Gustave Droz

peintre, journaliste et romancier français
Gustave Droz
Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Cimetière du Père-Lachaise, tombeau de Droz (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Antoine Gustave DrozVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonyme
Gustave ZVoir et modifier les données sur Wikidata
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Signature

Gustave Antoine Droz, né le à Paris où il est mort le , est un peintre et romancier français, auteur notamment de Monsieur, madame et bébé qui connut un succès phénoménal en Europe et aux États-Unis dans les années 1870.

Il est l’un des premiers à mettre à l’honneur le personnage de l’enfant, du bébé (en usant de ce mot peu répandu dans les années 1870). Il dépeint fidèlement les préoccupations de ses contemporains en matière de vie familiale.

Sa vie et son œuvre modifier

Fils du sculpteur Jules-Antoine Droz et petit-fils du graveur Jean-Pierre Droz, il se prépare à l’École polytechnique, puis opte pour la peinture et fréquente l’atelier de François-Édouard Picot à l’École des beaux-arts. Entre 1857 et 1865, il expose au Salon des peintures de genre, exécutées dans un style que Jules Claretie qualifie d’« ironique et sentimental, comme ses futurs romans[1] ».

Invité ensuite à collaborer à la Vie parisienne, qui vient tout juste d’être lancée, il délaisse la peinture et signe sous le nom de « Gustave Z » une série de vignettes sur les petits secrets intimes de la vie familiale. Le succès est immédiat. Leur auteur est salué par un académicien comme « un raconteur exquis » et « un analyste pénétrant[2] ». En 1866, il réunit ses articles en un volume intitulé Monsieur, madame et bébé, dont la publication suscite un extraordinaire engouement. En Europe comme aux États-Unis, les ventes s’envolent. En France, pas moins de 121 éditions se succèdent entre 1866 et 1884. Aussi, toujours dans la même veine, il publie coup sur coup Entre nous en 1867 et Le Cahier bleu de Mlle Cibot en 1868.

Dans les années qui suivent, il fait paraître d’autres livres plus travaillés, « avec beaucoup d’esprit toujours, mais avec une pointe d’homélie[3] ». En 1884, il reçoit le prix Vitet de l’Académie française pour l'Ensemble de son œuvre poétique et littéraire et en 1885, à la mort d’Edmond About, il brigue un fauteuil à la même Académie. C’est alors que, pour lui barrer la route, on lui attribue un livre[4] qui est taxé d’obscénité. Soit par pusillanimité, soit pour d’autres raisons qu’on ignore, Droz laisse faire. Le fauteuil est attribué à Léon Say et Droz met fin à sa carrière d’écrivain.

« Toujours souriant, poli, accueillant, bon camarade, cet homme d’honneur et de talent, lorsqu’on lui demandait ce qu’il faisait, répondait :
— Je relis Les Lettres d’un dragon[5] !
— Mais c’est de votre fils !
— Oui, oui, Monsieur et Madame sont finis. C’est Bébé qui monte à présent[6] ! »

Il est inhumé, avec son père, au cimetière du Père-Lachaise[7].

Les critiques modifier

La vogue qui avait porté aux nues les romans de Droz se heurta très tôt à la condamnation de ses contemporains les plus éminents. Zola traita son œuvre de « merde à la vanille[8] ». Huysmans, en évoquant « l’art maladivement élégant du second Empire », ironisa sur « ce boudoir coquet où les dames de M. Droz flirtent à genoux et aspirent à des lunchs mystiques[9]. » Jules Renard s’indigna d’avoir été qualifié par un critique de « Gustave Droz no 2[10] » et déclara : « Il faut casser l’enfant en sucre que tous les Droz ont donné jusqu’ici à sucer au public[11]. » Dans une analyse à peine plus nuancée de ses romans, un historien de la littérature écrivait en 1881 :

« ... son véritable genre est celui de Crébillon fils, avec cette différence qu’il sait mieux gazer, pomponner, enrubanner ses gaillardises, comme on le reconnaît en examinant de près Entre nous, Monsieur, madame et bébé, Sous l’éventail, toutes ces fantaisies légères si bien accueillies dans leur nouveauté par des femmes qui s’estiment honnêtes. Ce peintre complaisant des vices aimables du Second Empire a sa physionomie spéciale parmi les écrivains de boudoir ; car, tout en servant comme des friandises les chapitres de mœurs les plus risqués, il sait assez bien garder la juste distance entre ce qu’il est possible de dire et ce que le bon goût, sinon la morale, ordonne de taire. C’est le plus ingénieux et le plus raffiné des réalistes. Du reste il a le coup d’œil de l’observateur ; il saisit avec sûreté les moindres traits de ce monde élégant envisagé par son côté le plus agréable, ses manies, ses gestes, ses travers, toutes ses petites passions. Pour dessiner ces bluettes fragiles, sa plume se fait alerte, capricieuse ; souvent même, elle pousse très loin l’amour du laisser-aller, mais cette négligence encore, au milieu d’une foule de saillies légères et de réflexions badines, revêt des airs de grâce naturelle et dégagée[12]. »

Quant au public, il n’attendit pas la fin du siècle pour se détourner de lui. Lorsqu’il mourut en 1895, une nécrologie parlait déjà de l’écrivain comme d’« un charmant conteur à demi oublié[13] ».

Galerie modifier

Œuvres modifier

Bibliographie modifier

Notes et références modifier

  1. Jules Claretie, La Vie à Paris : 1895, 1896, p. 291.
  2. Notice de l’académicien Camille Doucet parue en tête des éditions américaines de Monsieur, madame et bébé (propos retraduits de l’anglais).
  3. Jules Claretie, op. cit., p. 292.
  4. Édité par Auguste Poulet-Malassis et paru initialement en 1868, ce livre intitulé Un été à la campagne : correspondance de deux jeunes Parisiennes recueillie par un auteur à la mode était orné de gravures érotiques de Martin Van Maele.
  5. Il s’agit de l’unique publication de Paul Droz, fils de l’écrivain.
  6. Jules Claretie, op. cit., p. 293.
  7. 27e division Moiroux 1908, p. 136
  8. Ce mot d’Émile Zola a été rapporté par Henry James dans une lettre à Thomas Perry. Henry James rétorqua en qualifiant l’œuvre de Zola de « merde au naturel » (en français dans le texte). Cité par Tessa Hadley, Henry James and the Imagination of Pleasure, Cambridge University Press, Cambridge, 2002, p. 9.
  9. Joris-Karl Huysmans, Œuvres complètes, vol. VI, L’Art moderne, chap. XI, Le Salon de 1879, 1929, p. 95.
  10. Jules Renard, Journal, 1935, 9 novembre 1890.
  11. Ibid., 18 février 1890.
  12. Frédéric Godefroy, Histoire de la littérature française depuis le XVIe siècle jusqu’à nos jours, XIXe siècle, vol. II, Prosateurs, 1881, p. 110.
  13. Cité par Jules Claretie, op. cit., p. 290.

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