Le ginglet désignait autrefois le vin local produit dans la vallée de l'Oise[1] jusqu'en Île-de-France. Ce vin de qualité inégale et souvent aigrelet et pétillant, était parfois aussi appelé Ginglard ou Reginglard. En Picard, Haut-Normand et Ch'ti le verbe gingler signifie "sauter, folâtrer, gigoter". À Paris et dans la vallée de la Marne on l'appelait plutôt Guinguet (d'où les « Guinguettes »).

Histoire modifier

Comme dans toutes les régions désormais non-viticoles, sa production commerciale destinée aux débits de boissons locaux cessa au moment de la Grande Guerre avec le phylloxera. Un demi-siècle auparavant le chemin de fer, permettant un approvisionnement en vin des régions méridionales, moins cher et de qualité plus constante, avait déjà considérablement fait reculer sa production[2]. Quasiment disparue au milieu du XXe siècle la culture de la vigne a repris dans les dernières décennies sous la forme d'une vitiviniculture de loisir, de plaisance[3] pratiquée par des passionnés. Des dizaines de petits vignobles associatifs, communaux ou particuliers (souvent composés d'une seule treille) recommencent à produire un vin local pour le plaisir et sans intention mercantile car le vin qui y est produit n'est pas commercialisé[4]. Chaque année à la Foire Saint Martin de Pontoise a lieu le « Concours du Ginglet », destiné à récompenser les vignerons amateurs, producteurs locaux. Depuis les années 1930 le Ginglet était traditionnellement produit à partir de raisin de cépage baco, un hybride HPD de première génération très résistant aux maladies fongiques[5]. Dans la période récente et sous l'impulsion de consultants professionnels, les vignobles communaux et associatifs choisissent plutôt de planter du pinot noir et du chardonnay, cépages qui sont censés produire un vin de meilleure qualité gustative mais qui sont très sensibles aux maladies fongiques et qui nécessitent de nombreux traitements.

L'appellation guinguet est reprise depuis 2017 par un vigneron de Joinville-le-Pont pour commercialiser la production de 400 pieds de vigne.

Notes et références modifier

  1. GALET, P. (2006) p. 150 : "[en 1789] toute la vallée de l’Oise était couverte de vigne à partir de Noyon (où même le Mont Saint Siméon portait des vignes canoniales mentionnées dès 1115 dans le capitulaire du chapitre). » in : Cépages et vignobles de France. Tome III. Vignobles de France. Vol. 2. Paris : Tec & Doc, Ed. Lavoisier, 1285 p.
  2. Galet (2006)
  3. Le Bihan (2011) p. 8
  4. Le Bihan (2011) p. 14
  5. Galet (2006) p. 151.

Bibliographie modifier

  • A. Lesort, Le trafic des vins sur l’Oise au Moyen Âge, Bulletin philologique et historique, 1960, p. 295-302.
  • P. Galet, Cépages et vignobles de France, tome III. Vignobles de France. Vol. 2. Paris : Tec & Doc, Ed. Lavoisier, 2006, 1285 p.
  • M. Lachiver, Vin, vigne et vignerons en région parisienne du XVIIe au XIXe siècle Compiègne : Société Historique et Archéologique de Pontoise, 1982, 957 p.
  • Le Bihan, J. C., Cultiver sa treille bio, Mens : Terre Vivante Éditions, 2011, 162 p.
  • Ragache, G., Vignobles d’Île-de-France ; deux siècles de viticulture XIXe et XXe siècles, Presses du village, 2005

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier