Mille carré doré

établissement humain de Ville-Marie, Québec, Canada
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Mille carré doré
Mille carré doré
Maison George-Stephen sur la rue Drummond.
Administration
Pays Drapeau du Canada Canada
Province Drapeau du Québec Québec
Municipalité Montréal
Statut Quartier sociologique
Arrondissement Ville-Marie
Date de fondation 1850
Démographie
Langue(s) parlée(s) Français
Géographie
Coordonnées 45° 30′ 02″ nord, 73° 34′ 35″ ouest
Divers
Site(s) touristique(s) Musée des beaux-arts de Montréal
Liens
Site web [1]

Le Mille carré doré (en anglais : Golden Square Mile) est le nom d'un luxueux quartier de maisons de maître sur une pente du mont Royal dans le secteur centre-ouest du centre-ville de Montréal, au Québec. On doit cette appellation à l'écrivain et professeur Hugh MacLennan.

Histoire modifier

De 1850 à 1930, les bourgeois anglophones commencèrent à migrer à l'intérieur de Montréal dans cette partie de la ville qui présentait un habitat plus sain en amont des vents dominants. Cette période a vu aussi le développement dans la ville des plus belles résidences d'anglophones près de la rue Sherbrooke Ouest, c'est pourquoi cette période correspond également à ce qu'on pourrait nommer comme « l'âge d'or » du quartier[1]. La communauté comprenait majoritairement des hommes d'affaires scotto-canadien venant des Highlands.

Le quartier rassemblait, au tournant du 20e siècle, les propriétaires des plus grandes entreprises canadiennes dans les domaines des chemins de fer, de la navigation, des mines, de la forêt, des fourrures et de la finance. Entre 1870 et 1900, 70 % de la richesse du Canada était détenue par une cinquantaine d'hommes, tous habitants du quartier[2].

Une particularité notable de ce quartier est qu’il n’arbore pas de style architectural dominant. Bien au contraire, les maisons du Mille carré doré forment un amalgame varié de plusieurs styles architecturaux. Cette « incohérence » visuelle est le résultat de ce qui pourrait être caractérisé de « bataille des styles »[3] où chaque propriétaire tente de se différencier des autres grâce à une architecture toujours plus singulière et originale. En effet, dans ce quartier où la démesure semble être coutume, les maisons sont l’image de prouesses artistiques excentriques permettant à leur propriétaire de faire valoir leur statut social[4]. Le développement de ces maisons s’est inscrit dans « le désir des élites de se distinguer, de disposer d’espaces d’activité exclusifs, réservés, voire ségrégués »[5]. En somme, les maisons du Mille carré doré sont définitivement la représentation matérielle ultime d’une culture élitiste disparue de Montréal. Certes, elles servent à se différencier de la classe moyenne, mais ses propriétaires veulent aussi et surtout se différencier du voisin, bien qu’elles ne soient aujourd’hui que l’ombre de ces constructeurs qui furent de grandes figures de la métropole à une période charnière de son histoire.


[1] Peggy Roquigny. « Loisirs dansants de la bourgeoisie anglo-montréalaise. Transformation et persistance des lieux de pratique, 1870-1940 », Revue d’histoire urbaine, vol. 40, no. 1 (automne 2011), p. 17

Démolitions et préservation modifier

Au cours du 20e siècle, les bureaux d'affaires quittent peu à peu le Vieux-Montréal vers ce quartier qui reçoit le plus gros du développement commercial du centre-ville. Des gratte-ciel émergent au gré des modifications graduelles au zonage. Le quartier connaît des démolitions et aussi de grands combats pour en préserver les plus belles résidences.

Les maisons démolies comprennent celles de Hugh Allan (1943), Ogilvie (1944), Workman (1952), R. G. Reid (1956), Fred Molson (1957), Richard B. Angus (1957) et Hector Mackenzie (1960) et la dernière grande démolition, la destruction controversée de la maison de William Cornelius Van Horne (1973)[6].

En 1983, seulement 30 % des maisons de la moitié nord du secteur survivent à la démolition, et seulement 5 % survivent au sud de la rue Sherbrooke[7]. Bon nombre des manoirs restants, comme la maison James Ross, aujourd'hui connue sous le nom de Chancellor Day Hall, appartiennent aujourd'hui à l'Université McGill[8]. D'autres sont incorporés à des complexes modernes, comme à la Maison Alcan.

C'est principalement la destruction de ce patrimoine qui a mené à la création d'Héritage Montréal par Phyllis Lambert en 1975.

Géographie modifier

D'une superficie de presque précisément un mille carré, le quartier est limité au nord par le mont Royal et l'avenue des Pins, à l'ouest par la rue Guy et le chemin de la Côte-des-Neiges, à l'est par la rue University et le boulevard Robert-Bourassa, et au sud par le boulevard René-Lévesque. Certains augmentent le territoire jusqu'à la rue De Bleury à l'est et à la rue Saint-Antoine au sud. La maison Shaughnessy, plus à l'ouest, est également considérée comme une propriété phare du secteur.

Lorsque l'on se promène sur la rue Sherbrooke, on peut voir devant quelques édifices, jugés patrimoniaux, des plaques qui rappellent l'histoire de ces maisons qui portent le nom de leur premier propriétaire.

À cause de la présence du musée des beaux-arts de Montréal et de nombreuses galeries d'art, la partie nord-ouest de ce secteur est aujourd'hui aussi appelée le Quartier du Musée.

Le secteur est desservi par les stations de métro Peel et McGill, situées sur la ligne verte.

Personnalités liées au Mille carré doré modifier

Les résidents du « Golden Square Mile » ont joué un rôle important dans le développement du Canada pendant le XIXe siècle et le début du XXe siècle. Dans sa gloire, vers 1900, 70 % de toute la richesse du Canada appartenait à ces entrepreneurs.

 
La maison de John Redpath, Terrace Bank, rue Sherbrooke Ouest, vers 1880.
 
Ravenscrag, maintenant l'Institut Allan Memorial, bâti pour sir Hugh Allan en 1863.
 
La maison de William Workman, rue Sherbrooke. Bâtie en 1842, démolie en 1952.

Notes et références modifier

  1. (en) Susan Kennedy Feindel et Christina Cameron, Mansions of the golden square mile: a descriptive guide, Ottawa, Collection imprimée d'Ottawa, , 30 p., p. 26-28
  2. Patricia Harris et David Lyon, Compass American Guides : Montreal, Fodor's, , 132–135 p. (ISBN 978-1-4000-1315-9, lire en ligne), « Golden Square Mile »
  3. Diane Archambault-Malouin, « L'architecture domestique de la bourgeoisie montréalaise: le cas de Robert Findlay: (1858-1951) », Université du Québec à Montréal tMémoire de maîtrise),‎ (lire en ligne, consulté le )
  4. (en) Doug Bellevue, Montreal's Golden Square Mile: A Neighborhood, (ISBN 978-1-77136-499-7, lire en ligne)
  5. Peggy Roquigny, « Loisirs dansants de la bourgeoisie anglo-montréalaise. Transformation et persistance des lieux de pratique, 1870–1940 », Urban History Review / Revue d'histoire urbaine, vol. 40, no 1,‎ , p. 17–29 (ISSN 0703-0428 et 1918-5138, DOI 10.7202/1006403ar, lire en ligne, consulté le )
  6. Martin Drouin, « Maison Van Horne (1870-1973) : une destruction fondatrice », sur Encyclopédie du patrimoine culturel de l'Amérique Française, (consulté le )
  7. François Rémillard et Brian Merrett (1987). Demeures bourgeoises de Montréal : le Mille carré doré 1850 – 1930 Meridian Press. (ISBN 2-920417-25-8)
  8. « Pavillon Chancellor Day (auparavant la maison James Ross) », sur McGill virtuel (consulté le )

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • François Rémillard & Brian Merrett, Demeures bourgeoises de Montréal : le Mille carré doré 1850 – 1930, Ed. Meridian Press (1987) (ISBN 2-920417-25-8)
  • Donald MacKay, The Square Mile, Merchant Princes of Montreal, Douglas & McIntyre, Vancouver, 1987, 224 pp.
  • Margaret W. Westley, Grandeur et déclin: l'élite anglo-protestante de Montréal, 1900-1950, Libre expression, 1990, 331 p. (ISBN 289111440X)

Articles connexes modifier

Liens externes modifier