Football aux Jeux olympiques de 1908

Football aux Jeux olympiques de 1908
Description de l'image Olympic games 1908 London.jpg.
Généralités
Sport Football
Organisateur(s) BOA / FA / FIFA / CIO
Édition 1re édition officielle (reconnue en tant que telle par la FIFA)
3e édition pour le CIO[note 1].
Lieu(x) Londres
Date Du 19 au
Participants 6 équipes (pour 8 inscrites)
Épreuves 1
Site(s) Stade olympique, Londres

Palmarès
Vainqueur Grande-Bretagne (1er titre[note 2])
Deuxième Danemark
Troisième Pays-Bas
Buts 48 ou 49[note 3]
Meilleur(s) buteur(s) Sophus Nielsen (11 buts)

Navigation

Le football est un des vingt-deux sports officiels aux Jeux olympiques de 1908. Il n’y a pas de compétition féminine et la compétition masculine se déroule par matchs à élimination directe (quarts de finale, demi-finales et finale) du 19 au . Tous les matchs sont joués à Londres au stade olympique, d’une capacité de 66 288 spectateurs, construit spécialement pour les Jeux. Le tournoi est organisé par le Comité olympique britannique (British Olympic Association) ainsi que par la Fédération anglaise de football (The Football Association). Les deux premiers tournois olympiques de football disputés par des clubs ou des sélections locales lors des Jeux olympiques en 1900 et 1904 ne sont reconnues que par le CIO. Cette première épreuve officielle de 1908, réservée aux équipes nationales, reste par conséquent la première à être reconnue par la FIFA.

Huit équipes sont initialement inscrites, mais avant même le début du tournoi, la crise bosniaque en réduit le nombre à six, les deux équipes de l’Empire austro-hongrois, la Hongrie et la Bohême, s’étant retirées. Durant la compétition, le Danois Sophus Nielsen inscrit dix buts dans un même match contre la France, la rencontre se terminant sur le score de dix-sept buts à un, la plus lourde défaite de l’équipe nationale française et la plus large victoire de celle du Danemark. La médaille d’or est remportée par la Grande-Bretagne, après une victoire en finale par deux buts à zéro, face aux Danois. Parmi les joueurs sélectionnés, se trouve le célèbre mathématicien danois Harald Bohr.

Préparation de l’événement modifier

Comité d’organisation modifier

 
Timbre commémorant l’expositition franco-britannique de 1908.

L’organisation des Jeux olympiques de 1908 est attribuée dans un premier temps à la ville de Rome au détriment de Milan et Berlin. Ce choix correspond au souhait de Pierre de Coubertin de privilégier la candidature de la capitale italienne par rapport à celle de l’Empire allemand. Toutefois, l’éruption du Vésuve le [1] remet en cause l’organisation des Jeux olympiques à Rome. En effet, les coûts de reconstruction consécutifs aux dégâts considérables causés par cette éruption, notamment dans la ville de Naples, obligent le gouvernement italien à revenir sur son engagement[2].

Le , le comité national olympique britannique, le British Olympic Association (BOA), désigne Lord Desborough président du comité d’organisation des jeux de Londres. Le , le CIO désigne finalement Londres[3] ville hôte des jeux de 1908[4].

Ces jeux rentrent dans le cadre de l’exposition franco-britannique de 1908 qui a lieu entre mai et , célébrant les quatre années de l’Entente cordiale[4]. Le football fait partie des compétitions prévues en octobre (quatrième phase du programme) comme la boxe, le lacrosse, le hockey sur gazon, le patinage artistique et le rugby.

Stade retenu modifier

 
Le site de l’exposition franco-britannique vu des airs. Le stade est situé à droite.
 
Le stade olympique, utilisé pour les matchs de football.

Le stade olympique est retenu pour la compétition de football : ce stade est une énorme enceinte multifonctionnelle construite en dix mois dès 1907 dans le quartier de Shepherd’s Bush, dans l’ouest de Londres, et inauguré par le roi Édouard VII le [4]. D’une capacité de 66 288 spectateurs, il dispose d’une piste cycliste en béton de 660 yards (soit 603,491 mètres), accueillant les épreuves de cyclisme, à l’intérieur de laquelle est inscrite une piste d’athlétisme d’un tiers de mile (soit environ 536 mètres), accueillant les épreuves d’athlétisme. Face à la tribune principale est creusée une piscine dotée d’un plongeoir pour les épreuves de plongeon.

