Gustave Nicolas Joseph De Ridder

ingénieur belge
Gustave De Ridder
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Gustave Nicolas Joseph De Ridder
Nationalité
Activités
Parentèle
Jean-Baptiste Vifquain (beau-père)
Pierre Simons (beau-frère)
Maurice Paléologue (petit-fils)
Gaston Carraud (petit-fils)
André De Ridder (d) (petit-fils)
Frederique de Ridder (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Distinctions

Gustave Nicolas Joseph De Ridder, dit Gustave De Ridder, né le à Bruxelles et mort le à Mée-sur-Seine (France), est un ingénieur des ponts et chaussées et un entrepreneur belge.

Pionnier des chemins de fer, il a notamment, avec son collègue et beau-frère Pierre Simons, étudié et réalisé le premier chemin de fer en Belgique de Bruxelles à Malines.

Biographie modifier

Naissance et formation modifier

Gustave De Ridder, de son nom complet Gustave Nicolas Joseph De Ridder, est né le à Bruxelles[1],[a]. Ses parents sont, Frédéric De Ridder (1767-1844) et Claire Bouniau (1770-1843)[2]. Son père Frédéric, est ingénieur, plus tard il sera le directeur des travaux du Pont-rails du Val-Benoît[3].

Il commence à travailler à 16 ans, année où il construit « une chaloupe de dix pieds de quille »[4].

À 17 ans, en , il entre dans le Génie militaire français, comme « conducteur » et « garde », il est attaché dans différentes places et notamment à Bréda[1]. En 1814, il a 19 ans lorsqu'il retourne à Bruxelles pour entrer dans l'administration du prince d'Orange Nassau. C'est, le qu'il rejoint le service des ponts et chaussées, qui dépend de la direction des travaux publics au commissariat général de l'Intérieur. Il accède, par un arrêté du , au grade d'aspirant ingénieur dans le corps du Waterstaat. Il quitte l'administration d'Orange en [5].

Ingénieur des ponts et chaussées modifier

Après avoir intégré le corps des ponts et chaussées en 1817, il évolue vers un poste où il fait fonction d'ingénieur, en , lorsqu'il est mis à disposition de l'ingénieur en chef de la Province de Brabant. Puis il change de secteur, en passant au Brabant-Septentrional, en , tout en ayant la même fonction, et c'est le qu'il accède à la fonction d'ingénieur titulaire du corps du Waterstaat. Il participe aux études puis à la construction du canal Bruxelles-Charleroi entre 1823 et la déclaration d'indépendance de la Belgique, en 1830[5].

Durant les journées de de la révolution belge, il est arrêté le 23 à Bruxelles, pour rébellion. Blessé, il réussit néanmoins à s'échapper après quelques jours d'enfermement[5].

Ses voyages d'études en Grande-Bretagne avec Pierre Simons et Jean-Baptiste Vifquain lui avaient permis d'observer les balbutiements du chemin de fer[6], et ils furent rapidement associés par le ministre de l'intérieur Charles Rogier aux projets de mise en place de ce mode de transport au sein de l'administration de la jeune Belgique. Ce sont De Ridder et Simons « qui conçurent le plan du réseau et en dirigèrent l'exécution »[7].

Par l'arrêté royal du , les deux « ingénieurs des ponts et chaussées de 1er classe, sont nommés directeurs des travaux de la route en fer, et rempliront, en cette qualité, les fonctions d'ingénieurs en chef »[8]. Ils sont commissionnés à l'étude de plusieurs lignes, notamment les chemins de fer de Paris à Bruxelles et de Francfort à Berlin[9].

Ingénieur et entrepreneur modifier

Le , l’État lui accorde à titre personnel un titre de concession sur une ligne de chemin de fer reliant Anvers (rive gauche) à Gand[10]. Il entreprend d'acquérir les terrains pour une première section reliant Saint-Nicolas à Anvers «Tête de Flandres», où un bac permet de rejoindre le centre-ville sur l'autre rive de l'Escaut. Il y fait circuler une locomotive et divers wagons de sa conception. L'ingénieur avait en effet également déposé divers brevets de perfectionnement du matériel roulant dont dériveront les locomotives dites «système De Ridder» dont la machine Pays de Waes est un exemplaire conservé par le patrimoine historique de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB) au musée Train World.

En 1845, il injecte l'ensemble des actifs de la ligne Anvers - Gand dans la Compagnie du chemin de fer d'Anvers à Gand par Saint-Nicolas et Lokeren, créée afin d'élargir le capital disponible[11].

