Salle d'exposition du département des arts de l'Islam, niveau rez-de-cour

Après six années de travaux au cours desquelles les conservateurs du musée du Louvre ont inventorié les 18.000 objets des collections d'art de l'Islam, fait restaurer 1.800 objets destinés à être exposés et ont préparé la muséographie, les nouveaux espaces du département des arts de l'Islam viennent d'être ouverts au public.

Les architectes Mario Bellini et Ruddy Ricciotti (ce dernier est l'architecte du MuCEM à Marseille) ont livré un très bel espace situé sur deux niveaux accessibles au public dans la cour Visconti. La salle supérieure, entièrement vitrée, occupe le centre de la cour. Elle communique avec le sous-sol qui est également très bien aménagé pour y montrer les plus gros objets : tapis, panneaux de céramique, mobilier, mosaïques,...

Le tout est recouvert d'une résille métallique dorée qui protège du soleil et des intempéries et donne l'impression d'une immense tente de bédouins. Les poteaux qui la soutiennent sont inclinés comme sous une véritable tente mais ils sont très légers et se font oublier.

A la différence du musée du Quai Branly, les espaces intérieurs sont très lumineux et non cloisonnés, les vitrines ne sont pas trop serrées, ce qui rend agréable la visite.

Le chantier a coûté 98,5 M€ pour 2.800 m2 d'exposition, c'est à dire plus de 35.000 € par m2. C'est beaucoup mais la qualité esthétique de l'ensemble est remarquable et, heureusement pour les contribuables français, les apports du mécénat couvrent plus de la moitié du coût de l'opération.

Une interrogation persiste néanmoins au sujet des conditions de conservation des objets dans un espace totalement vitré. Pire, on sait qu'un jour ou l'autre, on devra subir une crue de la Seine comme en 1910. En ce cas, et même avec le cuvelage "étanche" qui a été réalisé, la cour Visconti risque d'être submergée.

Avec l'abandon du projet du centre national de conservation de Cergy annoncé par la nouvelle ministre pour raison de crise, et dont le but était de mettre les réserves des musées à l'abri, on a l'impression que les pouvoirs publics ont oublié que les plus grands musées nationaux sont tous dans les zones d'inondation potentielle de la Seine. Aucun dirigeant actuel ne sera encore en fonction, lorsque la crue se produira, et comme d'habitude personne n'ira leur demander des comptes sur leurs décisions anciennes. Ainsi va la démocratie !

Revenons aux nouveaux espaces du département des arts de l'Islam, les dispositifs multimédias y sont nombreux et pédagogiques, (y compris pour les mal-voyants), ce qui est inhabituel dans les départements du musée du Louvre où l'objet d'art est roi et doit se suffire à lui-même. Ces bornes semblent être appréciées des visiteurs souvent peu familiers des évolutions historiques du monde de l'Islam, la présence de ces écrans marque une évolution dans l'esprit des conservateurs qui acceptent aujourd'hui plus qu'avant de situer leurs collections dans l'histoire, les civilisations et les pays d'où elles proviennent, on ne peut que s'en réjouir.

Les objets exposés sont très nombreux avec des chefs d’œuvre exceptionnels, couvrant toutes les périodes et toutes les religions du monde islamique, une visite sérieuse du département nécessite beaucoup plus que quelques heures. Il faut y retourner plusieurs fois.

Face à une telle richesse des collections du musée du Louvre associées à celles du musée des arts décoratifs, on en vient à se demander pourquoi l'institut du monde arabe (IMA), situé à 30 minutes de marche du Louvre, a voulu rénover à grand frais en début d'année, son propre musée d'art de l'Islam alors que ses collections (même avec les prêts obtenus) sont beaucoup moins complètes. Il aurait peut-être été préférable pour lui de se consacrer aux expositions temporaires plus rémunératrices que les expositions permanentes. C'est un manque évident de coordination des institutions culturelles parisiennes dont l'IMA fera les frais, c'est dommage car cette institut a toute sa place à Paris.

Site du musée du Louvre