Henry Jamet

écrivain, libraire et collaborateur français - Librairie Rive Gauche 47 boulevard Saint-Michel (détruite fin août 1944).
Henry Jamet
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 68 ans)
BernexVoir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Henry Louis JametVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activités
Conjoint
Annie Jamet (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
A travaillé pour

Henry Louis Jamet, né le à Lyon (6e arrondissement) et mort en Suisse le [1], est un écrivain, libraire et éditeur français, collaborateur durant l'Occupation.

Biographie modifier

Dès 1921, Henry Jamet devient président des étudiants proches du parti Action française pour la région de Lyon ; il organise de nombreuses conférences dont avec Henri Ghéon[2].

Il termine ses études de droit et devient avocat.

En octobre 1934, il fonde avec son épouse, Annie Jamet (née Anne-Marie Dumail, à Libourne le 22 février 1905), au 220 boulevard Pereire[3], les « Conférences du cercle Rive Gauche » ; Annie Jamet, hyperactive, réunit dans divers lieux du quartier Saint-Germain, René Belin, Georges Blond, Robert Brasillach, Georges Bernanos, Thierry Maulnier, Lucien Rebatet, entre autres, et soutenant Charles Maurras. En 1938, le cercle se rapproche du périodique Je suis partout. Annie Jamet, qui avait invité Leni Riefenstahl le 27 janvier 1938, meurt le 25 février suivant, âgée de 33 ans, laissant six enfants. Henri Jamet reprend les conférences dès l'été suivant[4],[5].

Durant l'été 1940, au moment de l'Occupation, Henri Jamet transforme le café d'Harcourt, situé 47 boulevard Saint-Michel, en une librairie appelée Rive-Gauche, y organisant de nombreuses dédicaces. Elle devient une librairie franco-allemande à partir d'avril 1941, avec comme codirecteur Karl Franck — et la bénédiction de Gerhard Hibbelen et d'Otto Abetz L'inauguration eut lieu en présence de Rudolf Schleier (de), Karl Epting, et Abel Bonnard[6]. La librairie subit un attentat à la bombe en novembre 1941, organisé par le Colonel Fabien[7]. En 1943, elle obtient l'exclusivité du droit d'exportation du livre français vers l'Allemagne[8].

Le 17 mars 1942, il fonde une société avec Louis Thomas[9], et surtout René Lelief et Albert Lejeune, les Éditions Balzac, laquelle, dans le cadre de l'aryanisation, reprend le capital des éditions Calmann-Lévy en janvier 1943 et qu'elle débaptise[10]. En novembre 1943, Jamet lance le magazine littéraire La Chronique de Paris, une édition luxueusement illustrée, qui comptera 9 numéros jusqu'en juillet 1944, avec à la rédaction en chef, Brasillach[11]. En juin 1943, il annonce lancé le grand prix Balzac doté de 100 000 francs ; il fut attribué en avril 1944 à Jean-Marie Aimot[12].

Le 20 mai 1944 à la mairie de Paris 17e, il épouse Mariette Guillien[13]. Fin août 1944, la librairie Rive-Gauche est pillée et ferme définitivement. Reconnu comme collaborateur, Henry Jamet, selon la presse issue de la Résistance, serait parvenu à s'enfuir en Allemagne, à Sigmaringen[14].

Le 9 septembre 1944, le Syndicat des Éditeurs décide l'exclusion de Bernard Grasset, Gilbert Baudinière, Fernand Sorlot, Jacques Bernard (des éditions du Mercure de France), Jean de la Hire et Henry Jamet[10].

Dans la tourmente, Jean de la Hire parvient à aider Henry Jamet à passer en Suisse où celui-ci meurt en 1967, après un séjour chez les pères maristes de Marseille, affublé d'un faux nom et chargé de surveiller des élèves[15].

Aux yeux de Me Henry Torrès, Rive Gauche prépara les esprits à la collaboration, dès avant la guerre[16].

Ouvrage publié modifier

  • Un autre Bernanos, Lyon, E. Vitte, 1959.

Notes et références modifier

  1. Journal de Genève du 11/10/1967
  2. L'Action française, Paris, 3 décembre 1922, p. 3 — sur Retronews.
  3. La Liberté, Paris, 5 octobre 1934, p. 4 — sur Gallica.
  4. Patricia Sorel, Plon : Le sens de l'histoire (1833-1962), Rennes, PUR, p. 153.
  5. [PDF] « Thierry Maulnier : de la Jeune Droite révolutionnaire à l’ordre établi ? », par Ludovic Morel, in: Histoire, Université de Lorraine, 2013, pp. 245-246 — sur HAL Open Science.
  6. Le Matin, Paris, 24 avril 1941, p. 3 — sur Gallica.
  7. Cécile Desprairies, Ville Lumière, années noires, les lieux du Paris de la Collaboration, Denoël, 2008 — [PDF] extraits en ligne
  8. Pascal Ory, Les collaborateurs. 1939-1945, Points Seuil Histoire, 1976, pp. 20, 60, 207-208[PDF] extraits en ligne
  9. « La Seconde Guerre et l’Occupation », notes d'Andries Van den Abeele, reprenant les travaux de Pascal Fouché, parus dans L'édition française sous l'Occupation (1940-1944), Bibliothèque de Littérature française contemporaine de l'Université Paris 7, 1987, tome I.
  10. a et b « Éditions Balzac », in: Chronologie de l'édition française depuis 1900 par Pascal Fouché, moteur de recherche en ligne.
  11. Michel P. Schmitt, « La Chronique de Paris, un rêve de francité nationale-socialiste », in: La Revue des Revues, n° 50, 2013, pp. 56-89en ligne.
  12. Pour La Carrière de Raoul Champfrond« Jean-Marie Aimot », sur books.google.fr (consulté le )
  13. L'Œuvre, Paris, 22 mai 1944, p. 2 — sur Gallica.
  14. Lire par exemple l'article « Le crime de collaboration », in: Le Franc-tireur, 1er décembre 1944, p. 1 — sur Gallica.
  15. Jean-Yves Mollier, « L'édition française dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale », in: Vingtième Siècle. Revue d'histoire, 2011/4 (n° 112), pp. 127-138, note 23 — sur Cairn.info.
  16. "A Paris, Otto Abetz avait institué, sous le signe du rapprochement, des « échanges de points de vue ». C’est en général à « Rive Gauche » que l'on se rencontrait. De savants conférenciers venus de Berlin célébraient avec ferveur les institutions du Reich. Brasillach dénigrait les nôtres avec passion. Un soir on chanta en chœur avec Abetz des couplets nazis. Un autre soir, au cinéma Bonaparte, place Saint-Sulpice, Otto Abetz fit entendre Baldur von Schirach, le führer de la jeunesse. « Rive Gauche », « cercle d’études de la jeunesse intellectuelle », où le 14 décembre 1938 un de nos ministres [Anatole de Monzie] est venu parler avec cynisme de Talleyrand, était absolument à la dévotion d’Abetz." Henry Torrès, L'Ordre [Le quotidien d'Émile Buré], 5 décembre 1945 : lire sur Gallica . Voir aussi L'Ordre, Paris, 5 décembre 1945, p. 2 — sur Gallica.

Liens externes modifier