François Luchaire

universitaire et homme politique français

François Luchaire
Fonctions
Membre du Conseil économique et social

(5 ans)
Membre du Conseil constitutionnel

(9 ans)
Prédécesseur Charles Le Coq de Kerland
Successeur Gaston Monnerville
Biographie
Nom de naissance François Étienne Luchaire
Date de naissance
Lieu de naissance La Rochelle (France)
Date de décès (à 90 ans)
Lieu de décès 7e arrondissement de Paris
Nationalité française
Parti politique MRG
Famille Jules Zeller
Achille Luchaire
Julien Luchaire
Jean Luchaire

François Luchaire, né le à La Rochelle (Charente-Maritime) et mort le dans le 7e arrondissement de Paris[1], est un professeur de droit public français, cofondateur de l'université Paris 1 Panthéon-Sorbonne qu'il préside de 1970 à 1976, spécialiste du droit constitutionnel, et un homme politique français.

Biographie modifier

Jeunesse et études modifier

François Luchaire naît le à La Rochelle[2]. Il est le fils de Maurice Luchaire (-)[3], préfet, et de son épouse Denise, née Florent[4]. Les Luchaire sont une famille établie, dès le XVIe siècle, dans les Cévennes, à Lodève[3] ; drapiers prospères sous l'Ancien Régime, ils sont ruinés par la Révolution et entrent alors dans l'administration[3]. François Luchaire est notamment : l'arrière-petit-fils de Jules Zeller (-)[3] ; le petit-fils d'Achille Luchaire (-)[3] ; le neveu de Julien Luchaire (-)[3] ; et le cousin germain de Jean Luchaire (-)[5].

Il quitte La Rochelle pour Cherbourg où son père, Maurice Luchaire, est nommé sous-préfet (1927-1940). Il est admis au lycée de Cherbourg[6], puis, après de rapides études de droit, devient, en 1938, avocat au barreau de Caen[7].

En , il est mobilisé[2] et réussit le concours de commissaire de la marine militaire[8]. En , il est nommé au grade d'aspirant[2]. Son bateau, touché lors de l'attaque de Mers el-Kébir, est coulé le lendemain par un sous-marin britannique au large d'Alger[2]. En , il publie sa thèse sur la cour supérieure d'arbitrage[9]. Il s'engage ensuite dans la Résistance en rejoignant les FFL[10].

En 1945, il obtient l'agrégation en droit[2],[11],[7] et devient professeur de droit public à l'université de Nancy en 1949[7],[11].

L'un de ses enfants est le professeur de droit Yves Luchaire, qui fut le premier directeur de l'Institut d'études politiques de Lille.

Par ailleurs, l'une de ses filles est l'épouse de Pascal Lamy, ancien directeur de l'Organisation mondiale du commerce (OMC)[8].

Parcours professionnel modifier

En 1951, il est appelé comme chargé de mission au ministère de l'outre-mer par le ministre Louis Jacquinot, rencontré durant la guerre[7]. En 1955, il devient le président de la Société française des Nouvelles-Hébrides, fonction qu'il conserve jusqu'en 1967[11].

De 1957 à 1958, François Luchaire est conseiller à la Présidence du Conseil[7]. Il participe en tant qu'expert à la rédaction de la Constitution du 4 octobre 1958 et collabore à ce titre aux travaux du Comité consultatif constitutionnel ; il soutient le projet en tant que commissaire du gouvernement devant le Conseil d'État. Il contribue également à la rédaction des ordonnances portant lois organiques lors de l'installation du nouveau régime (article 92 de la Constitution, aujourd'hui abrogé)[7].

De 1960 à 1964, il préside la Société française des hautes études d'Outre-Mer (SFHEOM)[7].

François Luchaire est membre du Conseil constitutionnel de 1965 à 1974[12], nommé par le président du Sénat Gaston Monnerville. Il participe ainsi à la Décision Liberté d'association du [10].

En 1970, François Luchaire cofonde l'Université Paris 1 qu'il préside de sa création à 1976[7],[11],[8]. Européen convaincu, il est de 1974 à 1979 le vice-président de la Conférence des recteurs européens[7].

Sur le plan politique, François Luchaire participe en 1972 à la fondation du Mouvement des Radicaux de gauche (MRG)[8], rebaptisé ensuite Parti Radical de Gauche, et dont il deviendra l'un des vice-présidents d'honneur[13]. En 1974, il est le président du comité de soutien à la candidature présidentielle du socialiste François Mitterrand[7].

À partir de 1982, François Luchaire entame une carrière administrative et politique au service de la gauche. Le Premier ministre Pierre Mauroy le charge ainsi d'une mission sur les rapports entre professions libérales et services publics[7],[11], puis il est nommé en 1983 délégué interministériel aux professions libérales[7], poste duquel il démissionne en [11] pour devenir conseiller de son ami Robert Badinter[7]. Il est également nommé au Conseil économique et social de 1984 à 1989[8], puis président, de 1989 à 1993, du comité national d'évaluation des établissements publics à caractère scientifique, culturel et professionnel[8].

