Gilbert Rozon
Gilbert Rozon (né le à Montréal, Québec, Canada) est un ex-producteur québécois et le fondateur du festival Juste pour rire, qu'il a créé le et dont il a démissionné le . Il était aussi l'un des trois ou quatre membres du jury (selon la saison) de l'émission télévisée française La France a un incroyable talent, depuis le début de l’émission en 2006 et jusqu'à son congédiement en 2017. Il était également responsable du développement et déploiement de la marque internationale de Juste pour rire / Just For Laughs dans plus de 150 pays.
Biographie
modifierGilbert Rozon est l'aîné de sept enfants. Élevé à Saint-André-d'Argenteuil, il est très jeune livreur de journaux, ouvrier, puis à l'âge de 14 ans, fossoyeur, vendeur, imprimeur, organisateur de spectacles, éditeur de bottins téléphoniques commerciaux, touche à l'immobilier, etc. C'est dans ce contexte qu'il développe son sens de l'humour. Après un court séjour en France à 20 ans, il décide d'étudier le droit à l'Université de Montréal où il est diplômé[2]. Il sera d'ailleurs assermenté au Barreau du Québec en 1984[3].
En 1980, il crée à Lachute le festival La Grande Virée qui accueillera à la surprise de tous plus de 60 000 spectateurs dans une ville de 12 000 habitants et plus de 80 000 en 1981. Gilbert Rozon déplace ensuite à Pointe-aux-Trembles La Grande Virée pour sa troisième édition en 1982. C'est l'échec[4]. Malgré cela en 1983, il fonde le festival Juste pour rire avec plus d'un million de dollars de dette. Juste pour rire livre des festivals à Montréal, Toronto, Chicago, Nantes, Paris[5]. Le Festival Juste pour rire de Montréal est considéré comme le plus important événement d'humour au monde[6].
Gilbert Rozon sera alors aussi l'imprésario de Charles Trenet jusqu'à sa mort, et le producteur de Laurent Ruquier, Franck Dubosc, Dieudonné M'bala M'bala, Florence Foresti, Arturo Brachetti, Stéphane Rousseau, Jean-Marc Parent, Jean-Luc Lemoine, Rachid Badouri, André Sauvé, Christophe Alévêque, etc. Juste pour rire représente plus de 75 artistes, diffuse plus de 200 heures de télévision annuellement dans plus de 150 pays en plus de présenter des centaines de spectacles. Durant 25 ans, Gilbert Rozon tient la barre du festival avant de céder la place à Alain Cousineau avec qui il avait fondé le festival en 1983.
À partir de 2006, il devient membre du jury de l'émission La France a un incroyable talent[7],[8]. À la suite de dénonciation d'agression sexuelle en 2017, M6 annonce, que la diffusion du programme est suspendue[9]. Finalement, la chaîne fait marche arrière et l'émission est diffusée avec un peu de retard, en effaçant Gilbert Rozon en tant que juré[10].
En , Ici Radio-Canada annonce que Gilbert Rozon remplacera Alexandre Taillefer à l'émission Dans l'œil du dragon en tant qu'« Ange investisseur », communément appelé un « Dragon »[11].
En octobre 2017, à la suite de plaintes d'agressions sexuelles, il quitte toutes ses fonctions[12].
En effet, alors que Juste pour rire a conclu une entente, en mars, avec les Américains d’ICM Partners et le Canadien Howie Mandel pour la vente de l’entreprise fondée en 1983 par Gilbert Rozon, ces derniers avaient mentionné, par voie de communiqué, « que les équipes en place à Montréal [...] demeureront ». Rien n’avait cependant été précisé pour la filière française du groupe, dont il a appris son départ avant l’officialisation. Contacté par Radio-Canada, le directeur de Juste pour rire France, Olivier Peyronnaud, n’a pas voulu émettre de commentaires, soulignant être lui aussi dans « le flou ». Malgré plusieurs relances, Juste pour rire Montréal n’a pas réagi directement à ce licenciement, expliquant dans un premier temps devoir « valider » des informations.
Affaires judiciaires
modifierAccusations et condamnation pour agressions sexuelles
modifierManoir Rouville-Campbell en 1998
modifierLa première victime de Gilbert Rozon à avoir porté plainte d’agression sexuelle, de séquestration et de voie de fait est une jeune femme de 19 ans[13]. Cette agression est survenue le 17 février 1998 dans le Manoir Rouville-Campbell au Mont Saint-Hilaire lors d’une fête pour souligner les 15 ans du Festival Juste pour rire, sa victime était croupière lors de cette soirée[13]. Lors du Festival juste pour rire de l’été 1998, Marie-Lise Pilote alors animatrice, fait une blague sur le sujet en disant « Je mettrai, pour animer ce gala, toute l'énergie d'une croupière qui s'enfuit de la chambre de Gilbert Rozon »[13]. Une deuxième victime a porté plainte pour voie de fait, une jeune femme de 31 ans[13]. Après plusieurs reports d’audience, le procès contre Gilbert Rozon débute le 30 novembre 1998 pour une durée de cinq jours[14]. Au début du procès, Rozon plaide non coupable, mais il plaide coupable dès les débuts de son procès. En plaidant coupable, il évite la tenue d'un procès et l'audition de témoins[15]. Les accusations de voie de fait et de séquestration sont retirées faute de preuves par la Couronne[13]. Sous recommandation du ministère public Rozon devrait avoir un sursis de sentence assorti d'une ordonnance de probation de douze mois avec une interdiction de communiquer avec la victime et avec l'obligation de faire un don de 2 000 $ à un organisme appelé “La Clé sous la porte”[15]. Rozon décide de lui-même sans attendre le jugement de verser la somme de 2 000$ à l’organisme La Clé sous la porte, venant en aide aux femmes violentées[15]. Gilbert Rozon est donc condamné à payer une amende de 1 000$ et une suramende de 100$[15]. En mars 1999, la Cour supérieure modifie la première sentence et elle absout l'accusé inconditionnellement[16].
#MeToo
modifierLe , dans la foulée du mouvement #MeToo et à la suite des allégations d'agressions sexuelles, Gilbert Rozon démissionne de la présidence du Groupe Juste pour rire, de son titre de commissaire aux célébrations du 375e anniversaire de Montréal ainsi que de la vice-présidence de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain après les dénonciations de plusieurs femmes. Le SPVM annonce avoir ouvert une enquête pour une agression sexuelle survenue en 1994 à Paris à la suite de la plainte d'une présumée victime[17]. Selon Le Devoir, neuf femmes auraient été harcelées ou agressées par Gilbert Rozon[18] : l’animatrice Pénélope McQuade, les comédiennes Salomé Corbo et Sophie Moreau, la réalisatrice Lyne Charlebois, l’entrepreneuse Geneviève Allard, la recherchiste Anne-Marie Charrette, ainsi que Marlène Bolduc acceptent de témoigner à visage découvert. Deux autres femmes contactent aussi Le Devoir avec des témoignages similaires[19]. Le 6 mai 2021, l'une des victimes, Lyne Charlebois poursuit Gilbert Rozon au civil pour une somme de 1,7 million de dollars, dont un million de dollars en dommages punitifs. Charlebois allègue avoir été violée par Rozon en 1982, alors qu'elle avait 24 ans[20].
Patricia Tulasne et Les Courageuses
modifierLe , Patricia Tulasne, accuse Gilbert Rozon de l'avoir agressée en 1994[21] et quelques jours plus tard, c'est l'animatrice Julie Snyder qui porte plainte contre lui[22]. En mars 2018, un groupe de plaignantes nommé Les Courageuses représenté par Patricia Tulasne entreprend une action collective contre Gilbert Rozon pour avoir agressé et harcelé sexuellement des femmes pendant des décennies[23]. Les Courageuses demande notamment que Rozon soit reconnu de prédateur sexuel[23]. La Cour supérieure du Québec autorise l'action collective en mai 2018, ce type de recours permet l'accès à la justice à plusieurs personnes[24]. Le Tribunal ordonne l'utilisation de pseudonyme pour l’identification des membres du groupe dans les procédures, pièces et tout autre document produit au dossier de la Cour, afin de protéger leur identité[24]. Le but de cette action collective est de condamner Gilbert Rozon à payer une somme de 200 000$ pour dommages et intérêts, payer chaque membre du groupe une somme pour dommages et intérêts ainsi que 10 millions de dollars à titre de dommages-intérêts punitifs[24]. En janvier 2020, la Cour d'appel rejette finalement cette action collective en mentionnant qu'elle ne rejette pas l'affaire en soi[25]. Le collectif fait une demande d’appel, mais la Cour suprême confirme le jugement précédent et met fin à l’action collective[26]. Patricia Tulasne intente seule une poursuite au civil contre Gilbert Rozon le 15 avril 2021[27]. Elle lui réclame 1,6 million de dollars en dommages compensatoires et punitifs[28], en plus de demander « que justice soit faite, que la vérité de l’agression qu’elle a subie soit démontrée, que les mensonges du défendeur soient exposés, que le défendeur paie pour les dommages qu’il lui a causés »
Annick Charette
modifierLe 15 décembre 2020, Gilbert Rozon est accusé de viol et d'attentat à la pudeur sur une femme travaillant dans une station de radio pour des faits remontant 1979 ou 1980[29]. L'identité de la plaignante - Annick Charette - est révélée à l'issue du procès[30]. Le procès s'ouvre le à Montréal, et le , Gilbert Rozon est acquitté de ses deux chefs d'accusation[31]. Le 23 juin 2021, Annick Charette intente une nouvelle poursuite contre Gilbert Rozon, cette fois au civil. Elle lui réclame 1,3 million de dollars pour viol, en plus des propos qu'il a tenus lors de son procès précédent. La requête mentionne que « L’histoire sordide et humiliante relatée par [M. Rozon] dans le cadre de son procès a engendré un préjudice distinct de celui relié aux agressions sexuelles dont [Annick Charette] avait été victime 40 ans plus tôt » [32].
