François-Réal Angers

avocat, auteur et journaliste québécois du XIXe siècle
François-Réal Angers
Portrait de François-Réal Angers
Fonction
Président
Institut canadien de Québec
-
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 47 ans)
QuébecVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Conjoint
Louise-Adèle Taschereau (d) (de à )Voir et modifier les données sur Wikidata
Enfant
Œuvres principales
Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

François-Réal Angers (Pointe-aux-Trembles (aujourd'hui Neuville), - Québec, ), est un avocat, un auteur et un journaliste québécois du XIXe siècle. Il est surtout connu pour son récit romancé Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices, publié en 1837.

Biographie modifier

Origines et éducation modifier

François-Réal Angers est un bon représentant de cette petite bourgeoisie francophone de professions libérales qui est en pleine croissance au Bas-Canada au cours des quatre premières décennies du XIXe siècle, dominant la culture politique de la colonie. Ces gens de professions libérales francophones, principalement notaires et avocats, vont développer de façon progressive une culture de gens de droit, fondée sur l'éloquence et l'écrit[1].

Issu d'une famille d'agriculteurs, François-Réal Angers naît le à Pointe-aux-Trembles (aujourd'hui Neuville) de François Angers, cultivateur, et de Marie-des-Anges Larue. Il effectue ses études classiques au Petit Séminaire de Québec. Preuve précoce de son goût pour la littérature, alors qu'il étudie les belles-lettres, il participe le , avec quelques condisciples, à la fondation d'une éphémère Société littéraire qui ne vit que quatre mois, première société du genre à être mise sur pied au Petit Séminaire[2].

Carrière modifier

En 1833, les journaux Le Canadien, La Gazette de Québec et La Minerve mettent leurs ressources en commun pour embaucher François-Réal Angers et J.-André Taschereau à titre de correspondants parlementaires chargés de rapporter les débats de l'Assemblée législative du Bas-Canada[3].

Fort de cette expérience, il publie à compte d'auteur en 1836, alors qu'il est toujours étudiant en droit, son Système de sténographie, applicable au français et à l'anglais[4], ce qui explique sans doute, selon David M. Hayne, sa nomination comme rapporteur officiel des débats de la Chambre d'assemblée du Bas-Canada[5] (une fonction qu'il remplit jusqu'à l'Union[6]), peu après avoir été reçu au barreau, le .

Quelques mois avant, en , il avait publié Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices : chroniques canadiennes de 1834[7], récit romancé des méfaits, vols, sacrilèges et meurtres d'une bande de brigands ayant sévi à Québec de 1834 à 1837[8].

Vers la même époque (1836-1843), il fait paraître dans divers journaux quelques poèmes d'inspiration romantique se rattachant à la situation politique (L’Avenir, Réconciliation, La Voix d'une ombre, À saint Jean-Baptiste) ou tirant parti de l'épopée et de la légende (Chant du voyageur canadien, Le Chien d'or)[9].

Après être devenu avocat en 1837, Angers délaisse rapidement la littérature pour se consacrer surtout à l'exercice du droit et la rédaction d'études juridiques. D' à , il est corédacteur, avec Sylvain Lelièvre, de la Revue de législation et de jurisprudence, « l’une [des] plus anciennes collections des décisions des tribunaux du Bas-Canada »[10] selon les historiens André Beaulieu et Jean Hamelin. Cette revue qui rend compte, souvent en langue anglaise, des « plus intéressants procès de l'époque, accompagnés de commentaires juridiques sur les points litigieux », colligent les cas qui font jurisprudence, s'attache à expliquer les lois en vigueur et leurs multiples implications[10].

De concert avec son confrère Thomas-Jean-Jacques Loranger[11], Angers défend les intérêts des censitaires entre 1854 et 1856 devant la Cour seigneuriale présidée par Louis-Hippolyte La Fontaine, chargée de juger les réclamations formulées à la suite de l’abolition du régime seigneurial. D'après l'un de ses biographes, Aurélien Boivin, « au cours des longs débats qui marquèrent l’audition des nombreuses causes, il se révéla un éminent juriste et un orateur aussi talentueux que convaincant »[2].

De 1850 à 1851, il assume la présidence de l'Institut canadien de Québec[2], fondé en 1848. De 1851 à sa mort, il est l'un des principaux collaborateurs des Décisions des tribunaux du Bas-Canada[2].