Le stade olympique accueille par ailleurs les épreuves de tir à l’arc, de hockey sur gazon, de lacrosse, de lutte, de rugby, de gymnastique[5].

Acteurs des Jeux olympiques modifier

Équipes participantes modifier

Il n’y a pas de compétition féminine[note 4] et pour la première fois, le tournoi masculin n’est disputé que par des sélections nationales et non des clubs, comme en 1900, quand le tournoi avait été remporté par le club anglais d’Upton Park Football Club[6] ou en 1904 (victoire du club canadien de Galt Football Club)[7].

Pour cette édition, huit équipes provenant de sept délégations sont inscrites : la Bohême[note 5], le Danemark, deux équipes[note 6] pour la France, la Grande-Bretagne[note 7], la Hongrie[note 5], les Pays-Bas et la Suède.

 
Les sélections participantes à l'épreuve de football aux Jeux olympiques de 1908.

Cependant la Hongrie et la Bohême[8] déclarent forfait avant le début de la compétition, à cause de la crise bosniaque[9] qui a débuté le . Par ailleurs la Bohême avait aussi perdu son statut de membre de la FIFA (obtenu en 1906) peu avant les Jeux, lors du congrès de Vienne de juin 1908.

Pour ce premier tournoi international de football reconnu par la FIFA, et contrairement au tournoi olympique de hockey, une seule équipe britannique, celle d'Angleterre, est finalement alignée. En effet, à l'heure du football professionnel, la fédération anglaise est la seule, depuis 1906, à disposer d'une véritable équipe nationale amateur, tandis que les fédérations écossaise, irlandaise et galloise ne souhaitent pas monter une équipe d'amateurs spécialement pour l'évènement et renoncent à s'engager[10]. L'équipe d'Angleterre amateur se retrouve être la seule représentante du Royaume-Uni et se voit par conséquent disputer ce tournoi olympique sous la bannière de la Grande-Bretagne[note 7],[11].

Pour la France, l’USFSA, membre fondatrice de la FIFA en 1904, est en rupture avec cette dernière depuis 1907[12] mais, étant une association fortement liée à Pierre de Coubertin (créateur du CIO), elle s'occupe de la sélection olympique et aligne deux équipes[13],[note 6].

Joueurs modifier

Les effectifs de chaque sélection présente sont composés de joueurs amateurs, tel que le stipule le règlement de la compétition[14],[note 8]. Ce même règlement stipule aussi que chaque équipe a le droit d’avoir en plus des joueurs titulaires des joueurs-réserves, qui doivent être inscrits avant le [15].

Parmi les joueurs sélectionnés, on retrouve le célèbre mathématicien danois Harald Bohr[16], qui deviendra célèbre pour le théorème de Bohr-Mollerup en 1922 ou la compactification de Bohr (en).

Joueurs de chaque équipe[note 9],[17]
  Danemark[18]   France A[19]   France B[20]   Grande-Bretagne[21],[note 10]   Pays-Bas[22]   Suède[23]
Sélectionneur :   Charlie Williams
Peter Andersen
Harald Bohr
Charles Buchwald
Ludvig Drescher
Johannes Gandil
Harald Hansen
August Lindgren
Kristian Middelboe
Nils Middelboe
Sophus Nielsen
Oskar Nørland
Bjørn Rasmussen
Vilhelm Wolfhagen
Magnus Beck
Ødbert Bjarnholt
Knud Hansen
Einar Middelboe
Sélectionneur inconnu
Georges Albert
Georges Bayrou
Gaston Cyprès
Jean Dubly
René Fenouillère
André François
Charles Renaux
Émile Sartorius
Louis Schubart
Maurice Tilliette
Ursule Wibaut
O. Desaulty
Albert Dubly
Julien du Rhéart
Gabriel Hanot
Marius Royet
J. Signoret
J. Zimmermman
Sélectionneur inconnu
Charles Bilot
Sadi Dastarac
Fernand Desrousseaux
Adrien Filez
Raoul Gressier
Henri Holgard
Albert Jenicot
Paul Mathaux
Pierre Six
Joseph Verlet
Justin Vialaret
Victor Denis
René Eucher
Étienne Morillon
Georges Prouvost
Albert Schaff
Sélectionneur :   Alfred Davis
Horace Bailey
Arthur Berry
Frederick Chapman
Walter Corbett
Harold Hardman
Robert Hawkes
Kenneth Hunt
Herbert Smith
Harold Stapley
Clyde Purnell
Vivian Woodward
George Barlow
Albert Bell
Ronald Brebner
W. Crabtree
Walter Daffern
Thomas Porter
Albert Scothern
Sélectionneur :   Edgar Chadwick
Reinier Beeuwkes
Frans de Bruijn Kops
Karel Heijting
Jan Kok
Bok de Korver
Emil Mundt
Lou Otten
Jops Reeman
Edu Snethlage
Ed Sol
Jan Thomée
Caius Welcker
Jan van den Berg
Lo La Chapelle
Vic Gonsalves
John Heijning
Toine van Renterghem
Sélectionneur :   Ludvig Kornerup[note 11]
Sune Almkvist
Nils Andersson
Karl Ansén
Oskar Bengtsson
Gustaf Bergström
Arvid Fagrell
Åke Fjästad
Karl Gustafsson
Valter Lidén
Hans Lindman
Theodor Malm
Olof Ohlsson
Sven Ohlsson
Sven Olsson
Erik Bergström
Thor Ericsson


Arbitres modifier

 
Le britannique John Lewis, arbitre de la finale olympique de 1908.

Les arbitres officiant pour cette compétition ont été désignés par le Conseil de la Fédération anglaise de football (en)[14]. Ils sont tous Britanniques et même tous Anglais[24] : c’est la première et l’unique fois lors des épreuves de football des Jeux olympiques que tous les arbitres de la compétition sont de la même nationalité. Les régions d’origine indiquées dans le rapport officiel sont reportées ici entre parenthèses.

Certains arbitres sont déjà expérimentés : Lewis en 1895, en 1897 et en 1898 et Campbell en 1908 ont dirigé des finales de Coupe d’Angleterre.

Quant aux arbitres de touche, douze personnes sont désignés pour officier lors des matchs :

Déroulement de la phase finale modifier

Le tirage au sort a lieu à Londres, le [33].

Tableau récapitulatif modifier

Quarts de finale Demi-finales Finale
  - Londres       - Londres       - Londres
   Grande-Bretagne  12
   Suède  1  
   Grande-Bretagne  4
  - Londres
     Pays-Bas  0  
   Pays-Bas  Q.
   Hongrie  forfait  
   Grande-Bretagne  2
  - Londres
     Danemark  0
   France A  Q.
  - Londres
   Bohême  forfait  
   France A  1
  - Londres Match pour la 3e place
     Danemark  17  
   France B  0   - Londres
   Danemark  9      Pays-Bas  2
   Suède  0

Premier tour modifier

La Hongrie, du royaume de l’Empire austro-hongrois, déclare forfait avant le tournoi en raison de la crise bosniaque.


Le match a lieu l’après-midi du 19 octobre.

D’après le rapport officiel[9], la rencontre est jouée sous un temps à la fois brumeux et inconfortable et sur un terrain dont le gazon dans sa partie centrale s’avère glissant. Nils Middelboe inscrit le premier but pour les Danois après une douzaine de minutes. Puis cinq minutes plus tard, Wolfhagen marque les second et troisième buts coup sur coup. Bohr marque le but du quatre à zéro, score à la mi-temps. Dès le début de la seconde période, Harald Bohr et Niels Middelboe inscrivent deux buts en l’espace de deux minutes. Les Danois continuent d’attaquer et gagnent la rencontre sur le score de neuf buts à zéro.

Les Français n’ont jamais été « capables de jouer leur meilleur jeu » et n’ont inquiété le gardien danois qu’à deux ou trois reprises de tout le match.


La Bohême, du royaume de l’Empire austro-hongrois, déclare forfait avant le tournoi en raison de la crise bosniaque.


Le match a lieu l’après-midi du 20 octobre, le lendemain du match entre France B et le Danemark.

D’après le rapport officiel[34], les Suédois manquent de marquer le premier but du match : à la suite d’une passe admirable d’Ansén, Bergström trouve le poteau. Ensuite, l’équipe suédoise semble s’effondrer, les buts s’enchaînent très rapidement (par Stapley, Woodward, Berry et Chapman, et peu avant la mi-temps, par Purnell à deux reprises et de nouveau Woodward). L’équipe britannique mène sept buts à zéro à la pause. Pendant la demi-heure qui suit la reprise, les Suédois jouent mieux et empêchent non seulement les Anglais de marquer mais ont également quelques belles occasions, ils sont enfin récompensés avec un but de Bergström. Ce but est la dernière action suédoise et les Britanniques reprennent le jeu à leur compte en marquant coup sur coup cinq nouveaux buts (deux buts de Purnell, deux de Hawkes et un de Stapley).

Les Suédois sont battus douze buts à un mais la différence aurait été loin d’être aussi grande si leurs attaquants « avaient pu conserver leur calme en face du but au lieu de tirer sauvagement ». Excepté en face du but adverse, les attaquants suédois ont réalisé un bon match mais la défense était faible et laissait sans protection le gardien Bengtsson peu fautif sur les buts anglais.

Demi-finales modifier

D’après le rapport officiel[35], le gardien de but néerlandais Beeuwkes doit arrêter un certain nombre de frappes anglaises dès le début de la rencontre. Pour les Pays-Bas, Snethlage est assez remarquable mais « un peu trop altruiste », défaut de plus en plus marqué au fur et à mesure de la partie. Aucun but n’est inscrit pendant trente-sept minutes mais avant la mi-temps, une talonnade un peu chanceuse de Stapley termine dans le but des Pays-Bas. En seconde période, une erreur de Corbett permet aux attaquants néerlandais d’être en possession du ballon près du but britannique mais Bailey réussit à arrêter le tir qui suit. Stapley marque un deuxième but après une course entre les défenseurs à la suite d’un coup franc. Il inscrit un troisième but quelques minutes plus tard avec l’aide de Hardman. Stapley, sur une passe en avant de Chapman dans le dos des défenseurs adverses, réussit un quadruplé. Welcker fait un certain nombre de bonnes courses pour les Pays-Bas mais il est insuffisamment aidé par ses camarades attaquants et les défenseurs ne sont pas très habiles à soutenir une attaque. Le jeu se termine en faveur du Royaume-Uni sur le score de quatre buts à zéro, tous les buts ont été marqués par Stapley.

Les Néerlandais ont fait bonne impression, ils ont été rapides et habiles ballon au pied et leurs attaquants ont été bien formés au jeu de passe, la défense était très forte, sereine et pleine de ressources. Avec un peu plus de confiance dans leurs propres forces et une meilleure frappe, l’équipe néerlandaise aurait pu jouer la victoire, d’autant plus que l’équipe anglaise n’était pas au niveau d’un match international à l’exception des ailiers.

Le journaliste et ancien footballeur écossais John Cameron donne un avis comparable au rapport officiel en se déclarant agréablement surpris du niveau des Néerlandais : les deux équipes présentent un niveau de jeu similaire en première mi-temps. La qualité du gardien et de la défense des Pays-Bas est louée et il affirme que l’équipe néerlandaise aurait probablement gagné si elle avait été aussi efficace face au but de la Grande-Bretagne que dans le milieu de terrain[36],[note 15].


D’après le rapport officiel[37], dès le début du match, le Danemark attaque et Sophus Nielsen inscrit trois buts en quatre minutes, soit un score de trois buts à zéro dès la sixième minute. La France devient ensuite plus offensive mais les attaquants français ne profitent pas d’une première erreur des deux défenseurs et du gardien du but, mais sur une seconde erreur Sartorius inscrit à la seizième minute le seul but français du match (après avoir pris la balle à Hansen, Sartorius tire entre les jambes de Drescher[38]). Avant la mi-temps, Lindgren (par deux fois) et Nielsen aggravent le score. À la mi-temps, le Danemark mène logiquement six buts à un.

En seconde mi-temps, les Français ne font que quelques incursions dans le camp danois et n’arrivent pas à s’offrir d’occasions, alors que les Danois inscrivent onze buts (un sextuplé de S. Nielsen, un quadruplé de Wolfhagen et un but de N. Middleboe) pour terminer le match sur le score de dix-sept buts à un. Ce match est encore la plus lourde défaite de l’équipe de France de football et la plus grosse victoire de celle du Danemark.

Le rapport officiel considère ce match comme une répétition de la rencontre Danemark-France B mais avec cette deuxième équipe de France encore plus faible que la première, en particulier le gardien de but. Les attaquants français ne sont pas mauvais individuellement mais ne savent pas jouer ensemble. Dans les deux matchs, les Français des deux équipes, et plus particulièrement la défense, étaient loin de s’attendre à un adversaire qui aurait la possession du ballon au lieu de l’avoir pour eux.

À la suite de ce match, les Français déclarent forfaits et retournent en France. John Cameron commente ainsi l’attitude des Français : « Ils [les Français] étaient trop polis et trop friands de fumer continuellement une cigarette. Ils fumaient jusqu’au début du match, fumaient une autre cigarette durant la mi-temps et finissaient la journée en répétant cette habitude »[39],[40],[note 16]. Le journaliste français Robert Desmarets explique après cette débâcle : « Il faut que, sans retard, nos dirigeants mettent sur pied une équipe nationale et fassent l’impossible pour lui procurer le moyen de s’entraîner, sans quoi nous ne pourrons arriver à venger notre échec des Jeux Olympiques 1908[note 17] ».

Match pour la médaille de bronze modifier

En parallèle du tournoi principal, les équipes éliminées avant la finale devaient disputer le tournoi de consolante dont le vainqueur remporte la médaille de bronze. Mais, à la suite des forfaits préalables de la Hongrie et de la Bohême, puis des équipes de France B et A qui ont jeté l'éponge après leur déroute contre le Danemark[42], respectivement en quart de finale et en demi-finale, il ne reste que deux équipes en lice : les Pays-Bas (battus en demi-finale) et la Suède (battue en quart de finale). Ces deux équipes se retrouvent donc directement en finale du tournoi de consolante[43].

Une incertitude demeure concernant le score final de ce match pour la médaille de bronze (2 à 0 ou 2 à 1 en faveur des Néerlandais). En effet, le rapport officiel[44], qui est la source la plus proche de l'évènement, indique clairement que les Pays-Bas remportent le match sur le score de deux buts à un et précise que la Suède était proche d’égaliser mais a manqué de chance[45],[note 19]. Ce rapport ne contient toutefois pas d'autre précision sur la rencontre (aucune donnée chiffrée). Les documents publiés ultérieurement par la FIFA indiquent le score de deux buts à zéro pour ce match Pays-Bas - Suède et contredisent ainsi le compte-rendu du rapport officiel rédigé à l'issue des Jeux olympiques 1908.

Finale modifier

D’après le rapport officiel[48], le premier but anglais est marqué en début de match[note 20] : Drescher glisse dans le filet de la cage danoise et ne peut arrêter Chapman. Les Danois empêchent ensuite un long moment le jeu anglais de se développer. Une action de Lindgren est dangereuse pour l’équipe britannique mais peu après, c’est le gardien danois Drescher qui se doit d’effectuer un bel arrêt sur un tir de Stapley. Avant la pause, un but de l’Anglais Purnell est refusé pour un hors-jeu.

Au début de la seconde période, le Danemark a des opportunités de frapper au but mais c’est finalement[note 20] Woodward qui inscrit un second but pour la Grande-Bretagne avec un magnifique tir hors de la portée de Drescher. Les Danois attaquent sans cesse pour revenir dans la partie et Lindgren, après une longue course, se présente face à Bailey qui sauve le ballon sur la ligne. Le match se poursuit sous une pression continue des Danois et au coup de sifflet final, le match est vu comme un match âprement disputé.

La Grande-Bretagne remporte la finale sur le score de deux buts à zéro face aux Danois. Le résultat est vu comme plutôt flatteur pour les Britanniques avec des Danois ayant beaucoup mieux joué ensemble que leurs vainqueurs et sur un rythme plus élevé que face aux Français. Le Danois Kristian Middelboe se distingue en ayant transmis de nombreux bons ballons à ses attaquants.

Classement et médaillés modifier

 
Médaillé d’argent

 
Danemark
 
Champion olympique

 
Grande-Bretagne
1er titre
 
Médaillé de bronze

 
Pays-Bas
 
Le Challenge Trophy pour les épreuves olympiques de football en 1908, 1912 et 1920.

Au terme du tournoi, la Grande-Bretagne, sous la direction du sélectionneur Alfred Davis[note 21], remporte sa deuxième médaille d’or au titre du football aux Jeux olympiques. Cette récompense est toutefois considérée par la FIFA comme la première ainsi obtenue, l’épreuve remportée par le club amateur anglais d’Upton Park Football Club en 1900 n’étant pas reconnue par la fédération internationale.

Les footballeurs britanniques, Horace Bailey, Arthur Berry, Frederick Chapman, Walter Corbett, Harold Hardman, Robert Hawkes, Kenneth Hunt, Herbert Smith, Harold Stapley, Clyde Purnell et le capitaine Vivian Woodward[49] reçoivent une médaille d’or[15]. Les joueurs-réserves (George Barlow, Albert Bell, Ronald Brebner, W. Crabtree, Walter Daffern, Thomas Porter et Albert Scothern) ne sont pas honorés du titre de champion olympique[50]. De la même manière, seuls onze joueurs du Danemark et onze des Pays-Bas sont crédités respectivement des médailles d’argent et de bronze[note 22],[50].

La fédération anglaise de football fait don au CIO d’un trophée, le Challenge Trophy, spécifiquement destiné à récompenser le gagnant de l’épreuve de football. L’équipe nationale victorieuse, récipiendaire du trophée, doit le restituer au CIO avant le [15]. L’équipe britannique ayant gagné la finale, le trophée reste donc quelques mois de plus en Grande-Bretagne, là-même où il a été créé. Ce trophée sera par la suite remis en jeu en 1912 et en 1920 avant d’être abandonné[51].

À l’origine, hors finalistes et protagonistes du match pour la médaille de bronze, les autres équipes n’étaient pas classées. Cependant, la FIFA a établi rétroactivement un classement final pour les premières épreuves de football aux Jeux olympiques, basé sur la progression lors de la compétition, le nombre de matchs gagnés, la différence de buts puis enfin sur le nombre de buts marqués. Le classement selon la FIFA est le suivant[52] :

  1.   Grande-Bretagne
  2.   Danemark
  3.   Pays-Bas
  4.   Suède
  5.   France A
  6.   France B

Statistiques modifier

Buteurs modifier

 
Le seul buteur français lors de cette olympiade, Émile Sartorius.

Les buteurs lors de cette olympiade sont présentés dans ce classement[53] : le Danois Sophus Nielsen termine meilleur buteur de la compétition avec onze buts, établissant un record qui ne sera battu qu’en 1964 par le Hongrois Ferenc Bene[54] avec douze buts[55]. Il est aussi le premier à inscrire dix buts dans le même match lors d’un match international, record seulement égalé en 1912 par l’Allemand Gottfried Fuchs[56],[note 23] et battu en 2001 par l’Australien Archie Thompson avec treize buts[57],[note 24]. Comme le buteur de l’éventuel[note 3] but inscrit par les Suédois lors de la petite finale est inconnu, celui-ci n’est pas comptabilisé.

Notes et références modifier

Notes modifier

  1. L'édition de 1906 n'est reconnue ni par la FIFA ni par le CIO tandis que les éditions de 1900 et 1904, non disputées par des sélections nationales, ne sont reconnues que par le CIO.
  2. Premier titre olympique de l'équipe nationale de Grande-Bretagne, mais seconde médaille d'or en football pour la Grande-Bretagne en comptant le titre remporté par le club d'Upton Park en 1900.
  3. a et b Le but de la Suède inscrit lors du match pour la troisième place est sujet à débat car, sur le rapport officiel du Comité olympique britannique, il est indiqué une victoire des Pays-Bas sur le score de deux buts à un alors que la FIFA crédite les Pays-Bas d’une victoire deux buts à zéro.
  4. Sur les vingt-deux sports des Jeux olympiques de 1908, seuls le patinage artistique, le tir à l’arc, le tennis et la voile accueillent des concurrentes dans des épreuves réservées aux femmes ou mixtes. Les premiers Jeux olympiques à accueillir un tournoi féminin de football sont les Jeux d’Atlanta en 1996.
  5. a et b Bien que faisant partie du même pays (l’Empire austro-hongrois), l’Autriche, la Bohême et la Hongrie présentaient chacune une délégation olympique différente pour les Jeux olympiques de 1908.
  6. a et b Selon le point 3 du règlement du football aux Jeux de 1908 (p. 457 du rapport officiel), chaque pays pouvait envoyer jusqu’à quatre équipes mais seule la France a utilisé ce point de règlement pour en avoir plus d’une (Each country competing shall be entitled to enter four teams.).
  7. a et b Même si les athlètes britanniques concourent habituellement aux Jeux olympiques sous le nom « Grande-Bretagne », ils représentent en réalité tout le Royaume-Uni.
  8. L’article stipule : An Amateur player is one who does not receive remuneration or consideration of any sort above his necessary hotel and travelling expenses actually paid, or who is not registered as a Professional.
  9. Les joueurs figurant dans la deuxième section de leurs équipes sont les joueurs ayant fait le déplacement en Angleterre mais n’ayant joué aucun match.
  10. Tous les joueurs de l’équipe britannique sont Anglais.
  11. Kornerup est généralement désigné comme sélectionneur national mais le livre suédois 100 år: Svenska fotbollförbundets jubileumsbok 1904-2004, del 2: statistiken. donne le nom d’Anton Johanson.
  12. a b c et d Le rapport officiel n’indique aucune région d’origine.
  13. Le rapport officiel n’indique aucune région d’origine mais il est né à Crewe dans le Cheshire.
  14. Le rapport officiel indique comme région d’origine « Army » or il est lieutenant dans les Forces armées britanniques. Sa région d’origine n’est pas indiquée dans le rapport officiel.
  15. Extrait en anglais de l’article de Cameron : What, however, surprised everybody, was the excellent form shown by the Dutchmen against the United Kingdom, and it came as a distinct surprise. During the first half it looked a very open matter. The visitors had a splendid goalkeeper, and a very good half-back division, and had the Holland side been as good in front of goal as in the mid-field they would probably have won… It must be remembered that for forty minutes the Dutchmen kept out their opponents, and this in itself was an excellent performance.
  16. Citation en anglais : They were too polite, and too fond of smoking the eternal cigarette. They puffed away right up to the start of the match, and in the interval had another smoke, finishing up the day by repeating the practice.
  17. Citation de Desmarets dans L’Auto du vendredi 23 octobre 1908, no 2929, p. 5.
  18. D’après le rapport officiel de la British Olympic Association, la Suède a inscrit un but sans indiquer un buteur.
  19. Le rapport indique : Holland and Sweden also played for the consolation stakes, and Holland scored two goals to one from Sweden, who were rather unlucky in not getting a second..
  20. a b c et d La FIFA et la DBU affirment le premier but inscrit au bout de vingt minutes et le second à la quarante-sixième minute (soit une minute après la reprise), or le rapport officiel publié par la British Olympic Association indique le premier but peu après le début du match (The first English goal was scored [...] not long after the start.) et le second vingt minutes après la mi-temps (After twenty minutes, Woodward scored for England with a magnificent shot quite out of Drescher’s reach.), ce qui laisserait supposer plutôt des buts vers les 1re et 65e minutes.
  21. Alfred Davis est membre de la FA et fait partie du comité qui a sélectionné les joueurs.
  22. Le Mouvement olympique n’attribue la médaille d’argent qu’aux onze joueurs danois de la finale et celle de bronze qu’aux onze joueurs néerlandais de la demi-finale.
  23. Lors du 16 à 0 contre la Russie des Jeux olympiques de 1912.
  24. Lors du 31 à 0 contre les Samoa américaines comptant pour les qualifications pour la coupe du monde de football.

Références modifier

  1. « L'éruption du Vésuve en avril 1906 », sur persee.fr (consulté le )
  2. « Londres 1908 », sur olympic.org (consulté le )
  3. « Le Siècle olympique. Les Jeux et l'Histoire (Athènes, 1896-Londres, 2012) », sur books.google.fr (consulté le )
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  5. The Fourth Olympiad London, p. 32-41
  6. (en) Søren Elbech and Karel Stokkermans, « Games of the II. Olympiad - Football Tournament », sur RSSSF.com (consulté le )
  7. (en) Søren Elbech and Karel Stokkermans, « Games of the III. Olympiad - Football Tournament », sur RSSSF.com (consulté le )
  8. The Fourth Olympiad London, p. 385
  9. a b et c The Fourth Olympiad London, p. 173
  10. (en) « The curious story of the Brits and Olympic football », sur www.fifamuseum.com, (consulté le )
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  24. Cf. les fiches de chaque match consultable sur « Tournoi Olympique de Football Londres 1908 - Matches », sur FIFA.com (consulté le ).
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Annexes modifier

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Bibliographie modifier

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