Fahrenheit 451

roman de Ray Bradbury
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Fahrenheit 451
Image illustrative de l’article Fahrenheit 451
Couverture de 1957.

Auteur Ray Bradbury
Pays Drapeau des États-Unis États-Unis
Genre Anticipation
Version originale
Langue Anglais américain
Titre Fahrenheit 451
Éditeur Ballantine Books
Date de parution 1953
Version française
Traducteur Henri Robillot
Éditeur Denoël
Collection Présence du futur
Lieu de parution Paris
Date de parution 1955
Nombre de pages 236
Chronologie

Fahrenheit 451 est un roman d'anticipation dystopique[1] de Ray Bradbury publié en 1953 aux États-Unis chez l'éditeur Ballantine Books. Il paraît en France en 1955 aux éditions Denoël dans la collection Présence du futur. Le livre a obtenu le prix Hugo du meilleur roman 1954.

Le titre fait référence au point d'auto-inflammation, en degrés Fahrenheit, du papier. Cette température équivaut à 232,8 °C.

Résumé modifier

Première partie : Le foyer et la salamandre de feu modifier

Dans la nuit, le pompier Guy Montag est sur la route pour rentrer chez lui. Il rencontre une jeune fille de 17 ans, Clarisse, qui habite dans une maison voisine de la sienne avec son père et son oncle. Clarisse est différente des gens qu'il côtoie habituellement : elle observe son environnement, elle réfléchit. Ils discutent ensemble quelques minutes où elle lui pose quelques questions qu'il trouve surprenantes. Elle lui demande notamment s'il est heureux et elle s'en va avant qu'il ait le temps de répondre.

Arrivé chez lui, il trouve sa compagne Mildred étendue sur le lit sans connaissance et à ses pieds gît un petit flacon de cristal vide : elle vient d'absorber son contenu, une trentaine de comprimés d'un somnifère. Il appelle les secours, qui la sauvent à l'aide de deux appareils (ils ne sont même pas médecins). Ils vident son estomac et remplacent son sang par du sang neuf.

Le lendemain, elle ne se souvient plus de rien. Plus tard, de nuit, on retrouve Guy Montag dans la caserne où il travaille. Alors qu'il sort, il s'approche du limier électronique, animal robot chargé de monter la garde. Celui-ci adopte une attitude hostile envers lui et le pompier se demande si c'est lié à ce qu'il cache chez lui. Il parle de l'attitude du robot à un de ses collègues, le capitaine Beatty, qui lui dit que c'est impossible. À la fin de leur conversation, le capitaine demande à Montag s'il n'a pas la conscience tranquille…

Montag croise régulièrement Clarisse dans la rue. Il parle avec elle. Il lui dit qu'elle semble être différente des autres. À l'école, on lui dit qu'elle n'est pas sociable. Elle explique qu'elle aime observer et écouter les gens. Elle constate qu'ils n'ont pas de conversation et parlent souvent en bla bla superficiel. Elle parle souvent de son oncle, celui-ci lui décrit souvent comment était le passé (les enfants ne s'entretuaient pas, par exemple).

Depuis quatre jours, Montag ne voit plus Clarisse. Lorsqu'il en parle avec sa femme, cette dernière lui dit qu'elle pense qu'elle est morte, qu'elle a eu un accident. Il réfléchit à leur couple et réalise qu'il n'y a pas d'amour entre eux. Ni l'un ni l'autre ne se souviennent de l'endroit où ils se sont rencontrés dix ans plus tôt.

Un peu à la traîne, Montag repart en mission. Son équipe se rend dans une maison qui contient des livres. Par "inadvertance", la main de Montag en vole un. La femme qui y habite refuse de quitter les lieux et meurt brûlée avec eux. Montag est choqué par cette situation, en parle à sa femme, qui ne comprend pas sa réaction. En même temps, il cache le livre qu'il a dérobé sous son oreiller. Le lendemain, il refuse d'aller travailler, il déclare qu'il est malade. Le capitaine des pompiers arrive chez lui et lui explique ce que les livres représentent dans la société : ils nivellent les gens par le bas car leur contenu est devenu plat et sans intérêt au moment où on les interdit ; de plus, ils sont facteurs d'inégalités sociales. Pendant ce temps, Mildred découvre le livre caché sous l'oreiller par Montag, mais elle ne peut le dénoncer sous peine que leur maison soit brûlée, et elle, suspectée.

Le capitaine quitte leur maison en demandant à Montag de revenir travailler. Le pompier reste seul avec sa femme et exprime son envie de changer les choses. Elle reste résignée. Subitement il se dirige vers la porte : au-dessus de celle-ci se trouve une cachette dont il extrait des livres. Sa femme lui demande de les brûler et perd son sang-froid. Il la neutralise, elle se calme. Ils entendent le capitaine revenir puis s'éloigner.

Cette partie se termine alors qu'il vient de lire l'extrait d'un livre. Mildred trouve que son texte « ne veut rien dire du tout ». Son mari lui demande d'attendre : « On va recommencer depuis le début ».

Deuxième partie : Le tamis et le sable modifier

Montag et Mildred continuent de lire. Peu à peu Mildred se désintéresse des livres et se tourne de nouveau vers les écrans. Montag décide d'aller voir Faber, un professeur d'anglais retraité, qu'il a rencontré un an plus tôt. Il pense qu'il l'aidera à comprendre les livres. L'homme est tout d'abord surpris et inquiet de cette visite puis il accepte de laisser Montag entrer chez lui. Il lui donne alors les trois éléments qui expliquent selon lui la disparition des livres dans leur société :

  • « Ils montrent les pores sur le visage de la vie » ;
  • « Ils nécessitent du temps libre » ;
  • « Il faut avoir le droit d'accomplir les actions fondées sur ce que nous apprend l'interaction des deux autres éléments ».

Après avoir entendu cela, Montag décide de sauver les livres. Il propose d'en réimprimer quelques-uns. Faber refuse d'abord puis accepte sous la menace (Montag s'est mis à déchirer les pages de la Bible une à une). Il lui donne ensuite un « coquillage » qu'il a fabriqué et qui est un radio-émetteur que Montag se glisse dans l'oreille pour rester en contact avec le vieil homme. Ce dernier pourra ainsi le guider et l'aider à parler avec le capitaine des pompiers.

Dehors, la guerre semble imminente.

Rentré chez lui, Montag assiste à une conversation qui a lieu entre sa femme et deux amies à elles. Elles parlent des enfants, de politique. Il est excédé et sort un livre. Mildred est horrifiée et justifie la présence de l'objet en disant que les pompiers ont droit d'en rapporter un chez eux une fois par an. Il se met à lire un texte poétique("Dover Beach" de Matthew Arnold ). Une des femmes, Mme Phelps, commence à pleurer. Les femmes s'en vont. Il reste seul.

Montag se rend à la caserne. Dans l'oreillette, Faber lui demande d'être compréhensif et patient. Le capitaine Beatty lui parle longuement de la lecture et des livres. Il lui fait comprendre qu'il sait que Montag est attiré par les livres et essaie de l'en dissuader en énonçant des citations pour illustrer sa démonstration. Il lui raconte aussi un de ses rêves dans lequel Montag était présent. Le pompier est très affecté par ces propos. L'alerte retentit et les hommes montent dans la salamandre accomplir leur mission. Arrivé à destination, Montag se rend compte que le véhicule vient de s'arrêter devant chez lui.

