Un gallivat (galbat ou galivat, ou gallevat, ou gallowet ou gallouet) est un type de petit bateau à voiles latines et rames, hérité du dhow arabe, utilisés sur la côte de Malabar en Inde dans le 18e et le 19e siècle. Utilisé à l'origine comme cargo, les marines locales l'utilisent comme petit navire de guerre faiblement armé.

Une gourabe de pirates mahrattas et des gallivats s'emparent attaquent le sloop HCS Aurora (1809) de la Marine de Bombay. Le bateau au premier plan est un gallivat.

Étymologie modifier

Le mot peut provenir du portugais "galeota" ou de Mahratte "gal hat"[1] donnant Galbat, anglicisé en Gallivat.

Description modifier

 
Maquete de gallivat

Un gallivat présente généralement un ou deux mâts[2] gréés en voiles latines et environ 20 bancs pour les rameurs, un de chaque côté.

Ils mesure généralement 9 à 15 m [3], plus rarement jusqu’à 25 m[4], pour un tonnage de 20 à 50 tonneaux (builder's old measurement)[3], exceptionnellement jusqu’à 230 tonneaux[4]. Il possède une proue qui ressemble beaucoup à une gourabe.

Ce navire est utilisé à l'origine comme cargo, mais sa taille et sa vitesse ont permis de l'utiliser en Inde, comme navire de guerre faiblement armé. L'armement est constitué de 6 à 8 canons de 3 à 4 livres[2], parfois jusqu’à 10 canons de 6 livres[4].

Références dans l'histoire modifier

Gallivats dans la marine hindous modifier

Kanhoji Angre (surnommé Angria), un amiral du peuple koli au 18e siècle dans la marine maratha[5], utilisait beaucoup les gallivats. Chacune de ces gourabes en disposaient pour le transport d'homme ou le remorquage[6].

Le , Angre attaque l'Indiaman Derby au large de Suvarnadurg. Il déploie neuf galères, cinq gourabes et quinze gallivats. Le Derbyse rend après avoir eu sept hommes tués et cinq blessés. Angre a gardé les membres d'équipage survivants prisonniers pendant 11 mois jusqu'à ce que le gouverneur de Bombay les rachète[7].

En 1754, une liste de navires Sidhi saisis par l'EIC (East India Company) et conservés à Surate en 1759 mentionne le nom de sept gallivats. Le plus grand, Manzul, avait une longueur de 13 m ("44 pieds"), une largeur de 5 m ("17 pieds") et une profondeur de 1,2 m ("4 pieds") pour un tonnage de 52 tonneaux (builder's old measurement).

Le plus petit galivat, Ram Chand, avait une longueur de 9 m ("29 pieds"), une largeur de 4 m ("13 pieds"), une profondeur de 1,2 m ("4 pieds"), donnant un tonnage de 19 tonneaux (builder's old measurement)[3].

Un gallivat capturé par l'EIC en 1775 mesurait 25 m ("84 pieds") de long et 7 m de large ("24 pieds"), ce qui donnait une charge de 213 tonneaux (builder's old measurement). Il avait un seul mât incliné vers l'avant, 24 avirons et portait dix canons de 6 livres[4]. Cela semblerait être à la limite supérieure de la taille pour un gallivat.

 
Un rouleau peint illustrant différents navires de pêche, gallivats et autres types de navires de la marine marathan, y compris des navires anglais capturés.

Gallivats dans la marine britannique de Bombay modifier

La Compagnie des Indes orientales (EIC) britanniques a fait un certain usage des gallivats, en particulier pour la Marine de Bombay (Royal Indian Navy), qui était la marine de la Compagnie des Indes orientales britanniques.

Le plus grand gallivat, le Shark avait un équipage de six Européens, six " topasses chrétiens" (descendants eurasiens de marchand portugais), 20 lascars (marin indigène) et 16 soldats. Le plus petit gallivat, Le Swift, avait un équipage de deux Européens, 14 lascars et 11 soldats. Ses plus petites armes (½ livre) étaient probablement des pierriers pivotants[8]. Les soldats venaient souvent du bataillon de cipaye de la marine de Bombay. En 1759, la marine de Bombay avait 13 gallivats[8]:

  • 6 à Bombay : Dolphin, Sharke, Tyger, Munsury, Yacobkhany, et Swift,
  • 7 à Surat : Squirrel, Kaither Bux, Nasary, Lively's Prize, Kaither Madut, Munsury, Fly, et Swallow.

Chacun avait un équipage composé de deux Européens, de deux à six topasses chrétiens et de 14 à 20 lascars. Ils portaient de cinq à sept canons de différentes calibres[9].

En 1773, le chantier naval de Bombay construisit Le Hawke, un gallivat, destiné au service des pilotes du Bengale[10].

En 1802, la Marine de Bombay n'avait plus de gallivats en service.

Nom Tonnage (bm) Armement
Shark 38 1 canon de 3 livres + 6 canons 2 livres
Dolphin 37 1 canon de 3 livres + 6 canons de 2 livres
Swift 15 1 canon d'1 livre + 4 canons d'½ livre
Fly 1 canon de 2 livres + 4 canons d'1 livre
Wolf 8 canons de 3 livres
Beagle 8 canons de 3 livres
Passard 1 canon de 6 livres + 4 canons de 4 livres
Swift 1 canon de 4 livres + 4 canons d'1 livre

Notes et références modifier

  1. Yule et Coke Burnell 1886, p. 361-363.
  2. a et b « Voiliers du monde - Pages g-gh », sur dossiersmarine5.org
  3. a b et c Barendses 2009.
  4. a b c et d United Service Magazine, Vol. 140, (1876), p.307.
  5. LT GEN K. J., « As NDA cadet, I was witness to Vice Admiral Awati’s kindness », ThePrint.In (consulté le )
  6. Sutton 2010.
  7. Hackman 2001.
  8. a et b Gazetteer of the Bombay Presidency, Vol. 26, Part 3, p. 220. (Government Central Press, 1894).
  9. Gazetteer of the Bombay Presidency, Vol. 26, Part 3, p. 224. (Government Central Press, 1894).
  10. Hackman 2001, p. 339.

Voir aussi modifier

Bibliographie modifier

  • (en) Rene J. Barendses, Arabian Seas, 1700 - 1763, Leiden/Boston, BRILL, , 1868 p. (ISBN 978-90-04-17658-4, lire en ligne).
  • (en) Rowan Hackman, Ships of the East India Company, Gravesend, Kent: World Ship Society, (ISBN 0-905617-96-7).
  • Jean Sutton, The East India Company's Maritime Service, 1746-1834 : Masters of the Eastern Seas, Woodbridge/Rochester, NY, Boydell & Brewer, , 311 p. (ISBN 978-1-84383-583-7, lire en ligne).
  • (en) Sir Henry Yule et Arthur Coke Burnell, Hobson-Jobson : Being a Glossary of Anglo-Indian Colloquial Words and Phrases, and of Kindred Terms : Etymological, Historical, Geographical, and Discursive, J. Murray, .

Articles connexes modifier