Henri Patin

philologue, helléniste et latiniste français (1793-1876)
Henri Patin
Lithographie de Patin par Auguste Charpentier.
Fonctions
Vice-président
Conseil supérieur de l'Instruction publique
à partir de
Secrétaire perpétuel de l'Académie française
-
Doyen
Faculté des lettres de Paris
-
Fauteuil 26 de l'Académie française
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 82 ans)
Palais de l'Institut de France (d) (6e arrondissement de Paris)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom de naissance
Henri-Joseph-Guillaume PatinVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Traducteur, latiniste, helléniste, érudit classiqueVoir et modifier les données sur Wikidata
Rédacteur à
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinction
signature de Henri Patin
Signature
Vue de la sépulture.

Henri-Joseph-Guillaume Patin, né le à Paris 11e et mort le à Paris 6e, est un homme de lettres, helléniste et latiniste français.

Biographie modifier

Élève à l’École normale en 1811, docteur ès lettres et reçu cinquième à l'agrégation de grammaire en 1814. Spécialiste d’Eschyle, Sophocle, Euripide, Horace, Ovide, Virgile, Lucrèce[1], il devient maitre de conférence à l'École normale de 1815 à 1822 et de 1830 à 1833[2], où il a eu pour élève, entre autres, Francisque Sarcey, qui s’est ennuyé, pendant sa troisième année, à quelques-unes de ses leçons sur Horace, son auteur de prédilection[a]. Entretemps, il est professeur adjoint de rhétorique au collège Henri-IV.

Il devient ensuite suppléant d'éloquence française de Vuillemain à la faculté des lettres de Paris de 1830 à 1832, lorsqu’il est choisi, en novembre 1832, sur la présentation unanime de ses collègues de la faculté, pour professer la poésie latine à la place de Lemaire, comme professeur de poésie latine dans cette université, dont il sera le doyen à partir de 1865[4].

Lauréat de l’Académie de Rouen en 1816 et de l’Académie française en 1822, 1824, 1827, il a collaboré à de nombreux journaux, dont la Revue des deux Mondes, Le Globe et le Journal des savants[5]. Il est connu tant pour ses traductions du grec et du latin que pour ses Études sur les tragiques grecs, ouvrage qui lui ouvre les portes de l’Académie française, dont il est élu, par 21 voix contre 9 à Alfred de Vigny, membre le [6], et dont il sera, en 1871, à la mort de Villemain[5], le 7e secrétaire perpétuel, où il a prononcé les éloges de de Thou, Bossuet, Bernardin de Saint-Pierre et Le Sage[1], mais été « surtout appelé, s’est gaussé le Charivari, à perpétuer cette étonnante phraséologie de 1820, dans laquelle on ne craignait rien tant que de désigner les choses par leur nom[b]. » Pour Édouard Drumont,

« cet homme, d’une érudition si vaste, avait une lacune : ce membre de l’Académie française ne savait pas le français. Il écrivait le français comme un étranger instruit qui ne se rend pas un compte exact du mécanisme d’une langue, qui en ignore absolument le génie, et qui s’efforce de concilier les tournures de cette langue avec sa langue maternelle. Il faut un certain temps pour comprendre les phrases de M. Patin[8]. »

Le Charivari annonce, à sa mort, qu’à « À titre d’amphigourique, il va laisser à l’Académie française un vide sérieux. » et précise qu’il « aurait dû s’appeler non pas M. Patin, mais M. Pathos. » Pour son ancien élève, « c’était un très-bon homme que M. Patin ! Son seul tort, c’était d’être de l’Académie, et surtout d’en être le secrétaire. À part cela, toutes les vertus dont on confectionne une épitaphe[3]. »

Il a successivement été bibliothécaire du palais de Meudon (1840) et du château de Versailles (1847)[2]. Nommé chevalier de la Légion d’honneur, en 1832, il a été élevé au rang d’officier, en 1845, de commandeur le , et de grand-officier, le [9].

Publications modifier

  • De l'emploi des harangues chez les historiens, 1814, thèse de doctorat.
  • Mélanges de littérature ancienne et moderne, 1840.
  • Études sur les tragiques grecs, ou Examen critique d’Eschyle, de Sophocle et d’Euripide, précédé d'une histoire générale de la tragédie grecque, 1841-43.
  • Œuvres d'Horace, Paris, (lire en ligne).
  • Études sur la poésie latine, 1868-69.
  • Discours et mélanges littéraires, 1876.
  • Odes d’Horace, Paris, (lire en ligne).
  • Poètes moralistes de la Grèce : Hésiode, Théognis, Callinos, Tyrtée, Mimnerme, Solon, Simonide d'Amorgos, Phocylide, Pythagore, Aristote, 1892.
  • Lucrèce. De la Nature, 1893.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. M. Patin expliquait Horace avec une érudition qui ne laissait pas d'être fatigante. Il passait son heure sur un vers, ou même sur un membre de phrase. Un mot lui rappelait une citation, qui éveillait en lui un souvenir classique, et il partait, battait les buissons. C'étaient des tours, des détours et des retours sans fin[3].
  2. L’excellent secrétaire perpétuel paraissait surtout appelé à perpétuer cette étonnante phraséologie de 1820, dans laquelle on ne craignait lien tant que de désigner les choses par leur nom. Il nous souvient encore du discours qu’il avait écrit à l’occasion de la réception de M. Claude Bernard à l’Académie. Un laboratoire s’y appelait « un sanctuaire savant » ; une conférence « l’utile autant qu’agréable intermédiaire entre la science et la curiosité du monde » ; une voix affaiblie « une voix qu’enchaine l’engourdissement des organes ». On y voyait jusqu’à une impulsion qui se propageait « avec fécondité »[7].

Références modifier

  1. a et b « Nécrologie », Journal pour tous, Paris, vol. 19, t. 2, no 72,‎ , p. 318-9 (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  2. a et b Ferdinand Höfer, Nouvelle Biographie générale : depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours, t. xxxix. Paw-Philopémen, Paris, Firmin-Didot, , 1024 p., 37 vol. ; in-8º (lire en ligne sur Gallica), p. 751-3.
  3. a et b Francisque Sarcey, « M. Patin », Le XIXe siècle, Paris,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  4. Christophe Charle, « 88. Patin (Henri, Joseph, Guillaume) », Publications de l'Institut national de recherche pédagogique, vol. 2, no 1,‎ , p. 143-144 (lire en ligne, consulté le ).
  5. a et b Émile Gassier (d)   (préf. Jules Lemaitre), Les Cinq Cents Immortels : histoire de l’Académie française 1634-1906, Paris, Henri Jouve, , vii-491 (OCLC 697960370, lire en ligne), p. 354.
  6. Jean-Jacques Goblot, « Vigny et l’Académie : épilogue d’une querelle », Europe, Paris, vol. 56, no 589,‎ , p. 180 (lire en ligne, consulté le ).
  7. « M. Patin… », Le Charivari, Paris, vol. 45,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  8. Édouard Drumont, « M. Patin », La Liberté, Paris,‎ (lire en ligne sur Gallica, consulté le ).
  9. Archives Nationales, « Notice 286835 », sur Base Léonore (consulté le ).

Liens externes modifier