Les Haras impériaux sont l'administration des Haras nationaux français à l'époque du Premier Empire (1804-1814), sous Napoléon Ier.

Napoléon avec ses généraux d'après une peinture de Ludwig Elsholtz, 1845.

Rétablissement des Haras modifier

 
Construction surplombant la grille d'entrée du Haras national de Montier-en-Der, créé en 1806 comme dépôt d'étalons sur décret impérial de Napoléon Ier.

La Révolution française ayant entraîné une forte consommation de chevaux militaires alors que les Haras royaux ont été supprimés par la Constituante[1], la loi du 2 germinal an III () avait rétabli provisoirement 7 dépôts d'étalons[2],[3].

Sur décision de Napoléon Ier, en 1802, une partie de l'abbaye du Bec-Hellouin devient un dépôt d'étalons rattaché au haras du Pin[4]. En , le site du haras du Pin, laissé à l'abandon depuis 1790, est réacquis avec une reconnaissance d'utilité publique[5]. Les haras sont officiellement rétablis le par un décret impérial, signé à Saint-Cloud[6].

De nombreux dépôts d'étalons et haras sont établis dans des bâtiments religieux confisqués durant la Révolution[7]. Napoléon confirme l'emplacement du dépôt d'étalons d'Angers (établi en 1797) dans l'Hospice des Incurables, et le choix de l'abbaye Sainte-Croix à Saint-Lô pour y établir un autre dépôt[4]. Le couvent des Visitandines d'Aurillac accueille des chevaux impériaux pour couvrir les départements du Cantal, du Puy-de-Dôme, et de la Haute-Loire[4]. En Bretagne, l'abbaye cistercienne de Langonnet est finalement choisie pour y établir le Haras impérial[4].

Décret de Saint Cloud modifier

Le décret place les Haras sous la tutelle du ministre de l'Intérieur, à savoir Jean-Baptiste Nompère de Champagny[8].

Il crée six arrondissements (et nomme six inspecteurs généraux[8]), ayant chacun un haras, ainsi que cinq dépôts d'étalons, de manière à couvrir toute la France. Ces six arrondissements sont le Nord (dépendant du haras du Pin), l'Ouest (haras de Langonnet), le Centre (Haras de Pompadour), le Midi (Haras de Pau-Gelos), l'Est (Haras de Turin) et le Nord-Est (haras de deux-Ponts[9],[7]). Ces deux derniers sont établis sur des territoires conquis militairement lors des guerres napoléoniennes[9].

Ce décret rattache aussi les deux écoles vétérinaires de Lyon et d'Alfort aux haras impériaux[2]. Chaque haras compte un directeur, un inspecteur, un régisseur et un vétérinaire, tandis que chaque dépôt est doté d'un chef de dépôt, d'un régisseur et un vétérinaire.

Les postes d'encadrement furent pourvus par des officiers de cavalerie.

Évolutions modifier

Le maillage change au cours des années suivantes. Deux autres arrondissement, correspondant à de nouvelles conquêtes militaires, y sont adjoints : l’arrondissement du Nord-Ouest dépendant du haras de Borculo en 1810, puis l'arrondissement de la confédération du Rhin dépendant du dépôt de Memsen, en 1813[7]. Les villes de Besançon et Rosières-aux-Salines, qui avaient jadis accueillies des Haras royaux (à partir de 1752 et 1768, respectivement), retrouvent leurs anciennes fonctions sous le Premier Empire, mais avec un rôle moins important[9].


La place des chevaux dans l'Empire napoléonien modifier

Les chevaux ont un rôle indispensable dans les conquêtes napoléoniennes. Les pur-sang arabes étaient les chevaux de choix pour la cavalerie des troupes. Par le biais des campagnes de l'empereur, ce type de cheval s'est retrouvé en Europe centrale et en Russie.

Entre 1800 et 1815, Napoléon, cavalier au style peu académique mais résistant et intuitif, possédait 1 730 chevaux réservés à sa monte personnelle. Le Vizir, petit arabe gris de 1,35 m, son plus célèbre cheval, a été empaillé et se trouve exposé en 2006 au Musée de l'Armée des Invalides[10].

Les écuries impériales, créées en 1803-1804, regroupent l'équipage de selle, l'équipage d'attelage et l'équipage de campagne ou des transports. Leur effectif crût rapidement jusqu’en 1808, pour se stabiliser autour de 500 chevaux. Les écuries impériales furent démantelées en partie à la fin de l’Empire.

Sélection des officiers des haras modifier

Il s'agit d'un recrutement aristocratique selon 4 catégories :

Tous étaient issus de la noblesse d'Ancien Régime, revenus d'immigration.

  • La seconde catégorie avait eu leur poste grâce à des liens familiaux avec des personnages de premier plan et des proches de l'Empereur ou des faits d'armes.
  • La troisième catégorie était constituée pour l'essentiel des chefs de dépôts de remonte recrutés parmi d'anciens officiers de cavalerie, d'anciens immigrés ou ex-préposés aux remontes.

