Grotte aux points d'Aiguèze

grotte ornée dans le Gard, France
Grotte aux points d'Aiguèze
Localisation
Coordonnées
Pays
France
Région
Département
Commune
Vallée
Localité voisine
Voie d'accès
boucle de sentier partant du GR 4
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
95 m
Longueur connue
110 m
Type de roche
Urgonien
Signe particulier
« points-paumes »
Occupation humaine
Découverte
points peints : 7 novembre 1993
Patrimonialité
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La grotte aux points d'Aiguèze, appelée grotte Yves jusqu'en 1993, est une grotte ornée du Paléolithique supérieur située sur la commune d'Aiguèze, dans le département du Gard, en Occitanie.

Situation modifier

La grotte se trouve dans les gorges de l'Ardèche, sur la rive droite (côté sud), à 7,7 km en amont de la grotte Chabot et 10 km en amont d'Aiguèze en suivant le cours de la rivière[1],[2]. Elle est presque en face de la structure rocheuse appelée « la Cathédrale »[3].

Elle s'ouvre à 95 m d’altitude sous une saillie de la falaise calcaire[4]. On peut s'en approcher en empruntant une boucle de sentier partant du GR 4[2].

Historique modifier

Elle est appelée « grotte Yves » jusqu'à l'authentification des signes peints par Jean Clottes en 1995 et son classement comme monument historique la même année[4].

Son porche a servi d'abri-bergerie, dont il reste un muret en pierres sèches[4]. Plus à l'intérieur, des activités d’extraction ont été exercées probablement entre la fin du XVIe et la seconde moitié du XIXe siècle[5].

Lors d’une sortie spéléologique le 7 novembre 1993, Éliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire repèrent des signes peints à l’ocre rouge dans les parties profondes de la cavité[4] (un an avant la découverte en décembre 1994[6] des peintures de la grotte Chauvet à 15 km en amont ou 7,6 km à vol d'oiseau[2]).

Depuis 2011, cette grotte ornée fait l'objet (aux côtés de la grotte des Deux-Ouvertures, de la grotte de la Tête du Lion et de la grotte Huchard) de recherches pluridisciplinaires dans le cadre du projet "Datation Grottes Ornées" (DGO) sous la direction de Julien Monney[7],[8].

Description modifier

Son porche, qui s'ouvre plein nord[9], est plutôt bas : seulement 3 m de hauteur ; sa largeur est de 13 m. C'est une « grotte-couloir », qui s'étend sur 108 m de longueur, au trajet orienté d'abord nord-sud puis est-ouest[10] (pour le détail de la topographie et autres caractéristiques, voir plus bas dans la section Cartographie).

Les activités d’extraction du XVIe au XIXe siècle ont encombré le sol de débris et de remblais formant des talus importants. Elles ont considérablement modifié la morphologie des volumes préexistants, ce qui complique d’autant la compréhension de l’espace et de son utilisation préhistorique[5].

Art pariétal modifier

Son ornementation pariétale, exclusivement rouge, présente de fortes affinités stylistiques avec l'ornementation des premières salles de la grotte Chauvet (signes bilobés, points-paumes, etc.).

Le bestiaire inclut trois bouquetins, un cheval et un bison. Les peintures comprennent en outre de nombreuses traces de couleur rouge, un tracé angulaire, deux signes bilobés semblables à ceux de la grotte Chauvet, et 59 ponctuations rouges[6].

Particularité des empreintes de mains : les dermatoglyphes modifier

Les empreintes de mains préhistoriques sont assez fréquentes dans les grottes ornées (Chauvet, Arcy, Gargas, el Castillo, las Manos, etc). Mais celles de la grotte aux Points présentent la particularité de posséder une importante série de dermatoglyphes, reconnus pour tels seulement en 2002 grâce aux sillons palmaires[11], ceci bien que ces taches de peintures aient été reconnues comme empreintes de paume dès 1998 à la suite de celles de la grotte Chauvet[6].

Des traces papillaires palmaires (équivalents des empreintes digitales pour les paumes de mains) ont été identifiées sur plusieurs empreintes de paume ocrées (ou « points-paumes ») laissées contre les parois au Paléolithique supérieur. Ces dermatoglyphes ont fait l'objet d'une analyse chiroscopique[12],[n 1]. Ce sont uniquement des empreintes de mains droites[12].

