Fairchild A-10 Thunderbolt II

avion militaire

Fairchild Republic A-10A Thunderbolt II
Vue de l'avion.
Un A-10 photographié lors de l'édition 2011 du Royal International Air Tattoo.

Constructeur Fairchild Republic
Rôle Avion d'attaque au sol et d'appui tactique
Statut En service
Premier vol
Mise en service
Coût unitaire 9,8 millions de dollars en 1998 (A-10A)
18,8 millions de dollars en 2015 (A-10C)
Nombre construits 715
Équipage
1 pilote
Motorisation
Moteur General Electric TF34-GE-100 à double flux de 4112 kgp
Nombre 2
Type Turboréacteur à double flux
Poussée unitaire 40 kN
Dimensions
vue en plan de l’avion
Envergure 17,53 m
Longueur 16,26 m
Hauteur 4,42 m
Surface alaire 47,01 m2
Masses
À vide 11 321 kg
Avec armement 14 846 kg
Maximale 22 680 kg
Performances
Vitesse de croisière 560 km/h
Vitesse maximale 706 km/h (Mach 0,58)
Vitesse de décrochage 220 km/h
Plafond 13 636 m
Vitesse ascensionnelle 1 828 m/min
Rayon d'action En mission antichar 467 km
Endurance 3 950 km
Charge alaire 482 kg/m2
Rapport poussée/poids 0,36
Armement
Interne 1 canon Gatling de 30 mm GAU-8/A Avenger avec 1174 coups.
Externe 11 points d'ancrage (3 sous le fuselage, 4 par aile), jusqu'à 7 257 kg d’armement supplémentaire et 8 392 kg d’armement total ;
Voir chapitre armement détaillé.
Avionique
Pod laser « Pave Penny », HUD

Le Fairchild Republic A-10 Thunderbolt II (de son nom complet), également connu sous le nom de « Warthog »[1] ou « Hog », est un avion américain d'appui aérien rapproché, en service depuis 1975. Il fut spécialement conçu pour ce rôle durant la guerre du Viêt Nam à partir des leçons tirées de l'usage du Skyraider. Il est construit autour de son armement principal : le canon automatique de 30 mm GAU-8 Avenger. C'est un avion simple et rustique, qui peut utiliser des aérodromes rudimentaires. Il est résistant, avec notamment un blindage en titane conçu pour résister à un coup direct de la défense anti-aérienne comme le ZSU-23-4, et la capacité de rentrer à la base avec de gros dégâts comme avec seulement un des deux turboréacteurs à double flux qui le propulsent encore fonctionnel. Il a prouvé être économique, solide et efficace dans sa mission d'attaquer la plupart des cibles au sol, en particulier les chars d'assaut et les véhicules blindés, et son retrait du service, plusieurs fois envisagé, n'est plus à l'ordre du jour avant au moins 2030.

Conception et développement modifier

Le , l'USAF proposa à 21 constructeurs aéronautiques de lancer une étude pour son programme Attack Experimental (ou A-X) d'avion d'attaque au sol peu coûteux. Six compagnies répondirent à l'appel, dont Fairchild et Northrop, qui reçurent des contrats pour construire des prototypes.

En 1969, l'ingénieur Pierre Sprey et ses collègues John Boyd, Everest Riccioni et Harry Hillaker, formant le groupe familièrement appelé Fighter Mafia (en), précisèrent les caractéristiques voulues de l'appareil. Il s'agissait de tenir compte des leçons de la guerre du Viêt Nam. Les jets tels que le F-100 Super Sabre, le F-105 Thunderchief et le F-4 Phantom II se sont avérés inefficaces la plupart du temps pour un appui aérien rapproché, car pas assez maniables et trop rapides pour bien viser. Plus lents, les chasseurs-bombardiers AD Skyraider avaient été plus efficaces, mais durement touchés par les canons de DCA, les missiles sol-air nord-vietnamiens, et même les tirs improvisés d'armes légères. Enfin, bombes et missiles air-sol avaient montré une précision décevante. L'avion à concevoir serait donc spécialisé dans l'attaque au sol, armé principalement d'un canon capable de détruire ses cibles, et assez maniable même à des vitesses relativement basses pour donner au pilote le temps matériel de viser avec la précision requise. Surtout il devrait être robuste, capable même en étant très endommagé de ramener le pilote indemne à sa base. Enfin, l'armée voulait un appareil économique, facile d'entretien et de réparation pour disposer d'un fort taux de disponibilité à moindre coût[2].

Le premier vol du prototype YA-10A de Fairchild eut lieu le . Le , l'A-10 fut déclaré vainqueur de la compétition face au Northrop A-9. Les premiers A-10A furent livrés en octobre 1975 à la base aérienne Davis-Monthan, dans l'Arizona.

715 appareils (dont un biplace) furent construits pour l'USAF entre 1975 et 1984. L'assemblage se faisant dans une usine à Hagerstown, dans le Maryland, les ailes étant fabriquées à Long Island et le fuselage à Farmingdale (New York)[3].

L'A-10 Thunderbolt II a cependant été assez fraichement accueilli dans les forces aériennes américaines. Du côté de la fighter mafia qui avait été à l'origine du concept en poussant la logique d'un avion dédié au support aérien, on aurait préféré un engin encore plus minimaliste, sans bombes et missiles sol-air jugés inutiles et dangereux en exposant l'appareil à une riposte de la DCA. D'autre part, il existait au sein de l'Air Force une tendance à laisser le travail d'appui au sol à la branche aérienne des forces terrestres, l'US Army Aviation, qui avait développé à cette fin des hélicoptères [4], tels l'AH-1 Cobra puis l'AH-64 Apache.

De nombreux appareils ont été convertis en observateurs avancés (OA-10A) par de très légères modifications, cette désignation étant abandonnée dans les années 1990/2000. Boeing, en partenariat avec Korea Aerospace Industries, avait prévu de livrer 233 A-10 avec des ailes neuves entre 2012 et 2018, et prévu qu'ils resteront en service jusqu'en 2040[5].

Durée de service modifier

Son coût par heure de vol est estimé, en 2016, à 6 000 $, inférieur à celui des autres avions de combat américains [6]. De plus, les coûts de développement de cet appareil ancien sont amortis depuis longtemps. Pourtant, le département de la Défense des États-Unis envisage régulièrement de le retirer du service pour faire des économies et en raison de son ancienneté.

Le programme Joint strike fighter, lancé dans les années 1990, exprime la tendance multirôle, dont l'appui au sol : le rôle du A-10 serait repris par le nouvel appareil. Mais le programme prend du retard.

Le A-10 est également menacé par la concurrence des hélicoptères, mais les déboires de l'AH-64 Apache durant la guerre du Kosovo (1998-1999) sauvent le A-10 une première fois, et le choix est fait de plutôt le moderniser. Un programme démarré en 2007, alors que la flotte est à cette date d'environ 350 appareils en service, le modernise entièrement et le fait passer en version A-10C, pour un coût de 13 millions de dollars l'unité [7].

Au début des années 2010, le programme Joint strike fighter a avancé. Le département de la Défense prévoit que le F-35 remplacera le A-10, mais le Congrès des États-Unis s'y oppose[8]. Au 30 septembre 2010, 334 exemplaires étaient en parc dans l'USAF[9].

En février 2012 fut annoncé le retrait du service, dans le cadre de fortes réductions de l'ordre de bataille, de 102 exemplaires d'ici 2017, l'immense majorité étant retirée durant l'année fiscale 2013[10],[11]. Au 15 janvier 2014, 202 étaient en dépôt au 309th Aerospace Maintenance and Regeneration Group[12].

En novembre 2015, 280 A-10C étaient encore en service[13].

Début février 2016, on annonce qu'il ne serait pas mis à la retraite avant au minimum 2022. Un milliard de dollars ont été investis dans la flotte d'A-10, afin de garder celle-ci en état de vol jusqu'en 2028[14].

En juin 2017, il fut annoncé que sa mise à la retraite n'est plus prévue[15],[16].

