Henri Beaudenom de Lamaze

militaire français

Henri Beaudenom de Lamaze
Henri Beaudenom de Lamaze
Le général de Lamaze en 1921 (orientant le général Maunoury).

Naissance
Paris (ancien 3e arrondissement)
Décès (à 90 ans)
Versailles
Origine Drapeau de la France France
Formation École polytechnique
École d'application de l'artillerie et du génie
École supérieure de guerre
Grade Général de division
Années de service 1869 – 1915
Commandement 29e division d'infanterie
37e corps d’armée
Conflits Guerre de 1870
Première Guerre mondiale
Faits d'armes Bataille de l’Ourcq
Bataille de l’Aisne

Emblème

Henri Jacques Auguste Beaudenom de Lamaze, né le à Paris[1] et mort le à Versailles, est un général français ayant servi entre la défaite de 1870 et le début de la Première Guerre mondiale. En septembre 1914, à l’âge de 66 ans, il commande l’aile droite de la 6e armée du général Maunoury pendant la bataille de l’Ourcq et la bataille de l’Aisne.

Biographie modifier

Son père, Amédée Beaudenom de Lamaze, est issu d’une famille de la noblesse périgourdine (la seigneurie de Lamaze, théâtre d’affrontements à la Révolution[2], se trouvait non loin de Brive-la-Gaillarde). Fils de médecin, il devient notaire à Paris où exerce son oncle (dont la veuve épousera le vicomte d’Arlincourt)[3]. Amédée Beaudenom de Lamaze se marie en 1845 avec Marie Bonnet, une rentière originaire de la capitale[4]. Il meurt alors que leur fils est âgé de trois ans.

Henri Beaudenom de Lamaze intègre l’École polytechnique en 1867[5] puis l’École d’application de l’artillerie et du génie en 1869[6]. En 1870-1871, pendant le siège de Paris, il participe aux batailles de Châtillon, de la Malmaison, de Champigny, puis, promu lieutenant, à celle du mont Valérien (au lendemain de la proclamation du Reich allemand). Il fait partie de l’armée de Versailles[7] et après la « semaine sanglante », il est envoyé au 23e régiment d'artillerie à Toulouse. Promu capitaine en 1874, il est affecté au 30e régiment d'artillerie, à Orléans.

Il épouse le 16 mai 1876, en l’Église Saint-Thomas-d'Aquin (7e arrondissement de Paris), Cécile de la Croix-Vaubois (1852-1918), fille du général de la Croix-Vaubois et descendante du comte de Vaubois.

En 1879, Henri Beaudenom de Lamaze intègre la quatrième promotion de l’École supérieure de guerre. Il est attaché en 1881 à l’état-major de la 20e division d'infanterie, à Saint-Malo, puis en 1883 à l’état-major du gouvernement militaire de Paris. Il commande en 1888 l’artillerie de la 4e division de cavalerie, puis en 1889 celle de la 5e division, à Fontainebleau.

 
Lamaze en 1891

En 1893, il prend la direction de la division d’instruction de l’École d’application de l’artillerie et du génie et devient lieutenant-colonel du 8e puis du 39e régiment d’infanterie en Lorraine. Henri Beaudenom de Lamaze est élevé en 1898 au grade de colonel. Il devient en 1901 chef d’état-major au 13e corps d’armée. Général de brigade en 1903, il commande la cavalerie du 9e corps d’armée, puis l’artillerie du 10e. Il est nommé général de division en 1910, à la tête de la 29e d’infanterie en garnison à Nice[7].

 
Le général de Lamaze en 1906

Admis en retraite en 1913, il est rappelé à l’âge de 66 ans, le 24 août 1914 (trois semaines après le déclenchement de la Première Guerre mondiale), pour endiguer l’invasion allemande.

Première Guerre mondiale modifier

Bataille de l’Ourcq modifier

Le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, confie au général de Lamaze un groupe de 30 000 hommes qui deviendra le 37e corps d’armée, composé de deux divisions de réserve (la 55e et la 56e, commandée par le général de Dartein) et d’une brigade d’infanterie marocaine. Son groupe est intégré à la 6e armée du général Michel Maunoury, ancien condisciple de Lamaze à polytechnique, lui aussi retraité (ils avaient combattu ensemble pendant la guerre de 1870)[8]. Gallieni, lui même sous les ordres de Joffre, charge Maunoury d’affronter la Ire armée de la Deutsches Heer (commandée par le général von Kluck), qui marche en direction de Paris à la fin du mois d’août, avant de se rabattre vers Meaux le 3 septembre.

