Gouvernement De Wever
Le gouvernement De Wever est le gouvernement fédéral du royaume de Belgique depuis le , sous la 56e législature de la Chambre des représentants.
Roi | Philippe |
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Premier ministre | Bart De Wever |
Élection | 9 juin 2024 |
Législature | 56e |
Formation | |
Durée | 4 mois et 9 jours |
Coalition |
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Ministres | 15 |
Femmes | 4 |
Hommes | 11 |
Chambre des représentants |
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Sénat |
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Il s'agit du premier gouvernement fédéral belge à être dirigé par un nationaliste flamand.
Historique du mandat
modifierCe gouvernement est dirigé par le nationaliste néerlandophone Bart De Wever. Il est constitué et soutenu par une coalition dite « Arizona »[a] entre la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), le Mouvement réformateur (MR), Les Engagés, Vooruit et les Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V). Ensemble, ils disposent de 81 représentants, soit 54 % des sièges de la Chambre des représentants.
Il est constitué 239 jours après les élections législatives fédérales du .
Il succède donc au gouvernement du libéral néerlandophone Alexander De Croo, constitué et soutenu par le Parti socialiste (PS), les Christen-Democratisch en Vlaams, l'Open Vlaamse Liberalen en Democraten (Open VLD), le Mouvement réformateur, Vooruit, Ecolo et Groen.
Première mission de Bart De Wever
modifierAu cours des élections législatives, la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA) conserve son statut de première force politique flamande et nationale, tandis que le Mouvement réformateur (MR) devance le Parti socialiste (PS) comme premier parti francophone et que les partis écologistes sont sanctionnés. Dans son ensemble, la coalition Vivaldi perd sa majorité[1].
Le , le roi Philippe confie à Bart De Wever, président de la N-VA une mission d'information, à la suite de deux jours et demi de consultation des différentes forces politiques[2]. Il est nommé préformateur le , afin d'explorer plus en profondeur la possibilité d'une coalition « Arizona » entre la Nieuw-Vlaamse Alliantie, le Mouvement réformateur, Les Engagés, Vooruit et les Christen-Democratisch en Vlaams (CD&V)[3]. Chargé le d'une mission de formateur[4], Bart De Wever renonce le en raison de désaccords entre les cinq partis[5].
Le même jour, le roi consulte les dirigeants des partis pressentis pour former la majorité « Arizona », puis charge le président des Engagés Maxime Prévot d'une mission de médiation, avec pour mission de rapprocher les points des vues des différentes formations pour tenter de reprendre les négociations[6]. Maxime Prévot remet son rapport le , après quoi le roi Philippe rappelle Bart De Wever comme formateur, le médiateur ayant constaté la volonté des partis de reprendre les négociations[7].
Deuxième mission de Bart De Wever
modifierBart De Wever remet de nouveau sa démission au monarque le du fait de l'absence d'entente entre les partis impliqués, mais le roi se donne le temps de l'accepter et charge le formateur de mener de nouvelles consultations jusqu'au [8]. À cette date, Bart De Wever est confirmé dans sa mission de formation[9]. Il annonce le , après une session de négociations ininterrompue de 60 h et près de sept mois et demi après les élections fédérales, la conclusion d'un accord de coalition[10]. Ce contrat est ratifié le par Vooruit et le lendemain par le reste des partis[11].
Les noms des ministres sont dévoilés par les différents partis entre le et le [12]. Pressenti comme ministre de l'Intérieur, le président du MR Georges-Louis Bouchez indique le qu'il n'entrera pas au gouvernement afin de conserver la direction de son parti[13]. L'arrêté royal de nomination est publié ce même [14]. Le , le titre de la ministre Matz est légèrement modifié par un arrêté royal publié le 27 du même mois avec effet rétrocatif à la prestation de serment[15].
Une partie de l'opposition critique le faible niveau de féminisation du nouvel exécutif, qui intègre quatre femmes contre onze hommes, dont aucune ne siège au sein du kern, le Conseil des ministres restreint aux seuls vice-Premiers ministres. La ministre de la Justice Annelies Verlinden dit regretter en 2025 l'image d'un kern « exclusivement masculin ». Bart De Wever considère que c'est « inattendu et dommage » et que « ce n’est pas élégant » mais que « ça peut arriver ». Cette situation tranche avec le gouvernement précédent, totalement paritaire dans sa composition et au niveau des ministres, et qui intégrait initialement deux femmes au sein du kern[16]. La ministre de la Modernisation publique Vanessa Matz juge à son tour le que l'absence de femme au kern n'est « pas normal », reprochant aux partis politiques de ne pas avoir « fait le job » et proposant de réfléchir à l'instauration de quotas au Conseil des ministres comme il en existe dans les collèges communaux[17].
Assermentation et vote de confiance
modifierLe Premier ministre et les 14 ministres prêtent serment et entrent en fonction le au palais royal, devant le roi Philippe[18]. C'est la première fois qu'un nationaliste flamand prend la direction du gouvernement fédéral belge[19]. Le , après 40 heures de débat parlementaire, la Chambre des représentants accorde sa confiance au gouvernement par 81 voix pour, 66 voix contre et 3 absents[20].
Accord de gouvernement
modifierIdéologie
modifierL'accord de gouvernement est décrit comme étant du néolibéralisme autoritaire par plusieurs universitaires dans La Revue politique[21],[22].
Politique budgétaire
modifierLa politique budgétaire est austéritaire et est justifié par le fait de diminuer les dépenses publiques et le déficit public. Son objectif est de baisser le déficit public belge sous le seuil de 3 % du PIB à partir de 2027 dans le but de se conformer aux exigences de la Commission européenne. 23,3 milliards d’euros d'économie sont prévus pour 2029. Ce montant, détaillé dans des tableaux budgétaires annexes à l'accord de gouvernement, inclut 18,1 milliards d'euros pour respecter les règles budgétaires européennes et 5,2 milliards d'euros pour financer les nouvelles politiques[23].
Administration publique
modifier1,6 milliard de réductions des dépenses est prévue pour l'administration publique. Il est prévu de limiter la surtransposition des directives européennes, de créé des « zones de test sans règles » pour encourager l’innovation technologique. Le gouvernement veut renforcer « l’efficacité » et « l’efficience » du service public par la généralisation d’instruments néo-managériaux : culture de l’évaluation, benchmarking, analyse des missions essentielles, revues des dépenses, etc[23].
Le gouvernement De Wever a la volonté de fusionner ou intégrer des Services publics fédéraux pour faire des économies d’échelle et souhaite avoir moins recours à la consultance externe[24].
La Régie des bâtiments devra faire des économies, grâce au télétravail, en louant ou vendant des bâtiments de l’État non utilisés[24].
Composition
modifierFonction | Titulaire | Parti | ||
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Premier ministre | Bart De Wever | N-VA | ||
Vice-Premier ministre Ministre de l'Emploi, de l’Économie et de l'Agriculture |
David Clarinval | MR | ||
Vice-Premier ministre Ministre des Affaires étrangères, des Affaires européennes et de la Coopération au développement |
Maxime Prévot | Les Engagés | ||
Vice-Premier ministre Ministre des Affaires sociales et de la Santé publique, chargé de la Lutte contre la pauvreté |
Frank Vandenbroucke | Vooruit | ||
Vice-Premier ministre Ministre du Budget, chargé de la Simplification administrative |
Vincent Van Peteghem | CD&V | ||
Vice-Premier ministre Ministre des Finances et des Pensions, chargé de la Loterie nationale et des Institutions culturelles fédérales |
Jan Jambon | N-VA | ||
Ministre de la Justice, chargée de la Mer du Nord | Annelies Verlinden | CD&V | ||
Ministre de la Sécurité et de l'Intérieur, chargé de Beliris | Bernard Quintin | MR | ||
Ministre de la Défense, chargé du Commerce extérieur | Theo Francken | N-VA | ||
Ministre de la Mobilité, du Climat et de la Transition environnementale, chargé du Développement durable | Jean-Luc Crucke | Les Engagés | ||
Ministre de l'Action et de la Modernisation publiques, chargée des Entreprises publiques, de la Fonction publique, de la Gestion immobilière de l'État, du Numérique et de la Politique scientifique | Vanessa Matz | Les Engagés | ||
Ministre de la Protection des consommateurs, de la Lutte contre la Fraude sociale, des Personnes handicapées et de l'Égalité des chances | Rob Beenders | Vooruit | ||
Ministre de l'Asile et de la Migration, et de l'Intégration sociale, chargée de la Politique des Grandes villes | Anneleen Van Bossuyt | N-VA | ||
Ministre de l'Énergie | Mathieu Bihet | MR | ||
Ministre des Classes moyennes, des Indépendants et des PME | Éléonore Simonet | MR |
Notes et références
modifierNotes
modifier- ↑ Selon les couleurs du drapeau de l'État américain d'Arizona. Les Engagés, qui arborent le turquoise, ont succédé en le Centre démocrate humaniste (CDH), qui arborait l'orange comme les Christen-Democratisch en Vlaams.
Références
modifier- ↑ Fabienne Schmitt, « La difficile quête d'un gouvernement après la victoire des conservateurs en Belgique », Les Échos, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Belgique : Bart De Wever a été nommé informateur par le roi Philippe », Euronews, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Jean-François Noulet, « Gouvernement fédéral : pourquoi l’informateur De Wever devient-il préformateur et pas formateur ? », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Bart De Wever désigné formateur par le roi Philippe », La DH Les Sports+, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Somaya Aqad, « Belgique : les négociations en vue de former un gouvernement ont échoué », Euronews, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Laurent Van de Berg, « Maxime Prévot chargé d’une mission royale : le nouveau médiateur a jusqu'au 2 septembre pour trouver un terrain d’entente », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Jean-François Noulet, « Le Roi remet le formateur Bart De Wever en selle après avoir entendu le médiateur Maxime Prévot », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Jean-François Noulet, « Démission du formateur Bart De Wever : le Roi lui donne jusqu’au 12 novembre pour mener des consultations », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Fabien Van Eeckhaut, « Bart De Wever reste formateur : deux semaines de plus pour se chercher une coalition », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Matthieu Demeestre, « Belgique: accord de gouvernement conclu après sept mois de négociations », Euronews, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Philippe Walkowiak, « Le gouvernement De Wever est sur les rails, avec toutefois la grogne des bourgmestres bruxellois », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Guillaume Woelfle, « Prévot aux Affaires étrangères, Francken à la Défense, Verlinden à la Justice, mais pas de Bouchez à l’Intérieur : qui sont les ministres du gouvernement De Wever ? », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Renaud Verstraete, « Retournement de situation : Georges-Louis Bouchez n'ira finalement pas au gouvernement fédéral », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Moniteur belge », sur www.ejustice.just.fgov.be (consulté le )
- ↑ « Moniteur belge », sur www.ejustice.just.fgov.be (consulté le )
- ↑ Daphné Van Ossel, « 11 hommes, 4 femmes : le gouvernement De Wever, un "boys club" qui inquiète pour les droits des femmes », RTBF, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ « Pas assez de femmes au gouvernement? La ministre Vanessa Matz veut des quotas de genre », 7sur7, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Anne François, « Les quinze nouveaux ministres du gouvernement fédéral ont prêté serment devant le Roi », VRT, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Florentin Collomp, « Bart De Wever, un nationaliste flamand à la tête de la Belgique pour la première fois », Le Figaro, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Yassin Benali, « Le gouvernement De Wever obtient la confiance de la Chambre : la répartition des votes (infographie) », Le Soir, (lire en ligne, consulté le ).
- ↑ Romain Biesemans, Juliette Dupont, Ariane Gemander, Youri Lou Vertongen, Vincent Seron et Christophe Wasinski, « Décoder l’Arizona (3/4) : un néolibéralisme aux accents autoritaires » , sur www.revuepolitique.be, (consulté le )
- ↑ Zoé Evrard et Damien Piron, « Décoder l'Arizona : l'accélération d'un néolibéralisme aux accents autoritaires » , sur www.revuepolitique.be, (consulté le )
- Zoé Evrard, Ariane Gemander, Gabriel Maissin, Damien Piron et Simon Watteyne, « Décoder l'Arizona (1/4) : austérité budgétaire et compétitivité » , sur www.revuepolitique.be, (consulté le )
- Thomas Gadisseux, Jean-François Noulet, Marie-Laure Mathot, Baptiste Hupin, Grégoire Ryckmans, Marine Lambrecht, Johanna Bouquet et Guillaume Woelfle, « Voici les principales mesures décidées par le nouveau gouvernement de Bart De Wever » , sur RTBF, (consulté le )
Voir aussi
modifierBibliographie
modifier- Caroline Sägesser, La formation du gouvernement De Wever (juin 2024 - février 2025), CRISP, coll. « Courrier hebdomadaire » (no 2637-2638), , 69 p. (ISBN 978-2-87075-350-7, lire en ligne).
Articles connexes
modifier- Politique en Belgique
- Gouvernement fédéral (Belgique)
- Élections législatives fédérales belges de 2024