Engagements modifier

Dans les années 1970, les militaires américains prévoyaient d'utiliser les A-10, considérés comme la meilleure arme antichar, pour contrer une attaque de blindés soviétiques en Europe de l'Ouest[17]. Il est alors prévu, dans les années 1980, de déployer 68 A-10 sur chacune des six bases opérationnelles avancées en Allemagne de l'Ouest, en cas de guerre avec le Pacte de Varsovie.

Guerre froide modifier

Les états-majors prévoyaient alors que, si les A-10 étaient entrés en action, 7 % des appareils auraient été perdus par 100 sorties. Comme il était attendu que chaque pilote effectue plus de quatre missions par jour, chaque base aurait dû en théorie générer plus de 250 sorties par jour. Au taux de pertes attendu (peut-être sous-estimé), au moins 10 A-10 de chaque base auraient été abattus par jour. À ce rythme, en moins de deux semaines, toute la force d'A-10 de l'époque - autour de 700 avions - aurait été détruite et les pilotes tués, blessés, capturés ou tout au moins très « secoués ».

Dans le calcul de la planification d'une éventuelle Troisième Guerre mondiale, on considérait que sacrifier une flotte entière d'avions de combat et tous ses pilotes dans l'objectif de la destruction de plusieurs divisions blindées soviétiques était stratégiquement acceptable[18].

Guerre du Golfe modifier

Engagé par l'armée américaine pendant la guerre du Golfe en 1991, l'A-10 a obtenu un taux de disponibilité opérationnelle de 95,7 %, et a effectué 8 100 sorties de combat. Principale plateforme de tir du missile air-sol AGM-65 Maverick, avec 90 % des tirs effectués, il a montré une grande efficacité en détruisant 1 000 chars d'assaut, 2 000 véhicules militaires et 1 200 pièces d'artillerie. Seulement sept A-10 ont été perdus, ce qui a été très inférieur aux prévisions[réf. nécessaire].

Guerre du Kosovo modifier

L'A-10 a également été engagé durant la guerre du Kosovo en 1999 avec prudence, la politique de l'administration Clinton visant à ne pas subir de pertes. Le terrain encaissé et boisé du Kosovo constituait à coup sûr un environnement beaucoup plus risqué pour un appareil évoluant si près du sol, et qui ne peut ni se camoufler derrière le relief, ni passer sous les radars de conduite de tir aussi facilement que les hélicoptères[réf. nécessaire].

Guerre d'Afghanistan modifier

Réemployé avec moins de contraintes durant la guerre en Afghanistan lors de l'opération Anaconda en 2002, il a connu de nombreux succès opérationnels[Lesquels ?]. Mais il a été écarté de la première partie des opérations aériennes. Certains[Qui ?] pensent que le commandement américain hésite à engager l'A-10 ailleurs que sur des théâtres d'opérations où le rapport de forces est dissymétrique, et où les canons antiaériens et les missiles sol-air restent rares[pourquoi ?].

Guerre d'Irak modifier

Cet avion a encore été utilisé pendant la guerre d'Irak en 2003. Sur 60 A-10 déployés durant « l'opération Liberté irakienne », un seul a été abattu tard dans cette phase du conflit, près de l'aéroport international de Bagdad. Ils ont tiré 311 597 obus de 30 mm, contre 16 901 obus pour tous les autres avions américains réunis. Les troupes au sol, lors de leurs demandes de soutien aérien, ont explicitement réclamé un A-10 dans 80 % des cas[réf. nécessaire].

Coalition arabo-occidentale en Irak et en Syrie modifier

De 2015 à 2017, il est utilisé dans la lutte contre l'État islamique et frappe en Irak et en Syrie.

Guerre russo-ukrainienne : nouvelle présence en Europe modifier

Bien que retiré du théâtre européen en 2013 à la suite de l'effondrement de l'URSS intervenu en 1991, 10 appareils ont été redéployés en en Europe à la suite de l'invasion de l'Ukraine par la Russie déclenchée en , afin de mener des exercices dans les différents pays membres de l'OTAN, dont la Pologne et les trois pays baltes : la Lettonie, la Lituanie et l'Estonie[19],[20].

Des tests de tirs effectués au Nevada Test and Training Range du 14 au , ont prouvé à nouveau les capacités de combat de l'A-10 contre les blindés équipés d'un blindage réactif, rendant ces derniers hors de combat[19]. Cet essai a également permis de confirmer que le missile air-sol antichar AGM-65L et la roquette AGR-20E restaient également efficaces[20].

Variantes modifier

  • YA-10A : Désignation des deux prototypes (immatriculés « 71-1369 » et « 1370 ») en compétition avec l'YA-9A de Northrop ;
  • A-10A : Version de série initiale de l'avion ;
  • N/AW A-10 : Night/Adverse Weather, version biplace pour l'attaque de nuit ou par mauvais temps, construite avec les seuls fonds de la firme à partir de l'A-10A. Les différences sont l'empennage, qui augmente de 0,51 m, et la masse, qui augmente de 950 kg. Il n'a jamais été produit ;
  • A-10B : Projet d'une version d’entraînement biplace fondée sur la cellule du N/AW A-10. Projet annulé ;
  • A-10C : Nouvelle version de l'A-10, en service depuis 2006. Il s'agit d'un A-10A avec une avionique beaucoup plus évoluée.

Une variante chasseur de tornade, convertie à partir d'un appareil réformé en 2013, est opérationnelle depuis 2014. En 2011, la National Science Foundation a donné 10,9 millions de dollars américains au Center for Interdisciplinary Remotely-Piloted Aircraft Studies (en) afin qu'elle réalise cette conversion[21]. Les travaux ont finalement coûté 13 millions[22].

Caractéristiques modifier

 
Un nouvel A-10C arrive à Davis-Monthan AFB, le 29 novembre 2006.
 
Un A-10 en mission au-dessus de l'Afghanistan.

Un des grands avantages de l'A-10 est son excellente manœuvrabilité à basse vitesse et basse altitude, et la grande précision de son armement. C'est aussi un avion particulièrement robuste, conçu pour optimiser ses chances de survie.

Les pièces de l'appareil sont facilement interchangeables (gauche et droite), même les moteurs, le train d'atterrissage, les dérives, et les ailerons. Ses turbofans, identiques à ceux du S-3 Viking, sont très écartés afin de réduire la probabilité d'impacts simultanés sur les deux réacteurs tandis que la double dérive cache la chaleur des réacteurs aux systèmes thermographiques des armes adverses. La position haute de ces moteurs diminue également les risques d'absorption de corps étrangers quand l'appareil décolle de terrains sommaires. L'habitacle et les systèmes de contrôle vitaux sont entourés par 540 kg de blindage en titane, dont la forme rappelle celle d'une baignoire. Ce blindage est capable de résister à des obus perforants de 23 × 152 mm, voire des explosions d'obus de 57 mm[23]. La partie frontale de la verrière est capable de résister à des impacts d'armes légères de petit calibre et pour éviter les éclats, les parois intérieures de l'habitacle sont tapissées de plusieurs couches de nylon. Tous les systèmes hydrauliques sont doublés de commandes manuelles, pour permettre au pilote de se poser en cas de problème : en l'absence de système informatique, et comme l'appareil est particulièrement stable (à l'exception d'une légère instabilité en tangage), il peut être piloté manuellement, contrairement aux chasseurs actuels, qui sont étudiés pour être instables (afin d'améliorer leur maniabilité en combat serré)[réf. nécessaire]. Le réservoir de kérosène est protégé par une mousse auto-obturante, qui a la propriété de colmater les trous en interne en cas d'impact. Elle est fabriquée de telle sorte que ce dernier n'explose pas sous les tirs. Le système est complété par deux extincteurs au halon.

L'avionique de bord inclut les communications, des systèmes de navigation inertielle, un contrôle de tir et un système d’approvisionnement des armes, une aide à l'acquisition des objectifs et des lunettes de vision de nuit. L'affichage tête haute (Head Up Display, ou HUD) fournit de nombreuses indications telles que la vitesse, l'altitude, l'angle d'assiette, des informations de navigation ou bien encore l'état des armes. Enfin, des missions de nuit peuvent être exécutées à l'aide de lunettes de vision de nuit dont sont alors munis les pilotes. L'A-10 peut également gérer des systèmes de contre-mesures électroniques sous forme d'un pod externe (voir photo). Le GPS a été installé sur tous les modèles. Bien qu'il ne soit pas équipé à l'origine d'un système autonome de désignation des cibles par laser (sauf pour la version A-10C, dernière livrée, qui peut emporter une nacelle lantirn), il peut par contre détecter le faisceau d'un autre appareil ou d'une équipe au sol via son récepteur AN/AAS-35 Pave Penny, et donc lâcher des armements guidés.

Il peut voler à moins de 300 m d’altitude avec une visibilité allant jusqu'à 2,4 km.[réf. nécessaire] Ses décollages et atterrissages courts (au lancement du projet, les exigences pour le décollage sont de moins de 4 000 pieds (env. 1 300 m) à charge maximale[24],[25], et sa course de décollage avec une charge de 7 225 kg est effectivement de 1 220 m[26]) lui permettent d'opérer à proximité des lignes de front. L'avion peut également utiliser des pistes mal préparées, grâce à un train d'atterrissage robuste et à un risque réduit d'ingestion de débris par les moteurs du fait de leur position haute.

Le canon modifier

 
L'aspect du canon du A-10.

Le canon GAU-8 Avenger de 30 mm peut tirer jusqu’à 3 900 projectiles à la minute (soit 65 obus par seconde). Originellement, il pouvait tirer aux rythmes de 4 200 (haute cadence de tir) et 1 800 coups à la minute (basse cadence). Cependant, la cadence de 4 200 coups par minute a été ramenée à 3 900 coups par minute au début des années 1980, et la cadence de 1 800 coups par minute a été supprimée (il a été jugé inutile de prendre plus de temps pour mettre le même nombre d'obus dans la cible).

Le canon tire un « mix de combat » d'obus à la fois perforants/incendiaires et explosifs/incendiaires, dans un ratio de 5:1, soit cinq obus perforants en uranium appauvri avec pointe gainée au béryllium pour un obus hautement explosif. La munition PGU-13/B HEI (High Explosive Incendiary) est plutôt destinée aux véhicules légers et aux bâtiments, tandis que la PGU-14/B API (Armor Piercing Incendiary) possède une enveloppe légère contenant un barreau d'uranium appauvri. En plus de ses capacités de pénétration (l'uranium a une masse volumique nettement plus importante que l'acier ou le cuivre, de plus il forme sous l'effet d'un fort échauffement compressif à l'impact un mélange eutectique avec le fer dont le point de fusion est extrêmement bas - faisant fondre le blindage d'une cible), le barreau d'uranium appauvri a un pouvoir pyrogène naturel au contact de l'oxygène, ce qui renforce les effets incendiaires du « mix de combat », l'énergie [27] du barreau à la bouche du canon est de 210 000 joules. Enfin, la munition d'exercice PGU-15/B TP (Target Practice), utilisée pour l'entraînement des pilotes, simule le comportement balistique de la PGU-13/B. La portée efficace avec les munitions développées dans les années 2000 est de 3 220 mètres avec une limite de portée d'environ 6 km.

Bien qu'une rafale courte (une seconde) de ce canon comporte au minimum 65 obus, son taux de dispersion assez élevé nécessite de « cribler » la cible d'un nombre beaucoup plus élevé de ceux-ci pour la toucher. Néanmoins, la charge de combat standard de l'A-10 étant de 1 100 obus, celui-ci peut donc tirer un peu moins de 17 secondes à plein débit et a donc la possibilité de « traiter » ses cibles plus longuement que ne le ferait un chasseur (qui ne peut tirer en général que deux à trois secondes au total). Avantage du nombre pour l'un, avantage de la précision pour les autres, les deux s'équilibrent, mais il reste à l'A-10 le fait que ces munitions puissantes soient des « tueuses de blindés » bien que ne pouvant percer le blindage frontal d'un char de combat. Le bruit perçu au sol du GAU/8, très caractéristique et puissant, a un effet psychologique non négligeable, comparable à celui des sirènes des Stuka. La force de recul du GAU-8 est de 45 kN[28], ce qui est légèrement supérieur à la poussée de l'un de ses deux propulseurs TF34, qui est de 40,6 kN chacun[29]. Malgré cette force de recul très importante, en pratique, l'utilisation du canon ralentit l'avion de seulement quelques km/h[30].

Enfin, la munition tirée est différente de celle des canons M-230 de l'AH-64 Apache ou 30M781 de l'EC 665 Tigre. En effet, il s'agit d'un obus de 30 × 173 mm pour le GAU-8 et de 30 × 113 mm pour les autres. Celle du Rafale F3 est encore différente, puisqu'il s'agit de la 30 × 150 mm.

On peut voir dans l'A-10 un descendant moderne du Hs 129 de la Luftwaffe ou du Breguet Br.693 de l'armée de l'air française, dont il reprend l'architecture autour du canon massif.

Armement détaillé modifier

Liste de l'armement de l'A-10C :

Canon
  • Un canon GAU-8/A Avenger de 30 mm à une cadence de tir de 3 900 coups/min avec les types de munitions suivants :
    • HEI : munition explosive et incendiaire PGU-13/B ;
    • API : munition perforante et incendiaire PGU-14/B ;
    • TP : munition d'entrainement inerte PGU-15/B.

Le canon utilise généralement un mix qui contient 5 munitions API pour une HEI .

Points d'ancrage

L'A-10C dispose de 11 points d'ancrage : 8 sous les ailes, et 3 sous le fuselage, permettant d'ancrer les munitions et équipements suivants :

Nacelles
  • Un pod ECM AN/ALQ-131 ou AN/ALQ-184 ;
  • Un pod d'acquisition de cibles (FLIR, laser...) Litening II ou Lockheed Martin Sniper XR ;
  • Un pod de largages de paillettes (chaffs) et de leurres thermiques (flares) SUU-42A/A ;
  • Un pod fixe Pave Penny (en) (situé sur le flanc avant droit du fuselage) qui ne contient pas de laser. Il peut reconnaître des signaux de désignation laser spécifiques basés sur des codes à quatre chiffres prédéterminés codés dans l'impulsion laser, lui permettant de rechercher des cibles particulières et d'en ignorer d'autres (pour éviter, par exemple, que plusieurs avions ne frappent la même cible). Il n'a aucune capacité de télémétrie. La portée nominale du Pave Penny est de 20 miles (32 km), bien que la portée efficace soit considérablement plus courte.
Roquettes
  • Roquettes Hydra-70 dans les lanceurs LAU-61 ou LAU-68 (19 coups par lanceur):
    • Roquettes non guidées à ogive explosive MK1, MK5 et M151 ;
    • Roquettes non guidées à ogive fumigène et au phosphore blanc M156 ;
    • Roquettes non guidées à ogive d'illumination M278 et M257 ;
    • Roquettes non guidées à ogive fumigène M274 ;
    • Roquettes non guidées d'entraînement MK61 et WTU-1/B.
  • Roquettes CRV7 (en) de 70 mm de diamètre dans des lanceurs LAU-5003 (19 coups par lanceurs)[31].
  • Roquettes Zuni de 127 mm dans des lanceurs LAU-10 (4 coups par lanceurs).
Bombes non guidées
  • Bombes conventionnelles Mk-8x : Mk-81 de 250 livres (113 kg), Mk-82 de 500 livres (227 kg), Mk-83 de 1 000 livres (454 kg) et Mk-84 de 2 039 livres (925 kg) ;
  • Bombes conventionnelles freinées Mk-82AIR/BSU-49/B Snakeye, qui sont identiques aux Mk-82 mais munies d'ailettes (ou parfois d'un parachute) destinées à ralentir la bombe une fois larguée ;
  • Bombes incendiaires Mk-77 de 750 livres (340 kg).
  • Bombes à sous-munitions BLU-1, BL-775, BLU-27/D / Mk-20D Rockeye, CBU-52, CBU-58, CBU-71, CBU-87, CBU-89 et CBU-97 ;
  • Bombes d'entrainement BDU-50/LD et BLU-50/HD, versions inertes de la Mk-82 à faible et forte trainée.
Bombes guidées
  • Bombes à guidage laser (Laser Guided Bombs, LGB) Paveway : GBU-10 Paveway II qui est une Mk-84 dotée d'un kit Paveway de guidage laser, GBU-12 Paveway II (Mk-82), GBU-16 Paveway II (Mk-83), GBU-24 Paveway III (Mk-84), GBU-27 Paveway III (BLU-109), GBU-28 Paveway III Bunker Buster (BLU-122/B) ;
  • Bombes à guidage GPS (Joint Direct Attack Munition) JDAM : GBU-29 JDAM qui est une Mk-81 dotée d'un kit JDAM de guidage GPS, GBU-30 JDAM (Mk-82), GBU-31 JDAM (Mk-84 ou BLU-109), GBU-35 JDAM (BLU-110) et GBU-38 JDAM (Mk-82 ou BLU-111) ;
  • Bombes à guidage inertiel (Wind Corrected Munitions Disperser) WCMD : CBU-103 WCMD, CBU-87 dotée d'un kit WCMD de guidage inertiel et CBU-105 WCMD (CBU-97).
Missiles air-sol
  • Missiles AGM-65 Maverick :
    • à guidage optique : AGM-65H et AGM-65K ;
    • à guidage laser/infrarouge : AGM-65D et AGM-65G ;
    • d'entraînement inertes à guidage optique : CATM-65K et TGM-65H ;
    • d'entraînement inertes à guidage laser/infrarouge : TGM-65D et TGM-65G.
Missiles air-air
  • Missiles à guidage infrarouge à courte portée AIM-9M Sidewinder (assurent l'autodéfense de l'avion).
  • Missiles d'entraînement inertes à guidage infrarouge CATM-9M Sidewinder.
Autres
  • Fusées éclairantes visibles LUU-2/B ;
  • Fusées éclairantes infrarouges LUU-19 ;
  • 2 réservoirs largables de 600 gal US (2 000 litres).

Culture populaire modifier

L'A-10 apparaît dans diverses œuvres de fiction :

Littérature modifier

Dans le techno-thriller de Tom Clancy, Octobre rouge, une escadrille de A-10 est employée pour simuler une attaque contre un vaisseau amiral de la flottille russe.

Cinéma modifier

Jeux vidéo modifier

Notes et références modifier

  1. phacochère en français
  2. (en) Robert Coram, Boyd : The Fighter Pilot Who Changed the Art of War, Back Bay Books, , 504 p. (ISBN 0-316-79688-3, EAN 978-0316796880).
  3. (en) Paul Bertorelli, « Me And The A-10 », sur AVweb,
  4. Frédéric Lert, « A-10, la terreur vient du ciel », Le Fana de l'aviation, no Hors Série N° 10 Avion Moderne,‎ , p. 8.
  5. (en) Rob Vogelaar, « Boeing and US Air Force Mark Delivery of 1st Re-winged A-10 Thunderbolt II », sur Aviation News, (consulté le ).
  6. (en) « The Hourly Cost Of Operating The U.S. Military's Fighter Fleet », sur forbes.com, forbes, .
  7. (en) « New A-10C Connects », Strategypage, (consulté le ).
  8. (en) Guillaume Belan, « Le débat s'accélère autour du A-10 », sur Air et Cosmos, (consulté le ).
  9. (en) « The Air Force in Facts and Figures - 2011 USAF Almanac » [PDF], sur airforce-magazine.com, (consulté le ).
  10. (en) « Air Force priorities for a New Strategy with Constrained Budget » [PDF], USAF, (consulté le ).
  11. (en) « Air Force announces force structure overview for FY 13 and beyond », USAF, (consulté le ).
  12. (en) « Inventory Database - Aircraft Type Summary », AMARC Expérience, (consulté le ).
  13. Arnaud, « Le parc aérien de l’US Air Force en 2015 et en images », sur Avions légendaires, (consulté le ).
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Bibliographie modifier

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