Ces nominations étaient bien souvent très subjectives en fonction de la personnalité nobiliaire, de sa fortune ou de liens familiaux avec des préfets de départements chargés de la mise en œuvre des haras et dépôts.

  • La quatrième catégorie, pour des fonctions subalternes, était constituée de personnel de l'administration recruté au hasard et selon les caprices de la faveur. Ils y entraient sans études spéciales, sans vocation déterminée et souvent parce qu'ils étaient incapables d'entrer dans une autre carrière[réf. nécessaire].

Répartition des haras et des dépôts de remonte modifier

La France fut divisée en 6 arrondissements, regroupant 6 haras et 30 dépôts d'étalons avec une dotation de 2 000 000 francs qui sera diminuée de 200 000 francs entre les années 1810 à 1813 inclus.

À ces 6 arrondissements seront rajoutés deux autres :

  • Arrondissement de la confédération du Rhin : avec le dépôt de Memsen (Basse-Saxe) en 1813.

Les nominations modifier

Les inspecteurs généraux des haras modifier

Les inspecteurs des dépôts de remonte modifier

  • Général baron Jean-Baptiste Noirot (1768-1826), commande les dépôts de cavalerie de Burgos en 1808 et ceux d'Erfurth en 1813.
  • Général vicomte Claude Antoine Hippolyte de Préval (1776-1853), inspecteur général des dépôts de cavalerie dans la 5e division militaire et Commandant des dépôts de cavalerie de Versailles en 1814.
  • Général baron Frédéric Auguste de Beurmann (1777-1815), inspecteur général des dépôts de cavalerie dans la 5e division militaire (1811).
  • Général Gabriel Marie de Riccé (1758-1832), inspecteur des remontes entre 1809 et 1812 dans les 1re, 14e, 15e, 21e et 22e divisions militaires.
  • Général baron Louis Michel Antoine Sahuc (1755-1813), inspecteur général des dépôts de cavalerie et des hôpitaux entre le Rhin et l'Oder.
  • Général baron Anne-François-Charles Trelliard (1764-1832), inspecteur général des dépôts de cavalerie des 5e et 26e divisions militaires en 1807, puis commande successivement les dépôts de Vittoria, d'Aranda et de Mautern.

Les commandants des écuries impériales modifier

Les directeurs de haras modifier

Les chefs et directeurs de dépôts de remonte modifier

Notes et références modifier

  1. Guillotel 1985, p. 113 ; 247.
  2. a et b Bourgin et al. 2008, p. 2.
  3. Guillotel 1985, p. 251.
  4. a b c et d de Sainte Marie 2012.
  5. Guillotel 1985, p. 261.
  6. Guillotel 1985, p. 262.
  7. a b et c Bourgin et al. 2008, p. 3.
  8. a et b Guillotel 1985, p. 257.
  9. a b et c Bruneau 2017, p. 5.
  10. Catherine Bastide-Costes, « Le Vizir, cheval de Napoléon », dans Cheval Magazine, no 416 (juillet 2006)

Bibliographie modifier

  • [Bourgin et al. 2008] G. Bourgin, R. Marichal, Ph. Du Verdier, M. Claudel et A. Labat, Haras, élevage hippique (XVIIe siècle-milieu XXe siècle), Archives nationales, , 35 p. (lire en ligne)
  • [Bruneau 2017] Damien Bruneau, « Les villes des haras nationaux », Espaces et sociétés, vol. 168-169, no 1,‎ , p. 89 (ISSN 0014-0481 et 1961-8700, DOI 10.3917/esp.168.0089, lire en ligne, consulté le )
  • [Chebrou de Lespinats 2005] Olivier Chebrou de Lespinats (préf. Gérard Guillotel), Histoire des Haras sous le Premier Empire (1806-1815), suivi de notices biographiques et généalogiques des Inspecteurs Généraux, Directeurs de Haras et Chefs de dépôts de Remonte, Versailles, Mémoire & Documents, (ISBN 978-2-914611-40-4)
  • Olivier Chebrou de Lespinats, Hommes de Chevaux sous le Premier Empire, Annecy, All-Square Publication,
  • Olivier Chebrou de Lespinats, Hommes de Chevaux sous le Second Empire, Tome 1, Aix en Provence, Mémoire et Documents,
  • [de Sainte Marie 2012] Tanneguy de Sainte Marie, « Abbayes, couvents et monastères devenus dépôts d’étalons impériaux, royaux et nationaux », In Situ, no 18,‎ (ISSN 1630-7305, DOI 10.4000/insitu.9646, lire en ligne, consulté le )
  • [Guillotel 1985] Gérard Guillotel, Les Haras Nationaux, vol. 1, Éditions Lavauzelle, , 318 p. (ISBN 2-7025-0134-6).