Gauche indépendante

groupe parlementaire sous la IIIe République

La Gauche indépendante est le nom de deux différents groupes parlementaires de la Chambre des députés.

Une scission de l'aile gauche du PRDS pro-Gouvernement Briand (1925-1928) modifier

À la suite de la fin du total soutien de la SFIO aux gouvernements issus du Cartel des gauches à la fin de l'année 1925 (les gouvernements Painlevé (3) où les socialistes s'abstiennent, et surtout Briand (8) où certains d'entre eux votent contre), le reste du cartel regarde vers le centre droit pour continuer à gouverner.

Devant la perte d'influence de la SFIO dans la politique gouvernementale, des membres de groupes centristes décident de soutenir cette dernière pour l'orienter vers une politique de « concentration républicaine » opposée aux idées socialistes. l'artisan principal de cette manœuvre est Yves Le Trocquer.

Dix membres de la Gauche républicaine démocratique et quatre du groupe des Républicains de gauche décident de former un nouveau groupe[1] le 6 novembre 1925, intitulé Groupe de la Gauche indépendante, qui rompt avec la ligne politique d'opposition systématique au cartel de la Ligue républicaine nationale d'Alexandre Millerand.

Ce premier groupe représente l'aile droite des gouvernements de centre-gauche qui se succèdent jusqu'au gouvernement Poincaré en juillet 1926. Puis ils deviennent poincaristes et restent dans la majorité.

Le secrétaire est Jean Carnot.

Le groupe n'est pas reconduit en 1928, seuls six de ses membres étant réélus. Ils rejoindront les groupes de la mouvance radicale indépendante.

Membres (1925-1928) [2] modifier

Député Département XIIIe législature
1924-1925
XIIIe législature
1925-1928
XIVe législature
Edmond Boyer Maine-et-Loire Républicains de gauche Gauche indépendante Gauche sociale et radicale
Jean Carnot Charente Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Battu
Pierre de Chambrun Lozère Républicains de gauche Gauche indépendante Députés indépendants
Maurice Colrat Seine-et-Oise Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Battu
Yves Gallou Côtes-du-Nord Républicains de gauche Gauche indépendante Battu
Adolphe Landry Corse Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Gauche radicale
François Le Friec Côtes-du-Nord Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Ne se représente pas
Yves Le Trocquer Côtes-du-Nord Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Gauche radicale
Ernest Outrey Cochinchine française Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Gauche radicale
Jean Périnard Seine-et-Oise Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Ne se représente pas
Alfred Rabouin Maine-et-Loire Républicains de gauche Gauche indépendante Battu
Pierre Sérandour Côtes-du-Nord Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Ne se représente pas
Robert Thoumyre Seine-Inférieure Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Républicains de gauche
Armand Waron Côtes-du-Nord Gauche républicaine démocratique Gauche indépendante Battu

Une scission de l'aile gauche des Indépendants de gauche (1932-1936) modifier

Après les Élections législatives françaises de 1932, le groupe des Indépendants de gauche (qui réunissait les députés de centre gauche, gravitant autour du radicalisme indépendant et de l'aile droite des républicains socialistes) se divise.

À gauche, ceux qui veulent un groupe "fermé", c'est-à-dire accessible uniquement aux députés élus sur un programme de gauche, avec une certaine unité dans les votes (tels Jean-Michel Renaitour[3] ou Henry Torrès). Ils veulent s'ancrer dans la majorité "Cartelliste".

L'aile droite qui veut maintenir le groupe ouvert à "tous les républicains laïques et sociaux" et garder une totale liberté de votes pour ses membres. (Comme Jean Montigny).

C'est cette dernière qui l'emporte dans la réunion du 1er juin 1932[4] et garde le nom d'"Indépendants de gauche", les autres créant le Groupe républicain des indépendants de gauche[5] début juin 1932, qui se rebaptise rapidement Groupe de la Gauche indépendante[6].

C'est l'un des 16 groupes de la Chambre durant la législature 1932-1936[7].

Le groupe se reconstitue en 1936, mais la plupart de ses membres ayant été battus, seuls quatre sortants en font partie.

Membres [8] modifier

Député Département XIVe législature XVe législature XVIe législature
Émile Béron Moselle Communiste (1928-1933) Gauche indépendante (1933-1936) Gauche indépendante
Henri Chatenet Seine-et-Oise Non élu Gauche indépendante Battu
Georges Chauvel Oise Non élu Gauche indépendante
(Invalidé le 17/11/1932)
Henri Clerc Haute-Savoie Non élu Gauche indépendante (1934-1936) Rad-soc (1932-1934) Ne se représente pas
Camille Dahlet Bas-Rhin Indépendants de gauche Gauche indépendante Indépendants d'action populaire
Maurice Delom-Sorbé Basses-Pyrénées Non élu Gauche indépendante Gauche indépendante
Paul Deudon Alpes-Maritimes Non élu Gauche indépendante Battu
Victor Doeblé Moselle Communiste Gauche indépendante Battu
André Grisoni Seine Battu Gauche indépendante (1934-1936) Rad-soc (1932-1934) Battu
Guy La Chambre Ille-et-Vilaine Indépendants de gauche Gauche indépendante Républicain radical et radical-socialiste
Jean-Pierre Mourer Bas-Rhin Communiste Gauche indépendante Indépendants d'action populaire
Georges Moutet Basses-Pyrénées Non élu Gauche indépendante Battu
Richard Prentout Calvados Non élu Gauche indépendante Ne se représente pas
Jean-Michel Renaitour Yonne Indépendants de gauche Gauche indépendante Gauche indépendante
Camille Rimbert Vienne Non élu Gauche indépendante Battu
Simon Sabiani Bouches-du-Rhône Députés indépendants Gauche indépendante Battu
Léon Thébault Ille-et-Vilaine Indépendants de gauche Gauche indépendante Battu
Henry Torrès Alpes-Maritimes Non élu Gauche indépendante Battu
Ont fait une déclaration d'entente
Gaston Bergery Seine-et-Oise Républicain radical et radical-socialiste Gauche indépendante (1933-1934) Rad-soc (1932-1933) Gauche indépendante
Charles Feuillette Aisne Non élu Gauche indépendante (1933-1936) Battu

XVIe législature, un regroupement pro-Front populaire modifier

Le groupe se reconstitue sur l'initiative de Jean-Michel Renaitour. Après la victoire du Front populaire aux 1936, les députés de plusieurs petites formations de gauche et de centre-gauche qui ont été élus sur son programme se regroupent[9].

Ce groupe rassemble en juin 1936 les membres de :

Le Groupe de la Gauche indépendante soutient le gouvernement du Front populaire.

Au cours de la législature modifier

Membres par sous-groupes [10] modifier

Député Département XVe législature XVIe législature Vote sur les Pleins pouvoirs
Gauche indépendante
Émile Béron Moselle Gauche indépendante (1933-1936) Gauche indépendante Pour
Antoine Cayrel Gironde Parti socialiste de France Gauche indépendante Pour
Maurice Delom-Sorbé Basses-Pyrénées Gauche indépendante Gauche indépendante Contre
Galandou Diouf Colonie du Sénégal Républicains de gauche (Entente) Gauche indépendante Dans le Massilia
Alfred Elmiger Bouches-du-Rhône Non élu Gauche indépendante
(puis "Entente" (1937-1940)
Contre
Jean Mendiondou Basses-Pyrénées Non élu Gauche indépendante Contre
Jean Michard-Pellissier Hautes-Alpes Non élu Gauche indépendante Pour
Maurice Montel Cantal Non élu Gauche indépendante Contre
Gabriel Plancke Nord Communiste Gauche indépendante Ne prend pas part au vote
Jean-Michel Renaitour Yonne Gauche indépendante Gauche indépendante Ne prend pas part au vote
Joseph Serda Algérie française Gauche radicale Gauche indépendante Ne prend pas part au vote
Parti de la Jeune République
Albert Blanchoin Maine-et-Loire Indépendants de gauche (1935-1936) Gauche indépendante (1936-1938)→Démocrate populaire Prisonnier de guerre
Paul Boulet Hérault Non élu Gauche indépendante Contre
Jean Leroy Vosges Non élu Gauche indépendante Prisonnier de guerre
Philippe Serre Meurthe-et-Moselle Indépendants de gauche Gauche indépendante Contre
Parti d'unité prolétarienne
Louis Gélis Seine Unité ouvrière Gauche indépendante Décédé le 28/01/1940
Émile Périn Nièvre Unité ouvrière Gauche indépendante Pour
René Plard Aube Unité ouvrière Gauche indépendante Ne prend pas part au vote
Parti radical-socialiste Camille Pelletan
André Albert Deux-Sèvres Non élu Gauche indépendante Pour
Lucien Camus Seine-et-Oise Non élu Gauche indépendante Ne prend pas part au vote
René Château Charente-Maritime Non élu Gauche indépendante Pour
Parti frontiste
Gaston Bergery Seine-et-Oise Gauche indépendante
(1933-1934)
Gauche indépendante Pour
Georges Izard Meurthe-et-Moselle Non élu Gauche indépendante
(1936-1937)
Prisonnier de guerre
Ont fait une déclaration d'entente
Jacques Doriot Seine Unité ouvrière Gauche indépendante
(1936-1937)
Démissionne le 29/06/1937
Adrien Marquet Gironde Parti socialiste de France Gauche indépendante Pour
Fernand Bouisson Bouches-du-Rhône Parti socialiste (1932-1934) Gauche indépendante
(1937-1940)
Pour
Émile Gellie Gironde Républicains de gauche Gauche indépendante
(1937-1938)→Républicains de gauche
Pour
Jean Hennessy Alpes-Maritimes Non élu Gauche indépendante
(1937-1940)→
Contre

Notes et références modifier

  1. « Le Radical », sur Gallica, (consulté le ).
  2. Feuilleton de la Chambres des Députés de janvier 1926 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562984g/f3.item#
  3. L'Homme libre, 3 juin 1932
  4. « Le Petit journal », sur Gallica, (consulté le ).
  5. « Le Petit journal », sur Gallica, (consulté le ).
  6. « Le Petit journal », sur Gallica, (consulté le ).
  7. historia.fr, 110 ans de groupes parlementaires (1910-2020), 19 mai 2020
  8. Feuilleton de la Chambres des Députés de juin 1932, 1933, 1934 et mai 1935 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6561242d/f2.item
  9. « Le Petit journal », sur Gallica, (consulté le ).
  10. Feuilleton de la Chambres des Députés de juin 1936, mai 1937, juin 1938 et mai 1939 : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6562821m/f9.image.r=%22gauche%20ind%C3%A9pendante%22?rk=21459;2