Hôpital d'instruction des armées Bégin

hôpital militaire situé à Saint-Mandé, France

L'hôpital d'instruction des armées (HIA) Bégin est un hôpital militaire situé au 69, avenue de Paris à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne, près de Paris. Il porte le nom de Louis Jacques Bégin (1793-1859), chirurgien militaire de l'Empire.

Hôpital d'instruction des armées Bégin
Image illustrative de l’article Hôpital d'instruction des armées Bégin
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L'hôpital Bégin (partie ancienne). Au sommet, la souche de cheminée d'aération de tout le corps central, ou « le plaisir d'exhiber la dimension pneumatique de l'équipement tout en contribuant à la richesse de son écriture »[1].
Présentation
Coordonnées 48° 50′ 37″ nord, 2° 25′ 36″ est
Pays Drapeau de la France France
Ville Saint-Mandé
Adresse 69, avenue de Paris
Fondation 1858
Site web Site officiel
Affiliation Service de santé des armées
Services
Nombre de lits 301
Spécialité(s) infectiologie, chirurgie orthopédique, cardiologie, endocrinologie
(Voir situation sur carte : Paris)
Géolocalisation sur la carte : Val-de-Marne
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Géolocalisation sur la carte : Paris et de la petite couronne
(Voir situation sur carte : Paris et de la petite couronne)
Géolocalisation sur la carte : France
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Historique

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Origines et construction

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L'hôpital Bégin résulte d'un décret de Napoléon III du pour suppléer à l'insuffisance des hôpitaux militaires parisiens du Val-de-Grâce et du Gros-Caillou qui avaient des difficultés à accueillir tous les blessés et invalides de la guerre de Crimée[2].

Le nouvel hôpital est construit en trois ans sur un terrain de cinq hectares (l'ancien site de la ménagerie royale du château de Vincennes), pour un coût de plus de deux milliards de francs de l'époque. Selon les plans symétriques du lieutenant-colonel Livet et du capitaine du génie Merland, il se compose de trois bâtiments disposés en forme de fer à cheval, avec cour d'honneur et bassin encadré de jardins. L'hôpital est inauguré le sous le nom d'hôpital militaire de Vincennes[2],[3].

Cet hôpital est considéré par ses contemporains comme « l'œuf de Colomb » de l'architecture hospitalière pavillonnaire. La simplicité du schéma adopté répond aux exigences d'aération (selon la théorie des miasmes), critères fondamentaux d'hygiène hospitalière de cette période[1].

Pour l'anecdote, l'Impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, lors d'une promenade équestre dans le bois de Vincennes aperçoit une statue de la Vierge honorée par les femmes désirant un enfant, Notre-dame-de-Lorette. Elle descend de cheval et prie la Vierge car elle avait déjà fait deux fausses couches. Quelques mois plus tard, le naissait un fils, qui sera leur fils unique, le prince Napoléon Eugène Louis. Pour sa naissance, une petite chapelle de style roman est alors bâtie dans le parc de l'hôpital en construction et la statue de la Vierge y est déposée[4]. Elle est toujours visible et entretenue au nord-ouest du parc de l'hôpital. Sur le fronton de l'hôpital Bégin est sculpté - en souvenir de cette naissance impériale - un berceau orné d'un aigle, symbole de Napoléon[2][1].

Évolution

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En 1894, la numérotation des salles est remplacée par des noms de « médecins et chirurgiens qui ont illustré la médecine militaire »[2].

 
Hôpital militaire Bégin, vers 1900.

Le , l'établissement prend le nom d'hôpital militaire Bégin, en hommage au chirurgien militaire Louis Jacques Bégin (1793-1859)[5]. Cette année là voit la création d'un laboratoire de bactériologie, suivie d'une salle d'honneur décorée par Adrien Karbowsky. L'éclairage électrique est installé en 1902[2].

Durant les années 1910 à 1912 est édifié un quartier des contagieux : trois pavillons pour les malades et un pour loger les infirmiers. Situés au nord-est du parc, éloignés des bâtiments principaux ils sont séparés par un mur de clôture. Après la guerre, en 1920, les capacités d'hospitalisation passent de 950 à 600 lits.

En 1923, une baraque de cinéma-théâtre est installée sur une pelouse pour donner aux patients et au personnel des « spectacles de bon goût », elle est supprimée en 1934[2].

Sous l'Occupation, le rez-de-chaussée est réquisitionné pour accueillir les soldats allemands blessés ; le drapeau français sur le fronton de l'hôpital est remplacé par celui de la Croix-Rouge. En août 1944, un bombardement allemand détruit le laboratoire de bactériologie[2].

En 1946 les pavillons des contagieux sont désinfectés et par décision ministérielle, le , le ministre de la Guerre décide l'implantation dans ces lieux d'un service de maternité. L'établissement est nommé hôpital militaire d'instruction Bégin en 1960, puis hôpital d'instruction des armées Bégin en 1967[2].

En 1964, un vaste bâtiment moderne en forme de croix est construit au sud de l'hôpital par l'architecte Laborie. Il est inauguré le par Michel Debré, alors ministre d'État chargé de la Défense nationale.

