Hamlet (opéra)

opéra d'Ambroise Thomas

Hamlet
Description de cette image, également commentée ci-après
Première affiche de l'opéra par Émile Vernier et Alphonse de Neuville
Genre opéra romantique
Nbre d'actes cinq
Musique Ambroise Thomas
Livret Michel Carré et Jules Barbier
Langue
originale
français
Sources
littéraires
Hamlet (1601), William Shakespeare
Création 9 mars 1868
Opéra Le Peletier, Paris

Personnages

  • Hamlet, baryton
  • Ophélie, fille de Polonius, soprano
  • Gertrude, reine de Danemark et mère d’Hamlet, mezzo-soprano
  • Claudius, roi de Danemark, basse
  • Laërte, fils de Polonius, ténor
  • Le Spectre du roi, basse
  • Marcellus, officier, ami d’Hamlet, ténor
  • Horatio, officier, ami d’Hamlet, basse
  • Polonius, basse

Airs

  • Duo « Doute de la lumière » (Hamlet, Ophélie), Acte I
  • Air « Sa main depuis hier » (Ophélie), Acte II
  • Air « O Vin dissipe la tristesse » (Hamlet), Acte II
  • Duo « Hamlet ma douleur est immense » (Gertrude, Hamlet), Acte III
  • Air « À vos jeux, mes amis... Et maintenant  » (Ophélie), Acte IV
  • Air « Le voilà, je crois l'entendre » (Ophélie), Acte IV

Hamlet est un opéra en cinq actes, sur une musique d'Ambroise Thomas et un livret de Michel Carré et Jules Barbier, créé à l'Opéra Le Peletier (Paris) le .

L'air le plus connu de cet opéra est celui issu de la scène de folie (« À vos jeux, mes amis ... Et maintenant ») qui s'achève sur la mort d'Ophélie (Acte IV). Cet air virtuose est régulièrement interprété en récital.

Œuvre modifier

Il ne faut pas chercher une adaptation fidèle de la pièce de Shakespeare dans cet Hamlet d’Ambroise Thomas, compositeur dont la gloire fut largement éclipsée par ses contemporains tels Fromental Halévy, Giacomo Meyerbeer ou Charles Gounod. L’adaptation, que firent de la célèbre pièce anglaise Jules Barbier et Michel Carré, est assez éloignée de l’original, mais elle pouvait paraître fidèle au public de l’époque qui appréciait surtout « la fièvre passionnée » dont il gratifiait Shakespeare en laissant de côté ses ambiguïtés et ses interrogations existentielles.

Composition modifier

 
Répétition de Hamlet de Ambroise Thomas en 1875 au Palais Garnier.

Ambroise Thomas, musicien officiel couvert d’honneurs, reprend là les principes du Grand Opéra historique à la française. Hamlet, ouvrage au style très académique, n’en est pas moins une réussite. L’art orchestral du compositeur joint à sa parfaite maîtrise de l’écriture vocale est à l’origine de très belles pages comme le duo d’amour entre Hamlet et Ophélie (« Doute de la lumière »), l’arioso de Gertrude, la scène du spectre ou la scène de folie. Le succès de Hamlet ne fut pas aussi grand que celui de Mignon (1866) qui resta jusque dans les années 1930 un des opéras français les plus joués dans le monde, assurant durablement la renommée d’Ambroise Thomas. Hamlet doit sa longévité à l’attrait que constitue le rôle éponyme pour tous les plus grands barytons.

Création modifier

Hamlet fut le dernier ouvrage créé à l’Opéra Le Peletier avant l’ouverture du Palais Garnier. La création a eu lieu à l'Opéra de Paris (salle Le Peletier) le , et l'œuvre sera donnée en 1870 à Londres, à la Royal Opera House, Covent Garden. Hamlet étant le grand succès d'Ambroise Thomas, avec Mignon, il sera mis en scène à Leipzig avec Minna Peschka-Leutner dans le rôle d'Ophélie en 1869[1], Budapest, Bruxelles, Prague, New-York, Saint-Pétersbourg, Berlin et Vienne dans les cinq ans qui auront suivi la première.

Rôle Tessiture Première, 9 mars 1868[2]

Direction : François George-Hainl

Hamlet, Prince du Danemark baryton Jean-Baptiste Faure
Ophélie, fille de Polonius soprano Christine Nilsson
Gertrude, Reine du Danemark et mère d'Hamlet mezzo-soprano Pauline Guéymard-Lauters
Claudius, Roi du Denmark basse Jules-Bernard Belval
Polonius basse Ponsard
Laërte, fils de Polonius ténor Collin
Marcellus, ami d'Hamlet ténor Grisy
Horatio, ami d'Hamlet basse Armand Castelmary
Le Spectre du Roi basse David
Premier fossoyeur bariton Gaspard
Second fossoyeur ténor Mermant

Argument[3] modifier

Acte I modifier

 
Christine Nilsson dans le rôle d'Ophélie lors de la création (gravure de Masson, 1868).

À la cour d’Elseneur, dans une salle du palais, on célèbre le mariage du roi Claudius avec la veuve de son frère, la reine Gertrude. Il vient d’hériter du trône et Hamlet, le fils du défunt roi, est troublé par le remariage précipité de sa mère. Le prince aime Ophélie (duo : « Doute de la lumière », cet air sera repris plusieurs fois par l'orchestre - leitmotiv) mais l’apparition du spectre de son père, qui lui apprend que Claudius l’a empoisonné, l’appelle à son devoir de vengeance (« Ombre chère, ombre vengeresse, j'exaucerai ton vœu! »).

 
Duo d'amour entre Ophélie et Hamlet au première acte.

Acte II modifier

Ophélie s’attriste du soudain changement de Hamlet (« Sa main depuis hier »). Elle confie ses craintes à Gertrude qui prend peur : Hamlet aurait-il découvert que son père a été assassiné ? Au cours d’un banquet (« O vin, dissipe la tristesse »), Hamlet invite une troupe de comédiens à jouer une pièce (premier solo de saxophone de l'histoire de l'opéra[4]) mettant en scène l’assassinat d’un roi. Claudius comprend la portée de l’accusation et quitte l’assemblée. Hamlet l’accuse publiquement du meurtre du roi. Ses gestes désordonnés donnent l’impression qu’il est en proie à la folie.

Acte III modifier

Hamlet médite sur la destinée humaine (monologue : « Être ou ne pas être »). Il apprend que Polonius, le père d’Ophélie, est complice du meurtre du roi. Quand la jeune fille se présente à Hamlet, il la renvoie sans ménagement, la condamnant au couvent. Puis il affronte violemment Gertrude, qu’il accuse tout en dialoguant avec le Spectre que sa mère ne peut voir (« Hamlet ma douleur est immense ») Gertrude pense que son fils est devenu dément. Elle est au désespoir.

Acte IV modifier

Entr'acte et Ballet. Ophélie, repoussée par Hamlet, erre dans la campagne. Elle a perdu la raison. Elle découvre une fête villageoise à laquelle elle commence par se joindre (valse : « À vos jeux, mes amis », début la scène de folie). Puis en se penchant au-dessus d’un fleuve (air : « Le voilà, je crois l'entendre », accompagné d'un Chœur à bouche fermée), elle perd pied et se noie en se remémorant les paroles qu'ils s'étaient échangés « Doute de la lumière ».

Acte V modifier

Fichier audio
Scène de la folie d'Ophélie (extraits)
noicon
par Nellie Melba (1907)
 
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Dans le cimetière d’Elseneur, on prépare la tombe d’Ophélie (chant des fossoyeurs). Hamlet, fuyant les assassins qui le poursuivent sur ordre de Claudius, observe ces préparatifs, plongé dans une sombre méditation (récitatif : « La fatigue alourdit mes pas », puis arioso : « Comme une pâle fleur »). Quand il se rend compte que c’est sa bien-aimée qu’on porte en terre, il veut la rejoindre dans la mort (« Dieu clément ! Unissez-nous ! »). Mais le spectre de son père réapparait pour lui rappeler son devoir. Hamlet tue Claudius et surmontant son désespoir, il se fait proclamer roi du Danemark.

Histoire des productions en France et à l'étranger modifier

Une tournée américaine en 1921, avec Titta Ruffo dans le rôle-titre, Virgilio Lazzari en Claudius et Cyren van Gordon en Gertrude, marquera la seule reprise de l'opéra au cours du XXe siècle, jusqu'aux années 1980.

À partir de 1985, l'intérêt vers Hamlet sera grandissant, avec une production à Toronto (1985), Vienne (1992–1994, 1996), Opera North (1995), Genève (1996), San Francisco (1996), Copenhague (1996 et 1999), Amsterdam (1997), Karlsruhe (1998), Washington (Concert Opera) (1998), Tokyo (1999), Toulouse puis Paris en 2000 dans une mise en scène de Nicolas Joel, sous la direction de Michel Plasson avec Thomas Hampson et Natalie Dessay, Moscou (2001), Prague (2002), Saint Louis (Opera Theatre) (2002), Londres (2003), Barcelone (2003), New York (2010), Washington (National Opera) (2010), Marseille (2010), Minnesota Opera (2013), Bruxelles (avec Stéphane Degout dans le rôle-titre, immense succès en 2013, sous la direction musicale de Marc Minkowski, dans une mise en scène d'Olivier Py).

Une nouvelle production, avec une mise en scène de Cyril Teste, triomphe à l'Opéra Comique à partir du (puis en 2022)[5]. Stéphane Degout reprend le rôle d'Hamlet tandis que Sabine Devieilhe fait ses débuts en Ophélie sous la direction musicale de Louis Langrée[6].

En 2023 à l'Opéra de Paris, Ludovic Tézier incarne Hamlet et Lisette Oropesa (ainsi que Brenda Rae pour 3 représentations) interprète Ophélie dans une mise en scène de Krzysztof Warlikowski[7].

Enregistrements CD et DVD modifier

Références modifier

  1. « Nouvelles Diverses - étranger », Le Ménestrel sur gallica,‎ , p. 150 (lire en ligne)
  2. Ambroise Music - University of Toronto, Jules Barbier et Michel Carré, Hamlet; opéra en cinq actes, Paris, Heugel, [n.d.] (lire en ligne)
  3. « Hamlet (Œuvre - Ambroise Thomas/Michel Carré) | Opera Online - Le site des amateurs d'art lyrique », sur www.opera-online.com (consulté le )
  4. (en) « Ambroise Thomas, the Father of Operatic Saxophone », sur the Operatic Saxophone, (consulté le )
  5. « Hamlet », Opéra Comique,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Hamlet renaît à l’Opéra Comique - Actualités - Ôlyrix », sur Olyrix.com (consulté le )
  7. « Hamlet - Opéra - Programmation Saison 22/23 - Opéra national de Paris », sur www.operadeparis.fr (consulté le )

Articles connexes modifier

Liens externes modifier