte. Don Ruy Gomez de Silva s'indigne en voyant deux hommes chez sa nièce. L’inconnu découvre son visage et se présente. Le roi justifie sa présence et fait passer Hernani pour quelqu'un de sa suite. Il indique que l’heure est grave car l’empereur Maximilien, son aïeul, vient de mourir. Il vient consulter Don Ruy Gomez de Silva, son fidèle sujet, et écouter ses conseils. Doit-il se porter candidat au trône du Saint-Empire ? Resté seul, Hernani, qui a retrouvé le fils de l’assassin de son père, exprime sa haine et médite sa vengeance.

Acte II : le Bandit (Saragosse, un patio du palais de Silva) modifier

Le lendemain, à minuit, dans une cour du palais de Don Ruy, Don Carlos (le futur Charles Quint) se rend sous la fenêtre de Doña Sol. Il souhaite enlever la jeune fille avant Hernani. Trompée par l’obscurité, Doña Sol le rejoint. C’est alors que surgit Hernani. Il propose un duel au roi, qui refuse avec beaucoup de mépris car il croit qu'Hernani est un roturier ; il lui demande donc de l'assassiner mais Hernani refuse, il veut un duel. Il laisse la vie sauve au roi et lui donne son manteau pour qu’il puisse traverser sans dommage sa troupe de bandits car il estime que lui seul peut tuer le roi en duel.

Restés seuls, Hernani et Doña Sol échangent quelques mots d’amour. Mais l’armée du roi est déjà à sa poursuite. Hernani quitte Doña Sol et part rejoindre sa troupe.

Acte III : le Vieillard (Château de Silva, dans les montagnes d’Aragon) modifier

Quelques semaines plus tard, dans la grande salle du château du duc de Silva, dans les montagnes, le vieux duc Don Ruy Gomez de Silva va épouser Doña Sol, sa jeune nièce. On prépare le mariage. Il savoure son bonheur, d’autant qu’on lui apprend la mort probable d’Hernani. Le jour des noces, un pèlerin frappe à la porte du château de Silva.

Découvrant Doña Sol en tenue de mariée, le pèlerin déchire son habit et déclare son identité : « je suis Hernani ».

La tête d’Hernani est mise à prix, mais la loi de l’hospitalité étant sacrée, Don Ruy Gomez de Silva fait barricader le château de Silva et décide de le protéger.

Hernani et Doña Sol restent seuls et dissipent tout malentendu. La jeune femme lui montre le poignard qu’elle a dérobé au roi. Hernani et Doña Sol échangent des mots d’amour et s’enlacent. C’est alors que surgit Don Ruy Gomez qui a des mots très durs sur l’attitude d’Hernani mais, au nom de l’honneur, il se refuse toujours à trahir son hôte. C’est alors que les trompettes annoncent l’arrivée du roi. Don Ruy Gomez cache Hernani dans un lieu que seul lui connait, derrière son portrait.

Le roi pénètre dans le château, furieux d’apprendre que Don Ruy Gomez cache ce scélérat d’Hernani. Il lui propose un marché : ou Don Ruy accepte de livrer Hernani ou, il sera tué. Le duc hésite, mais finalement refuse de livrer Hernani. La fameuse scène des portraits, où Don Ruy Gomez fait défiler ses "illustres ancêtres" pour s'arrêter au sien, est une pure merveille de la construction de la trame dramatique hugolienne. Le roi, impressionné par sa fidélité à la loi d'hospitalité, décide seulement d'enlever Doña Sol. Après son départ, Don Ruy Gomez et Hernani complotent pour tuer le roi. Hernani offre son bras et sa vie à Don Ruy Gomez.

