Alpha Coronae Borealis

étoile la plus brillante de la constellation de la Couronne Boréale
(Redirigé depuis Gemma (étoile))
α Coronae Borealis A / B
Alphecca
Description de l'image Alpha Coronae Borealis.jpg.
Données d'observation
(époque J2000.0)
Ascension droite 15h 34m 41,268s[1]
Déclinaison +26° 42′ 52,9″[1]
Constellation Couronne boréale
Magnitude apparente 2,23[2]

Localisation dans la constellation : Couronne boréale

(Voir situation dans la constellation : Couronne boréale)
Caractéristiques
Type spectral A0 V / G5 V[3]
Indice U-B −0,02[2]
Indice B-V −0,02[2]
Indice R-I −0,04[2]
Variabilité Binaire à éclipses de type Algol[4]
Astrométrie
Vitesse radiale +1,7 ± 0,9 km/s[5]
Mouvement propre μα = +120,27 mas/a[1]
μδ = −89,58 mas/a[1]
Parallaxe 43,46 ± 0,28 mas[1]
Distance 75,0 ± 0,5 al
(23,0 ± 0,1 pc)
Magnitude absolue +0,16 / +5,05[3]
Caractéristiques physiques
Masse 2,58 / 0,92 M[3]
Rayon 2,89 / 0,90 R[3]
Gravité de surface (log g) 3,89 / 4,50[3]
Luminosité 74 / 0,81 L[3]
Température 9 700 / 5 800 K[3]
Âge 314 × 106 a

Désignations

Alphecca, Alphekka, Gemma, Margarita, α CrB, 5 CrB (Flamsteed), HR 5793, HD 139006, BD+27°2512, FK5 578, GJ 9524, HIP 76267, SAO 83893[6]

Alpha Coronae Borealis (α CrB / α Coronae Borealis) dans la Désignation de Bayer, est une étoile binaire de deuxième magnitude située dans la constellation de la Couronne boréale, dont elle est l'étoile la plus brillante. D'après la mesure de sa parallaxe annuelle par le satellite Hipparcos, le système est situé à environ ∼ 75 a.l. (∼ 23 pc) de la Terre[1].

Nomenclature, histoire et mythologie modifier

Du ciel des Grecs et des Arabes à l'UAI modifier

Alphecca est le nom approuvé pour α CrB par l’Union astronomique internationale (UAI)[7]. C’est l’arabe الفكّة al-Fakka, « le Bris », qui est, dans le ciel arabe traditionnel, le nom de la constellation à laquelle cette étoile appartient[8],[9].

 
La figure de الفكّة le Bris, dans le ciel arabe traditionnel

En fait le parcours de ce nom est plus compliqué. Les traducteurs de la Μαθηματική σύνταξις de Ptolémée, al-Ḥağğāğ b. Maṭar et Isḥāq b. Ḥunayn, rendirent au IXe siècle la Στέφανος βόρειος par اكليل الشمالي al-Iklīl al-Šamālī, de même signification, mais gardèrent en même temps le nom qu’ils avaient en propre, الفكّة al-Fakka, « le Bris », et ils donnèrent à l’étoile la plus brillante de cette constellation, dans le cadre du ciel gréco-arabe, le nom de منير الفكّة Munīr al-Fakka[10]. Mais, comme les noms ont tendance à se raccourcir sur l’astrolabe, cette étoile y figure sous le deux noms, l’appellation première, soit منير الفكّة Munīr al-Fakka, et l’appellation raccourcie, الفكّة al-Fakka, « le Bris », et cela dès le XIe siècle[11]. C’est ainsi que dès les premières traductions latines des textes de l’astrolabe autour de l’an mil, on rencontre les deux noms, Alfeka et Munir Elfeca[12],[13], si bien que l’on peut lire: Arad : ...Mumir, ....Alpheta, fortè Munir, Alphecca, seu Alphacca sequens dans l’Uranometria de Johann Bayer (1603)[14]. La graphie Alphecca que donne Johann Elert Bode [15], reprise comme la forme commune chez Richard Hinckley Allen (1899)[16], donnée par Paul Kunitzsch & Tim Smart [17], est celle retenue par l’UAI.

Gemma est un nom né à la Renaissance d’une discussion entre philologues sur la Couronne Australe, et indique les « joyaux », en latin gemmis (ablatif pluriel) ornant la-dite Couronne[18]. Placé à côté de Alphecca chez Johann Elert Bode[19], il est encore noté chez Richard Hinckley Allen (1899), qui donne encore Margarita Coronae[20], ce est adapté en français avec l’appelllation de Perle[21].

En Chine modifier

α CrB est 貫索四, soit « la 4e étoile » de l'astérisme de l'astérisme 貫索 (pinyin : Guàn suǒ), « le Cordon »[22].

Propriétés modifier

 
Courbe de lumière d'Alpha Coronae Borealis, issue des données du télescope spatial TESS[23].

Alphecca est une étoile binaire à éclipses, dont le système est semblable à celui d'Algol (β Per). Ce système a une période de 17,36 jours, avec une magnitude variant entre +2,21 à +2,32 dans la bande B, ce qui est très difficilement notable à l'œil nu[4].

L'existence d'un grand disque de matière et de poussière autour d'Alphecca a été démontrée, ce qui fait penser à un système de planètes ou de protoplanètes, comme autour de Véga, actuellement. Le fait que ce système dynamique d'étoile double possède un système est le sujet d'un débat intense.

Notes et références modifier

  1. a b c d e et f (en) F. van Leeuwen, « Validation of the new Hipparcos reduction », Astronomy & Astrophysics, vol. 474, no 2,‎ , p. 653–664 (DOI 10.1051/0004-6361:20078357, Bibcode 2007A&A...474..653V, arXiv 0708.1752)
  2. a b c et d (en) D. Hoffleit et W. H. Warren, « Bright Star Catalogue, 5e éd. », Catalogue de données en ligne VizieR : V/50. Publié à l'origine dans : 1964BS....C......0H, vol. 5050,‎ (Bibcode 1995yCat.5050....0H)
  3. a b c d e f et g (en) J. Tomkin et D. M. Popper, « Rediscussion of eclipsing binaries. XV - Alpha Coronae Borealis, a main-sequence system with components of types A and G », The Astronomical Journal, vol. 91,‎ , p. 1428 (DOI 10.1086/114121, Bibcode 1986AJ.....91.1428T)
  4. a et b (en) N. N. Samus', E. V. Kazarovets et al., « General Catalogue of Variable Stars: Version GCVS 5.1 », Astronomy Reports, vol. 61, no 1,‎ , p. 80-88 (DOI 10.1134/S1063772917010085, Bibcode 2017ARep...61...80S, lire en ligne, consulté le )
  5. (en) Ralph Elmer Wilson, General Catalogue of Stellar Radial Velocities, Carnegie Institution of Washington, (Bibcode 1953GCRV..C......0W)
  6. (en) * alf CrB -- Eclipsing binary of Algol type sur la base de données Simbad du Centre de données astronomiques de Strasbourg.
  7. (en) IAU, « Star Names », 2021. »
  8. (de) Paul Kunitzsch, Untersuchungen zur Sternnomenklatur der Araber, Wiesbaden : O. Harr0assowitz, 1961, pp. 55-56.
  9. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes. Apport de l’uranographie arabe, Paris : Geuthner, 2012, p. 98.
  10. Voir (ar/fr) Hans Karl Frederik Christian Schjellerup, Description des étoiles fixes composée au milieu du Xe siècle de notre ère par l'astronome persan Abd-al-Rahman Al-Sûfi. Traduction littérale de deux manuscrits arabes de la Bibliothèque royale de Copenhague et de la Bibliothèque impériale de Saint-Pétersbourg…, Saint-Pétersbourg : Eggers et Cie, 1874, repr. Fuat Sezgin, Islamic mathematics and Astronomy, vol. XXVI, Frankfurt am Main : Institut für Geschichte der arabisch-islamischen Wissenschaft an der Johann Wolfgang Goethe-Universität, 1997, pp. 77-78.
  11. Roland Laffitte, Le ciel des Arabes..., op. cit. , pp. 198-203.
  12. (la) Waztalkora, sive tractatus de utilitatibus astrolabii, ms. Bnf, lat. 7412 (début du XIe s.), fol. 5v et 19v.
  13. Roland Laffitte, Héritages arabes. Des noms arabes pour les étoiles, Paris : Geuthner, 2005, p. 164.
  14. (la)Johann Bayer, Uranometria, omnium asterismorum continens schemata, nova methodo delineata…, Augusta Vindelicorum : C. Mangus, 1603, fol. 4r.
  15. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, sive astrorum descriptio viginti tabulis aeneis incisa ex recentissimis et absolutissimis astronomorum observationibus, Berlin : apud autorem, 1801, pl. VII.
  16. (en) Richard Hinckley Allen, « Star-names and their meaning, New York & al., G. E. Stechert, 1899, p. 178. »
  17. Paul Kunitzszch & Tim Smart, A Dictionary of Modern Star Names : Cambridge (Ma) : Sky & Telescope, 1986, p. 30.
  18. (en) Paul Kunitzszch & Tim Smart, A Dictionary…, op. cit., pp. 30-31.
  19. (la) Johann Elert Bode, Uranographia, op. cit., pl. VII.
  20. (en) Richard Hinckley Allen, Star-names... , op. cit., p. 178.
  21. Roland Laffitte, Héritages arabes..., op. cit., 164.
  22. (en) Sun Xiachun Sun & Jacob Kistemarker, The Chinese Sky During the Han, Leiden / Köln : Brill, 1997, p. 131.
  23. (en) « MAST: Barbara A. Mikulski Archive for Space Telescopes », Space Telescope Science Institute (consulté le )

Voir aussi modifier

Articles connexes modifier

Liens externes modifier