Grand Prix de la montagne du Tour de France
Sport | Cyclisme sur route |
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Création | 1933 |
Éditions | 84 (en 2023) |
Catégorie | Meilleur grimpeur |
Type / Format | Course à étapes |
Lieu(x) |
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Directeur | Christian Prudhomme |
Tenant du titre |
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Plus titré(s) |
![]() (7 victoires) |
Le Grand Prix de la montagne du Tour de France récompense le meilleur grimpeur du Tour de France. Créé en 1933, il est caractérisé depuis 1975 par le port du maillot blanc à pois rouges.
Histoire Modifier
Le classement de la montagne est calculé pour la première fois en 1933. Le vainqueur, Vicente Trueba, passait la majorité des sommets en tête. Néanmoins, il était mauvais descendeur et ne tirait aucun titre de ses ascensions. Le directeur du Tour de France, Henri Desgrange, décida que les coureurs atteignant les premiers les sommets devraient être récompensés. À partir de 1934, l'écart entre le premier et le second à un sommet est attribué en bonification au premier. Cette bonification disparaît plus tard, mais le classement de la montagne demeure.
Malgré une reconnaissance depuis 1933, le meilleur grimpeur ne porte un maillot distinctif qu'à partir de 1975. Ses couleurs, blanc à pois rouges, sont, selon une idée répandue, attribuées par le sponsor de l'époque, Chocolat Poulain. Il s'agit en fait d'un hommage de Félix Lévitan, alors directeur du Tour, qui décide de reprendre la tenue d’Henri Lemoine, très bon pistard des années 1930, et dont les couleurs lui avaient valu le surnom de «P’tits pois»[1]. Depuis, même si le sponsor du maillot a changé, l'apparence est restée la même.
De 1993 à 2008, le maillot à pois est sponsorisé par Champion, filiale de Carrefour, puis ce dernier prend le relais jusqu'en 2018[2].
Depuis 2019, c'est une autre enseigne de grande distribution qui sponsorise le Grand Prix de la montagne : E.Leclerc[3]. Le partenariat court jusqu'en 2028[4].
Attribution des points Modifier
Lors des ascensions du Tour, des points sont attribués aux premiers coureurs atteignant le sommet. Les côtes sont réparties en cinq catégories basées sur leur difficulté et correspondant à une échelle de points. Les moins difficiles sont classées en 4e catégorie, les plus dures en « hors catégorie ». Les côtes « hors catégorie » se voyaient attribuer auparavant une échelle de points spécifique à chacune d'entre elles. Depuis les années 1980, elles correspondent à une catégorie à part entière au-dessus de la 1re catégorie.
Depuis la dernière modification du barème en vue du Tour de France 2017 et en place depuis, l'attribution des points est la suivante :
Type de côte / Place | 1er | 2e | 3e | 4e | 5e | 6e | 7e | 8e |
---|---|---|---|---|---|---|---|---|
Hors catégorie | 20 | 15 | 12 | 10 | 8 | 6 | 4 | 2 |
1re catégorie | 10 | 8 | 6 | 4 | 2 | 1 | ||
2e catégorie | 5 | 3 | 2 | 1 | ||||
3e catégorie | 2 | 1 | ||||||
4e catégorie | 1 |
En cas d'égalité de points entre deux coureurs au classement général final, le coureur ayant obtenu le plus grand nombre de places de premier au sommet des cols hors catégorie est déclaré vainqueur. Si l'égalité demeure, le coureur ayant obtenu le plus grand nombre de places de premier au sommet des cols de première catégorie est déclaré vainqueur, et ainsi de suite jusqu'aux montées de 4e catégorie, puis enfin par le classement général individuel au temps en cas d'égalité absolue. Pour être déclaré vainqueur du classement de la montagne, le coureur doit terminer le Tour de France.
Points doublés sur certains cols Modifier
Au cours des années 2000, l'organisation du Tour de France a décidé de doubler les points attribués en haut de certaines ascensions au cours de l'épreuve :
- Entre les Tours de France 2004 et 2010, les points de la montagne attribués lors de la dernière difficulté de l’étape étaient doublés (si celle-ci est au moins de 2e catégorie). Un système similaire a été utilisé en 2018, mais uniquement sur les étapes du dernier massif traversé (dans ce cas, les Pyrénées).
- De 2011 à 2016, les seules côtes à bénéficier d’un doublement des points sont celles ayant le sommet coïncidant avec une arrivée d’étape (également si celle-ci est au moins de 2e catégorie). Cela ne fonctionne pas pour des étapes où le dernier sommet du GPM est fixé un peu avant l'arrivée, comme la côte de la Croix Neuve à Mende où le sommet est situé à 2 km de l'arrivée.
- En 2017, puis entre 2019 et 2021, les points sont doublés uniquement sur des cols hors catégorie, avec des critères variables selon l'année :
En 2022, aucun doublement des points n'est accordé sur l'ensemble de l'épreuve, du fait que le maillot se jouait trop souvent sur les points doublés à l'arrivée au sommet d'une ascension majeure, généralement remportée par un coureur jouant le classement général[5].
Critiques du système Modifier
Depuis les années 1990, le système de distribution des points subit quelques critiques[6]. Lucien Van Impe, vainqueur à six reprises, déplore que le maillot du meilleur grimpeur soit dévalué. Il est remporté par des cyclistes qui n'ont aucun espoir de remporter le classement général et qui sont donc autorisés à s'échapper et à accumuler des points dans les échappées. Cette tactique a été lancée par les cyclistes comme Richard Virenque et Laurent Jalabert, même si, selon Van Impe, ceux-ci possédaient de vraies qualités de grimpeur. Van Impe a proposé d'accorder des bonus de temps pour rendre ce classement plus attractif[7].
Ces critiques ont amené à réformer le système :
- à partir de 2004, à doubler les points de certaines difficultés selon la proximité avec la fin d’étape ;
- à réduire (la dernière fois en 2011) le nombre de points distribués dans les côtes de moindre difficulté par rapport aux pentes les plus dures.
Le fait qu'Anthony Charteau remporte le classement de la montagne du Tour 2010 a incité certains observateurs à "demander une révision de l'attribution des points", Charteau étant un modeste grimpeur, très loin du niveau des cadors du classement général comme Alberto Contador ou Andy Schleck. Le Français se défend en répondant que le classement de la montagne récompense ceux qui sont "[passés] le plus souvent en tête des cols". Il estime que cette victoire lui a été possible par une baisse du dopage, "[ouvrant] la porte à d'autres coureurs" comme lui. En effet, certains de ses prédécesseurs comme Michael Rasmussen ou encore Bernhard Kohl ont été rattrapés par la patrouille[8].
Les critiques sur l'attribution des points font leur retour mais dans le sens inverse en 2020 et 2021 : en effet, le vainqueur du classement de la montagne n'est autre que Tadej Pogačar, également vainqueur du classement général (et de celui des jeunes en raison de son âge), remportant ainsi trois maillots distinctifs sur quatre. Alors que des coureurs comme Benoît Cosnefroy, Richard Carapaz puis Wout Poels, Nairo Quintana et Michael Woods ont joué ce classement tout au long de la compétition, c'est finalement le jeune Slovène qui l'emporte sans avoir fait de ce maillot à pois un véritable objectif : ses victoires d'étape au sommet où les points étaient doublés ont fait la différence en sa faveur. Cela amène l'organisation à retirer le système des points doublés en 2022. Malgré ce changement de règlement, le vainqueur du classement général, cette fois-ci Jonas Vingegaard, s'adjuge à nouveau le classement de la montagne, tandis que Simon Geschke, qui a été comparé à Anthony Charteau, a longtemps été en tête du classement[9].
Palmarès Modifier
Meilleur grimpeur Modifier
Entre 1905 et 1932, le journal L'Auto désigne lors de chaque édition le meilleur grimpeur du Tour. Ce titre n'est pas donné par l'organisation de la course, il n'est pas reconnu officiellement. Cependant, il est un prédécesseur direct du classement de la montagne mis en place en 1933.
- 1905 : René Pottier
- 1906 : René Pottier
- 1907 : Émile Georget
- 1908 : Gustave Garrigou
- 1909 : François Faber
- 1910 : Octave Lapize
- 1911 : Paul Duboc
- 1912 : Odile Defraye
- 1913 : Philippe Thys
- 1914 : Firmin Lambot
- 1919 : Honoré Barthélémy
- 1920 : Firmin Lambot
- 1921 : Hector Heusghem
- 1922 : Jean Alavoine
- 1923 : Henri Pélissier
- 1924 : Ottavio Bottecchia
- 1925 : Ottavio Bottecchia
- 1926 : Lucien Buysse
- 1927 : Michele Gordini
- 1928 : Victor Fontan
- 1929 : Victor Fontan
- 1930 : Benoît Faure
- 1931 : Jef Demuysere
- 1932 : Vicente Trueba
Grand Prix de la montagne Modifier
Avant 1975, le Grand Prix de la montagne ne donnait pas lieu à l'attribution d'un maillot distinctif.
Classement des vainqueurs Modifier
Par coureur Modifier
Rang | Nom | Pays | Victoires | Années |
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1 | Richard Virenque | France | 7 | 1994, 1995, 1996, 1997, 1999, 2003, 2004 |
2 | Federico Bahamontes | Espagne | 6 | 1954, 1958, 1959, 1962, 1963, 1964 |
Lucien Van Impe | Belgique | 6 | 1971, 1972, 1975, 1977, 1981, 1983 | |
4 | Julio Jiménez | Espagne | 3 | 1965, 1966, 1967 |
5 | Félicien Vervaecke | Belgique | 2 | 1935, 1937 |
Gino Bartali | Italie | 2 | 1938, 1948 | |
Fausto Coppi | Italie | 2 | 1949, 1952 | |
Charly Gaul | Luxembourg | 2 | 1955, 1956 | |
Imerio Massignan | Italie | 2 | 1960, 1961 | |
Eddy Merckx | Belgique | 2 | 1969, 1970 | |
Luis Herrera | Colombie | 2 | 1985, 1987 | |
Claudio Chiappucci | Italie | 2 | 1991, 1992 | |
Laurent Jalabert | France | 2 | 2001, 2002 | |
Michael Rasmussen | Danemark | 2 | 2005, 2006 | |
Rafał Majka | Pologne | 2 | 2014, 2016 | |
Tadej Pogačar | Slovénie | 2 | 2020, 2021 |
Par pays Modifier
Rang | Pays | Coureur avec le plus de victoires par pays | Dernier vainqueur | Victoires |
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1 | France | Richard Virenque (7) | Romain Bardet (2019) | 23 |
2 | Espagne | Federico Bahamontes (6) | Samuel Sánchez (2011) | 18 |
3 | Italie | Gino Bartali, Fausto Coppi, Imerio Massignan et Claudio Chiappucci (2) | Giulio Ciccone (2023) | 13 |
4 | Belgique | Lucien Van Impe (6) | Lucien Van Impe (1983) | 11 |
5 | Colombie | Luis Herrera (2) | Nairo Quintana (2013) | 5 |
6 | Danemark | Michael Rasmussen (2) | Jonas Vingegaard (2022) | 3 |
7 | Luxembourg | Charly Gaul (2) | Charly Gaul (1956) | 2 |
Pays-Bas | Steven Rooks et Gert-Jan Theunisse | Gert-Jan Theunisse (1989) | ||
Pologne | Rafał Majka (2) | Rafał Majka (2016) | ||
Royaume-Uni | Robert Millar et Christopher Froome | Christopher Froome (2015) | ||
Slovénie | Tadej Pogačar (2) | Tadej Pogačar (2021) | ||
12 | Suisse | Tony Rominger | Tony Rominger (1993) | 1 |
Liste des sponsors Modifier
- 1975 - 1978 : Chocolat Poulain
- 1979 - 1981 : Campagnolo
- 1982 - 1984 : Chocolat Poulain
- 1985 - 1989 : Café de Colombia
- 1990 : peinture Ripolin
- 1991 - 1992 : Coca-Cola Light
- 1993 - 2008 : supermarchés Champion (filiale de Carrefour)
- 2009 - 2018 : hypermarchés et supermarchés Carrefour
- À partir de 2019 : hypermarchés E.Leclerc
Références Modifier
- « Tour de France 2023 : pourquoi le maillot du meilleur grimpeur est blanc à pois rouges », sur LEFIGARO, (consulté le )
- Site officiel du Tour de France
- « Tour de France: E.Leclerc sponsor du maillot à pois à partir de 2019 », sur lesechos.fr, (consulté le )
- [1]
- Gaspard BREMONT, « Tour de France 2022. Pourquoi les points n’ont pas été doublés dans les cols cette année ? », sur ouest-france.fr, (consulté le )
- Tour de France: des pois dévalués sur sportmagazine.levif.be
- (en) Tour de France: Lucien Van Impe criticises polka dot mountains jersey classification sur velonation.com
- « Anthony Charteau: «Un niveau plus égal parce qu'il y a moins de dopage» », sur www.20minutes.fr (consulté le )
- « Les débats du Tour : Les Français peuvent-ils faire une croix sur le podium ? Mercredi ou jeudi pour lâcher Vingegaard ? », sur eurosport.fr,
- Le règlement de l’époque n’obligeait alors pas à terminer l’épreuve pour être classé dans ce classement annexe.
- Bernhard Kohl est déclassé de ce prix pour dopage. Selon le règlement antidopage alors en vigueur, l'UCI réattribue le prix à Sastre même si le Tour de France le laisse sans vainqueur dans sa documentation.
- Franco Pellizotti est déclassé de ce prix pour violation des règles antidopages. Selon le règlement antidopage alors en vigueur, l'UCI réattribue le prix à Martínez même si le Tour de France le laisse sans vainqueur dans sa documentation.