Danie Frenette
modifierLe 28 mai 2021, l'actrice Danie Frenette poursuit à son tour Gilbert Rozon au civil, pour deux viols qui remonteraient à 1988. Elle lui réclame au total 2,2 millions de dollars[33].
Anne-Marie Charette
modifierLe 7 octobre 2021, Anne-Marie Charette poursuit Gilbert Rozon au civil. Elle lui réclame près de 1,3 million de dollars, pour séquestration et agression sexuelle[34].
Notes et références
modifier- Véronique Lauzon, « Noémie Caillault: la Française qui voulait séduire le Québec », sur La Presse , (consulté le )
- Interview - Journal de Montréal - 7 janvier 2007
- « Gilbert Rozon », sur Juste pour rire (consulté le )
- « L’échec du Festival la Grande Virée est à l’origine du Festival Juste pour rire »
- « Du rêve à la réalité » - Journal de Montréal - 12 mai 2007.
- [1], sur ficc.qc.ca
- « Un deuxième mandat confié à Gilbert Rozon » - 24 septembre 2007.
- Site officiel d’Incroyable talent
- www.20min.ch, « «La France a un incroyable talent» déprogrammé », 20 Minutes, (lire en ligne, consulté le )
- huffingtonpost.fr, « "La France a un incroyable talent": comment Gilbert Rozon a été effacé de la saison 12 », Le Huffington Post, (lire en ligne, consulté le )
- Raphaël Gendron-Martin, « Gilbert Rozon est le nouveau Dragon », sur Le Journal de Montréal (consulté le )
- « Allégations de nature sexuelle: Gilbert Rozon visé par neuf femmes », sur ledevoir.com, 19 octobre 2017
- « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le )
- « BAnQ numérique », sur numerique.banq.qc.ca (consulté le ).
- Cour du Québec, « R. c. Rozon », sur CanLII, (consulté le )
- Cour supérieure, « Rozon c. La Reine », sur CanLII, (consulté le )
- « Le SPVM ouvre une enquête contre Gilbert Rozon », sur www.tvanouvelles.ca (consulté le )
- Zone Justice et faits divers - ICI.Radio-Canada.ca, « Gilbert Rozon démissionne de toutes ses fonctions », sur Radio-Canada.ca (consulté le )
- « Allégation de nature sexuelle : Gilbert Rozon visé par neuf femmes »
- Améli Pinéda, « Une deuxième femme poursuit Gilbert Rozon au civil », sur ledevoir.com, (consulté le )
- « Patricia Tulasne dit avoir été agressée par Gilbert Rozon »
- « Julie Snyder porte plainte pour agression sexuelle contre Gilbert Rozon », sur ici.radio-canada.ca, (consulté le ).
- Cour supérieure, « Les Courageuses c. Rozon », sur CanLII, (consulté le )
- Cour supérieure, « Les Courageuses c. Rozon », sur CanLII, (consulté le )
- Cour d'appel, « Rozon c. Les Courageuses », sur CanLII, (consulté le )
- Améli Pineda, « Comme une «gifle» au visage des victimes », Le Devoir, (lire en ligne)
- Améli Pineda, « Agression sexuelle: la comédienne Patricia Tulasne poursuit Gilbert Rozon au civil », Le Devoir, (lire en ligne)
- Geneviève Garon, « Allégation d'agression sexuelle : Patricia Tulasne poursuit Gilbert Rozon », Radio-Canada, (lire en ligne)
- Cour du Québec, « R. c. Rozon », sur CanLII, (consulté le )
- « Le combat doit continuer, dit la plaignante », sur La Presse+, (consulté le )
- « Jugé pour viol, l’ex-producteur canadien Gilbert Rozon a été acquitté », Le Monde, (lire en ligne, consulté le )
- « Annick Charette poursuit Gilbert Rozon au civil pour agression sexuelle », sur Le Devoir (consulté le )
- « Agression sexuelle alléguée | Une troisième poursuite civile contre Gilbert Rozon », sur La Presse, (consulté le )
- « Une cinquième femme poursuit Gilbert Rozon au civil », sur Le Devoir (consulté le ).
Annexes
modifierArticle connexe
modifierLiens externes
modifier- Fiche de Gilbert Rozon, sur le site de l'émission Cabine C dont il a été un invité.
- Ressource relative à l'audiovisuel :