Troisième partie : L'éclat de la flamme modifier

Beatty demande à Montag de brûler lui-même sa maison. Mildred quitte les lieux et prend la route à toute allure. C'est elle qui a dénoncé son mari (de toute façon ses amies l'avaient déjà fait auparavant). Lorsque la maison est réduite en cendres, Montag est abasourdi. Le coquillage émetteur (la balle verte) tombe de son oreille. Beatty déclare qu'il va arrêter l'homme qui communique avec lui. Montag dirige alors la lance à incendie vers le capitaine des pompiers et l'enflamme (l'attitude de Beatty est d'ailleurs étrange : il n'a pas dénoncé Montag plus tôt alors qu'il savait qu'il cachait des livres, l'a laissé armé et l'a provoqué ; voulait-il se suicider ?). Il assomme ensuite les deux autres pompiers. Le limier l'attaque et a le temps de piquer Montag à la jambe avec sa seringue avant d'être détruit par les flammes de Montag. Sa jambe le fait souffrir mais après avoir récupéré quatre livres cachés dans les buissons, Montag prend la fuite. Il entend qu'un avis de recherche le concernant a été lancé. La guerre est déclarée.

Montag manque de se faire écraser en traversant la route. Il se rend ensuite chez un de ses anciens collègues pompier chez qui il cache des livres. Il le dénonce ensuite et la salamandre arrive pour remplir sa mission destructrice. Puis Montag va voir Faber. Ils apprennent qu'un limier-robot infaillible est à la recherche du fugitif. Il dit à Faber de brûler tout ce qu'il a touché pour enlever son odeur puis il prend la fuite. Traqué, il saute dans l'eau du fleuve, se change et se laisse dériver. Il arrive sur une berge où quelques hommes sont regroupés autour d'un feu de camp. Ce sont des marginaux qui vivent à l'écart des villes. Ils ont la capacité de retenir par cœur le contenu d'un livre à partir du moment où ils l'ont lu une fois. Ils sont ainsi les garants des contenus des œuvres. Ils disent être des « couvertures de livres ». Ayant appris par la télévision ce qui était arrivé à Montag, ils l'acceptent parmi eux, tandis que les autorités, qui ont perdu sa piste, se contentent d'une apparence de justice en lançant leur limier sur un innocent.

Au loin, ils assistent à la destruction de la ville par un bombardement. Ils prennent la route vers le nord, ayant pris conscience de l'importance du devoir de mémoire pour les hommes et allant vers les autres pour les aider. Montag marche en tête.

Écriture modifier

Les nouvelles avant Fahrenheit modifier

Entre 1947 et 1948, Bradbury a écrit la nouvelle Bright Phoenix (non publiée dans le magazine Fantasy & Science Fiction avant le numéro de Ray Bradbury (trad. de l'anglais), Bright Phoenix, vol. 24, Mercury, coll. « The Magazine of Fantasy and Science Fiction » (no 5), ) sur un bibliothécaire confronté à la destruction de livres[2].

À la fin de 1949, Bradbury a été interrogé par un agent de police alors qu'il marchait tard dans la nuit. Quand le policier lui a demandé : « Que faites-vous ? », Bradbury lui a répondu : « je mets un pied devant l'autre. » Cet incident a inspiré Bradbury à écrire la nouvelle Le Piéton de 1951. Petit à petit, ce piéton est devenu Montag[3].

L'œuvre dans son contexte modifier

 
Ray Bradbury en 1959

La science-fiction modifier

Les années 1920 à 1950 marquent aux États-Unis le premier âge d’or de la science-fiction. Le « mouvement » allie romans et nouvelles, publiées sous formes d’épisodes dans des magazines, et films (ainsi Metropolis de Fritz Lang datant de 1927), souvent restés dans les mémoires pour leurs effets spéciaux. À l’époque les livres de science-fiction ne sont cependant qu'une littérature de gare. C’est dans les années 1950 que se révèlent des écrivains de premier plan comme Philip K. Dick, Isaac Asimov ou Ray Bradbury. Celui-ci se démarque cependant par un style plus poétique et une vision souvent pessimiste de la société d’aujourd’hui et assez anti-scientifique.

