Entrée de Jésus à Jérusalem

événement tiré des quatre évangiles canoniques

L'entrée de Jésus à Jérusalem est un événement tiré des quatre évangiles canoniques, il a lieu dans les jours précédant la Cène, marquant le début de la Passion du Christ[1],[2],[3],[4].

Arrivée du Christ à Jérusalem, par Pietro Lorenzetti, 1320.

Dans Jean 12, 9–11, après la résurrection de Lazare d'entre les morts, des foules se rassemblent à Béthanie apprenant la présence de Jésus et voulant constater le miracle. Le lendemain, les foules qui se sont rassemblées à Jérusalem pour la fête accueillent Jésus à son entrée dans la ville.

Dans Matthieu 21, 1–11, Marc 11, 1–11, Luc 19, 28–44 et Jean 12, 12–19, Jésus descend du mont des Oliviers vers Jérusalem où les foules étendent leur vêtement sur le chemin pour l'accueillir, entrant solennellement dans la ville.

Les chrétiens commémorent l'entrée triomphale de Jésus à Jérusalem pendant le dimanche des Rameaux, une semaine avant le dimanche de Pâques.

Contexte historique modifier

Au temps de Jésus, tout juif est tenu de se rendre à pied au Temple de Jérusalem lors des trois fêtes de pèlerinage instituées par la Bible : Pessa'h ("la Pâque"), Chavouot (la "Pentecôte"), et Souccot ("Tabernacles"). Le récit de la montée de Jésus à Jérusalem pour la fête de Pessa'h diverge entre l'Évangile selon Jean qui mentionne trois montées durant la vie du prédicateur galiléen et les Évangiles synoptiques qui fixent le scénario d'une seule montée à la fin de sa vie[5].

Le pèlerinage de Pâque connaît un important développement durant la période du Second Temple. Lorsque Jésus s'y rend un dimanche du mois d'avril de l'an 30 ou 33, Jérusalem accueille plusieurs dizaines de milliers de pèlerins (moins que les trois millions avancés par Flavius Josèphe[6]) venant de la terre d'Israël, mais aussi de la diaspora. La population de la ville sainte double à cette occasion et Jérusalem est alors une poudrière en raison de cette foule mais aussi de la présence de croyants fanatisés qui peuvent susciter des émeutes contre le pouvoir, ce qui inquiète les autorités romaines et juives[7].

Récits évangéliques modifier

 
Entrée solennelle de Jésus à Jérusalem, icône byzantine, cathédrale de l'Annonciation de Moscou.

Selon les Évangiles, avant d'entrer dans Jérusalem, Jésus se trouvait à Béthanie et Bethphagé, et il est dit dans Jean 12, 1 qu'il était à Béthanie, six jours avant la Pâque. Pendant ce temps, Jésus envoya deux de ses disciples dans le village qui se trouve devant eux, afin de récupérer un ânon qui avait été attaché, mais jamais été monté, et de dire, si on les interrogeait sur pourquoi ils faisaient cela, que Le Seigneur en a besoin, et qu'il le renverra très bientôt[1],[2],[3].

Jésus monte alors l'ânon à Jérusalem, les trois évangiles synoptiques indiquant que les disciples avaient au préalable déposé leurs manteaux sur ce dernier, de manière à le rendre plus confortable. Dans la tradition juive, l'âne semble avoir été un animal positif, symbolisant l'humilité et la paix, alors que le cheval symbolise le luxe et la violence guerrière[8],[9],[10].

 
Flevit super illam (Il pleura sur elle) ; par Enrique Simonet, 1892.

Dans Luc 19, 41, lorsque Jésus approche de Jérusalem, il l'embrasse du regard et pleure sur elle (événement connu sous le nom latin de Flevit super illam), prédisant la souffrance qui attend la ville[1],[3]. Les Évangiles continuent de raconter comment Jésus est entré dans Jérusalem, et comment les gens déposaient leurs manteaux devant lui, ainsi que des petites branches d'arbres. Les gens chantaient une partie du Psaume 118, 25–26 : Oui, béni soit celui qui vient au nom de l'Eternel ! Nous vous bénissons tous de la maison de l'Eternel[1],[2],[3],[8]...

Dans les évangiles synoptiques, cet épisode est suivi de celui de la purification du Temple, et dans les quatre évangiles, Jésus accomplit diverses guérisons et enseigne en paraboles durant son séjour à Jérusalem, jusqu'à la Cène[1],[2].

Parallèles avec l'Ancien Testament modifier

 
Entrée dans Jérusalem, par Giotto, XIVe siècle.

Matthieu 21, 1–11 se réfère à un passage du livre de Zacharie (9, 9) et déclare[3] :

« Tout cela arriva pour que se réalise la prédiction du prophète : Dites à la communauté de Sion, Voici ton Roi qui vient à toi ; humble, il vient monté sur une ânesse, sur un ânon, le petit d'une bête de somme. »

L'emplacement du mont des Oliviers est significatif dans l'Ancien Testament en ce que Zacharie 9, 9 et Zacharie 14, 1–5 déclarent que le Messie viendrait à Jérusalem depuis le mont des Oliviers[3],[11] :

« Puis l'Éternel viendra combattre ces nations comme il le fait quand il combat au jour de la bataille. En ce jour-là, il posera ses pieds sur le mont des Oliviers, près de Jérusalem, du côté du levant. »

L'entrée triomphale et les branches de palmier ressemblent à la célébration de la libération des Juifs dans I Maccabées (13, 51) qui stipule[4] :

« Les Juifs entrent dans la citadelle [...] Avec des chants de louange, ils portent des branches de palmiers. Ils chantent des hymnes et d'autres chants au son des harpes, des cymbales et des cithares. »

L'entrée de Jésus sur un âne possède un parallèle dans Zacharie 9, 9 qui stipule que :

« Car ton roi vient vers toi, il est juste et victorieux, humble, monté sur un âne. »

Le symbolisme de l'âne peut également se référer à la tradition orientale, un animal de paix, par rapport au cheval, qui est un animal de guerre[9]. Ainsi, un roi arrivait chevauchant un cheval quand il était prêt à la guerre et monté un âne quand il voulait souligner qu'il venait en paix. Par conséquent, l'entrée de Jésus à Jérusalem symbolisait son entrée en tant que Prince de la Paix et non pas en tant qu'un roi belliciste[8],[9].

Source modifier

Notes et références modifier

  1. a b c d et e (en) M. Eugene Boring et Fred B. Craddock, The people's New Testament commentary, 2004, (ISBN 0-664-22754-6), pp. 256–258.
  2. a b c et d (en) Craig A. Evans, The Bible Knowledge Background Commentary: Matthew-Luke, Volume 1, 2003, (ISBN 0-7814-3868-3), pp. 381–395.
  3. a b c d e et f (en) Ján Majerník, Joseph Ponessa et Laurie Watson Manhardt, The Synoptics: Matthew, Mark, Luke, 2005, (ISBN 1-931018-31-6), pp. 133–134.
  4. a et b (en) Craig A. Evans, The Bible knowledge background commentary: John's Gospel, Hebrews-Revelation, (ISBN 0-7814-4228-1), pp. 114–118.
  5. Daniel Marguerat, Vie et destin de Jésus de Nazareth, Seuil, , p. 190
  6. Flavius Josèphe, Guerre des Juifs 2:280.
  7. Hugues Cousin, Jean-Pierre Lémonon, Jean Massonet, Philippe Abadie, Le monde où vivait Jésus, Cerf, , p. 339-340
  8. a b et c (en) John MacArthur, John 12-21, 2008, (ISBN 978-0-8024-0824-2), pp. 17–18.
  9. a b et c (en) William David Davies et Dale C. Allison, Matthew 19-28, 2004, (ISBN 0-567-08375-6), p. 120.
  10. Patricia Hidiroglou, « Pidyon ha-ben : Le rachat du nouveau-né dans la tradition juive », dans La fabrication mythique des enfants, vol. 28, L'Homme (no 105), , 123 p. (lire en ligne), p. 64–75.
  11. Flavius Josèphe, Bellum Judaicum, II,13,5 et Antiquitates Judaicae, XX,8,6.

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