Gongchepu

système de notation classique en musique chinoise.

La notation gongche ou le gongchepu (chinois traditionnel : 工尺譜 ; chinois simplifié : 工尺谱 ; pinyin : gōngchěpǔ ; litt. « notation mi-ré »), également appelé en coréen gongcheokbo (공척보, hanja : 工尺譜) et en japonais kōsekifu (工尺譜?), est un système de notation musicale utilisé dans la sphère culturelle chinoise pour les morceaux de musique ancienne et pour les opéras.

陽關三疊 / 阳关三叠, « Trois refrains de la passe Yang » en notation du gongchepu.

Cette notation est aujourd'hui en grande partie remplacée par le jianpu[1],[2],[3] ou par la partition occidentale[1],[3],[4], une évolution critiquée par certains musiciens pour rendre la musique traditionnelle morte[4],[5].

Histoire

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Déscendu des notations plus anciennes[6],[7], la notation gongche sous la forme actuelle[8] a apparu dans la dynastie Yuan et a devenu populaire dans les dynasties Ming et Qing[6].

Au sens large, une forme de cette notation a apparu dans la dynastie Song[6],[8].

Noms de notes

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Échelle

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Dans ce système chaque note de musique dans l'échelle est désignée par un symbole semblable à un caractère chinois. En principe, l'échelle utilisée est une échelle heptatonique qui correspond approximativement au mode majeur[1]. Or, il y a une « ancienne échelle », qui était utilisé avant le VIe siècle, et une « nouvelle échelle »[9]. Le système de base utilise donc dix symboles (qui sont des vrais caractères chinois) :

Degré en tant que mode majeur Symbole[9],[10] Prononciation Homologue dans l'ancien gamme pentatonique[9]
Ancienne échelle Nouvelle échelle Standard Cursif[11] En mandarin[12] En cantonais[13] En japonais[14]
3 7 ji6 i 變宮
2 6 Inconnu u
1 5 liù liu5 riu
7 4 fán faan6 han 變徵
6 3   gōng gung1 kon
5 2   chĕ ce1 chie
4 1 shàng saang1[15] jan
3 7 Inconnu i 變宮
2 6 四 (ou 士) (si6) sui
1 5 [16] ou 亽 ho4 hau

Aujourd'hui on dit que le sol et le fa dans l'octave inférieure de l'échelle (c.-à.-d. de la nouvelle échelle) ont désignées par des caractères différents[17] ; le si de l'octave inférieure n'est désigneé par un caractère différent que dans certains systèmes[17],[18].

Octaves

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Il existe plusieurs systèmes incompatibles de désigner les différentes octaves, dont l'utilisation de différents caractères, l'ajout de différents radicaux, l'ajout de diacritiques[14],[19],[20] et autres[21]. Dans certains de ces systèmes, l'octave inférieur, sauf le sol et le la, n'est traditionnellement pas indiquée[17],[20].

Quelques exemples :

Octave Degré Symbole
Système cantonais[1] Système de Kunqu[19],[21] Système japonais[14] Système taïwanais[22],[23]
2 octaves au-dessus 7 Inconnu Inconnu 𢒼 Inconnu
6 Inconnu Inconnu 鿉 (ou  ) Inconnu
5 Inconnu Inconnu 𢓌 (ou 㣛) Inconnu
4 Inconnu Inconnu   Inconnu
3 Inconnu Inconnu 𢓁 Inconnu
2 Inconnu Inconnu Inconnu
1 Inconnu Inconnu   Inconnu
1 octave au-dessus 7 Inconnu Inconnu 亿 Inconnu
6 Inconnu 伍 (ou 伵) Inconnu
5 𢓌 𠆾 𠆾 (ou 佮) Inconnu
4 𢓉 𠆩 𠆩 Inconnu
3 𢓁
2  
1
Octave de base 7 𢒼 乙 ou 亿[24]
6 五 (ou 四)
5 六 (ou 合)
4
3
2
1
1 octave au-dessous 7
6 四 ou 士 (ou 五)
5 合 (ou 六)
4 𪛝 Inconnu Inconnu
3 𪛜 Inconnu Inconnu
2 𪛛 Inconnu Inconnu
1 𪛚 Inconnu Inconnu
2 octaves au-dessous 7 亿 Inconnu Inconnu Inconnu
6 Inconnu Inconnu Inconnu
5 Inconnu Inconnu Inconnu
4 Inconnu Inconnu Inconnu Inconnu
3 Inconnu Inconnu Inconnu Inconnu
2 Inconnu Inconnu Inconnu Inconnu
1 Inconnu Inconnu Inconnu Inconnu

Malgré ces différents systèmes de représenter les différentes octaves, il n'est pas en fait possible de savoir assurément les octaves justes des notes. Dans certains cas il faut ignorer les indications d'octave[25].

Rhythme

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Dans la notation gongche le rhythme est précisé à l'aide de quelques symboles rubys[10], appelés banliao (板撩, bănliáo) ou banyan (板眼, bănyăn) en mandarin[26] mais dingban (叮板, cantonais Jyutping : ding1 baan2) en cantonais[27]. La mesure à un temps, la mesure à deux temps, la mesure à quatre temps et une œuvre musicale sans division en mesures sont possibles[28].

Dans certaines versions japonaises de ce système, les durées sont précisées[29]. Pourtant, dans le système d'origine[30], les durées exactes ne sont pas précisées — c'est-à-dire que l'utilisation de cette notation nécessite l'improvisation — en fait, dans centains genres de musique, les temps faibles ne sont pas traditionnallement indiqués[31].