Modernisation du XXIe siècle

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Depuis 2002, l'établissement connaît une profonde mutation architecturale et fait l'objet d'importants travaux de rénovation et de modernisation, en répondant à un projet médical axé sur l'optimisation de la performance des services et la mise en conformité du bâtiment avec les normes actuelles (incendie, développement durable)[6].

Les travaux étaient prévus en trois phases, jusqu'en 2013 :

  • 1re phase : construction de la nouvelle aile Sud, regroupant les services des urgences, de l'imagerie médicale, le plateau de consultations externes (comprenant notamment les spécialités de gynécologie, cardiologie, exploration digestive, ORL et ophtalmologie), le plateau des laboratoires de biologie médicale et de pathologie, le service des maladies infectieuses et tropicales, le service de cardiologie et la pharmacie hospitalière[7] ;
  • 2e phase : aménagement de l'aile Ouest, et destruction de l'aile Nord[8] ;
  • 3e phase : restructuration de l'aile Est.

À la suite de ces travaux, l'hôpital passe à une capacité de 360 lits[9], dont 20 lits pour l'hospitalisation ambulatoire (hôpital de jour). Plus de 80 % des chambres sont individuelles et équipées d'un cabinet de toilette.

Après une dizaine d'année de travaux de rénovation, l'hôpital Bégin rénové est inauguré le 15 mars 2017 par le ministre Jean-Yves Le Drian. À cette occasion, une statue monumentale en cuivre (5 mètres de haut et pesant 2 tonnes) de René Leleu, située au Val-de Grâce, est transférée dans les jardins de l'hôpital Bégin[2].

Activités

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Insigne militaire de l'hôpital Bégin.

L'hôpital Bégin est géré par le Service de santé des armées et accueille à ce titre prioritairement le personnel militaire, mais participe également au service public hospitalier, puisqu'il est ouvert à tous les assurés sociaux (civils). En 2011, 80 % des patients sont des civils qui l'ont choisi pour des consultations ou des hospitalisations. Il est considéré comme un hôpital de proximité, grâce notamment à son service d'accueil et d'urgence ouvert 24 heures sur 24 pour les populations de Vincennes, Saint Mandé, Montreuil, Nogent-sur-Marne et la proche banlieue parisienne[3].

Le , l'hôpital accueille en chambre de confinement (avec une équipe soignante dédiée) le tout premier patient — une infirmière de nationalité française travaillant pour MSF au Liberia rapatriée par vol spécial — infectée par le virus Ebola durant l'épidémie qui sévit en Afrique de l'Ouest[10].

Jusqu'au , l'hôpital disposait d'un service « maternité » de seize lits[11], ce qui était une spécificité pour un hôpital militaire. Sa suppression a permis le transfert des services d'urologie, d'ophtalmologie et de chirurgie viscérale de l'hôpital du Val-de-Grâce[12],[13] fermé en 2016.

L'hôpital est spécialisé dans la chirurgie orthopédique, la cardiologie, et l'endocrinologie. Il dispose des techniques les plus modernes comme la chirurgie robotique[2]. L'hôpital emploie 1 000 personnes, dont 100 médecins.

Il est qualifié par la HAS de « haute qualité des soins ». C'est un hôpital expert de première ligne lors des conflits et des crises sanitaires (comme lors des attentats de 2015 et de la crise Covid). Les médecins militaires de l'hôpital font régulièrement des missions en zone de conflits sur différents continents, afin d'effectuer un retour d'expérience de terrain[2].

Activités générales

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Spécificités

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Notes et références

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  1. a b et c Pierre-Louis Laget et Claude Laroche, L'hôpital en France, Lyon, Lieux Dits, , 592 p. (ISBN 978-2-362190-54-4), p. 189 et 258.
  2. a b c d e f g h i j et k Patrice Bourée, « L'hôpital Bégin, de 1855 à nos jours », La Revue du Praticien, vol. 75,‎ , p. 111-114.
  3. a et b Magazine Vincennes Info, mars 2011, p.?.
  4. Médecin général Vittori, « L'hôpital des armées Bégin de sa création à nos jours » Revue historique de l'armée 1972;28(1):106-121
  5. Les bustes de Louis Jacques Bégin sont présents dans la salle des fêtes, ainsi que dans la chapelle de l'hôpital.
  6. Les précédents travaux effectués au sein de l'hôpital dataient des années 1970.
  7. L' aile Sud représente 25 000 m2, répartis sur six niveaux. Elle a été inaugurée en décembre 2011 par Gérard Longuet, alors ministre de la Défense, après 3 ans de travaux.
  8. Démolition prévue à l'automne 2012.
  9. Capacité pouvant monter à 431 lits en cas de crise.
  10. « Ebola : l'infirmière contaminée reçoit "des traitements expérimentaux" à l'hôpital Bégin », AFP-Le Point, 19 septembre 2014.
  11. « Maternité de l'Hôpital d'Instruction des Armées Bégin (public) », sur maternites.doctissimo.fr (consulté le )
  12. a et b « Val-de-Marne : la maternité de Bégin à saint-Mandé va fermer », Le Parisien,‎ (lire en ligne)
  13. « Saint-Mandé : c'est la fin de la maternité à l'hôpital Bégin », Le Parisien, 29 juin 2015.
  14. Coline Garré, « Menaces sur l'hôpital des Armées de Bégin : entre cris et chuchotement », Le Quotidien du médecin, 24 juillet 2012.

Liens externes

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