Le matin du 5 septembre 1914, les 60 000 hommes[9],[10] de la 6e armée, à laquelle s’est joint le 7e corps d’armée du général Vautier, sont positionnés au nord-est de Paris, entre Claye et Dammartin-en-Goële. À leur droite, six divisions menées par John French, le commandant du corps expéditionnaire britannique, comblent l’intervalle entre la 6e et la 5e armée, positionnée au nord de Provins. La ligne de défense, dont la 6e armée constitue l’aile gauche, s’étend jusqu’à Verdun, sur un arc de cercle de plus de 200 kilomètres, avec en son cœur la 9e armée du général Foch.

Joffre ordonne à la 6e armée de repousser les Allemands au delà de l’Ourcq avant le coucher du soleil. À midi, les troupes du général de Lamaze s’avancent en trois colonnes vers des points situés en hauteur : Penchard, Monthyon et Saint-Soupplets, où les attend le IVe corps de réserve allemand détaché par le général von Kluck[11]. C’est le début de la première bataille de la Marne, carnage d’une semaine auquel participent deux millions de soldats.

Les hommes de Lamaze, qui vont au feu pour la première fois, font reculer les Allemands au prix de lourdes pertes. L’écrivain Charles Péguy, lieutenant du 276e régiment d'infanterie incorporé au groupe de Lamaze, est tué à Villeroy ce 5 septembre[12]. Après des heures de combat dans la chaleur estivale, Lamaze installe pour la nuit une ligne entre Montgé, Iverny et Charny. Au soir, les Français ne se sont pas emparés des cibles visées et demeurent loin de l’Ourcq. Dartein réussit à prendre Saint-Soupplets dans un combat de nuit. Les Allemands, menacés sur leur droite par le 7e corps de Vautier, évacuent Monthyon et Penchard, dont Lamaze s’empare au matin du 6 septembre.

De son côté, le corps expéditionnaire britannique de French ne parvient pas à faire la jonction avec la 6e armée à Meaux pour envelopper l’ennemi. Réalisant la fatigue des Anglais (qui battent en retraite à marche forcée depuis deux semaines) et le danger présenté par la 6e armée, Kluck décide de concentrer ses forces sur les Français et d’envoyer deux corps soutenir le IVe de réserve[11]

Le 6 septembre 1914, comme tous les généraux, Beaudenom de Lamaze reçoit un ordre de Joffre resté dans les mémoires : « se faire tuer sur place plutôt que de reculer »[11]. Le haut commandement adverse donne des directives semblables. Le groupe de Lamaze, bravant l’artillerie ennemie sur plus d’un kilomètre, se confronte aux Allemands dans un terrible corps à corps à la baïonnette. Peu après midi, les renforts dépêchés par Kluck arrivent et interrompent l’avancée française. Trois groupes d’artillerie envoyés par Gallieni viennent renforcer le groupe de Lamaze. À la fin de la journée, il occupe la ligne Chambry-Marcilly. Les Britanniques ont quant à eux atteint Coulommiers.

Les combats reprennent le 7 septembre et la supériorité de l’artillerie lourde allemande se fait sentir. Gallieni rend visite au général de Lamaze sur les hauteurs de Monthyon, d’où il voit exploser les fameuses « marmites » allemandes (des obus de gros calibres libérant à l’impact une épaisse fumée noire, orange et violette)[13].

Dans la nuit du 7 au 8 septembre, la 7e division est acheminée vers le front pour se joindre au 7e corps d’armée (épisode des taxis de la Marne). La 45e division, composée de zouaves et de tirailleurs algériens et marocains, arrive également pour soutenir le groupe de Lamaze. Le 8 septembre, les combats font rage (à Acy pour le 7e corps et entre Étrépilly et Varreddes pour Lamaze). L’après-midi, les Britanniques avancent jusqu’à La Ferté-sous-Jouarre et contraignent au repli les Allemands, désormais menacés d’être pris en tenaille selon le plan de Joffre et Gallieni[11]. Le 9 septembre, pour couvrir sa retraite, le général von Kluck lance une contre-offensive qui enfonce l’aile gauche de la 6e armée (le 7e corps recule en subissant de lourdes pertes). Les craintes des Français sont dissipées au matin du 10 septembre par l’annonce de la retraite allemande.

Bataille de l’Aisne modifier

À la bataille de la Marne succède la « course à la mer ». Maunoury se lance à la poursuite de Kluck, qui marche vers le nord-est en direction de Soissons, jusqu’à traverser l’Aisne où est organisée une position défensive. Le 12 septembre, la 6e armée (renforcée par la 37e division et le 4e corps d’armée) commence à franchir l’affluent et se heurte à l’artillerie lourde allemande. Le 13 septembre, le génie parvient à dresser des passerelles devant Soissons et le groupe de Lamaze passe à son tour l’Aisne[14]. Kluck, qui obtient également de son côté de solides renforts, concentre ses troupes et résiste à la pression de la 6e armée. Devant l’échec de ses offensives, Maunoury compte sur le 13e corps d’armée, qui doit s’emparer de Noyon au nord-ouest, pour opérer une manœuvre d’enveloppement sur son aile gauche.

Le 16 septembre, sur l’aile droite, la brigade marocaine du groupe de Lamaze réussit à percer une partie des barrages ennemis au nord de Soissons. L’ordre est donné à ses hommes de fortifier leurs nouvelles positions, qui résistent le lendemain à une contre-offensive générale des Allemands sur l’axe Noyon-Soissons-Reims[14]. Le 18 septembre, alors que le terrain est alourdi par des pluies torrentielles, Maunoury détache le 4e corps d’armée et Joffre envoie la 2e armée du général de Castelnau afin de soutenir le 13e corps d’armée, submergé par l’ennemi autour de Noyon.

La 6e armée résiste à une nouvelle vague allemande le 20 septembre et reçoit l’ordre de se retrancher : c’est le début de la guerre de position. Maunoury ne se résout pas au blocage du front sur le chemin des Dames et prescrit une nouvelle offensive, qui échoue dans la boue et le brouillard. Les munitions commencent à manquer et l’on constate partout les progrès spectaculaires des travaux défensifs ennemis[14].

Beaudenom de Lamaze installe son quartier général au château de Belleu. Au cours des semaines suivantes, les officiers de l’état-major soulignent la nécessité de consolider la position française au nord de Soissons, en élargissant la percée réalisée par la brigade marocaine pour sécuriser cette partie du front. Lamaze exprime ses réticences, craignant qu’une telle attaque, faute de moyens, ne déclenche une contre-offensive immédiate qui mettrait en péril le maintien même de ses positions. Maunoury se rend à plusieurs reprises au château de Belleu pour tenter de le convaincre, mais Lamaze s’obstine à refuser toute opération de ce genre. Maunoury finit par s’en remettre au Grand Quartier général. Il confie alors au cryptologue Georges Painvin : « j’ai compris que mon pauvre ami de Lamaze vieillissait[8]. »

Le 21 novembre, le général de Lamaze est remplacé par le général Berthelot. L’offensive désirée a lieu la deuxième semaine de janvier 1915 et se solde, conformément aux prédictions de Lamaze, par un recul français et de lourdes pertes (Henri Barbusse écrit Le Feu en hommage à ses camarades tués pendant cette bataille). Convoqué pour s’expliquer après « l’affaire de Soissons » par le président de la République Alexandre Millerand, Joffre limoge à son tour Berthelot. Lamaze commande la zone sud du camp retranché de Paris jusqu’en décembre 1915 [5].

Dernières années modifier

Georges Painvin célèbre l’amitié fidèle du général de Lamaze, qui rendit fréquemment visite à Michel Maunoury, laissé aveugle et défiguré par un tir allemand en mars 1915. Plusieurs années après la mort de Maunoury, Lamaze confiera à Painvin n’avoir jamais discuté avec lui de l’affaire de Soissons après la bataille[15].

 
Le général de Lamaze devant le monument aux morts d’Étrépilly (9 septembre 1917)

Henri Beaudenom de Lamaze meurt le 14 décembre 1938 à son domicile du boulevard de la Reine, à Versailles. Son corps est inhumé au cimetière de Montmartre. Il était le grand-père de Jacques Beaudenom de Lamaze, compagnon de la Libération tué à la bataille de Bir-Hakeim.

Décorations modifier

Notes modifier

Voir aussi modifier

Références modifier

Côtes S.H.A.T.: 9 Yd 492

Liens externes modifier