En parallèle, François Luchaire poursuit ses activités juridiques. En 1984, il devient ainsi pour deux ans juge ad hoc à la Cour internationale de justice de La Haye. En septembre de la même année, il cofonde l'Académie internationale de droit constitutionnel, basée à Tunis. Il en est d'ailleurs son président, de sa création à 1996, puis président d'honneur de cette date à son décès. À l'occasion de ses sessions d'enseignement, il dispense plusieurs cours qui sont publiés dans les recueils de l'AIDC. En 1989, il est nommé pour quatre ans conseiller en service extraordinaire au Conseil d'État[7]. Enfin, en 1992, le président François Mitterrand le nomme au comité consultatif Georges Vedel pour la révision de la Constitution[7],[11],[8].

François Luchaire stoppe ensuite ses activités politiques et administratives pour se recentrer sur le droit constitutionnel. Outre ses ouvrages juridiques, il intègre en 1993 le Tribunal constitutionnel d'Andorre, dont il prend la présidence en 1996, avant de se retirer un an plus tard[6].

Enfin, en 2002, il est nommé au sein de la commission de Pierre Avril, chargée de réfléchir à une réforme du statut pénal du président de la République française[14].

Il meurt à Paris le , la même année que son épouse Simone.

Titres et fonctions principales modifier

Fonctions universitaires modifier

Autres modifier

Décorations modifier

Publications modifier

  • Le Conseil constitutionnel - Tome 1, Organisation et attributions, 2e édition refondue, Paris, Economica, 1997, 490 p., (ISBN 2717834230), Tome 2, Jurisprudence, première partie : l'individu, 2e édition refondue, 1998, 259 p., (ISBN 2717835342), Tome 3, Jurisprudence, Deuxième et troisième parties : L'État, 2e édition, 1999, 305 p., (ISBN 2717838333), Tome 4, Mise à jour des trois volumes, janvier 1998-mars 2002, 2002, 49 p., (ISBN 2717844716), Mise à jour des trois volumes janvier 1998-Avril 2006, 2e édition, 2006, 61 p., (ISBN 2717852123).
  • La Constitution de la République française - Analyses et commentaires, (direction) avec Gérard Conac, 2e édition, Paris, Economica, 1999, 1402 p., (ISBN 2717813349).
  • Naissance d'une Constitution : 1848, Paris, Fayard, coll. « Histoire des Constitutions de la France », , 274 p. (ISBN 2-213-59357-4, présentation en ligne).
  • Droit des collectivités d'outre-mer, en collaboration avec Jean-Yves Faberon et Jacques Ziller, LGDJ, dernière édition en 2007.
  • Le droit européen : son application en France, Economica, 2006.
  • Le statut constitutionnel de la Polynésie française, Economica, 2005.
  • Décentralisation et constitution : commentaire de la loi constitutionnelle relative à l'organisation décentralisée de la République, en collaboration avec Yves Luchaire, Economica, 2003.
  • Le juge constitutionnel en France et aux États-Unis : étude comparée, Economica, 2002.
  • La Principauté d'Andorre, en collaboration avec M. Mateu, Economica, 2000.
  • Le statut constitutionnel de la Nouvelle-Calédonie, Economica, 2000.
  • La protection constitutionnelle des droits et des libertés, Economica, 1999.
  • Statut constitutionnel de la France d'outre-mer, Economica, 1999.
  • Droit constitutionnel de la cohabitation, en collaboration avec Gérard Conac et Gilbert Mangin, Economica, 1999.

Notes et références modifier

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. a b c d et e Fondation et Institut Charles-de-Gaulle 2003, s.v.François Luchaire, p. 198.
  3. a b c d e et f Caplat 1997, p. 385.
  4. Renard 2001, n. 1, p. 409.
  5. Caplat 1997, p. 386.
  6. a et b « François Luchaire, juriste, spécialiste du droit constitutionnel », Bbliomonde
  7. a b c d e f g h i j k l m n et o « François Luchaire, in memoriam », Juridiconline.com, mis en ligne le 12 août 2009
  8. a b c d e f et g Le Nouvel Observateur 2010.
  9. « Bibliographie de l'histoire de la justice française (1798-2011) », sur criminocorpus.org (consulté le ).
  10. a et b [PDF] Odile Rudelle et alli, « La République en quête de Constitution », Séminaire préparatoire du colloque Normandie constitutionnelle, Centre d’histoire de Sciences Po (CHSP)
  11. a b c d e f et g L'Express 2010.
  12. Le Monde 2010.
  13. Le Figaro 2010.
  14. Le Point, no 1926 du 13 août 2009, p. 14
  15. D. .
  16. CC.

Voir aussi modifier

Textes officiels modifier

Bibliographie modifier

Nécrologie
  • [L'Express 2010] « Le constitutionnaliste François Luchaire est mort », L'Express,‎ (lire en ligne).
  • [Le Figaro 2010] « Décès du professeur François Luchaire », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  • [Libération 2010] L. Alemagna, « Un père de la Constitution disparaît », Libération,‎ (lire en ligne).
  • [Le Monde 2010] « Mort de François Luchaire, l'un des fondateurs de la Ve République », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  • [Le Nouvel Observateur 2010] « Le constitutionnaliste François Luchaire est mort », Le Nouvel Observateur,‎ (lire en ligne).

Articles connexes modifier

Liens externes modifier