Dans le système d'origine, les temps forts sont désigné par les symboles ban (, băn, cantonais Jyutping : baan2, « planche ») alors que les temps failbles sont désigné par les symboles appelés liao (, liáo), yan (, yăn, cantonais Jyutping : ngaan5) ou ding (cantonais Jyutping : ding1). Or, le jeu de symboles n'est pas uniforme ; par exemple, quelques de ces symboles sont les suivants :

Type de temps Symbole
Système cantonais[27] Système de Kunqu[32] Systèmes japonais[33] Système taïwanais[34]
Temps fort x NC
Temps moyennement fort NC NC
Temps faible . NC NC
Silence Inconnu └─ NC Inconnu Inconnu ╙─ ou └─ selon le type de mesure

On note que le symbole « 、 » désigne un temps fort dans le système de Kunqu mais un temps faible dans trois des autres systèmes.

Variants historiques

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Les gongchepu de la dynastie Ming peuvent être organisés dans une grille, où chaque cellule représente une mesure[16].

Notes répétées

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Pour la concision, une note répétée peut être remplacée par le symbole ノ[16].

Notation pour le nan'guan

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La notation pour le lâm-kuán (南管, nán'guăn, « instruments à vent du sud ») de Taïwan est une forme de gongchepu, mais les symboles utilisés sont différents et les symboles composés sont prononcés commes des mots multi-syllabes[35].

Hauteurs des notes

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On note précédément que l'échelle en notation gongche ne correspond qu'« approximativement » au mode majeur. En principe, les deux sont identiques, mais la musique asiatique utilise traditionnellement un autre tempérament, c'est pourquoi les hauteurs diffèrent que ses homologues occidentaux. On peut illustrer ce différence en supposant le diapason de 440 et un tempérament égal :

Note asiatique Homologue occidental Différence (cents)[36]
Note Hauteur (Hz)[1],[37] Note Hauteur (Hz)[1],[38]
485,799 si³ 493,883 -28,57
440 la³ 440 0
398,518 sol³ 391,995 +28,57
360,948 fa³ 349,228 +57,15
326,919 mi³ 329,628 -14,29
296,098 ³ 293,655 +14,34
268,183 do³ 261,626 +42,85
242,9 si² 246,942 -28,57
220 la² 220 0
199,259 sol² 195,998 +28,57

En réalité les hauteurs des notes sont affectés par l'accordage (定弦, dìngxián, cantonais Jyutping : ding6 jyun4)[4]. C'est-à-dire que la musique asiatique utilise en fait un tempérament inégal.

Annexes

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Notes et références

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  1. a b c d e et f Mr. Pinyin s.d..
  2. Lee 2011, p. 42.
  3. a et b Su 2019, p. 1, 3.
  4. a b et c Chiu 2018.
  5. Yu Wang 2020, p. 1.
  6. a b et c 張若水 2020.
  7. Lin 1990.
  8. a et b Yang 2015, p. 37.
  9. a b et c Lin 1990, p. 142.
  10. a et b Ip 2022.
  11. Lin 1990, p. 141–142, mais il existe des autres formes cursives.
  12. Yu Wang 2020, p. 14.
  13. Yu Wang 2020, p. 2.
  14. a b et c Lee 2011, p. 31.
  15. Kang 2020, 0:19.
  16. a b et c Lee 2011, p. 33.
  17. a b et c Chiu 2020, 0:57.
  18. Yang 2015, p. 31.
  19. a et b Wu 2008, p. 121.
  20. a et b Su 2019, p. 56.
  21. a et b Lin 1990, p. 141.
  22. Yu Wang 2020, p. 4.
  23. Chiu 2020, 0:25.
  24. Chiu 2020, 1:23.
  25. Su 2019, p. 65–67.
  26. Chiu 2020, 1:43.
  27. a et b Bureau d'éducation de Hong Kong s.d., p. 9.
  28. (zh-TW) « 不是一“版”一眼,應是一“板”一眼。 »,‎ (consulté le )
  29. Lee 2011, p. 33–38.
  30. Lee 2011, p. 28.
  31. Su 2019, p. 266–268.
  32. Lin 1990, p. 142–143.
  33. Lee 2011, p. 34–36.
  34. Chiu 2020, 2:06.
  35. Yang 2015, p. 32–33, 39–40.
  36.  
  37.  , où a désigne l'octave et b désigne le degré
  38.  , où a désigne l'octave et b désigne le degré dans l'échelle chromatique

Bibliographie

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  • Bureau d'éducation de Hong Kong, « 辭彙及解釋 » [« Glossaire »] (consulté le )
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  • (zh-TW) Chiu SsuTi, « 唸歌工尺譜的對照 » [« Une comparaison entre les partitions gongches des chansons et ses traductions »],‎ (consulté le )
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  • (yue) Kang Wei-fun, « 工尺譜基礎知識(1) » [« L'Essentiels de la notation gongche n° 1 »] [vidéo], sur YouTube,‎ (consulté le )
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    戲曲國際學術研討會2020 (lire en ligne) (National Taiwan College of Performing Arts)
  • (zh-HK) 張若水, « 西安鼓樂有哪些樂譜? » [« Quels types de partitions y-a-t-il pour la musique de tambour de Xi'an ? »], Hong Kong, Academy of Chinese Studies,‎ (consulté le )

Articles connexes

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