Guy-Marie Riobé

évêque français

Guy-Marie Riobé
Biographie
Nom de naissance Guy-Marie-Joseph Riobé
Naissance
Rennes
Ordination sacerdotale
Décès (à 67 ans)
Le Grau-du-Roi
Évêque de l'Église catholique
Ordination épiscopale par Pierre Veuillot
Évêque d'Orléans

Blason
Propter Jesum et Evangelium
(« à cause de Jésus et de l'Évangile »[1])
(en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Guy-Marie Riobé, né le à Rennes (Ille-et-Vilaine) et mort le au Grau-du-Roi (Gard), est un prêtre catholique français, nommé évêque d'Orléans le .

Biographie modifier

Né dans une famille bourgeoise et catholique d'Anjou, Guy Riobé est élevé dans une ambiance janséniste.

Entré au séminaire à 18 ans, il est ordonné prêtre 6 ans plus tard en [2] et est nommé professeur[3]. Il devient aumônier de la Jeunesse agricole catholique (JAC)[3] mais ressent que la plupart des jeunes qu'il rencontre ont reçu la même éducation que lui et ne s'interrogent guère sur leur foi : « Quand j'allais dans les camps de jeunesse, c'était surtout pour y confesser et pour y célébrer la messe »[4].

Sa rencontre en 1945 avec un jésuite, le père Monier, est un déclic dans sa façon d'aborder son sacerdoce[5].

Nommé vicaire général de l'évêché d'Angers[6], en par Henri Alexandre Chappoulie, il aide le syndicalisme et l'Action catholique ouvrière (ACO), puis rejoint les Fraternités des Petits Frères de Jésus[7].

En 1963, il est nommé par le pape évêque d'Orléans et participe au Concile Vatican II.

Marqué par la spiritualité de Charles de Foucauld, Guy-Marie Riobé est stimulé par sa rencontre avec les peuples d’Afrique et d’Amérique latine[7]. Ces rencontres lui font découvrir que « le christianisme est une fraternité, dans le partage et l'acceptation de la diversité des situations à travers le monde »[7].

Voulant être « Fils de l’Événement »[8], il s’efforçe de vivre l’Évangile d’abord.

En , Le Monde intitule l'article que G.-M. Riobé lui a adressé, « L'Église invitée au courage »[9]. En mars, en grande souffrance morale, il présente sa démission à Paul VI qui la refuse[10].

L'année suivante, en , Le Monde publie sa confession de foi, « Comme une flamme en appelle une autre ».

Le cadavre de Guy-Marie Riobé est retrouvé le sur une plage du Grau-du-Roi[11], victime d'une crise cardiaque en se baignant[12].

Engagements à propos de la Défense nationale modifier

En 1969, Guy-Marie Riobé comprend qu'il est aussi l'évêque de ceux dont l'Église est parfois si loin quand il témoigne au procès de trois objecteurs de conscience au tribunal d'Orléans[13],[14]. En , 3 000 personnes viennent écouter Hélder Câmara, évêque de Recife au Brésil, au Palais des sports d'Orléans et quelques semaines plus tard Guy-Marie Riobé soutient un jeûne de solidarité avec le Brésil contre la vente de Mirages français au régime dictatorial de ce pays. « Comment accepterions-nous de nous enrichir de la vente de ces armes à un pays où tant d'hommes sont privés de pain et de liberté ? »[15]. Dans une homélie prononcée le devant les membres du congrès départemental des anciens combattants victimes de la guerre et en présence du ministre des anciens combattants, Guy-Marie Riobé déclare : « Il serait en effet intolérable que les militaires soient victimes de l'incompréhension, voire de l'agressivité, des chrétiens au sein de nos communautés d'Église, il le serait tout autant d'en arriver à condamner sans appel ceux qui, par le moyen de la non-violence ou de l'objection de conscience, n'ont pas d'autre but que de faire leur le cri de plus en plus angoissé de l'humanité : Jamais plus la guerre »[16]. Il fait paraître dans la presse une déclaration datée du , intitulée "Non aux armes nucléaires"[17] : « Aucun intérêt politique ou économique d'aucun peuple ne saurait justifier l'emploi de la bombe atomique. Prétendre que c'est une force de dissuasion, c'est supposer qu'on a l'intention de s'en servir si l'on est attaqué. On n'a pas le droit de nourrir pareil projet »[18].

Cela entraîne une polémique à laquelle participent des clercs catholiques et protestants, des hommes politiques et « des militaires déçus ou exaspérés »[19]. L'amiral Marc de Joybert réplique à la télévision : « Eh bien ! moi, militaire au service de l'État, et donc au service du pouvoir politique, je dis halte-là, Messieurs de la prêtrise ! Voulez-vous, s'il vous plaît, vous mêler de vos oignons ! »[20],[21].

À son tour, l'abbé Albert Gau, ancien député, écrit : « Nous souhaitons qu'une immense clameur s'élève partout dans le monde contre cette monstruosité de l'arme nucléaire et nous espérons que la France donnera au monde un autre visage que celui d'aujourd'hui. »[22]. Jacques Maury, président du Conseil national de l'Église réformée de France s'interroge : « Faut-il accepter qu'il n'y ait aujourd'hui d'autres possibilités de vie commune pour la famille humaine que dans ce que l'on appelle « l'équilibre de la terreur » ? Le caractère insensé de l'expression même devrait suffire à nous contraindre à une sérieuse interrogation ! Et si vraiment une authentique « défense nationale » est à ce prix, ne faut-il pas d'urgence se demander s'il n'y a réellement pas d'autres possibilités de sécurité collective ? Les Églises sortent-elles de leur rôle de témoins de l'amour de Dieu pour tous les hommes en posant de telles questions ? »[23].

Le père Bruckberger fait appel à Charles Martel, Jeanne d'Arc et Charles Péguy et il dénonce : « C'est une imposture de l'esprit que de prétendre que, dans la circonstance concrète où, nous nous trouvons, la paix de la France, c'est-à-dire sa sécurité, passe par le désarmement nucléaire, tant que les deux superpuissances gardent intacts leurs armements nucléaires. »[24].

Œuvres (choisies) modifier

  • Guy-Marie Riobé, Projet d'Église : une Église libre qui ose, Paris, Éditions du Cerf, (OCLC 5604800)
  • Guy-Marie Riobé, La Passion de l'Évangile, Paris, Éditions du Cerf, (OCLC 5673281)
  • (de) Guy-Marie Riobé, Diskussion um den Priester : Briefe an Bischof Riobé, Salzburg, Otto Müller Verlag, (OCLC 1911432)
  • Guy-Marie Riobé et Olivier Clément, La liberté du Christ : entretiens avec Olivier Clément, Paris, Stock/Cerf, (OCLC 1819000)[25]
  • Guy-Marie Riobé, Lettres au père Riobé, Paris, Éditions du Cerf, (OCLC 1111603)

Bibliographie modifier

  • Jean-Marie Muller, Guy Riobé, Jacques Gaillot : portraits croisés, Paris, l'Harmattan, (OCLC 62130754).
  • Jean-François Six, Guy-Marie Riobé, évêque et prophète, Paris, Seuil, , 573 p. (ISBN 978-2-02-006150-6, OCLC 11398378)
  • Jean-François Six, Le Père Riobé : un homme libre, Paris, Desclée de Brouwer, (OCLC 23606394)
  • François Lefeuvre (dir.), Guy-Marie Riobé / Helder Camara - Ruptures et fidélité d'hier et d'aujourd'hui, Éditions Karthala, coll. « Signes des temps », (ISBN 978-2-8111-5045-7).

Références modifier

  1. Lefeuvre 2011, p. 15.
  2. (en) Bishop Guy-Marie-Joseph Riobé, Catholic Hierarchy. Consulté le 30 mai 2007.
  3. a et b Muller 2005, p. 18.
  4. R. L. Dumont, Les Prêtres subversifs, Éditions Labor, , p. 22.
  5. Six 1982, p. 74.
  6. Six 1982, p. 142.
  7. a b et c Josette Fournier, Charles de Foucauld : amitiés croisées, Coudray-Macouard, Editions Cheminements, , 271 p. (ISBN 978-2-84478-569-5, lire en ligne), p. 156-159
  8. Lefeuvre 2011, p. 16.
  9. Lefeuvre 2011, p. 237.
  10. François Lefeuvre (dir.), Guy-Marie Riobé, Helder Camara. Ruptures et fidélité d'hier et d'aujourd'hui, Khartala, (ISBN 978-2-8111-5045-7, lire en ligne), p. 54-55
  11. Philippe Liesse, « Penser les ministères ! : L'imagination n'est pas infidélité », sur paves-reseau.be (consulté le ).
  12. Henri Fesquet, « Un contemplatif au cœur de la vie », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. Voir le témoignage de Guy Riobé in Pierre Toulat, Des évêques face au problème des armes, Paris, Éditions du Centurion, , 167 p. (ISBN 2-227-31505-9 et 9782227315051, OCLC 842703, lire en ligne), p. 52
  14. Lefeuvre 2011, p. 49.
  15. « « Lorsque la France tolère un projet de vente de Mirage au Brésil, nous sommes atteints dans notre conscience d'hommes et de chrétiens » déclare Mgr Riobé, évêque d'Orléans. », Le Monde,‎
  16. « L'évêque d'Orléans: il convient de « dépasser l'idée que l'Église, comme l'armée, est un moyen privilégié de maintenir l'ordre dans la société » », Le Monde,‎
  17. Lefeuvre 2011, p. 236-237.
  18. Mgr Guy Riobé, « La France serait « grande » si elle renonçait à la bombe atomique, déclare Mgr Riobé », Le Monde,‎
  19. Jacques Isnard, « Des militaires déçus ou exaspérés », Le Monde,‎
  20. Communiqué de Guy Riobé et lettre ouverte de Marc de Joybert cités in Pierre Toulat, Des évêques face au problème des armes, Paris, Éditions du Centurion, , 167 p. (ISBN 2-227-31505-9 et 9782227315051, OCLC 842703, lire en ligne), p. 57
  21. « Mgr Riobé : quel est le sens de l'Église dans le monde d'aujourd'hui », Le Monde,‎
  22. L'Indépendant de Perpignan, 18 juillet 1973 cité par Albert Gau, « Une lettre ouverte de l'abbé Gau à l'amiral de Joybert », Le Monde,‎
  23. Réforme, 21 juillet 1973, cité par « Le pasteur Maury : l'Église peut-elle accepter « l'équilibre de la terreur » ? », Le Monde,‎
  24. Père Bruckberger, « La bombe et le goupillon », Le Journal du dimanche,‎
  25. Guy Riobé Radioscopie - Entretien avec Jacques Chancel - Radio France - 02/01/1975 (archives de l'INA).

Liens externes modifier