En outre Bradbury rejette le titre d'écrivain de science-fiction : « Avant tout, je n'écris pas de science-fiction. J'ai écrit seulement un livre de science-fiction et c'est Fahrenheit 451, fondé sur la réalité. La science-fiction est une description de la réalité. La Fantasy est une description de l'irréel. Donc Les Chroniques martiennes ne sont pas de la science-fiction, c'est de la fantasy[4]. »

Analyse modifier

Le titre modifier

Le titre de l'ouvrage, Fahrenheit 451, fait référence à la température en degrés Fahrenheit à laquelle, selon Bradbury, le papier s’enflamme et se consume, soit environ 232,8 °C. Pour justifier le choix de cette température, Bradbury indique dans l'introduction de l'édition commémorative des 40 ans de l'ouvrage, avoir contacté plusieurs départements de chimie de diverses universités, ainsi que plusieurs professeurs de chimie, et n'avoir trouvé personne susceptible de le renseigner. Il aurait alors téléphoné au poste de pompiers le plus proche de chez lui qui lui aurait donné le chiffre de 451 comme température d'ignition des livres 451 °F[5].

Éditions en français modifier

  • Denoël, coll. Présence du futur no 8, deuxième trimestre 1955. Réédité en 1966, 1971, 1974, 1976, 1979, 1982, 1985, 1990, avril et septembre 1995, 1999.
  • France Loisirs, 1976.
  • Gallimard Jeunesse, coll. « 1000 Soleils » no 14, 1982.
  • Gallimard, coll. « Folio SF » no 3, 2000, 2002, 2003 et 2008.
  • Belin / Gallimard, coll. « Classico Lycée », trad. Jacques Chambon et Henri Robillot, dossier par Laure Mangin, septembre 2011.
  • Belin / Gallimard, coll. « Classico Collège », trad. Jacques Chambon et Henri Robillot, dossier par Marie-Émilie Papet, août 2018.

Les premières éditions chez Denoël (jusqu'en 1976) comportent deux nouvelles à la suite du roman : Le Terrain de jeu (The Playground) et Mañana (The Millionth Murder). Les éditions suivantes ne proposent que le texte Fahrenheit 451, jusqu'en 1995 où deux autres nouvelles apparaissent : Feu de joie (Bonfire) et L'Éclat du phénix (Bright Phoenix) accompagnées de deux articles signés Bradbury, d'un cahier pédagogique et d'une préface de Jacques Chambon.
Les rééditions chez Gallimard à partir de 2000 ne conservent que la préface en plus du roman[6].

Adaptations modifier

Autres modifier

Notes et références modifier

  1. « Quelle est la différence entre la Science-Fiction et l’Anticipation ? », sur humanafterhal.com, .
  2. « About the Book: Fahrenheit 451 » [archive du ], National Endowment for the Arts.
  3. (en) Ray Bradbury's Fahrenheit 451 audio guide, dans The Big Read sur BBC :

    « Quand je suis sorti d'un restaurant quand j'avais trente ans, je suis allé me promener le long de Wilshire Boulevard avec un ami. Une voiture de police s'est arrêtée et le policier s'est levé et est venu nous dire : “Que faites-vous ?”. J'ai dit : “Mettre un pied devant l'autre” et c'était une mauvaise réponse, mais il a continué à dire : “Regardez dans cette direction et cette direction: il n'y a pas de piétons” ce qui m'a donné l'idée de Le Promeneur, et le piéton de cette nouvelle est devenu Montag ! Ce policier est donc responsable de la création de Fahrenheit 451. »

  4. Devin D. O'Leary, « Grandfather Time - An Interview with Ray Bradbury », Weekly Wire, (consulté le ).
  5. Ray Bradbury, Fahrenheit 451 : A Novel, 40 Anv edition, , 190 p. (ISBN 978-0-671-87036-2) ; Introduction, page 29.
  6. Ray Bradbury , « Fahrenheit 451 » ( ) sur le site NooSFere.
  7. « La brigade du silence 154 (Paper Celsius 154) », INDUCKS, (consulté le ).
  8. (en) « Call for Ray Bradbury to be honoured with internet error message », sur The Guardian.

Voir aussi modifier

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Articles connexes modifier

Liens externes modifier