Guerre aux tyrans est une comédie en un acte et en vers, écrite en 1854 par Jules Verne et qui n'a jamais été représentée.

Argument modifier

Lucien de Sartan est doublement préoccupé : d'abord parce qu'il doit achever un rapport financier pour le prochain conseil royal ; mais surtout à cause d'un jeune homme qui lui a été recommandé par une lettre du père de son épouse Hortense et qui ne s'est toujours pas présenté alors que la reine a accepté de le prendre pour page.

Hortense, troublée par l'inquiétude de son mari, n'est guère rassurée par Demoiselle Angélique, la tante des époux, restée célibataire et affirmant son opposition aux hommes et son dégoût du mariage. Dès le début, la pièce semble placée sous le signe de la méprise ou du quiproquo. Hortense en vient à soupçonner son mari d'une injuste jalousie, et ce n'est pas l'interrogatoire de la servante Claudine qui contribue à éclaircir la situation.

Ne pouvant plus patienter, Lucien décide d'aller s'enquérir du futur page auprès de son beau-père à Château-Thierry ; après un faux départ, ayant suscité les pires craintes chez les deux femmes, le voilà enfin parti. Coup de théâtre : au moment du départ, un jeune homme a remis discrètement à Claudine une lettre pour Madame de Sartan ; c'est Innocent, le jeune homme attendu mais dont on ne découvrira l'identité qu'à la fin de la pièce. C'est d'abord Claudine qui l'accueille, puis Angélique qui lui donne une leçon de séduction, et enfin Madame de Sartan, résolue à se venger de son mari. Propos ambigus, quiproquos : Hortense, affolée, paraît pourchassée par un Innocent téméraire quand Angélique annonce le retour inopiné du mari... Double coup de théâtre : le vaudeville tourne à la farce. Hortense retrouve son mari, le page est reconnu et la vieille fille en est encore pour ses préjugés, la femme reste la victime de l'homme.

Les personnages modifier

  • Lucien de Sartan, secrétaire au Conseil royal
  • Hortense, sa femme
  • Demoiselle Angélique, leur tante
  • Ange-Juste-Innocent (rôle travesti)
  • Claudine, servante

La scène se passe sous Louis XVI.

Notes et commentaires modifier

Composée vers 1854, cette pièce n'est pas tout à fait celle d'un débutant, puisque la comédie Les Pailles rompues a déjà été jouée en 1850. Une sorte de vaudeville du temps des Onze sans femme, contenant une charge contre le mariage associée à une bonne dose de misogynie (à travers le personnage de Demoiselle Angélique)[1].

L'auteur n'est pas libéré de ses modèles, Molière[2] notamment, dont on soupçonne l'influence dans les personnages de la servante Claudine ou de la vieille fille aigrie, qui semble descendre de l'Armande des Femmes savantes. Un clin d'œil également à Beaumarchais, avec Ange-Juste-Innocent qui rappelle, par certains traits, le page du Mariage de Figaro.

Mais plus que les influences subies, c'est le rôle joué par le théâtre dans l'œuvre romanesque à venir qui importe ; cet art du dialogue et de l'intrigue qui permettra aux Voyages extraordinaires de traverser toutes les époques et tous les pays[3].

Références modifier

  1. Si la misogamie est un thème récurrent dans l'œuvre de Verne, encore que nombre de romans se finissent par un mariage, la misogynie y est bien moins répandue, car, contrairement aux déclarations de certains selon lesquels il n'y a pas de femme chez Jules Verne, idée reçue qui commence à se déliter, on s'aperçoit que le nombre de personnages féminins est très important et que ces femmes sont souvent placées dans des situations assez étonnantes pour l'époque (voir en particulier l'article d'Alexandre Tarrieu Femmes, je vous aime... in Revue Jules Verne 9. 2000.).
  2. Jules Verne ne cachait pas son admiration pour Molière et Shakespeare, et les bustes des deux grands dramaturges trônaient sur sa table de travail, selon les dires des journalistes venus lui rendre visite vers la fin de sa vie.
  3. Texte tiré en partie de la notice de Jacques Davy pour l'édition de la pièce in Théâtre inédit. 2005.