Vie privée modifier

 
Portrait posthume de Louise-Adèle Taschereau, première épouse de François-Réal Angers, réalisé entre 1849 et 1853 par Théophile Hamel (collection du Musée des beaux-arts de Montréal)

Par mariage, François-Réal Angers fait son entrée en 1842 dans l'une des plus influentes familles francophones de juristes et d'hommes politiques du Bas-Canada, la famille Taschereau[12]. Le de cette année, il épouse à Sainte-Marie-de-la-Nouvelle-Beauce Louise-Adèle Taschereau (1822-1849)[13], fille d'Antoine-Charles Taschereau, député à la Chambre d'assemblée du Bas-Canada (1830-1838), puis à l'Assemblée législative de la province du Canada (1841-1844) et d'Adélaïde Fleury de La Gorgendière, fille du seigneur de Deschambault[14].

Angers et sa première épouse élèvent comme leur fils Auguste-Réal Angers, qui va connaître une carrière politique remarquable[15].

Veuf depuis le de Louise-Adèle Taschereau[16], il se remarie au sein d'une autre famille influente dans les milieux juridiques et politiques, les Panet [17], en épousant à Québec, le , Louise Panet (1830-1894), fille de l'avocat Charles Panet (en), député conservateur à l'Assemblée législative du Québec de 1858 à 1861, nièce de Philippe Panet (en), juge à la Cour d'appel du Québec ainsi que du notaire Louis Panet, membre du Conseil législatif du Québec, puis sénateur[18]. De ce second lit naissent deux garçons et une fille[19].

L'un de ses neveux est le poète et journaliste William Chapman[20].

Il meurt à Québec le et est inhumé quatre jours plus tard à Pointe-aux-Trembles (aujourd'hui Neuville)[2].

Œuvres modifier

 
Première page de Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices, de François-Réal Angers, 1837
  • L’Avenir (ou Chant patriotique du Canada), 1836 (poésie)
  • Système de sténographie, applicable au français et à l'anglais, 1836 (manuel)
  • Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices : chroniques canadiennes de 1834, 1837 (récit romancé)
  • Réconciliation, 1837 (poésie)
  • Chant du voyageur canadien, 1837 (Adaptation-traduction de A Canadian Boat Song, 1804, de Thomas Moore) (poésie)
  • La Voix d’une ombre, 1838 (poésie)
  • Le Chien d’or, 1840 (poésie)
  • À saint Jean-Baptiste, 1843 (poésie)

Attribution incertaine modifier

  • Le Statu quo en déroute (pamphlet politique en dialogue), États-Unis, Plattsburgh, , 16p.
  • Les Trois Comédies du "Statu quo", 1834, Québec, Laflamme et Proulx, 1909, p.97-124. Préface de N.-E. Dionne.

Principales références modifier

Voir aussi modifier

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Bibliographie complémentaire modifier

Publications de François-Réal Angers
  • Système de sténographie, applicable au français et à l'anglais. Québec : Imprimé pour le propriétaire, par Fréchette & Cie, 1836.
  • Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices : chroniques canadiennes de 1834. Québec : imprimé par Fréchette et cie, 1837.
    Autres éditions : Québec : B. Sauvageau jr, 1867 ; Québec : [s. n.], 1880 ; Montréal : Réédition-Québec, 1969 (réimpression photographique de l'édition de 1880 avec introduction de John Hare) ; Québec : Nota bene, 2003 (ISBN 2895181543) (texte de l'édition de 1837, avec présentation et bibliographie de Gilles Dorion). Traduction anglaise : The Canadian Brigands!! An Intensely Exciting Story of Crime in Quebec, Thirty Years Ago! Montréal : Published by R. Worthington, 1867.
Études
  • Micheline Cambron. « Vous avez dit roman ? : Hybridité générique de nos « premiers romans », L’influence d’un livre et Les révélations du crime », Voix et Images, vol. 32, no 3 (96) (printemps 2007), p. 43-57 Lire en ligne.
  • Nathalie Dolbec. « Aux sources lointaines du narratif québécois : chroniques du crime et descriptions frénétiques chez François-Réal Angers et Eugène L'Écuyer », dans Magessa O'Reilly, Neil Bishop et A. R. Chadwick (compilateurs), Le lointain : écrire au loin, écrire le lointain. Beauport : Publications MNH, 2002, p. 75-87.
  • Alex Gagnon, « Archéologie de la “bande de Chambers”. Récits de meurtre, littérature et espace public au Québec (1837-1844) », @nalyses, Département de français de l'Université d'Ottawa, vol. 12, no 1,‎ , p. 103-126 (lire en ligne).
  • Michel Lord. En quête du roman gothique québécois (1837-1860). Tradition littéraire et imaginaire romanesque. Québec : Nuit blanche, coll. « Les Cahiers du Centre de recherche en littérature québécoise de l'Université Laval », série « Études », 2e édition, revue et corrigée, 1994 (1985).
  • Pierre-Georges Roy. « La bande de Chambers », Cahiers des Dix, no 3 (1938), p. 89-113.

