Formation d'Elrhaz
Localisation
Coordonnées 16° 48′ nord, 9° 30′ est
Pays Drapeau du Niger Niger
Informations géologiques
Période Crétacé : Aptien-Albien
Âge 115–112 Ma
Regroupé dans Groupe du Tegama
Lithologie principale Grès
Géolocalisation sur la carte : Niger
(Voir situation sur carte : Niger)
Formation d'Elrhaz

La Formation d'Elrhaz est une formation géologique au centre du Niger renommée pour son gisement de fossiles de vertébrés, le gisement de Gadoufaoua, datant d'il y a environ 115 à 112 millions d'années (Crétacé inférieur). Il s'agit du plus important site de Dinosauriens d'Afrique[1]. Il est situé sur la bordure occidentale du désert de Ténéré.

La formation géologique modifier

La formation d'Elrhaz fait partie du groupe (unité stratigraphique) du Tegama[2], où la sédimentation présente une alternance de grès et d'argile[3]. Elle se trouve dans la région de Gadoufaoua.

Le gisement fossilifère de Gadoufaoua modifier

 
Reconstitution d'un squelette d'Anhanguera de la formation d'Elrhaz

Gadoufaoua correspond au sommet de la formation d'Elrhaz et à la base de la formation d'Echkar[4]. Le mot signifie en touareg "l'endroit où les chameaux ont peur de se rendre"), la zone étant d'un accès difficile.

Le site de fossiles de Gadoufaoua est une région subdésertique plate, d'une altitude moyenne de 500 m[5], située à 170 km à l'est de la ville d'Agadez (16° 50′ N, 9° 25′ E). Il a d'abord été daté de l'Aptien, puis de l'Aptien-Albien, soit d'il y a environ 112 millions d'années[6]. Les fossiles se trouvent dans une zone de 180 km de long et de 2 km de large[7].

Processus de fossilisation modifier

Il y a près de 112 millions d'années la région était une plaine où coulaient des rivières, et qui était couverte de marais et de lacs, le climat y était chaud ; dans ces conditions favorables se sont développées là une flore et une faune variées. Les squelettes et les os de dinosaures, de crocodiles, de tortues, de poissons etc. ont été intégrés dans des lits horizontaux[8]. La sédimentation a donné naissance à des grès compacts où les fossiles sont très bien conservés[9].

La surabondance de fossiles d'animaux d'eau douce s'explique par le fait que l'océan a pendant de courte périodes occupé les terres, provoquant l'asphyxie soudaine, en grand nombre, de ces animaux[9].

Découverte modifier

Il n'aurait pas été possible de découvrir ces restes s'ils n'avaient pas affleuré à la surface à la suite d'un événement géologique : le soulèvement des montagnes de l'Aïr au nord de ce bassin sédimentaire, qui a provoqué une inclinaison des lits horizontaux[8]. Ensuite, les pluies et l'érosion éolienne ont découvert les couches de sédiments. La bande étroite de 2 km où se trouvent les fossiles correspond au bord supérieur des lits, le reste étant profondément enterré[8].

Si la première découverte de fossiles de dinosaures à Gadouafoua date de 1907 (par René Chudeau)[3], l'intérêt pour le site se manifeste à partir de 1964-1965, lorsque les géologues français du Commissariat à l'énergie atomique (CEA) en mission au Niger pour y rechercher de l'uranium trouvent un crâne de crocodile géant. Le Muséum d'histoire naturelle envoie plusieurs missions à Gadoufaoua qui permettent de découvrir de nouveaux genres de dinosaures, parmi lesquels le célèbre Sarcosuchus imperator[9].

Importance du site modifier

Le gisement de Gadoufaoua est comparable aux autres grands sites de dinosaures du reste du monde, comme le désert de Gobi en Mongolie (formation de Barun Goyot) ou la Vallée de Californie aux États-unis[3]. Il est plus important gisement de Dinosauriens d'Afrique avec celui de Tendaguru (Jurassique supérieur) en Tanzanie. La faune comprend notamment "une espèce de Coelacanthidé, 2 espèces de Dipneustes, 1 espèce d'Amphibien, 3 espèces de Crocodiliens dont une géante, 2 espèces de Chéloniens et 7 espèces de Dinosauriens"[10].

Les autres principaux gisements de fossiles végétaux et animaux au Niger sont la région de Tillia, In Abangharit, et In Gall- Marandet[11].

Paléofaune vertébrée modifier

Crocodyliformes modifier

Crocodyliformes signalés dans la formation Elrhaz
Genre Espèce Matériel Remarques Images
Araripesuchus [12] A. wegeneri (1959)

"crâne presque complet" - Sereno & Larsson (1999)

Pseudonyme. Dog-Croc
 
Araripesuchus
Anatosuchus A. mineur (2003)

"crâne presque complet" - Sereno & Larsson (1999)

Pseudonyme. Canard-Croc
 
Anatosuchus
Sarcosuchus [13] S. imperator "squelettes partiels, nombreux crânes" (1966)
 
Sarcosuchus

Ornithischiens modifier

Ornithischiens rapportés de la Formation d'Elrhaz
Genre Espèce Position stratigraphique Matériel Remarques Images
Lurdusaurus [12] L. arenatus (1999) "Crâne partiel, squelette postcrânien fragmentaire." [14]
 
Lurdusaurus
Ouranosaurus O. nigeriensis (1976) "Crâne et poscranie, deuxième squelette." [15]
 
Ouranosaurus
Elrhazosaurus E. nigeriensis (2009) "Femora." [16] Un dryosauridé
 
Elrhazosaurus

Théropodes modifier

Théropodes signalés dans la Formation d'Elrhaz
Genre Espèce Position stratigraphique Matériel Remarques Images
Afromimus A. tenerensis (2017) "vertèbres caudales, chevrons et parties du membre postérieur droit" [17] Un abélisauroïde
Eocarcharia [12] E. dinops [18] (2008) "Crâne partiel et restes postcrâniens." [19] Carcharodontosauridé
 
Eocarcharia
Suchomimus S. tenerensis (1998) Crâne partiel et squelette associé[20]. Un deuxième spinosauridé possible trouvé dans la formation, Cristatusaurus, est considéré soit comme une espèce distincte, soit comme un synonyme de Suchomimus [21]
 
Suchomimus
Kryptops K. palaios (2008) Squelette postcrânien et crâne partiel[22]. Abélisauridé
 
Kryptops

Sauropodes modifier

Sauropodes signalés dans la formation Elrhaz
Genre Espèce Matériel Images
Nigersaurus N. taqueti La compréhension limitée du genre était liée au mauvais état de conservation de ses restes, qui résulte de la construction délicate du crâne et du squelette, avec des cavités pneumatiques, provoquant la désarticulation des fossiles. Par conséquent, aucun crâne intact ou squelette articulé n'a été trouvé, et ces spécimens représentent les restes rebbachisauridés les plus complets connus.
 
Nigersaurus

Voir aussi modifier

Références modifier

  1. Philippe Taquet, Dinosaur Impressions: Postcards from a Paleontologist, p.10
  2. J.M. Bertrand, J. Bertrand-Sarfati, B. Bessoles, Afrique de l'Ouest: Introduction Géologique et Termes Stratigraphiques, "Elrhaz ou Elrhas (formation d') (Niger), Crétacé inférieur", p.238
  3. a b et c On the dinosaurian and crocodilian locality of Gadoufaoua (Republic ofNiger). Note from Mr. Philippe Taquet, presented by Mr. Jean Piveteau
  4. F. de Broin, Les Tortues de Gadoufaoua (Aptien du Niger) ; aperçu sur la paléobiogéographie des Pelomedusidae (Pleurodira), Mém. Soc. géol. Fr., N.S., 1980, n° 139, p. 39-46
  5. Philippe Taquet, 1976. Géologie et Paléontologie du Gisement de Gadoufaoua (Aptien du Niger).Paris: Cahiers de Paléontologie, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique, p.30
  6. Paul C. Sereno, Stephen L. Brusatte, Basal Abelisaurid and Carcharodontosaurid Theropods from the Lower Cretaceous Elrhaz Formation of Niger, Acta Palaeontologica Polonica, 53(1):15-46 (2008). https://doi.org/10.4202/app.2008.0102
  7. Gloria Arratia Fuentes, Hans-Peter Schultze, F. Pfeil, 1999 , Mesozoic fishes 2: systematics and fossil record, p.109
  8. a b et c Taquet, Dinosaur Impressions: Postcards from a Paleontologist, Cambridge, 1998, p.11
  9. a b et c Du Niger à Paris, la résurrection de l'empereur des crocodiles
  10. Franck Giazzi, Niger. Ministère de l'hydraulique et de l'environnement, La Réserve Naturelle Nationale de l'Aïr et du Ténéré (Niger), p.269
  11. Gisements des dinosauriens
  12. a b et c "68.1 Departement D'Agedez, Niger; 1. Elrhaz Formation," in Weishampel, et al. (2004). Page 572
  13. Sereno et al., 2011
  14. "Table 19.1," in Weishampel, et al. (2004). Page 416.
  15. "Table 19.1," in Weishampel, et al. (2004). Page 417.
  16. "Table 19.1," in Weishampel, et al. (2004). Page 415.
  17. Sereno, P. (2017). "Early Cretaceous ornithomimosaurs (Dinosauria: Coelurosauria) from Africa". Ameghiniana. 54 (5): 576–616. doi:10.5710/AMGH.23.10.2017.3155.
  18. Sereno & Brusatte, 2008
  19. "Table 4.1," in Weishampel, et al. (2004). Page 73.
  20. "Table 4.1," in Weishampel, et al. (2004). Page 72.
  21. Rauhut, O.W.M. (2003). "The interrelationships and evolution of basal theropod dinosaurs". Special Papers in Palaeontology 69: 1-213.
  22. "Table 4.1," in Weishampel, et al. (2008). Page 72.

Bibliographie modifier

  • Philippe Taquet, 1976. Géologie et Paléontologie du Gisement de Gadoufaoua (Aptien du Niger).Paris: Cahiers de Paléontologie, Éditions du Centre National de la Recherche Scientifique.
  • Sereno, P. C.; H. C. Larsson; C. A. Sidor, and B. Gado. 2001. The giant crocodyliform Sarcosuchus from the Cretaceous of Africa. Science 294. 1516–1519. DOI 10.1126/science.1066521 (ISSN 0036-8075)PMID 11679634
  • Sereno, Paul C., and Stephen L. Brusatte. 2008. Basal abelisaurid and carcharodontosaurid theropods from the Lower Cretaceous Elrhaz Formation of Niger. Acta Palaeontologica Polonica 53. 15–49. Accessed 2018-10-06.
  • Weishampel, David B.; Dodson, Peter; and Osmólska, Halszka (eds.): The Dinosauria, 2nd, Berkeley: University of California Press. 861 pp.  (ISBN 0-520-24209-2)
  • PM Galton et Philippe Taquet. 1982. Valdosaurus, un dinosaure hypsilophodontide du Crétacé inférieur d'Europe et d'Afrique. Géobios 15 (2): 147-159
  • HCE Larsson et B. Gado. 2000. Un nouveau crocodyliforme du Crétacé inférieur du Niger. Neues Jahrbuch für Geologie und Paläontologie - Abhandlungen 217 (1): 131-141
  • PC Sereno et SJ ElShafie. 2013. Une nouvelle tortue à long cou, Laganemys tenerensis (Pleurodira: Araripemydidae), de la formation Elrhaz (Aptian – Albian) du Niger. Dans DB Brinkman, PA Holroyd, JD Gardner (éd. ), Morphologie et évolution des tortues 215-250
  • PC Sereno et HCE Larsson. 2009. Crocodyliformes crétacés du Sahara. ZooKeys 28: 1-143
  • PC Sereno, AL Beck, DB Dutheil, B. Gado, HCE Larsson, GH Lyon, JD Marcot, OWM Rauhut, RW Sadleir, CA Sidor, DD Varricchio, GP Wilson et JA Wilson. 1998. Un dinosaure prédateur au long museau d'Afrique et l'évolution des spinosauridés. Science 282: 1298-1302