Eritherium

genre de mammifères

Eritherium azzouzorum

Eritherium
Description de cette image, également commentée ci-après
Fragment de mâchoire d'Eritherium
Musée des Confluences de Lyon
Classification
Règne Animalia
Embranchement Chordata
Classe Mammalia
Super-ordre Afrotheria
Clade Paenungulata
Clade Tethytheria
Ordre Proboscidea

Genre

 Eritherium
Gheerbrant (d), 2009

Espèce

 Eritherium azzouzorum
Gheerbrant, 2009

Eritherium est un genre fossile de proboscidiens du Paléocène. Son unique espèce, trouvée dans le bassin d'Ouled Abdoun, au Maroc, est Eritherium azzouzorum. Elle vivait il y a environ 60 millions d'années, durant le Thanétien. Il s'agit du genre le plus ancien, le plus petit et le plus basal des différents représentants connus de l'ordre des proboscidiens.

Historique modifier

Les premiers fossiles d'Eritherium ont été découverts à Sidi Chennane, une carrière du bassin de phosphate d'Ouled Abdoun, au Maroc[1]. Le genre Eritherium a été créé par Emmanuel Gheerbrant (d) en 2009. Le nom Eritherium vient des mots grecs "eρυ" (eri : ancien) et "θηρίον" (therion : animal), tandis que le nom d'espèce azzouzorum a été donné en l'honneur des habitants du village d'Ouled Azzouz, près du lieu de découverte de la plupart des fossiles[1].

L'holotype (n° MNHN PM69) est conservé dans le musée d'histoire naturelle - Guimet, à Lyon, et comprend un maxillaire, avec les marques de départ de l'os zygomatique et des deux nerfs maxillaires, chacune des deux prémolaires postérieures (P3 et P4), et trois molaires (M1-M3). Le fragment mesure environ 15 cm de long, 12,5 cm de large et 8 cm de haut. Outre ce fragment principal, les fossiles comprennent quinze autres pièces, dont le crâne (os frontal et os nasal), des fragments de la mandibule et des dents des mâchoires supérieure et inférieure[1].

Description modifier

Eritherium est estimé mesurer environ 20 cm au garrot et peser environ 5 à 6 kg[2].

Eritherium présente des similitudes dans la structure dentaire avec d'autres Paenungulata, comme les embrithopodes ou les lamantins primitifs, mais leurs dents sont plus spécialisées. La denture de la mandibule, reconstituée à partir de deux fragments, montre la séquence complète de la denture originelle des mammifères : trois incisives, une canine, quatre prémolaires et trois molaires. La rangée dentaire est fermée et ne présente pas de diastème entre la canine et les dents jugales. Cette composition primitive de la denture est unique parmi les proboscidiens.

Les molaires sont dites bunodontes, c'est-à-dire que la surface occlusale porte des bosses d'émail arrondies. Des stries perpendiculaires à la mâchoire se trouvent entre ces bosses sur les deux premières molaires et sur la dernière, ce qui est typique des dents lophodontes. Les prémolaires de la mandibule ont une seule cuspide, contre deux pour celles du maxillaire. La première incisive est relativement large et asymétrique et montre déjà des signes de réduction. Une autre caractéristique archaïque est une symphyse courte de la mandibule. Ces traits relient Eritherium aux autres proboscidiens primitifs.

La reconstruction de la partie supérieure du crâne montre que l'orbite de l'œil est relativement en avant du crâne, à la différence des autres Paenungulata primitifs.

Classification modifier

Eritherium est le plus ancien représentant connu des proboscidiens, même s'il n'est rattaché à aucune famille de cet ordre[1]. En accord avec son ancienneté, Eritherium est à la base de tous les autres proboscidiens — dont Phosphatherium, Numidotherium, Moeritherium et Daouitherium — qui forment ensemble une séquence évolutive cohérente menant aux Elephantiformes[1].

Proboscidea

Eritherium




Phosphatherium




Numidotherium




Barytherium




Deinotheriidae


Elephantiformes

Phiomia


Elephantimorpha

Mammutidae




Gomphotheriidae




Stegodontidae



Elephantidae











Les analyses cladistiques suggèrent que les plus proches parents de la lignée des proboscidiens sont les lamantins, de l'ordre des siréniens, et les desmostyliens. Avec les embrithopodes et les damans (Hyracoïdes), ils forment le groupe des Paenungulata. La datation et le lieu de découverte d'Eritherium soutiennent la thèse de l'origine africaine des Paenungulata et leur diversification rapide durant le Paléocène[1].

Paléoécologie modifier

La carrière de Sidi Chennane, où Eritherium a été découvert, se trouve à environ 15 km au sud de Grand Daoui, le lieu où ont été trouvés Phosphatherium en 1996 et Daouitherium en 2002, deux autres proboscidiens primitifs. Les fossiles d'Eritherium ont été trouvés dans le « lit d'os inférieur » de la couche de phosphate. D'autres fossiles de cette couche montrent les premiers signes de la présence des Hyaenodontidae carnivores, et divers spécimens d'élasmobranches (requins et raies). Cela place les découvertes dans une période géologique allant de 61,1 à 57,8 millions d'années.

Références modifier

  1. a b c d e et f (en) Emmanuel Gheerbrant, « Paleocene emergence of elephant relatives and the rapid radiation of African ungulates », Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America, vol. 106, no 26,‎ , p. 10717–10721 (PMID 19549873, PMCID 2705600, DOI 10.1073/pnas.0900251106, lire en ligne)
  2. (en) A. Larramendi, « Shoulder height, body mass and shape of proboscideans », Acta Palaeontologica Polonica, vol. 61,‎ (DOI 10.4202/app.00136.2014, lire en ligne)

Sur les autres projets Wikimedia :

Liens externes modifier