Le ghetto-blaster est un radiocassette des années 1970 et 1980, connu pour sa taille démesurée et pour sa puissance conséquente. To blast signifiant en anglais « rugir », « exploser », « foudroyer », le ghetto-blaster a alors vocation à émettre avec puissance. Appareil emblématique de la culture urbaine et de la musique hip-hop, il est souvent associé aux Block Parties et au mouvement breakdance qui ont émergé dans les quartiers populaires américains. Certains modèles offrent la possibilité d'enregistrer, permettant aux utilisateurs de capturer des mixages ou des morceaux diffusés à la radio, ajoutant ainsi une dimension créative à l'expérience musicale.

Personne portant un ghetto-blaster en 1985

Histoire modifier

Origines modifier

Le ghettoblaster, également désigné sous le nom de boombox (bien que ce terme désigne également d'autres types de radio-cassettes), a émergé dans les années 1970 aux États-Unis. Conçu initialement pour être un dispositif audio portable capable de jouer de la musique à volume élevé dans des espaces publics, il combinait un lecteur de cassettes, une radio AM/FM, et, dans certains modèles, un enregistreur. Son développement était motivé par la demande croissante d'une expérience musicale collective et mobile, en particulier dans les communautés urbaines où la musique jouait un rôle central dans la vie sociale et culturelle. Les premiers modèles étaient assez volumineux et alimentés par de grandes batteries, ce qui reflétait l'importance accordée à la puissance sonore et à la portabilité.

Apogée et popularité dans les années 1980 modifier

Dans les années 1980, le ghettoblaster est devenu un symbole emblématique de la culture de rue, en particulier dans les cercles du hip-hop et du breakdance. Sa capacité à diffuser de la musique avec une qualité sonore relativement élevée en fait un outil essentiel pour les DJ de rue, les danseurs et les amateurs de musique en général. Cette période a vu l'apparition de modèles de plus en plus sophistiqués, avec des fonctionnalités améliorées telles que la stéréo, des basses renforcées, et des capacités d'enregistrement avancées. Les ghettoblasters étaient souvent portés sur l'épaule, un geste qui symbolisait à la fois la fierté et la résistance culturelle. Leur design audacieux et leur taille imposante les rendaient visuellement frappants, contribuant ainsi à l'esthétique distinctive de l'époque.

Déclin et héritage modifier

À mesure que les années 1990 avançaient, la popularité des ghettoblasters a commencé à décliner, principalement en raison de l'émergence de technologies audio portables plus compactes et efficaces, telles que le Walkman et, plus tard, le Discman. Ces nouveaux appareils offraient une expérience d'écoute personnelle, marquant un départ significatif de la nature collective de la musique dans l'espace public caractéristique du ghettoblaster. Cependant, le ghettoblaster laisse derrière lui un héritage durable. Il est souvent célébré pour son rôle dans l'émergence et la popularisation de la culture hip-hop, ayant fourni une plateforme mobile pour l'expression musicale et la créativité dans des contextes urbains. Aujourd'hui, le ghettoblaster est à la fois un objet de nostalgie et un symbole de résistance culturelle, avec une résurgence dans certains cercles comme un élément rétro cool et un rappel de l'importance de la musique comme outil de rassemblement communautaire.

Description modifier

Le ghetto-blaster est large, dispose généralement de deux enceintes stéréo avec parfois deux twitters ou deux subwoofers afin d’augmenter les basses pour les plus grosses radios, et d'un lecteur de cassettes équipé d'un contrôleur de base (lecture, pause, avance rapide, etc.).

Souvent porté à l'épaule, le bras le tenant par le dessus, le ghetto-blaster mesure généralement environ 70 à 80 cm de large et pèse toujours très lourd, comme beaucoup d'objets électroniques de l'époque. Une caricature récurrente est celle du gangsta rap musclé du ghetto américain qui porte un ghetto-blaster diffusant du rap à haut volume.