Protection modifier

La grotte est inscrite au titre des Monuments historiques depuis le [13]. Elle n'est pas ouverte à la visite.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. La chiroscopie, initiée par William James Herschel, est l'étude des empreintes palmaires, au même titre que la dactyloscopie qui est l'étude des empreintes digitales.

Références modifier

  1. Monney 2018, p. 2, fig. 1 : « Carte des gorges de l'Ardèche montrant la position de la grotte aux Points vis-à-vis des autres grottes ornées attribuées au Paléolithique supérieur ».
  2. a b et c « Situation de la grotte aux Points, carte interactive » sur Géoportail. Couches « Cartes IGN classiques » et « Hydrographie » activées. Les distances en ligne droite se mesurent avec l'outil « Mesurer une distance » dans l'onglet « Outils cartographiques » à droite (symbole de petite clé plate). La grotte, qui n'est pas signalée sur la carte, est à environ 450 m en amont (vers l'ouest) du rapide de la Pastière (indiqué sur la carte) et, selon Monney 2018, p. 2, fig. 1, à quelques petites dizaines de mètres en aval de la confluence du ruisseau de la combe des Pins (sur la rive opposée).
  3. Monney 2018, p. 4, photo 1 : « Vue des gorges de l’Ardèche à proximité de la grotte aux Points ».
  4. a b c et d [Palacio 2015] Pauline Palacio, Analyse métagénomique d’échantillons de carnivores du Pléistocène supérieur et de leur alimentation (thèse de doctorat en Sciences de la Vie et de la Santé, Université Paris-Saclay (thèse préparée à l’Université Paris-Sud), dir. Jean-Marc Elalouf), , 195 p. (lire en ligne [PDF] sur theses.fr), p. 76-78, p. 76.
  5. a et b Jaillet & Monney 2016, p. 114, fig. 1 (légende).
  6. a b et c Achtelik et al. 2019, p. 33 (« Introduction »).
  7. Monney et al. 2019.
  8. Monney et al. 2018.
  9. Palacio 2015, p. 77, fig. 28.
  10. Palacio 2015, p. 77.
  11. Achtelik et al. 2019, p. 34.
  12. a et b Achtelik et al. 2019, résumé.
  13. « Grotte aux points », notice no PA00135379, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • [Brunel et al. 2008] Éliette Brunel, Daniel Chailloux, Jean-Marie Chauvet, Alain Dugas, Christian Hillaire, Michel Raimbault, Michel Renda et S. Terres, « La grotte aux Points (commune d'Aiguèze, Gard) », Ardèche Archéologie, no 25,‎ , p. 23-28.
  • [Brunel, Chauvet & Hillaire 2015] Éliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire, La grotte Chauvet-Pont-d’Arc. Ses inventeurs racontent… et autres découvertes, La Massane, éditions de l'Équinoxe, , p. 212-214.
  • [Jaillet & Monney 2016] Stéphane Jaillet et Julien Monney, « La Grotte aux Points (Aiguèze, Gard) : Analyse géométrique des surfaces actuelles et évolution des volumes souterrains depuis le Paléolithique supérieur », Actes de la 25e Rencontre d'Octobre – Chalain 2015,‎ , p. 113-122 (lire en ligne [sur researchgate.net]).
  • [Monney et al. 2018] Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) : Petite sœur de la Grotte Chauvet, vol. 1 (Numéro spécial de Karstologia, no 72. Projet Datation Grottes Ornées (DGO)), 2e semestre 2018, 64 p., sur researchgate.net (lire en ligne).  
    • [Monney 2018] Julien Monney, « La Grotte aux Points d’Aiguèze, petite sœur de la grotte Chauvet, et les recherches menées dans le cadre du projet "Datation Grottes Ornées" », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), 2e semestre 2018, sur researchgate.net (lire en ligne), p. 1-12.
    • [Brunel, Chauvet & Hillaire 2018] Éliette Brunel, Jean-Marie Chauvet et Christian Hillaire, « La grotte aux Points d’Aiguèze : récits de découverte d’une ornementation pariétale », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), 2e semestre 2018, sur researchgate.net (lire en ligne), p. 13-14.
    • [Galant & Touron 2018] Philippe Galant et Stéphanie Touron, « La gestion d’une grotte ornée : l’exemple de la grotte aux Points », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 15-20.
    • [Ventajol 2018] Didier Ventajol, « Usages et fréquentations historiques de la grotte aux Points au travers des sources écrites », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), 2e semestre 2018, sur researchgate.net (lire en ligne), p. 21-26.
    • [Jaillet & Monney 2018] Stéphane Jaillet et Julien Monney, « Analyse 3D des volumes et remplissages souterrains de la grotte aux Points au temps des fréquentations paléolithiques (Aiguèze, Gard) », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), 2e semestre 2018, sur researchgate.net (lire en ligne), p. 27-36.
    • [Boccaccio 2018] Guillaume Boccaccio, « Résultats préliminaires de l’étude de la série lithique de la grotte aux Points : typologie et technologie », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), 2e semestre 2018, p. 37-44.
    • [Monney 2018] Julien Monney, « L’art pariétal paléolithique de la Grotte aux Points d’Aiguèze : Définition d’un dispositif pariétal singulier et discussion de ses implications », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (1re partie), Karstologia (no 72), 2e semestre 2018, sur researchgate.net (lire en ligne), p. 45-57.
  • [Monney et al. 2019] Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) : Petite sœur de la Grotte Chauvet, vol. 2 (Numéro spécial de Karstologia, no 73. Projet Datation Grottes Ornées (DGO)), , 64 p., sur researchgate.net (lire en ligne).
    • [Chanteraud et al. 2019] Claire Chanteraud, Émilie Chalmin, Stéphane Hœrlé, Hélène Salomon et Julien Monney, « Première étude comparative des matières colorantes issues des fouilles et des parois ornées de la Grotte aux Points », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (décembre 2018), Karstologia (no 73), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 1-12.
    • [Lateur et al. 2019] Nicolas Lateur, Jean-Baptiste Fourvel, Marcel Jeannet et Michel Philippe, « Comportements de subsistance paléolithiques et relations entre l’Homme et les Carnivores à la grotte aux Points (Aiguèze, Gard) », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (2e partie), Karstologia (no 73), , sur academia.edu (lire en ligne), p. 13-24.
    • [Philippe et al. 2019] Michel Philippe, Jean-Baptiste Fourvel, Nicolas Lateur, Laurent Bruxelles et Julien Monney, « Les indices de fréquentation de la grotte aux Points (Aiguèze, Gard) par les animaux, et notamment par l’ours des cavernes », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (2e partie), Karstologia (no 73), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 25-31.
    • [Achtelik et al. 2019] Marius Achtelik, Harald Floss, Michael Nagel et Julien Monney, « Analyse chiroscopique des points-paumes de la Grotte aux Points, Aiguèze, Gard », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (2e partie), Karstologia (no 73), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 32-40.  
    • [Monney, Boccaccio & Fernandes 2019] Julien Monney, Guillaume Boccaccio et Paul Fernandes, « Le bloc à cupule en silex de la Grotte aux Points d’Aiguèze : Analyse descriptive et mise en contexte d’un objet singulier », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (2e partie), Karstologia (no 73), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 41-48.
    • [Monney & Jaillet 2019] Julien Monney et Stéphane Jaillet, « Fréquentations humaines, ornementation pariétale et processus naturels : Mise en place d’un cadre chronologique pour la grotte aux Points d’Aiguèze », dans Julien Monney (dir.), La Grotte aux Points d’Aiguèze (Gard) (2e partie), Karstologia (no 73), , sur researchgate.net (lire en ligne), p. 49-62.

Cartographie modifier

  • Monney 2018, p. 2, fig. 1 : « Carte [du relief] des gorges de l'Ardèche montrant la position de la grotte aux Points vis-à-vis des autres grottes ornées attribuées au Paléolithique supérieur ».
  • Lateur, 2019, p. 14, fig. 1 : « Localisation de la grotte aux Points et des autres gisements mentionnés dans l'article », sur une carte du relief. Cette carte annotée reprend les grands sites indiqués dans la carte précédente, en distinguant les époques d'occupation préhistoriques (Paléolithique inférieur, moyen ou supérieur, et Épipaléolithique).
  • Jaillet & Monney 2016, p. 114, fig. 2 : Plan morphologique de la grotte.
  • Palacio 2015, p. 77, fig. 28 : Topographie de la Grotte-aux-Points (d'après Brunnel et al., 2008), dessin par Michel Renda. Plan annoté indiquant les positions des peintures rupestres.

Articles connexes modifier

Liens externes modifier