Acte IV : le Tombeau (Palais d'Aix-la-Chapelle, dans le tombeau de Charlemagne) modifier

Deux mois plus tard, en , à Aix-la-Chapelle (capitale du Saint-Empire romain germanique), Don Carlos attend les résultats de l’élection impériale tout en déjouant un complot : parmi les conjurés se trouvent Don Ruy Gomez et Hernani ; ce dernier, désigné pour assassiner le roi, refuse de laisser sa place à Don Ruy Gomez, qui lui propose pourtant de rompre le pacte. Élu empereur, Don Carlos pardonne aux conjurés et annonce le mariage de Doña Sol avec Hernani ; celui-ci révèle sa véritable identité (il est noble mais né en exil) : il est Jean d’Aragon et abandonne son idée de vengeance.

Acte V : la Noce (sur une terrasse du Palais de l'Aljaferia) modifier

Quelques semaines après, à Saragosse, dans le palais d'Hernani redevenu Don Juan d'Aragon, les noces de Doña Sol et d’Hernani ont lieu ; mais Don Ruy Gomez, implacable, vient exiger le respect du pacte fatal ; Doña Sol s’empoisonne, imitée par Hernani. Don Ruy Gomez se poignarde alors sur leurs corps.

La théorie du drame romantique modifier

On ne peut parler d’Hernani sans évoquer son genre : le drame romantique. Quelques théoriciens des années 1820 comme Stendhal ou Alessandro Manzoni (Lettre à monsieur Chauvet sur l’unité de lieu et de temps dans la tragédie) l'ont d'ailleurs étudié dans leurs œuvres. Stendhal écrivait en 1823, dans Racine et Shakspeare :

Les romantiques ne conseillent à personne d'imiter directement les drames de Shakspeare [sic].

Ce qu'il faut imiter de ce grand homme, c'est la manière d'étudier le monde au milieu duquel nous vivons, et l'art de donner à nos contemporains précisément le genre de tragédie dont ils ont besoin, mais qu'ils n'ont pas l'audace de réclamer, terrifiés qu'ils sont par la réputation du grand Racine. […]

J'oubliais l'unité de lieu ; elle sera emportée dans la déroute du vers alexandrin[1].

Création de la pièce modifier

 
Représentation d’Hernani.

Après la rédaction de la préface de Cromwell en 1827, où il affirmait la nécessité de briser les règles du théâtre classique, Hugo est revenu à la poésie lyrique avec notamment les Odes et Ballades (), qui lui valent la protection du roi, et Les Orientales (). Comme il désirait toujours abattre les classiques sur leur terrain admis, le théâtre tragique, il enchaînait aussi les projets et les échecs, ainsi Amy Robsart, échec à l’Odéon en . Mais le succès de Henri III et sa cour en 1829 de son ami Alexandre Dumas lui redonna vigueur et il s’attela à un drame historique en Espagne (les sujets français étant systématiquement censurés par le pouvoir royal, tels Marion de Lorme ou Un duel sous Richelieu inspiré de la vie de la courtisane du XVIIe siècle Marion Delorme). Ce fut Hernani.

La rédaction s’étala du 19 août au , et il lut son œuvre le 30 septembre à ses amis du cénacle romantique, qui l’approuvèrent presque sans réserve. Il obtint l’autorisation de créer sa pièce au Théâtre Français ; les censeurs désirant l’abattre une fois pour toutes, une nouvelle lecture le 5 octobre devant la troupe de la Comédie-Française du baron Taylor (commissaire royal au Théâtre Français) suscita l’enthousiasme. Aussitôt distribuée, la pièce entra en répétition alors que la cabale grondait . Taylor veut recruter une claque pour donner toutes ses chances à la pièce ; Hugo pense que ses amis livreront une plus belle bataille contre les partisans du classicisme. Cent places leur furent réservées à chaque représentation.

Les répétitions furent cependant ardues : Mademoiselle Mars, étoile de la troupe, jouant Doña Sol, avait le goût plutôt classique, même si elle désirait aider ce jeune et talentueux auteur, et se prêtait mal aux hardiesses de ton romantiques ; d’autres comme Firmin, un Hernani un peu falot, et Michelot, Don Carlos plus élégant que vigoureux, redoutaient surtout l’affrontement futur. Plusieurs, dont notamment Joanny, ancien soldat aux ordres du général Hugo, et qui désirait ainsi rendre hommage au fils en interprétant Don Ruy Gomez, étaient cependant enthousiastes de briser les carcans ampoulés du jeu classique.

Les censeurs épluchèrent le manuscrit jusqu’en janvier, la pièce étant retardée par le succès de l’Othello de Shakespeare mis en scène par Vigny, coupant certains passages (mais pour des raisons politiques ou religieuses, les censeurs se faisant honneur de laisser les hardiesses stylistiques, espérant que le « mauvais goût prononcé » discréditerait définitivement leur auteur), alors qu’une cabale se formait dans la presse, menée par les classiques, visant à démolir à l’avance l’œuvre nouvelle, ce qui ne fit que conforter Hernani dans son rang de « manifeste » de la nouvelle génération, qui eut ainsi le temps de se préparer à la bataille.

Chef de famille et chef de bande, tel est le Hugo qui attaque sa dernière Bastille : le théâtre, protégé du romantisme par la tradition et la censure. L'offensive se fait en trois temps. En 1827, acte I, théorique : Cromwell et sa Préface proclament la liberté dans l'art, la mort des « règles » classiques, la beauté moderne du « grotesque ». En 1829, acte II, politique : Charles X fait interdire Marion de Lorme pour atteinte à la majesté royale ; Hugo rompt avec le régime. En 1830, le rideau se lève sur Hernani. Enfin mobilisée pour sa cause, voici l'armée des fidèles, violemment parés et décoiffés, visibles, voyants, sonores ; en première ligne, le gilet rouge de Gautier et la crinière de Dumas. Contre les « perruques » académiques et les « grisâtres » classiques, les « flamboyants » défendent, pied à pied, l'alexandrin romantique. Succès de scandale, la bataille d'Hernani s'achève sur un triomphe financier et la victoire de l'art nouveau.

Les réactions modifier

Lors de la première représentation, la pièce déclencha de vives et surprenantes réactions entre les classiques venus pour détruire la contestation dans l’œuvre et les romantiques venus soutenir leur champion. Ce fut la bataille d’Hernani.

Cependant, malgré la bataille qui faisait rage, la pièce fut un vrai succès (recette de 4 940,65 francs) et l’éditeur Mame versa son dû à l’auteur et le lia séance tenante, selon la légende, par un contrat d’édition. Les représentations suivantes augmentèrent l’intensité de la bataille mais la pièce avait trouvé son public et le succès ne se démentit pas, Victor Hugo étant porté aux nues par la nouvelle génération. Ainsi, comme le note Théophile Gautier, « pour la génération de 1830, Hernani a été ce que fut Le Cid pour les contemporains de Corneille. Tout ce qui était jeune, vaillant, amoureux, poétique, en reçut le souffle. »

Hugo, contre l’éreintement systématique des tenants des classiques, tels que Charles Maurice, Sainte-Beuve ou Jean Viennet, reçut cependant le soutien de nombreuses personnes hors de sa génération, tels que Victor Pavie ou Chateaubriand qui lui écrivit au lendemain de la première : « J’ai vu, Monsieur, la première représentation d’Hernani. Vous connaissez mon admiration pour vous, ma vanité s’attache à votre lyre, vous savez pourquoi. Je m’en vais, Monsieur, et vous venez. Je me recommande au souvenir de votre muse. Une pieuse gloire doit prier pour les morts. »

Balzac, en revanche, livra une critique au vitriol dans le Feuilleton des journaux politiques du [2] : « Tous les ressorts de cette pièce sont usés ; le sujet, inadmissible ; les caractères, faux ; la conduite des personnages, contraire au bon sens... L'auteur nous semble, jusqu'à présent, meilleur prosateur que poète, et plus poète que dramatiste. M. V.H. ne rencontrera jamais un trait de naturel que par hasard... Hernani aurait tout au plus été le sujet d'une ballade. »

Si Hernani a permis d'ouvrir de nouvelles voies et de servir de tremplin au romantisme, cette pièce a perdu de son importance au cours du XIXe siècle et aujourd'hui elle est bien moins jouée et donc moins connue que Ruy Blas du même auteur ou Lorenzaccio et On ne badine pas avec l'amour de Musset.

Analyse de l’œuvre modifier

Sources modifier

Cette pièce tire son nom d'une ville du Pays basque espagnol où Mme Hugo, accompagnée de ses enfants, fait halte en 1811, tandis qu’elle rejoint son époux, le général Léopold Hugo.

Victor Hugo s’inspire de sources diverses pour cristalliser dans la légende de chevalerie hispanique, comme dans Le Cid de Corneille, auquel il se référait volontiers, l’ambition romantique de sa génération. Il tire son sujet ainsi, selon ses dires, d’un passage d’une vieille chronique espagnole : « Don Carlos, tant qu’il ne fut qu’archiduc d’Autriche et roi d’Espagne, fut un prince amoureux de son plaisir, grand coureur d’aventures, sérénades et estocades sous les balcons de Saragosse, ravissant volontiers les belles aux galants, voluptueux et cruel au besoin. Mais du jour où il fut empereur, une révolution se fit en lui. » Il tira ensuite sans doute l’ambiance hispanique de ses souvenirs de ce pays, où il habita quelque temps à la suite de son père durant les campagnes napoléoniennes, et de textes récents sur l’histoire locale, toujours selon ses dires. On peut aussi noter des analogies avec des pièces qui lui ont peut-être inspiré certains passages : Le Tisserand de Ségovie d’Alarcon ou La Dévotion à la croix de Calderon (histoires d’amour, d’honneur et de sang) mais aussi des sources moins latines, tels que Evadne or The Statue de Richard Lalor Sheil (la scène des portraits), Egmont de Goethe, Les Brigands de Schiller

Hugo s'inspire aussi du mélodrame, du vaudeville, de la comedia nueva espagnole et du drame bourgeois dont il reprend l'importance accordée aux accessoires[3].

Adaptations modifier

 
Caricature d'André Gill (1867).

La pièce est jouée trente-neuf fois en 1830 ; elle est reprise en 1838 avec Marie Dorval dans le rôle de dona Sol. En 1867, Meurice et Vacquerie travaillent sur une nouvelle mise en scène. En 1877, sous la direction d'Émile Perrin, la pièce est jouée par Mounet-Sully et Sarah Bernhardt : la critique est louangeuse. Hugo déclarera : « Vous vous êtes vous-même couronnée reine, reine deux fois, reine par la beauté, reine par le talent. » Jusqu'en 1927, la pièce est reprise annuellement : à cette date, Émile Fabre conçoit une nouvelle mise en scène, et Mary Marquet joue aux côtés de Maurice Escande. En 1937, Georges Le Roy fait appel à Marie Bell et à Robert Vidalin.

Hernani a été mis en musique par Giuseppe Verdi en 1844 sous le titre d'Ernani.

Prolongement modifier

Entre 1952 et 1972, la pièce n'est jouée que rarement à la Comédie Française. Le théâtre contemporain compte peu de reprises de la pièce depuis les années 1970.

Postérité modifier

La pièce est choisie par le ministère français de l'Éducation Nationale pour figurer au sein du programme de littérature de la classe de terminale de la série littéraire des années scolaires 2018-2019 et 2019-2020. Faisant l'objet d'une épreuve au baccalauréat littéraire, elle s'inscrit dans l'objet d'étude « Lire-écrire-publier »[5].

Notes et références modifier

  1. Stendhal, Racine et Shakespeare, Paris, Le Divan, 1927 (1823), 86 p. (lire en ligne), pp. 27-28
  2. « Groupe Hugo : Groupe de travail universitaire sur Victor Hugo (Paris 7) », sur groupugo.div.jussieu.fr (consulté le )
  3. Jérémy Lasseaux, Préparer le bac L : Hernani, , 77 p. (ISBN 978-1-0938-6364-2, lire en ligne)
  4. Cf Le Monde du 31 octobre 1989
  5. « Classe terminale de la série littéraire », sur Ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse (consulté le )

Liens externes modifier