Particulièrement utilisé par les jeunes américains de l'époque, le ghetto-blaster est devenu l'un des symboles de la culture hip-hop.

Culture Populaire modifier

 
Un ghettoblaster Magnavox D8300 orné d'un graffiti.

Il est souvent utilisé pour représenter les habitants des ghettos afro-américains des années 1970 et 1980, on peut en voir dans un grand nombre de caricatures et de dessins humoristiques.

Modèles Iconiques modifier

 
Un Sharp GF-777 sans grilles

Parmi les modèles les plus emblématiques de ghettoblasters, le JVC RC-M90 et le Sharp GF-777 se distinguent par leur design et leurs fonctionnalités avancées. Le JVC RC-M90, souvent appelé "King of Boomboxes", était réputé pour sa qualité sonore exceptionnelle et son design robuste. Le Sharp GF-777, de son côté, était connu pour être l'un des ghettoblasters les plus grands et les plus puissants sur le marché, doté de nombreuses fonctionnalités telles que la double cassette et un égaliseur graphique. Ces modèles, ainsi que d'autres de marques comme Sony, Panasonic, et Toshiba, ont marqué l'âge d'or du ghettoblaster par leur innovation et leur style audacieux.

Médias et Cinéma modifier

Les ghettoblasters ont marqué de leur empreinte tant le cinéma que la télévision et d'autres formes de médias, symbolisant souvent la culture de rue et la rébellion contre l'ordre établi. Dans les films des années 1980 et 1990, ils étaient fréquemment utilisés pour définir rapidement un contexte urbain ou un personnage rebelle. Des films comme "Do the Right Thing" de Spike Lee ont immortalisé le ghettoblaster comme un élément central de la culture urbaine, tandis que "Say Anything" a rendu iconique l'image de John Cusack tenant un ghettoblaster au-dessus de sa tête. Dans la télévision, des séries comme "The Fresh Prince of Bel-Air" ont utilisé le ghettoblaster pour souligner les influences culturelles des personnages. Ces apparitions ont contribué à solidifier le statut du ghettoblaster comme un symbole de la culture pop des années 1980 et 1990.

Apparitions notables modifier

  • Il apparaît notamment dans le clip Da Funk du groupe de house français Daft Punk, clip réalisé par Spike Jonze en 1996. On peut y voir un homme-chien se promener dans les rues de New York avec un ghetto-blaster diffusant la musique du clip.
  • Cet objet joue également un rôle esthétique majeur dans le film Do the Right Thing de Spike Lee.
  • Il est utilisé comme gadget meurtrier dans le film Tuer n'est pas jouer.
  • Travis Barker a un ghetto-blaster tatoué sur l'abdomen.
  • Il inspire aussi le titre d'un album de David Guetta, Guetta Blaster (2004).
  • Ghetto Blastah (2013) est aussi le titre d'un clip musical, et donc d'une chanson, de l'auteur norvégien dubstep Aleksander Vinter, alias Savant.
  • Au tout début du court-métrage Kung Fury on peut apercevoir dès les premières secondes au premier plan un ghetto-blaster au pied du gang puis porté par un individu armé.

Résurgence modifier

Le ghettoblaster continue d'exercer une influence significative dans la culture populaire, représentant un lien tangible avec l'âge d'or du hip-hop et la culture de rue des années 1980 et 1990. Bien que la technologie ait évolué vers des dispositifs plus compacts et numériques, il y a une résurgence notable de l'intérêt pour les ghettoblasters, à la fois comme objets de collection et comme symboles de nostalgie culturelle. Cette résurgence est visible non seulement dans la musique et la mode, où les ghettoblasters apparaissent comme des accessoires rétro, mais aussi dans l'art et le design, où ils inspirent des œuvres et des produits qui célèbrent leur esthétique unique et leur importance historique. Leur héritage perdure également à travers des événements et des expositions qui retracent l'histoire du hip-hop et de la culture de rue.

Voir aussi modifier

Article connexe modifier