Liens externes modifier

Notes modifier

  1. Yvan Lamonde. Histoire des idées sociales au Québec, volume I : 1760-1896. Montréal, Fides, 2000, p. 86.
  2. a b c d et e Aurélien Boivin. « François-Réal Angers », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].
  3. Gilles Gallichan, Livre et politique au Bas-Canada, 1791-1849, Québec : Éditions du Septentrion, 1991, p. 172.
  4. François-Réal Angers. Système de sténographie, applicable au français et à l'anglais. Québec : Imprimé pour le propriétaire, par Fréchette & Cie, 1836.
  5. David M. Hayne, « Les révélations du crime ou Cambray et ses complices, récit romancé de François-Réal Angers », dans Maurice Lemire (dir.). Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec. Montréal : Fides, 1980, 2e édition revue, corrigée et mise à jour (1978), tome I : Des origines à 1900, p. 655.
  6. Pierre-Georges Roy. Les avocats de la région de Québec. Lévis : Le Quotidien, 1936, p. 8.
  7. François-Réal Angers. Les Révélations du crime ou Cambray et ses complices : chroniques canadiennes de 1834. Québec : imprimé par Fréchette et cie, 1837.
  8. Pierre-Georges Roy. « La bande de Chambers », Cahiers des Dix, no 3 (1938), p. 89-113.
  9. Jeanne d'Arc Lortie. « [Poèmes épars] de François-Réal Angers », dans Maurice Lemire (dir.). Dictionnaire des œuvres littéraires du Québec. Montréal : Fides, 1980, 2e édition revue, corrigée et mise à jour (1978), tome I : Des origines à 1900, p. 578-579.
  10. a et b André Beaulieu et Jean Hamelin. La presse québécoise des origines à nos jours. Québec : Presses de l'Université Laval, 1973, t. I : 1764-1859, p. 143-144.
  11. Jean-Charles Bonenfant. « Thomas-Jean-Jacques Loranger », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].
  12. G. Blaine Baker. « Taschereau, dynastie des juristes », dans L'Encyclopédie canadienne [en ligne]; Bernard L. Vigod. « Le glorieux nom de Taschereau », dans Bernard L. Vigod. Taschereau. Québec : Septentrion, 1996, p. 13-22; Pierre-Georges Roy. La famille Taschereau. Lévis : Imprimerie Mercantile, 1901.
  13. Portrait de Louise-Adèle Taschereau par Théophile Hamel, Musée des beaux-arts de Montréal
  14. Roy, La famille Taschereau, p. 161-162; Assemblée nationale du Québec, Antoine-Charles Taschereau, 1992, page consultée le 22 août 2007.
  15. Le lieu et la date de naissance d'Auguste-Réal Angers sont incertains. Si la plupart de ses biographes rapportent qu'il est né le 4 octobre 1838 à Québec, fils de François-Réal Angers et Louise-Adèle Taschereau, il serait plutôt né un an plus tôt en 1837 à Beauport, de parents inconnus, et aurait été élevé par Angers et Taschereau comme un fils. Voir Gaston Deschênes. « Auguste-Réal Angers », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].
  16. Roy, La famille Taschereau, p. 162.
  17. Carman Miller, « Famille Panet », dans L'Encyclopédie canadienne [en ligne]; Jacques Gouin et Lucien Brault. Les Panet de Québec : histoire d'une lignée militaire. Montréal : Bergeron, 1984; Pierre-Georges Roy. La famille Panet. Lévis : J.-A.-K. Laflamme imprimeur, 1906.
  18. Roy, La famille Panet, p. 91-139 ; Assemblée nationale du Québec, Charles Panet et Louis Panet, 1992, pages consultées le 22 août 2007; Claude Vachon. « Philippe Panet », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].
  19. Roy, La famille Panet, p. 138-139.
  20. La mère de William Chapman, Caroline Angers, était la sœur de François-Réal Angers. Voir Manon Brunet. « William Chapman », dans Dictionnaire biographique du Canada [en ligne].