Georges Labit

fondateur du musée Georges-Labit
Georges Labit
Photographie conservée au musée Georges-Labit.
Biographie
Naissance
Décès
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ToulouseVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
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Officier d'Académie le 12 janvier 1895
Archives conservées par

Georges Labit (le t se prononce[2]), né le à Toulouse et mort le dans la même ville, est un voyageur et commerçant français, connu pour avoir fondé le musée Georges Labit.

Enfance, formation et mise sous tutelle (1862-1883) modifier

Famille modifier

Fils d'Antoine Labit, riche entrepreneur de Toulouse, et Marie Claué, fille aisée originaire d'Agen, Louis-Victor-Gorges Labit passe son enfance à Toulouse. Son frère, Louis, naît le . Lorsqu'il a huit ans, en 1869, sa mère meurt de la phtisie. En , Antoine Labit se remarie avec Hélène Claué, la sœur de Marie. Ils ont une fille ensemble, Marguerite, née le . Il étudie au collège Sainte-Marie puis au Lycée Pierre-de-Fermat. (D'après l'ouvrage "De terres en terres", de O. Laulhere et S. Leprun, Georges aurait étudié au Caousou, qui n'a ouvert ses portes qu'en 1874.)

Vie parisienne modifier

Il entre le à l'École supérieure de commerce de Paris. D'abord décontenancé par le multiculturalisme de l'école, il s'adapte rapidement et excelle particulièrement en histoire, géographie et en allemand et émet le souhait, dans sa correspondance avec sa famille, de partir étudier à l'étranger. Il apprécie particulièrement à Paris de pouvoir observer les gens. Durant ses années d'études, il contracte des dettes, probablement liées aux courses hippiques ; son père décide alors de le placer sous tutelle financière, privant ainsi Georges de toute indépendance économique pour le reste de sa vie.

Premiers voyages (1884-1893) modifier

Vienne modifier

Georges Labit arrive à Vienne en . Son séjour dure environ trois ans, entrecoupé de voyages d'affaire à Cologne, Bruxelles, Amsterdam ou Venise. Il est séduit par la liberté de mœurs et d'opinions qui y règne. Il fréquente les concerts classiques, cafés-chantants, bals. Il rentre pour Toulouse en , en passant par Munich, Stuttgart, Strasbourg et Nancy.

1888 : Scandinavie modifier

Labit part en pour la Scandinavie, mandatée par la société de géographie de Toulouse pour étudier les Lapons. Partant du Havre, il arrive trois jours plus tard au fjord d'Oslo.

« Je ne connais rien de plus vrai que les panneaux représentant la vie d'un paysan de Norvège »[3]

Pendant son voyage en Scandinavie, Labit étudie le peuple des Lapons. Il s’intéresse beaucoup au nomadisme de ce peuple et à ses origines ethniques. Parmi les théories présentes à l’époque, Labit considère que la plus probante est celle qui dit "le lapon issue de la race touranienne, car il y a un grand rapport entre eux et les Gitanos, Tziganes et Gypsies"[4].

Georges Labit part étudier le peuple lapon dans son pays, mais il faut savoir que, depuis 1878, sont présents au Jardin d’acclimatation plusieurs représentants de ce peuple. Labit n'est pas à l'unisson de ce déracinement de ces peuples considérés comme sauvages par le monde scientifique étable de son époque. Labit critique ainsi : "le Lapon ne mérite pas l'exhibition dont il est l'objet dans quelques jardins d'acclimatations. […] Si le nord de la Scandinavie était plus fréquenté, on […] adorerait ses mœurs hospitalières et désintéressées qui, à mon avis, le mettent au-dessus de beaucoup d'habitants de certaines contrées dites civilisées"[4].

1889 : Japon et extrême-orient modifier

 
Aux sanctuaires et temples de Nikkō : « L'âme humaine se snet à la fois élevée et écrasée. On reste stupédfait devant ces accumulations de laque, ces toitures colossales et cet encadrement merveilleux d'arbres éternellement en deuil. »[5].

Sa première escale est Kobé, qu'il quitte rapidement pour visiter Hiogo et Akashi. Puis il se rend à Yokohama où il achète de nombreux objets qui constitueront ensuite les collections de son musée : robes de daïmios, gardes de sabres, porcelaine de Kyoto, livres illustrés et fréquente assidûment les théâtres.

Il est ensuite invité à Tokyo par Prosper Fouque, correspondant de la société de géographie de Toulouse. Il se rend au Shiro, à Asacksa, autour d'Ouéno et au Yoshiwara. Il rejoint ensuite Nikko, en prenant le train pour Utsunomiya puis en traversant la campagne japonaise en jinrikisha. Il visite ensuite les alentours en kango.

Pour la fin de son voyage au Japon, il se rend à Kamakura pour admirer le grand Bouddha, puis à Enoshima et quitte le Japon pour la Chine par le port de Nagasaki. Il est probable qu'il soit aussi passé par l'Indochine, car il avait en sa possession des lettres de recommandation d'Ernest Constans destinées à des personnalités de Hanoi.

Le voyage de Georges Labit au Japon a lieu durant une époque de changement. Le Japon est en train de s'ouvrir aux pratiques occidentales. Dans l'objectif de garder une trace de ce qui a été, Labit ramène donc beaucoup de photographies et d'objets décrivant un Japon en train de disparaitre[6]. Ces achats se font dans le cadre d'un Romantisme de fin de siècle.

Il rentre à Toulouse en , puis y organise une exposition sur les objets qu'il ramène de ses voyages, certains destinés à sa collection personnelle, d'autres à être vendus à la Maison Universelle.

1890 : Autour de la Méditerranée modifier

 
Georges Labit à Alger. Photographie conservée au musée Georges-Labit.

Il séjourne de nombreuses fois en Afrique du Nord pour approvisionner la Maison Universelle, notamment en Algérie. Puis, il rentre en Europe en passant par l'Espagne.

D'Algérie, Labit ramène de nombreuses photos de personnes. Les choix conscients de Labit lui permettent de fournir du matériel à la fois anthropologique et artistique. Labit photographie les indigènes tel qu'ils sont, mais en leur faisant prendre des poses qu'il choisit lui-même.

Il visite l'Andalousie en et parcourt les villes de Séville, Cadix, Grenade et Madrid. Sur la route du retour vers, il passe par Salamanque, Médina del Campo et Burgos[7].

1891 : la Bretagne modifier

En , il décide de partir explorer l'Europe du Nord et commence par visiter la Bretagne.

Fondation du musée et funérailles du tzar Alexandre III (1893-1894) modifier

Voyage d'étude (1894) modifier

Il part le pour un voyage d'étude à travers les collections publiques et privées d'Europe afin d'en apprendre plus sur la manière de gérer son musée. Il part pour Nice qui selon lui « n'est plus une ville italienne, encore moins une ville française, c'est une ville un peu anglaise et très allemande »[8].

Sa première escale italienne est Gênes, où il visite le Palazzo Rosso, le Palazzo Bianco, le Palazzo Doria-Spinola et le cimetière monumental de Staglieno. Puis il fait escale à Pise et poursuit vers Florence, où il visite la Galerie des Offices, le musée archéologique national, le couvent San Marco, le musée de l'Œuvre de Santa Croce, la Galerie Pitti... Il poursuit son voyage vers Rome où il assiste à un attentat, piazza di Montecitorio. Il y visite la Scala Santa, le temple de Vesta, la chapelle des Capucins, la catacombe de Saint-Calixte, la basilique de la Minerve, le Colisée, le Panthéon... Les musées, que ce soit celui du Capitole ou le palais du Latran, lui déplaisent au plan muséographique.

Retour à Toulouse (1895-1899) modifier

Contrairement à Vienne, carrefour de cultures qui l'a ébloui, Georges Labit n'aime pas Toulouse, cette ville "petite-bourgeoise". Sa famille y fait l'objet d'une grande réussite au niveau commercial et matériel, mais lui ne s'y plait pas. Dans une lettre à sa tante, il explique n'avoir eu "ni bons souvenirs, ni amis" de son passage au Caousou. Toujours dans sa correspondance avec sa tante, il ajoute que "ce n'est pas sur les bords de la Garonne qu'il faut chercher les idées larges". Georges ne supporte de revenir à Toulouse que grâce à sa famille. Famille élargie, puisque pendant plusieurs années, Georges fréquente une très jeune femme, Angèle Sicard. Leur relation commence alors qu'il n'a lui-même que vingt ans. Angèle l’accompagne parfois lors de ses voyages, comme en Suisse en 1886[6].

Georges Labit meurt le après plusieurs jours d'agonie. La cause exacte de sa mort n'est pas connue[11]. Cependant, la presse de l'époque parle de mort violente. Ce secret fait écho à plusieurs mystères au sujet de la vie de Georges Labit. Son père a d'ailleurs détruit beaucoup de documents écrits au sujet de la famille Labit, après la mort de Georges. Ce décès intervient peu de jours avant ses noces avec Louise M., une jeune fille originaire des Hautes-Pyrénées rencontrée récemment. En , Angèle Sicard entre au couvent des sœurs dominicaines de la Sainte-Baume, près de Marseille puis au couvent de Montferrand, près de Besançon.

Références modifier

  1. « https://palanca.occitanielivre.fr/fr/patrimoine/oll/page/georges-labit/8cf9074b-ba5d-347d-adc9-cd6d6b507779,crl,list,1, »
  2. « Labit (Laurent) » (consulté le )
  3. Lefèvre 1994, p. 59.
  4. a et b Georges Labit, Les lapons suédois et norvégiens, Toulouse,
  5. Lefèvre 1994, p. 101
  6. a et b Odile Laulhere et Sylviane Leprun, De terres en terres : Georges Labit, février 1862-février 1899, Toulouse, O. Laulhère / Mairie de Toulouse, , 197 p. (ISBN 2-905880-15-5)
  7. Lefèvre 1994, p. 110
  8. Lefèvre 1994, p. 163
  9. Lefèvre 1994, p. 170
  10. Lefèvre 1994, p. 175
  11. « La mort étrange d'un fils de famille », sur ladepeche.fr (consulté le )

Bibliographie modifier

  • Georges Labit, Au Japon : souvenirs de voyage, Bulletin de la société de géographie de Toulouse, Toulouse, Musée Georges-Labit, (réimpr. 1993) (ISBN 978-2905880130)
  • Genevière Lefèvre, Georges Labit : un globe-trotter toulousain 1862-1899, Editions Daniel Briand, (ISBN 2-903716-46-3)
  • Odile Laulhère et Sylviane Leprun, De terres en terres : Georges Labit (février 1862-février 1899), (ISBN 978-2-9510337-0-2)
  • Philippe Hugon, Les mystères de l'Orient, Georges Labit (XIXe siècle), Histoires vécues et insolites de Toulouse, Toulouse, Privat, (ISBN 978-2-7089-5818-0)
  • Yolande Boulade, Georges Labit, 1862-1899 : entre tourisme et ethnographie, histoire des pratiques d'un voyageur au XIXe siècle,

Liens externes modifier