Georges Leblanc (général)

militaire français

 Georges Leblanc
Georges Leblanc (général)
Georges Leblanc en 1945, commandant le 1er groupe de tabors marocains

Nom de naissance Georges Émile Leblanc
Naissance
Limoges
Décès (à 92 ans)
Paris
Origine Drapeau de la France France
Grade Général de corps d'armée
Commandement 1er groupe de tabors marocains (1er GTM)
Forces terrestres du Centre-Vietnam (FTCV)
Conflits Première Guerre mondiale
Seconde Guerre mondiale
Guerre d'Indochine
Distinctions Grand-croix de la Légion d'honneur
Croix de guerre 1939-1945
Croix de guerre 1914-1918
Croix de guerre des Théâtres d'opérations extérieurs

Georges Leblanc, né le à Limoges et mort le à Paris, est un général de corps d'armée français, grand-croix de la Légion d'honneur, titulaire de la Distinguished Service Cross américaine.

Après avoir combattu lors de la Première Guerre mondiale, il s'illustre particulièrement au cours de la Seconde Guerre mondiale au commandement du 1er groupe de tabors marocains (1er GTM), lors de la campagne d'Italie au sein du corps expéditionnaire français, puis au sein de la 1re armée française lors de la libération de Marseille en et des campagnes de France et d'Allemagne.

Il combat ensuite durant la guerre d'Indochine. Nommé, en novembre 1951, commissaire de la république pour le Centre-Vietnam et commandant des forces terrestres du Centre-Vietnam (FTCV), il commande les forces françaises lors de l'opération Camargue en juillet-août 1953, l'une des plus importantes opérations de la guerre.

« Chef et combattant d'une renommée légendaire », titulaire de vingt-quatre citations, ses faits d'armes lui valent d'être élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur en 1956 « pour services exceptionnels en Extrême-Orient ».

Il est l'un des plus prestigieux commandants des goumiers marocains durant la Seconde Guerre mondiale, au côté de Pierre Boyer de Latour et Gaston Parlange, également élevés à la dignité de grand-croix de la légion d'honneur après-guerre, et Jacques Massiet du Biest[1].

Biographie modifier

Famille modifier

Issu d'une famille de tradition militaire, il est le fils de Michel Émile Leblanc (1860-1914), colonel d'infanterie[2], et Étiennette Joséphine Marie Marquet. Son grand-père, Michel Régis Leblanc, né en 1818 à Clermont-Ferrand et mort en 1890 à Aubusson (Creuse), est capitaine de frégate, commandant la frégate à vapeur le Mogador, destinée à l'expédition de Syrie de 1860 puis capitaine de vaisseau et contre-amiral[3],[4].

Il se marie le 10 septembre 1930 à Bussy-le-Grand (Côte-d'Or) avec Jacqueline Loth (1906-1956), avec laquelle il a huit enfants, puis le 6 décembre 1969 à Vallenay (Cher) avec Christiane Tron de Bouchony.

Son père, colonel au 61e régiment d'infanterie (61e RI), est mort pour la France le 21 décembre 1914[5] ainsi que son frère aîné, Michel François Joseph (1893-1918), sous-lieutenant au 68e régiment d'infanterie (68e RI), le 4 avril 1918[6].

Son fils, Olivier Leblanc, commandeur de la légion d'honneur, est colonel dans l'infanterie [7].

Carrière modifier

Première Guerre mondiale modifier

Engagé volontaire en août 1914, Leblanc fait une brillante campagne dans l'infanterie, qu'il termine comme capitaine, à seulement 22 ans, à la 10e compagnie du 90e régiment d'infanterie. Il est blessé 3 fois et est cité 4 fois[8].

Le 15 avril 1919, il est nommé chevalier de la Légion d'honneur pour prendre rang au 13 novembre 1918[8] avec la citation suivante : « Officier d'une bravoure légendaire. A peine guéri d'une grave blessure, est revenu à la tête de sa compagnie ; le 29 octobre 1918, par son action personnelle, son exemple et ses encouragements, a réussi à maintenir son unité dans l'ordre et le calme le plus parfaits sous un bombardement d'obus de gros calibres d'une violence sans précédent, faisant l'admiration de tous par son courage, son abnégation, son esprit du devoir. Trois blessures. Quatre citations. »[9].

Campagne du Maroc modifier

En 1919, il est affecté au Maroc, au 13e régiment de tirailleurs algériens (13e RTA) puis muté au service des Affaires indigènes (AI) du Maroc en février 1921[10].

De 1930 à 1933, il participe aux opérations dans l'Atlas marocain avant d'être nommé chef de bureau puis chef de cercle aux Affaires indigènes[10].

Alors qu'il est capitaine au service des affaires indigènes du Maroc, il est promu officier de la légion d'Honneur le 31 décembre 1930[8] avec la citation suivante : « Capitaine au service des affaires indigènes du Maroc ; 16 ans de services, 16 campagnes, 5 blessures, 2 citations. Chevalier du 13 novembre 1918. Titres exceptionnels : le 19 juin 1930, étant à la tête d'un groupe de forces supplétives s'est emparé par surprise d'une série de positions importantes. A fait l'admiration de tous par son courage. Croix de guerre des théâtres d'opérations extérieurs avec palme. »[11].

Seconde Guerre mondiale modifier

 
Insigne du 1er groupe de tabors marocains (1er GTM)
 
Le colonel Georges Leblanc défile à Marseille en tête du 1er GTM après la libération de la ville en août 1944

Leblanc est promu chef de bataillon en janvier 1937. Après l'armistice de juin 1940, il prend le commandement du 1er groupe de tabors marocains (1er GTM) et entraîne ses goumiers au Maroc[10].

Après le débarquement allié en Afrique du Nord en novembre 1942, il est promu lieutenant-colonel en décembre 1942 puis combat durant la campagne de Tunisie à la tête du 1er GTM[12].

Il est promu commandeur de la Légion d'honneur le 26 juillet 1943[8].

En avril 1944, il rejoint le corps expéditionnaire d'Italie commandé par le général Alphonse Juin. Avec le 1er GTM qu'il commande jusqu'en septembre 1945, il participe à la bataille du Garigliano en mai 1944 puis à la prise de Rome et celle de Sienne. Après avoir été promu colonel en juin 1944[12], il débarque en Provence le 18 août 1944 à la tête du 1er GTM avec la 1re armée française commandée par le général de Lattre de Tassigny. Il participe aux campagnes de la libération de la France (bataille de Marseille, les Alpes, libération de Belfort, libération de Strasbourg), puis d'Allemagne (ligne Siegfried, Pforzheim, Stuttgart)[10].

En avril 1945, il est décoré de la prestigieuse Distinguished Service Cross américaine pour sa conduite lors de la libération de Marseille[13].

Promu général de brigade en février 1947, il est nommé ensuite à la tête de la région de Meknès par le maréchal Juin, alors résident général de France au Maroc[14].

Georges Leblanc est fait grand officier de la Légion d'honneur le 11 juillet 1947[8].

Guerre d'Indochine (1951-1954) modifier

 
Georges Leblanc en mai 1952 en Indochine

En 1951, il est appelé par de Lattre de Tassigny pour servir en Indochine et quitte le Maroc[14].

Début novembre 1951, il remplace le général Lorillot à Hué[15] puis le 23 novembre 1951, il est nommé commissaire de la république pour le Centre-Vietnam et commandant des forces terrestres du Centre-Vietnam (FTCV) (Annam)[16].

Il est promu général de division en 1952[14].

En juillet-août 1953, Leblanc commande les forces françaises lors de l'opération Camargue, l'une des plus importantes opérations de la guerre[17].

Il quitte l'Indochine fin 1953.

Après-guerre modifier

En juillet 1955, il est nommé directeur de la Sécurité et de l'Intérieur au Maroc (ministre de l'Intérieur du protectorat)[18] puis promu général de corps d'armée le même mois[19].

En désaccord avec la politique gouvernementale au Maroc, il demande à être relevé de son poste et est nommé en novembre 1955 au commandement de la IVe région militaire (Bordeaux), qu'il conserve jusqu'au 14 août 1956[14].

Georges Leblanc est élévé à la dignité de grand-croix de la légion d'Honneur en octobre 1956 « pour services exceptionnels en Extrême-Orient »[20],[8]. Sa décoration lui est remise au musée des Goums à Montsoreau par le Maréchal Alphonse Juin[21].

Lorsqu'il prend sa retraite en août 1956, Maurice Bourgès-Maunoury, président du Conseil des ministres, rend hommage à « un chef et un combattant d'une renommée légendaire » dans une lettre qu'il lui adresse le 11 août 1956[21].

Il se retire dans son domaine de Laubard situé à Alleyrat (Creuse) et s'occupe de sa ferme. Il est premier adjoint de la commune de 1971 à 1983[21].

Il meurt le 13 avril 1989 à Paris. Ses obsèques se déroulent le lundi 17 avril 1989 en l'église Saint-Louis-des-lnvalides. Il est inhumé à Laubard dans le caveau familial[21].

Grand-Croix de la Légion d'Honneur, six fois blessé, Georges Leblanc totalise avec ses trois croix de guerre (1914-1918, Théâtres d'opérations extérieurs (TOE), 1939-1945), 24 citations dont 14 à l'ordre de l'armée[21].

Jusqu'à sa mort il est président d'honneur de la Koumia, association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes en France, créée en 1952.

Hommages modifier

« Au moment où s'achève dans l'armée active votre carrière de quarante-deux années, je tiens à rendre hommage à l'exceptionnelle valeur de vos services. Héroïque officier d'infanterie de 1914-1918, hardi chef de goumiers au Maroc entre les deux guerres, magnifique commandant du 1er Groupe de Tabors marocains en 1943-45, fin politique et manœuvrier habile au centre Viêt-Nam en 1952-54 vous avez été un chef et un combattant d'une renommée légendaire, dont les 24 citations et les 6 blessures représentent, dans le cadre des officiers généraux, un glorieux record. De plus, dans tous les postes que vous avez occupés, vos hautes qualités humaines et professionnelles, votre souple intelligence, l'énergie, la distinction la droiture de votre caractère vous ont valu les plus belles réussites ainsi que Ia confiance, le respect et l'affection de tous. Je vous exprime la reconnaissance de l'Armée et du pays pour les services éminents que vous avez rendus. »

— Lettre de Maurice Bourgès-Maunoury, président du Conseil des ministres, à Georges Leblanc, 11 août 1956

Distinctions modifier

Décorations françaises modifier

Décorations étrangères modifier

Citations militaires modifier

Notes et références modifier

  1. « Soldats d'élite, les goumiers marocains ont toujours eu à leur tête des chefs choisis parmi les meilleurs de l'Armée française. L'un des plus prestigieux, Georges Leblanc... », « Georges Leblanc - Le chef du 1er groupe de tabors marocains », revue Troupes d'élite, janvier 1987.
  2. Dossier de la légion d'honneur de Michel Émile Leblanc (1860-1914), base de données de la Légion d'honneur Léonore
  3. Dossier de la légion d'honneur de Michel Régis Leblanc (1818-1890), base de données de la légion d'Honneur Léonore
  4. Notice biographique sur le contre-amiral Leblanc, Revue maritime et coloniale, volume 106, 1890, pp. 127-141
  5. Fiche de Michel Émile Leblanc (1860-1914), site Mémoire des hommes
  6. Fiche de Michel François Joseph Leblanc (1893-1918), site Mémoire des hommes
  7. La Koumia : Bulletin de l'Association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes en France, n° 102, septembre 1986, p.11.
  8. a b c d e et f Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, 2009, p. 250
  9. Journal officiel du 19 avril 1919, p. 4101
  10. a b c et d Paul Gaujac, Les goums marocains 1941-1945, l'Esprit du temps, 2021, p.203
  11. Journal officiel du 1 janvier 1931, p. 24.
  12. a et b « Le général Leblanc, nouveau chef de la région de Meknès », La Vigie marocaine, 6 mars 1948, [1]
  13. (en) « Georges Emile Leblanc », The Hall of Valor Project.
  14. a b c et d Jean Guérin, Des hommes et des activities autour d'un demi-siècle, éditions B.E.B., 1957. Lettre-préface de François Mauriac., p. 436
  15. Le général Leblanc remplace le général Lorillot à Hué, Le Monde, 7 novembre 1951
  16. Général Jean Le Chatelier, Le 27e B.T.A. Indochine, 1949-1954, Service historique de la Défense, 1987, p. 27
  17. « Camargue, opération. Déclenchée en juillet 1953, en Centre-Annam, sous les ordres du général Leblanc, l'opération Camargue entre dans le cadre des actions offensives entreprises par le général Navarre. Elle vise à nettoyer la zone côtière au nord de Hué, région s'étendant aux abords de la route coloniale 1 (RC 1) et connue sous le nom de « Rue sans joie ». En prenant pour cible le régiment vietminh 95 qui tient le secteur, elle a aussi pour but d'atténuer la menace que fait peser la division vietminh 325 sur le Moyen-Laos tout proche. Conçue sous la forme d'une opération combinée avec une composante amphibie, Camargue nécessite le déploiement d'une dizaine de bataillons. Mais sans doute en fallait-il davantage pour procéder à un bouclage efficace ? En effet, alors qu'il se trouve encerclé, le régiment 95 réussit tout de même à sortir du piège en sacrifiant deux de ses compagnies. Le bilan de l'opération demeure donc médiocre même si les conditions de circulation sur la RC 1 s'en trouvent améliorées. », François Cochet, Rémy Porte, Ivan Cadeau, Dictionnaire de la guerre d'Indochine, Place des éditeurs, p. 149
  18. Le conseil des ministres nomme le général Leblanc directeur des services de sécurité au Maroc, Le Monde, 7 juillet 1955
  19. Le général Leblanc directeur de l'intérieur à Rabat reçoit sa quatrième étoile, Le Monde, 21 juillet 1955
  20. Journal officiel du 16 octobre 1956
  21. a b c d et e « Décès du général Leblanc », dans La Koumia : Bulletin de l'Association des anciens des goums marocains et des affaires indigènes en France, n° 114, 1989, pp. 4-26 (→ lire en ligne)

Bibliographie modifier

Ouvrages modifier

  • Paul Gaujac, Les goums marocains 1941-1945, l'Esprit du temps, 2021
  • Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, , 701 p. (ISBN 978-2-35077-135-9).
  • Jean Guérin, Des hommes et des activities autour d'un demi-siècle, éditions B.E.B., 1957. Lettre-préface de François Mauriac.

Articles modifier

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Références modifier

  • Dossier militaire du SHD: côte 14 Yd 1451

Liens externes modifier