Affaire du tunnel de Cumptich modifier

L'effondrement de ce tunnel le , alors que des travaux de doublement sont en cours, ne fait aucune victime, mais révèle que les ingénieurs chargés de la supervision des travaux n'ont pas suffisamment tenu compte de signaux inquiétants au niveau de la maçonnerie du premier pertuis de l'ouvrage (construit quelques années plus tôt). Il s'agissait notamment d'un problème de qualité sur le mortier utilisé pour certains tronçons, dont celui qui s'est effondré. En outre, la proximité des deux ouvrages et le maintient en exploitation du premier rendait l'entreprise particulièrement risquées. Enfin, le tunnel était construit "à la belge" ; d'abord la voute, ensuite les piédroits et enfin le radier, ce qui rajoute des contraintes de charge dans la section (particulièrement longue dans ce chantier) où la voute ne repose pas encore sur des piédroits. G. De Ridder n'était pas impliqué dans les travaux du second pertuis, mais il avait, à l'époque de la construction du premier pertuis, supervisé les travaux et signé les rapports de réception provisoires des différentes phases. Il s'était par ailleurs largement substitué à l'entrepreneur Borguet dans l'organisation et la supervision de ceux-ci (il s'agissait du premier ouvrage de ce type construit sur le réseau, l'expérience manquait manifestement chez tous les intervenants).

Une commission d'enquête parlementaire est diligentée. considérant que l'administration des ponts et chaussées ne pouvait être juge et partie dans cette affaire, elle s'appuie sur l'expertise de plusieurs ingénieurs du génie militaire[12].

Le , le jury du tribunal d'assises, ayant répondu «non» à toutes les questions, De Ridder et Borguet sont acquittés lors de l'audience. Après sept mois d'internement préventif, l'ingénieur et l'entrepreneur sont immédiatement remis en liberté[13].

Entrepreneur modifier

En 1846, il démissionne des ponts et chaussée et se consacre à ses autres projets, conseillant notamment encore plusieurs concessionnaires ferroviaires.

Décès modifier

Gustave De Ridder meurt le dans sa résidence du Mée-sur-Seine en France[1].

Constructeur de locomotives modifier

Gustave De Ridder a également conçu et construit des locomotives à vapeur, notamment en 1842 pour sa ligne d'Anvers à Gand. Des neuf machines, à écartement de 1,14 m qui ont circulé sur cette ligne, celle dénommée Pays de Waes, a été conservée d'abord au musée des chemins de fer à la gare de Bruxelles-Nord[14], et ensuite déplacée en 2014 pour rejoindre le nouveau musée Train World à Schaerbeek[15].

Publications modifier

  • avec Pierre Simons, Description de la route en fer à établir d'Anvers à Cologne : En traversant Duffel, Malines, Louvain, Tirlemont, Waremme, Liège, Verviers, Eupen, Aix-la-Chapelle, Duren et Cologne ; avec embranchement d'Anvers à Lierre, de Maline à Bruxelles, à Termonde et à Gand, de Tirlemont à Namur, etc. (Mémoire à l'appui du projet d'un chemin à ornières de fer à établir entre Anvers, Bruxelles, Liége et Verviers), Bruxelles, Th. Le Jeune, imprimeur-litographe, , 2e éd., 90 p., In-8, enrichi de huit cartes (BNF 31215130, lire en ligne).
  • avec Pierre Simons, Le Chemin de fer belge, ou Recueil des mémoires et devis pour l'établissement du chemin de fer d'Anvers et Ostende à Cologne, avec embranchement de Bruxelles et de Gand aux frontières de France, Bruxelles, Lacrosse et Cie, , 3e éd., 258 p., In-8 (BNF 31372038, lire en ligne).
  • Projets définitifs du tracé du chemin de fer d'Anvers à St Nicolas (Document cartographique), Bruxelles, , 1 p. (BNF 40742837, lire en ligne).

Distinctions modifier

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. À sa naissance, la ville est incluse dans le territoire français et elle le restera jusqu'en 1815, où elle est alors rattachée au royaume de Belgique dirigé par Guillaume-Frédéric d'Orange-Nassau jusqu'à la création de la Belgique indépendante en 1830 (Histoire de la Belgique).
  2. Dans la Base Léonore, il est référencé avec un s en terminaison de son nom et un seul prénom : « Cote LH/2327/13, Nom : RIDDERS DE, Prénoms : Gustave »[17].

Références modifier

  1. a b et c Moyaux 1907, p. 314.
  2. « Dictionnaire historique, généalogique et biographique (1807-1947) : BOCQUET Auguste Georges », sur Cour des comptes (consulté le ).
  3. Vifquain 1842, p. 445.
  4. Lavallée et Arntz 1846, p. 1297.
  5. a b et c Moyaux 1907, p. 315.
  6. Laffut 2012, p. 75.
  7. Henri Pirenne, Histoire de Belgique, vol. VII : De la révolution de 1830 à la Guerre de 1914, Bruxelles, Maurice Lamertin, , 416 p. (lire en ligne), Jusqu'en 1839, « Établissement des chemins de fer », p. 78.
  8. Belgique, Chemin de fer de l'état, Dépenses de l'Etablissement d'entretien et d'exploitation du premier Mai 1834, jour du commencement des Travaux, jusque au mois de Janvier 1837, Bruxelles, Remy, (lire en ligne), p. 174.
  9. Laffut 2012, p. 76.
  10. Laffut 2012, p. 77.
  11. Adolphe Demeur, 46 - « Compagnie du chemin de fer d'Anvers à Gand par Saint-Nicolas et Lokeren - Statuts », dans Les Sociétés anonymes de Belgique en 1857, collection complète des statuts, collationnés sur les textes officiels, avec une introduction et des notes, 1863, pp. 151-156 intégral (consulté le 26 juin 2012).
  12. M. Delfosse, rapporteur, « Chambre des représentants - N° 115 - Tunnel de Cumptich - Rapport à la commission d'enquête parlementaire. », , p. 781.
  13. Le journal, « Acquittement de MM. de Ridder et Borguet », Journal des chemins de fer, vol. 5, no 231,‎ , p. 740 (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Le musée des chemins de fer à Bruxelles-Nord », sur Centre national d'histoire des sciences, (consulté le ).
  15. « Un mur de Bruxelles-Nord percé pour déménager la Pays du Waes, plus vieille loco d’Europe », sur l'avenir.net, (consulté le ).
  16. Belgique, Recueil des lois, décrets, ordonnances et règlements, vol. 13, Bruxelles, Impr. du Moniteur belge, (lire en ligne), chap. 215 (« Arrêté par lequel les ingénieurs Simons et de Ridder sont nommés chevaliers de l'Ordre de Léopold »), p. 558.
  17. a et b « Légion d'honneur », base Léonore, ministère français de la Culture
  18. Belgique, Recueil des lois, décrets, ordonnances et règlements, t. XIV, Bruxelles, E. Bruylant., 1837 premier semestre (lire en ligne), chap. 627 (« Arrêté par lequel les sieurs Simons et de Ridder sont nommés officiers de l'ordre civil de Léopold »), p. 465.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

  • Jean-Baptiste Vifquain, Des voies navigables en Belgique : considérations historiques suivies de propositions diverses, ayant pour objet l'amélioration et l'extension de la navigation, Devroye, , 497 p. (lire en ligne).  .
  • Lavallée (dir.), Arntz (dir.) et al., « Cour d'assises du Brabant, présidence de M. le conseiller Kuleman : Affaire De Ridder et Borguet » (Verbatim judiciaire), La Belgique judiciaire : gazette des tribunaux belges et étrangers, Bruxelles, vol. 4,‎ , p. 1217-1252 et 1258-1382 (lire en ligne, consulté le ).  .
  • Ang. Moyaux, « Ridder (Gustave - Nicolas - Joseph De) », dans Biographie Nationale, t. 19 : Reingout - Romunde, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, , 495 p. (lire en ligne [PDF]), p. 316-318.  .
  • Michel Laffut, « Pierre Simons (1797-1843) : Pionnier des chemins de fer belges », Revue Les Cahiers nouveaux, SPW éditions, no 83 « Grandes figures en Wallonie »,‎ , p. 75-77 (lire en ligne, consulté le ).  .
  • (en) Greet De Block, « Infrastructure as mode of urban design : tracing Networks of Design in the Belgian Railway Project », dans Jonathan Glynne, Fiona Hackney, Vev Minton et al., Networks of Design : Proceedings of the 2008 Annual International Conference of the Design History Society (UK), Boca Raton, Universal Publishers, , 559 p. (ISBN 978-1-59942-906-9, lire en ligne), p. 225-232.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier