Gouvernement Bennett-Lapid

gouvernement d'Israël
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Gouvernement Bennett-Lapid

État d'Israël

Groupe d'hommes et de femmes posant pour une photographie collective.
Photo de famille du gouvernement Bennett-Lapid.
Président de l'État Reuven Rivlin puis
Isaac Herzog
Premier ministre Naftali Bennett puis
Yaïr Lapid
Premier ministre alternant Yaïr Lapid puis
Naftali Bennett
Élection 23 mars 2021
Législature 24e
Formation
Fin
Durée 1 an, 6 mois et 16 jours
Composition initiale
Coalition Yesh Atid-Bleu et blanc-HaAvoda-Israel Beytenou-Yamina-Nouvel Espoir-Meretz-Ra'am
Ministres 27
Femmes 9
Hommes 18
Représentation
Knesset (2021)
61  /  120
Knesset
(avril 2022)
60  /  120
Knesset
(juin 2022)
59  /  120
Chef de l'opposition Benyamin Netanyahou
Drapeau d’Israël

Le 36e gouvernement de l'État d'Israël, ou gouvernement Bennett-Lapid, est un gouvernement israélien (he) formé à l'issue des élections législatives du , sous la 24e législature de la Knesset.

Historique du mandat modifier

Ce gouvernement est dirigé successivement par le Premier ministre national-conservateur Naftali Bennett, ancien ministre de la Défense, puis par le centriste Yaïr Lapid, ancien ministre des Finances. Il est constitué et soutenu par une coalition entre Yesh Atid, Bleu et blanc, le Parti travailliste (HaAvoda), Israel Beytenou, Yamina, Nouvel Espoir, le Meretz et la Liste arabe unie (Ra'am). Ensemble, ils disposent de 61 députés sur 120, soit 50,8 % des sièges de la Knesset.

Il est formé à la suite des élections législatives anticipées du 23 mars 2021. Il succède au cinquième gouvernement de Benyamin Netanyahou, formé autour du parti de droite Likoud.

Formation modifier

À la suite du scrutin du 23 mars, le président de l'État Reuven Rivlin consulte les différents partis représentés à la Knesset. Il confie le à Benyamin Netanyahou la tâche de dégager une majorité, tout en estimant publiquement que personne « n’a [de] chance réaliste de former un gouvernement ». Le Premier ministre bénéficiait en effet de 52 parrainages de députés, contre 45 pour Yaïr Lapid[1]. Il doit cependant retourner son mandat au chef de l'État sur un constat d'échec le , puisque après 28 jours de négociations, il n'est effectivement pas parvenu à rallier les soutiens de ses anciens ministres Naftali Bennett et Gideon Sa'ar, dont les suffrages sont nécessaires pour bénéficier de l'appui d'une majorité parlementaire[2].

Le « bloc de droite » qui soutient Benyamin Netanyahou recommande alors au président Rivlin de ne pas désigner de nouveau mandataire et de renvoyer la formation du futur exécutif à la Knesset, puisque n'importe quel député peut mener des tractations en vue de réunir 61 voix, ce qui garantirait une nouvelle chance au Premier ministre sortant de se maintenir au pouvoir[3]. Le président de l'État choisit cependant de confier la tâche à Yaïr Lapid, qui dispose désormais d'une cinquantaine de parrainages de parlementaires[4].

Le , Naftali Bennett annonce qu'il se rallie à Yaïr Lapid pour mettre en place un « gouvernement d'union » dont il affirme qu'il sera « plus à droite » que le précédent[5]. Deux jours plus tard, Yaïr Lapid accélère les négociations et réunit le parti Ra'am, les principaux dirigeants de la gauche, du centre et d'une partie de la droite, dont Yamina, la coalition de Naftali Bennett[6]. À la suite de cette réunion, un document montre qu'il ne manque plus que trois signatures pour que la coalition aboutisse, notamment celle de Yamina, du Nouvel Espoir et du Ra'am[7].

À quelques heures de la clôture automatique de son mandat de formation le , Yaïr Lapid fait savoir au chef de l'État qu'il est parvenu à rassembler une coalition disposant de la majorité absolue des sièges à la Knesset. Ce pacte prévoit une rotation au poste de Premier ministre, Naftali Bennett l'occupant pendant deux ans avant de céder le pouvoir à Yaïr Lapid[8].

Le président de la Knesset, Yariv Levin, est alors accusé de vouloir retarder le vote et l'annonce de la formation du nouvel exécutif[9]. Le , celui-ci déclare qu'il annoncera trois jours plus tard que Yaïr Lapid est en mesure de former un gouvernement[10],[11].

Les accords de coalition entre Yesh Atid et tous les autres partis de la nouvelle coalition sont signés le et établissent la répartition des portefeuilles ministériels. Ainsi, Yaïr Lapid sera ministre des Affaires étrangères pendant les deux premières années de la législature, le ministre de la Défense sortant Benny Gantz est reconduit, le dissident du Likoud Gideon Sa'ar devient ministre de la Justice, le dirigeant d'Israel Beytenou Avigdor Lieberman prend la direction du ministère des Finances et un poste de ministre délégué au cabinet du Premier ministre est confié au parti islamiste Ra'am[12].

Évolution modifier

En , à la suite de la défection d'Idit Silman, députée de Yamina, le gouvernement ne dispose plus de la majorité absolue et doit se contenter d'autant de voix que l'opposition[13]. Le gouvernement devient minoritaire le suivant, à la suite de la démission de la députée du Meretz Jida Rinawie Zoabi[14], qui revient sur sa décision après trois jours[15]. Le député de Yamina Nir Orbach démissionnant à son tour le , il rend le gouvernement à nouveau minoritaire[16].

Alors que le Likoud prévoit de déposer une proposition de loi pour la dissolution de la Knesset le [17], Naftali Bennett et Yaïr Lapid conviennent le de dissoudre le Parlement et d'organiser des élections anticipées en [18], deux semaines après avoir échoué à faire proroger la loi accordant aux habitants des colonies les mêmes droits que les citoyens vivant sur le territoire d'Israël[19].

Après l'adoption du projet de loi le 30 juin[20], et conformément aux dispositions de l'accord de coalition[21], Yaïr Lapid prend la succession de Naftali Bennett à la direction du gouvernement, à minuit le jour même[22]. À la suite de cette prise de fonction, l'exécutif envisage un remaniement, conforme à ce qui était initialement programmé pour et la rotation entre Bennett et Lapid, à savoir la nomination de Gideon Sa'ar au ministère des Affaires étrangères et son remplacement par Ayelet Shaked comme ministre de la Justice[23], ce qui n’aboutira finalement pas.

Succession modifier

Le 13 novembre 2022, Netanyahou est officiellement désigné pour former un gouvernement par le président Isaac Herzog[24].

À quelques minutes de la fin du délai, il annonce avoir constitué une coalition[25]. Le 29 décembre, le nouveau gouvernement de Benyamin Netanyahou est investi par la Knesset, obtenant l'approbation de 63 députés[26],[27]. Ce gouvernement est considéré comme le plus à droite de l'histoire du pays, intégrant des partis d'extrême droite et les ultraorthodoxes[28], tandis que seulement cinq femmes siègent dans ce gouvernement[29].

Composition modifier

Image Portefeuille Nom Parti
  Premier ministre (jusqu'au 30/06/2022)
Ministre des Affaires communautaires
Premier ministre alternant (à partir du 01/07/2022)
Naftali Bennett Yamina
  Premier ministre alternant (jusqu'au 01/07/2022)
Ministre des Affaires étrangères
Premier ministre (à partir du 01/07/2022)
Yaïr Lapid Yesh Atid
  Vice-Premier ministre
Ministre de la Défense
Benny Gantz Bleu et blanc
  Vice-Premier ministre (jusqu'au 09/07/2021)
Ministre de la Justice
Gideon Sa'ar Nouvel Espoir
  Ministre de l'Agriculture et du Développement rural
Ministre du Développement de la périphérie, du Néguev et de la Galilée
Oded Forer Israel Beytenou
  Ministre de l'Immigration et de l'Intégration Pnina Tamano-Shata Bleu et blanc
  Ministre des Communications Yoaz Hendel (en) Nouvel Espoir
  Ministre de la Construction et du Logement
Ministre des Affaires de Jérusalem et du Patrimoine
Ministre des Relations entre le gouvernement et la Knesset
Ze'ev Elkin Nouvel Espoir
  Ministre de la Culture et des Sports Hili Tropper Bleu et blanc
  Ministre des Affaires de la Diaspora Nachman Shai (en) Travailliste
  Ministre de l'Économie Orna Barbivai Yesh Atid
  Ministre de l'Éducation Yifat Shasha-Biton Nouvel Espoir
  Ministre de la Protection de l'environnement Tamar Zandberg Meretz
  Ministre des Finances Avigdor Lieberman Israel Beytenou
  Ministre auprès du ministre des Finances Hamad Amar Israel Beytenou
  Ministre de la Santé Nitzan Horowitz Meretz
  Ministre du Renseignement Elazar Stern (en) Yesh Atid
  Ministre de l'Intérieur Ayelet Shaked Yamina
  Ministre du Travail et de la Protection sociale
Ministre de la Protection sociale (19/07/2021)
Meir Cohen Yesh Atid
  Ministre des Infrastructures nationales, de l'Énergie et de l'Eau Karin Elharar Yesh Atid
  Ministre de la Sécurité intérieure Omer Bar-Lev (en) Travailliste
  Ministre de la Coopération régionale Issawi Frej Meretz
  Ministre des Affaires religieuses
Vice-ministre des Affaires religieuses (16/05/2022)
Matan Kahana (en) Yamina
  Ministre de la Science et de la Technologie Orit Farkash-Hacohen (en) Bleu et blanc
  Ministre des Affaires des Implantations Nir Orbach (en) Yamina
  Ministre de l'Égalité sociale Meirav Cohen Yesh Atid
  Ministre du Tourisme Yoel Razvozov Yesh Atid
  Ministre des Transports Merav Michaeli Travailliste
  Ministre du cabinet du Premier ministre Eli Avidar (du 03/08/2021 au 24/02/2022) Israel Beytenou
  Ministre délégué au cabinet du Premier ministre chargé des Affaires arabes Mansour Abbas Ra'am
  Ministre délégué au cabinet du Premier ministre chargé des Réformes économiques Abir Kara (en) Yamina
  Ministre délégué à la Défense Alon Schuster (en) Bleu et blanc
  Ministre délégué à la Sécurité intérieure Yoav Segalovich Yesh Atid
  Ministre délégué aux Affaires étrangères Idan Roll Yesh Atid
  Ministre délégué à l'Économie et l'Industrie Yaïr Golan Meretz
  Ministre délégué à l'Éducation Meir Yitzhak Halevi (à partir du 13/12/2021) Nouvel Espoir

Liens externes modifier

Notes et références modifier

  1. Clothilde Mraffko, « En Israël, Benyamin Nétanyahou à la peine pour former un gouvernement », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  2. Clothilde Mraffko, « Benyamin Nétanyahou mis en échec par ses alliés », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  3. « Israël: le bloc de B. Netanyahou recommande de renvoyer le mandat à la Knesset pour former un gouvernement », I24news,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  4. « Israël: le président Reuven Rivlin confie à Yaïr Lapid le mandat pour former une coalition », I24news,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  5. « Israël: Naftali Bennett annonce son intention de former un gouvernement d'union nationale avec Yaïr Lapid », I24news,‎ (Israël: Naftali Bennett annonce son intention de former un gouvernement d'union nationale avec Yaïr Lapid, consulté le ).
  6. « Israël: course contre la montre pour un accord sur un gouvernement anti-Netanyahou », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  7. (en) « Document shows the 3 missing signatures separating between Lapid and government », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  8. « Yaïr Lapid forme une coalition et signe la fin de l'ère Netanyahou en Israël », L'Écho,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  9. (en) « Change bloc seeks to replace Knesset speaker; Yamina MK says he won’t back move », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  10. (en) « Knesset to meet Monday on Lapid-Bennett government, vote likely on June 14 », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  11. « Israël: le président de la Knesset confirme que Yaïr Lapid est en mesure de former un gouvernement », I24News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  12. « Lapid signe des accords officiels de coalition avec Raam et Yisrael Beytenu », The Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  13. « En Israël, compte à rebours de la chute du gouvernement de Naftali Bennett », France 24,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. « Israël: la députée Jida Rinawie Zoabi (Meretz) annonce sa démission de la coalition qui perd sa majorité à la Knesset », i24 News,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  15. « Une députée démissionnaire revient dans la coalition », L'Orient Le Jour,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  16. « Le gouvernement israélien au bord du précipice après la défection d'un député », MSN,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  17. « L’opposition présentera mercredi un texte de loi sur la dissolution de la Knesset », Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  18. « En Israël, la coalition au pouvoir va dissoudre la Knesset et provoquer des élections », Le Monde,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  19. « Israël: feu vert préliminaire des députés à une dissolution du Parlement », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  20. « Israël : la Knesset dissoute, les prochaines législatives fixées au 1er novembre  », Les Échos,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  21. (en) « Israel heading to elections, Knesset to disband, Lapid to become prime minister », The Jerusalem Post,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  22. « Yair Lapid devient le 14e Premier ministre d’Israël », Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  23. (en) « Shaked, Sa’ar may move jobs in reshuffle; Blue and White, New Hope in talks – report », Times of Israel,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  24. Par Le Parisien avec AFP Le 13 novembre 2022 à 11h59, « Israël : arrivé en tête des législatives, Netanyahou officiellement désigné pour former le gouvernement », sur leparisien.fr, (consulté le )
  25. Le Point, magazine, « Fumée blanche à Jérusalem: Netanyahu forme le prochain gouvernement », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  26. « En Israël, le nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou obtient la confiance du Parlement », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  27. « Israël : le gouvernement Netanyahou investi », sur LEFIGARO, (consulté le )
  28. « Israël : pourquoi ce gouvernement de Netanyahou est le plus à droite de l’histoire du pays », sur L'Express, (consulté le )
  29. « Les principaux ministres du nouveau gouvernement Netanyahu », sur The Times of Israel,

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier