Eugénie Grandet

roman de Honoré de Balzac

Eugénie Grandet
Image illustrative de l’article Eugénie Grandet
Eugénie Grandet, représentée par Daniel Hernández.

Auteur Honoré de Balzac
Pays France
Genre Étude de mœurs, Scènes de la vie de province
Éditeur Madame-Béchet - Charpentier - Furne
Date de parution 1833-1834
Chronologie
Série La Comédie humaine

Eugénie Grandet est un roman d’Honoré de Balzac paru en volume en 1834.

Parution et éditions modifier

Le roman paraît en 1834 chez Madame Béchet, puis en 1839 aux éditions Charpentier. Le début du roman aura été préalablement publié le dans L'Europe littéraire[1], sous le titre Eugénie Grandet, histoire de province. En 1843, dans l’édition Furne, Eugénie Grandet prend place, dans La Comédie humaine, entre Ursule Mirouët et Pierrette, dans le premier volume des Scènes de la vie de province. Balzac agrémentera cette édition d'annotations en songeant à une nouvelle édition : ce projet ne sera pas achevé. Si ces corrections ajoutent de nouvelles incohérences à celles préexistantes dans l'édition Furne, les intentions de Balzac dans ce « Furne corrigé » sont prises en compte dans les éditions contemporaines d'Eugénie Grandet[1].

La publication de 1839 verra l’apparition d'une dédicace, À Maria, adressée à Marie du Fresnay, avec qui Balzac entretenait une liaison pendant l'écriture d’Eugénie Grandet[1].

Le manuscrit original d'Eugénie Grandet est conservé à la Morgan Library and Museum de New York.

Résumé modifier

Félix Grandet a été tonnelier et maire. Grâce à un sens des affaires et une avarice très prononcée, il a réussi à faire fortune en profitant des événements d'une époque instable. Autrefois maire de Saumur, il fait, à partir de la seconde moitié des années 1810, fructifier sa grande fortune tout en faisant croire à sa femme, à sa fille Eugénie et à sa servante Nanon qu’ils ne sont pas riches. Les habitants de Saumur, où chacun estime la fortune du père Grandet, voient en Eugénie Grandet le plus beau parti de la ville et deux notables la courtisent ardemment. Il y a le banquier des Grassins et sa belle femme mondaine, Madame des Grassins. Elle voit déjà son fils Adolphe comme le futur mari d'Eugénie. De plus, le notaire et l'abbé Cruchot s'efforcent de marier leur neveu Bonfons Cruchot à Eugénie. Celle-ci, d’une innocence réelle et d'une naïveté prononcée, ne se doute de rien, jusqu’au jour où arrive son cousin Charles Grandet, neveu de Félix Grandet. Charles est envoyé à Saumur par son père, riche négociant de Paris qui, ayant fait faillite, éloigne son fils avant de se suicider. C'est Grandet qui annonce son malheur au jeune homme. Plongé dans le désespoir, Charles trouvera dans sa cousine une âme tendre ; les deux jeunes gens ne tarderont pas à s'éprendre secrètement l'un de l'autre. Grandet, lui, s'arrange pour éloigner son neveu le plus vite possible et rembourser la faillite de son frère en dépensant le moins possible.

Après s'être donné un baiser, Eugénie et Charles se promettent un amour perpétuel. Le départ de Charles est un rude moment pour Eugénie. Plus tard, Grandet apprend qu'Eugénie a donné à Charles toutes les pièces d'or rares qu’elle recevait deux fois par an comme cadeau de son père ; sa colère rendra sa femme malade. Il ne s'adoucira que pour des raisons financières.

Malgré les soins que lui apporte son mari, Mme Grandet décède et le veuf persuade alors Eugénie de renoncer à l'héritage de sa mère en sa faveur. Il décédera à son tour en contemplant son or, laissant Eugénie et Nanon seules. Pendant ce temps, Monsieur des Grassins a rencontré l'actrice Florine à Paris, où il était en mission pour Grandet, et se sépare de sa femme. Désormais, Madame des Grassins dirige la banque de Saumur. Et elle rend souvent visite à Eugénie pour la réunir avec Adolphe. Charles, pendant ce temps, a fait fortune aux Indes et s'est endurci. Il finit par rentrer à Paris, mais refuse de régler les dettes de son père. Il réalise un mariage d'argent avec la marquise d'Aubrion. Eugénie, apprenant la nouvelle, règle les dettes de son oncle et épouse Bonfons Cruchot, président du tribunal de première instance à Saumur, qui révèle à Charles l'étendue de la fortune d'Eugénie.

Le président décède par la suite. Eugénie financera plusieurs associations caritatives. On parle d'un remariage avec le marquis de Froidfond…

Caractéristiques modifier

Le roman évoque les mentalités sous la Restauration et mène également une étude de l’évolution de caractères différents au cours du temps, de l’inflexibilité du père Grandet, de la perte des illusions de sa fille, et de la transformation de son neveu, dandy romantique devenu « gentleman » pour finir en calculateur froid et cynique.

Le texte s'appuie sur différentes théories scientifiques, notamment la physiognomonie et la phrénologie, selon lesquelles la physionomie donne un aperçu du caractère.

Portrait de la famille Grandet modifier

Madame des Grassins décrit ainsi Eugénie et sa famille au cousin de la jeune fille, Charles Grandet, qui vient d'arriver à Saumur :

« Monsieur, si vous voulez nous faire l’honneur de venir nous voir, vous ferez très certainement autant de plaisir à mon mari qu’à moi. Notre salon est le seul dans Saumur où vous trouverez réunis le haut commerce et la noblesse : nous appartenons aux deux sociétés, qui ne veulent se rencontrer que là parce qu’on s’y amuse. Mon mari, je le dis avec orgueil, est également considéré par les uns et par les autres. Ainsi, nous tâcherons de faire diversion à l’ennui de votre séjour ici. Si vous restiez chez monsieur Grandet, que deviendriez-vous, bon Dieu ! Votre oncle est un grigou qui ne pense qu’à ses provins, votre tante est une dévote qui ne sait pas coudre deux idées, et votre cousine est une petite sotte, sans éducation, commune, sans dot, et qui passe sa vie à raccommoder des torchons. »

Bibliographie modifier

 
Eugénie Grandet.
  • Ruth Amossy et Elisheva Rosen, « La configuration du dandy dans Eugénie Grandet », L'Année balzacienne,‎ , p. 247-261.
  • Ruth Amossy, « Les “clichés” dans Eugénie Grandet, ou les “négatifs” du réalisme balzacien », Littérature, no 25,‎ , p. 114-128.
  • Max Andréoli, « À propos d’une lecture d’Eugénie Grandet : science et intuition », L’Année balzacienne, 1995, no 16, p. 9-38.
  • (en) William J. Beck, « Dandyism and the Dandy in Balzac’s Eugénie Grandet », USF Language Quarterly, 1979, no 18 (1-2), p. 23-26.
  • Patrick Berthier, « L’essor et Balzac », L’Année balzacienne, no 3,‎ , p. 294-295.
  • (en) B. L. Bowen, « Inaccuracies in Eugénie Grandet », Modern Language Notes, vol. 16, no 1,‎ , p. 6-8 (DOI 10.2307/2917856).
  • (en) Éric Le Calvez, « Gobseck and Grandet: Semes, Themes, Intertext », Romance Studies, printemps 1994, no 23, p. 43-60.
  • Pierre-Georges Castex, « Aux sources d’Eugénie Grandet : légende et réalité », Revue d’histoire littéraire de la France, 1964, no 64, p. 73-94.
  • Pierre-Georges Castex, « L’ascension de M. Grandet », Europe, 1965, p. 247-263.
  • Sylvie Charron-Witkin, « Eugénie Grandet et Pauline : optiques romanesques chez Balzac et Sand », L’Écriture du roman, Montréal, département d’Études françaises, Université de Montréal, , p. 389-397.
  • (en) Hope Christiansen, « Exchanging Glances: Learning Visual Communication in Balzac’s Eugénie Grandet », European Romantic Review, hiver 1996, no 6 (2), p. 153-161.
  • J. B. R. Clark, « Balzac au théâtre : l’affaire L’Ami Grandet » ; Œuvres & Critiques, 1986, no 11 (3), p. 287-296.
  • (en) William t. Conroy, Jr., « Imagistic Metamorphosis in Balzac’s Eugénie Grandet », Nineteenth-Century French Studies, 1979, no 7, p. 192-201.
  • Emine Demirel, « Eugénie Grandet est-il un anti-roman ? », Frankofoni, 1992, no 4, p. 329-332.
  • Philippe Dufout, « Les avatars du langage dans Eugénie Grandet », L’Année balzacienne, 1995, no 16, p. 39-61.
  • (en) Alexander Fischler, « Eugénie Grandet’s Career as Heavenly Exile », Essays in Literature, automne 1989, no 16 (2), p. 271-280.
  • (en) Alexander Fischler, « Show and Rumor: The Worldly Scales in Balzac’s Eugénie Grandet », International Fiction Review, été 1981, no 8 (2), p. 98-105.
  • (en) Alexander Fischler, « The Temporal Scale and the Natural Background in Balzac’s Eugénie Grandet », L’Hénaurme Siècle: A Miscellany of Essays on Nineteenth-Century Literature, Heidelberg, Carl Winter Univ-verl., 1984, p. 35-45.
  • (en) Richard L. Frautschi, « Tracing Narrative Axes in Eugénie Grandet, Madame Bovary and Germinal: Toward a Quantitative Strategy», French Literature Series, 1990, no 17, p. 119-138.
  • (en) John Gale, « Sleeping Beauty as Ironic Model for Eugénie Grandet », Nineteenth-Century French Studies, automne-hiver 1981-1982, no 10 (1-2), p. 28-36.
  • John Gale, « Le jardin de Monsieur Grandet », L’Année balzacienne, 1981, no 2, p. 193-203.
  • (en) Anthony E. Giles, « On a Supposed Inadvertence of Balzac in Eugénie Grandet », Romance Notes, 1967, no 9, p. 66-67.
  • (en) Janet Gurkin, « Romance Elements in Eugénie Grandet », L’Esprit créateur, printemps 1967, no 7, p. 17-24.
  • (de) Wido Hempel, « Eugénie Grandet’s Leidensweg », Sinn und Sinnverständnis: Festschrift für Ludwig Schrader zum 65. Geburtstag, Berlin, Schmidt, 1997, p. 172-178.
  • Léon-François Hoffmann, « Thèmes religieux dans Eugénie Grandet », L’Année balzacienne, 1976, p. 201-229.
  • (en) Thomas A. Jenkins, « Notes to Eugénie Grandet », Modern Language Notes, vol. 12, no 6,‎ , p. 161-163.
  • Roland Le Huenen, Balzac. Sémiotique du personnage romanesque : l’exemple Eugénie Grandet, Paris ; Montréal, Didier-Érudition ; PU de Montréal, 1980.
  • Roland Le Huenen, « Le signifiant du personnage dans Eugénie Grandet », Littérature, 1974, no 14, p. 36-48.
  • Roland Le Huener, « Le système des objets dans Eugénie Grandet », Littérature, 1977, no 26, p. 94-119.
  • (en) Michael Lucey, « Legal Melancholy: Balzac’s Eugénie Grandet and the Napoleonic Code », Representations, automne 2001, no 76, p. 1-26.
  • (en) Lawrence W. Lynch, « People, Animals, and Transformations in Eugénie Grandet », International Fiction Review, été 1983, no 10 (2), p. 83-90.
  • Katarina Marincic, « Eugénie Grandet d’Honoré de Balzac : l’histoire secrète d’une écriture romanesque », Acta Neophilologica, 2000, no 33 (1-2), p. 49-60.
  • Raymond Mathieu, « Méprises et échanges : à propos du romanesque dans Eugénie Grandet », Opérativité des méthodes sociocritiques, Montpellier, CÉRS, 1984, p. 163-174.
  • (en) Wendell McClendon, « Eugénie Grandet: A Woman in Transition », Rocky Mountain Review of Language and Literature, 1989, no 43 (4), p. 199-209.
  • (en) Susan McLean McGrath, « The Mother-Daughter Quest in Eugénie Grandet: The Secret of Eleusis », RLA, 1992, no 4, p. 120-124.
  • Nicole Mozet, « De sel et d’or : Eugénie Grandet, une histoire sans Histoire », Corps/décors : femmes, orgie, parodie, Amsterdam, Rodopi, 1999, p. 203-220.
  • Louis Olivier, « Félix Grandet : un Homme nouveau ? », Proceedings of the Pacific Northwest Conference on Foreign Languages, 1976, no 27 (1), p. 53-55.
  • Jean-Luc Seylaz, « Une scène de Balzac : le transport dans Eugénie Grandet », Acta Baltica, 1980, no 1, p. 61-67.
  • Anne-Marie Smith-Di Biasio, « “Le texte de la vie des femmes”: Female Melancholia in Eugénie Grandet », Nottingham French Studies, automne 1996, no 35 (2), p. 52-59.
  • (es) Juana Truel, « La huella de Eugénie Grandet en Dona Perfecta », Sin Nombre, 1976, no 7 (3), p. 105-115.
  • Steven Urquhart, « Le savoir moralisateur d’Eugénie Grandet », South Carolina Modern Language Review, printemps 2004, no 3 (1).
  • (nl) Gerard Walschap, « De structuur van Eugénie Grandet », Dietsche Warande en Belfort: Tijdschrift voor Letterkunde en Geestesleven, no 114,‎ , p. 545-546.
  • (en) . M. Wetherill, « A Reading of Eugénie Grandet », Modern Languages, 1971, no 52, p. 166-176.
  • Jacqueline Winkler-Boulenger, « La durée romanesque dans Eugénie Grandet », L’Année balzacienne,‎ , p. 74-87.

Adaptations modifier

The Conquering Power.

Liens externes modifier

Sur les autres projets Wikimedia :

Notes et références modifier

  1. a b et c Samuel Silvestre de Sacy, notes bibliographiques dans Eugénie Grandet, Folio classique, no 3217, 1972 (ISBN 978-2-07040-928-0), p. 271.